Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/05/2014

La désignation du président de la Commission européenne : une démocratie tronquée...

Un argument martelé à l’envi par les socialistes mais aussi par le candidat européiste de l’UMP Alain Lamassoure (candidat peu apprécié et peu soutenu par les militants parisiens de son propre parti…) dans cette campagne électorale européenne, c’est que le prochain président de la Commission européenne sera choisi par les députés issus du scrutin de la fin mai. Or, vérification faite, rien n’est moins sûr, et l’argument tient plus de l’interprétation que de la lecture rigoureuse du traité de Lisbonne sur lequel les socialistes s’appuient, ce même traité qu’ils se sont jadis empressés de faire avaliser par les parlements nationaux pour éviter que les peuples français et hollandais ne le rejettent comme en 2005…

 

En effet, le traité de Lisbonne évoque le fait que, pour proposer un candidat à la présidence de la Commission, les dirigeants des vingt-huit Etats membres de l’Union européenne doivent désormais tenir compte du résultat des élections et des rapports de force internes au Parlement (ce qui laisse plus d’une possibilité, d’ailleurs, et sans doute beaucoup de manœuvres, voire de « petits arrangements entre amis »…), mais rien de plus ! On est loin d’une élection « logique » en juillet prochain du candidat proposé par le parti majoritaire ou comptant le plus grand nombre d’élus à l’Assemblée européenne.

 

C’est ce que rappelle d’ailleurs l’ancien Premier ministre Edouard Balladur dans Le Journal du Dimanche (4 mai 2014) en soulignant que la désignation du président de la Commission européenne demeure « une prérogative du Conseil européen, qui a l’obligation de le choisir en tenant compte du résultat des élections. Si le Parlement doit approuver le candidat qui lui est présenté à la majorité des membres qui le composent, il ne le choisit pas et il n’existe ainsi aucun lien automatique entre le parti qui remporte les élections et le futur président de la Commission. Tel est d’ailleurs l’avis de Mme Merkel et de plusieurs chefs d’Etat ou de gouvernement européens ». Là encore, la démocratie européenne vantée par les socialistes et les européistes français risque de décevoir fortement, dans quelques mois, ceux qui, parfois de bonne foi, lui auront fait confiance.

 

Dans La Croix (mardi 29 avril 2014), Marianne Meunier évoque ce qui risque de probablement se passer, et qui nous ramène aux grandes heures de la Quatrième République française (et ce n’est pas un compliment !) : « Dans cette perspective [d’élection du président de la Commission par les députés], les grands groupes politiques ont déjà choisi leurs champions. Mais rien n’indique que les chefs d’Etat et de gouvernement puiseront dans ce vivier. Les sondages plaçant le Parti Populaire européen (PPE [droite libérale]) et les socialistes au coude-à-coude, ils pourraient être tentés de sortir du cadre et de proposer une personnalité jugée consensuelle. » Il est vrai que l’Union européenne joue constamment cette carte du compromis, avec plus ou moins de bonheur : cela fait-il une bonne politique ? On se souvient que la baronne Ashton, qui s’occupe des Affaires étrangères dans les institutions européennes, et le président du Conseil européen Van Rompuy ont été désignés ainsi, plus par défaut que par enthousiasme ou sur une feuille de route bien établie : cela a affaibli un peu plus l’Union européenne dans le concert international et l’a même rendue, en certains cas, invisible et inaudible, laissant la place de médiatrice qui lui revenait historiquement et géopolitiquement à d’autres, parfois à des Etats européens (dans le meilleur des cas…) mais de plus en plus à des grandes puissances, émergées ou émergentes, fort éloignées de l’Europe.

 

Et si, malgré tout, le candidat proposé par le Conseil européen n’est pas au goût des eurodéputés, que se passera-t-il ? Il est à craindre alors que « le plus petit commun dénominateur » soit encore plus… petit, c’est-à-dire encore plus faible, paralysé par les uns ou/et les autres ! A l’image de l’Union européenne, sans doute, mais pas au bénéfice des Etats et des peuples qui la composent…

 

 

09/02/2014

Le 6 février 1934 vu et vécu par l'Action française. (4ème partie : la colère...)

Le 3 février, dans son article de première page, Léon Daudet dénonce le durcissement prévisible de la répression républicaine et l’arrivée (qu’il a apprise par un informateur bien placé, si l’on en croit ses propos) de mitrailleuses destinées, en cas de besoin, à défendre le Palais-Bourbon : « Maintenant, ils (les politiciens républicains) ont imaginé qu’un tel régime, perdu de rapines et de stupres, ne peut plus être défendu qu’à coups de mitrailleuses. [...] Nos campagnes ont rendu plus malaisé à la police politique – “armature du régime”, disait le janissaire Bouchède – l’assassinat individuel. C’est sans doute ce qui a suggéré à “ces messieurs” d’user de l’assassinat collectif. Les parlementaires ont trouvé, sans doute, que le mépris ne leur suffisait pas, qu’il leur fallait s’attirer la haine de toute la population parisienne. » C’est le même Léon Daudet qui, le lundi 5 février, met en garde contre « la victoire apparente de la canaille sur la France honnête, de la pourriture sur les parties saines », si Daladier reste en place. « C’est aussi l’accession au pouvoir du socialisme [...] La banqueroute ne tardera guère. Cependant que l’abandon, par la star Boncour, de la Défense nationale, incitera l’Allemagne hitlérienne à une opération de grande envergure, dont la guerre sera le but inéluctable. » Lignes prémonitoires, écrites à l’heure où seule, ou presque, dans le paysage politique français, l’Action française s’inquiète des appétits naissants de l’Allemagne d’Hitler. L’avenir, à travers la politique du Front populaire de 1936 et l’expansionnisme nazi, confirmera les craintes de Daudet.

Dans ce même article, où la colère se mêle à l’angoisse, Daudet récuse la « chimère » de la simple dissolution de la Chambre, songe caressé surtout par les « républicains nationaux » et les Croix-de-Feu. Il rappelle la nécessité de la monarchie : « Seul l’aspect d’une France fortement gouvernée, nettoyée des voleurs, libre d’entraves et gardant sa raison, peut nous rendre la confiance de l’Europe et ôter à l’Allemagne le désir de nous attaquer ».

Une grande manifestation est annoncée pour le mardi 6 février « contre le régime abject » comme le titre L’Action Française de ce jour. Les dirigeants de l’A.F. savent que, malheureusement, cette démonstration ne ramènera pas la monarchie, faute de « l’union des patriotes » autour de l’idée royale prônée par l’A.F. Mais il n’est pas question pour autant de renoncer à cette nouvelle occasion de montrer la malfaisance du régime. Le jour venu, la manifestation (plutôt désordonnée car chacun a son parcours propre qui n’est pas celui des autres) tourne à l’insurrection, comme les soirs précédents : les Camelots ont même un jeu qui consiste à marquer à la craie, par terre, leur plus grande avancée du moment avant le repli devant les charges policières… Ce jour-là, comme les autres, c’est la Chambre des députés qui reste la cible, et non l’Elysée où le Pouvoir réel ne réside pas, en cette IIIe République née de Thiers et de Ferry.

Lorsque la fusillade, provoquée par les forces de l’ordre, éclate en cette soirée du 6 février, l’Action française est en première ligne. Plusieurs de ses membres seront blessés, dont le fondateur des Camelots du roi, le sculpteur Maxime Real del Sarte, mais quatre seront tués.  Alphonse Aufschneider, le Camelot du roi Jules Lecomte, Georges Roubaudi et Costa Cambo. D’autres militants d’A.F. décéderont de leurs blessures, parfois deux ans après : Charles Liévin et le Camelot du roi Raymond Lalande.

Ainsi, l’Action française du 7 février peut-elle titrer : « Après les voleurs, les assassins » et publier, le lendemain, le manifeste du Duc de Guise, prétendant au trône de France, qui s’incline sur les victimes du régime.

Pourtant, la gauche dénonce une tentative de « coup de force fasciste », et agite le drapeau de la « défense républicaine » : absente de la rue durant les semaines qui ont précédé le 6 février, elle trouve dans les événements de quoi remobiliser ses troupes autour d’un thème « consensuel » pour ses partisans, souvent divisés d’ordinaire.

Néanmoins, au-delà du terme polémique (et inapproprié) de « fascisme », certains républicains sont plus explicites dans leurs propos. Ainsi, dans le quotidien de Clermont-Ferrand La Montagne, le député socialiste Varenne s’en prend-il directement à l’Action française : « Le régime républicain traverse les heures les plus graves qu’il ait vécues en temps de paix depuis sa fondation. Le gouvernement légal (celui de Daladier) a été renversé hier par l’émeute. Le palais de la représentation nationale, assiégé par une masse énorme de manifestants furieux, a failli être envahi par l’insurrection. [...]

Ce sont les ennemis de la République, en particulier les royalistes, qui mènent l’opération. Le véritable chef des émeutiers en furie [...] c’est M. Charles Maurras, apôtre de la monarchie et théoricien de l’assassinat. »

Daladier remplacé par Doumergue, l’opinion publique semble s’apaiser : L’Action Française poursuit néanmoins ses campagnes contre la république parlementaire et ses scandales (il y en aura d’autres !). Le quotidien monarchiste a certes recruté de nouveaux lecteurs, mais certains de ses militants, plus activistes que politiques, n’ont pas toujours compris sa stratégie, trop prudente à leurs yeux, et s’en vont se perdre dans des groupes facilement manipulables par la police, comme la « Cagoule », organisation secrète terroriste combattue fermement par l’A.F. D’autres militants d’A.F., au contraire, vont réfléchir à donner une « suite » politique au 6 février : ce sera le cas de Thierry Maulnier, alors véritable « fils spirituel » de Maurras, qui écrit avec Maxence et Francis « Demain la France ».

Mais déjà, confortée par la faiblesse congénitale de la démocratie française et l’insouciance diplomatique de la IIIe République, l’Allemagne nazie prépare « sa » guerre, comme le craignaient (avant même l’arrivée au pouvoir d’Hitler), Daudet et Maurras. Désormais, le principal souci de l’Action française sera de mettre en garde l’opinion publique et les gouvernants face à ce péril grandissant.

Pendant ce temps, la République, qui avait connu une « grande frousse » en ces jours de janvier-février 1934, n’a de cesse de « casser le thermomètre », en signant la dissolution des organisations d’Action française et des Camelots du roi, juste deux ans après le Six Février et en emprisonnant Maurras quelques mois après... « La République gouverne mal, mais elle se défend bien », affirmait en son temps Anatole France : cette formule reste, malheureusement, valable pour tous les temps, d’Eugène Frot à Manuel Valls…

 

14/10/2013

Le bal des faux-culs...

 

C’était un dimanche électoral sans de grands enjeux mais les médias lui ont accordé une intérêt tout particulier, au point d’en faire des « éditions spéciales » tout au long de la soirée et de montrer, sans doute à leur corps défendant, quelques travers de la politique contemporaine : la République n’en sort pas grandie, et je ne parle pas ici électoralement mais bien politiquement et, d’une certaine manière, moralement…

 

D’abord, l’élection cantonale de Brignoles, dans le Var, remporté par le candidat du Front national : ce qui n’était qu’une élection partielle dans le Var s’est avérée riche d’enseignements sur la montée des mécontentements et la déception de ceux qui, en 2012, avaient espéré en François Hollande et ses promesses d’en finir avec la crise économique et, surtout, de rétablir une certaine justice sociale. De plus, il est intéressant de constater que, en définitive, la hausse de la participation électorale ne désavantage pas forcément le Front national qui, au contraire, joue sur la « mobilisation anti-FN » dénommée « Front républicain » (comme si le FN ne se prétendait pas et n’était pas, lui-même, républicain à travers son programme…). Quant aux partis dits de gouvernement, ils semblent jouer à se faire peur quand, en fait, la montée du Front national arrange bien les affaires d’un François Hollande qui se verrait bien réélu grâce à un deuxième tour d’élection présidentielle qui l’opposerait à Marine Le Pen (les discours en ce cas de figure pour 2017 sont déjà prêts comme l’a incidemment avoué le porte-parole du Parti socialiste David Assouline lors d’un récent entretien…) et que les partisans de l’UMP croient y trouver un « réservoir de voix » pour de prochaines élections « sérieuses » (c’est-à-dire, selon eux, autres que les européennes ou les cantonales…). En somme, les cris d’orfraie des grands partis politiciens me semblent bien hypocrites, tout comme me semblent bien vaines (mais l’hypocrisie en moins !)  les illusions des militants du Front national qui oublient combien les précédentes ascensions électorales de leur parti préféré se sont toutes terminées par des scissions qui réduisaient à néant tous leurs espoirs immédiats ou par des « récupérations » qui les laissaient Gros-Jean comme devant, comme l’a montré l’habile campagne en ce sens de Nicolas Sarkozy en 2007… La politique est cruelle, et l’histoire encore plus !

 

Ce qui est certain c’est que la République des partis ne fait guère le jeu de la France et aurait même tendance à la desservir : quand on ne pense qu’au Pouvoir, on perd souvent de vue le Bien commun… Dans la soirée d’hier, j’ai entendu plus de plaintes et de grondements que de propositions concrètes de la part des représentants d’un Pays légal aux abois ! Or, l’électeur qui est aussi un contribuable ou un travailleur, de plus en plus souvent sans emploi, attend des paroles de réconfort et des actes forts de la part de ceux qui gouvernent, et non des menaces contre ceux qui sont encore bien loin des allées du Pouvoir. En paraphrasant le baron Louis, on pourrait dire aux soutiens (é)perdus du gouvernement Ayrault : « Faîtes de bonne politique, vous aurez de bonnes élections »… On en est loin, là aussi !

 

Autre fait, tout aussi révélateur : la primaire socialiste de Marseille et la colère de cette ministre arrogante qui semblait ne pas comprendre et encore moins accepter que les électeurs aient pu la renvoyer à ses activités ministérielles parisiennes sans trop d’égards ! Son discours si peu mesuré contre l’une de ses concurrentes plus heureuse était de ceux que l’on réserve d’ordinaire à ses ennemis et non à ses collègues de parti : mais la victoire (provisoire, car il y a un second tour dimanche prochain) de la sénatrice Samia Ghali sonnait aussi et peut-être surtout comme un désaveu cinglant de la politique gouvernementale, de moins en moins comprise et appréciée de ceux qui, il y a un an et demi, ont voté pour François Hollande et qui ne se retrouvent pas dans sa politique d’aujourd’hui.

 

J’avoue avoir été particulièrement choqué par l’attitude de la ministre incapable de reconnaître sa défaite (ce qui n’enlève rien aux possibilités de quelques « arrangements » de la part de la gagnante du soir…) et de se plier à ce qu’elle et ses collègues ne cessent d’ordinaire de vanter tout en s’en réclamant, c’est-à-dire la démocratie électorale… Ne sont-ce pas les mêmes d’ailleurs qui, sur les plateaux de télévision, ce même dimanche soir, en appelaient aux « valeurs républicaines » à Brignoles et pour le reste de la France ? A voir le décalage entre leurs grands discours et leurs attitudes si peu honorables de « mauvais perdants », je me dis que, décidément, je ne serai jamais assez hypocrite pour être républicain…