Jean-Philippe ChauvinRoyaliste et fier de l'être2024-03-04T18:25:50+01:00All Rights Reserved blogSpiritHautetforthttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLes aspects contemporains de la question sociale (2) : Vers une réponse royaliste ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-10-29:64684602023-10-29T17:37:29+01:002023-10-29T17:37:29+01:00 La rentrée sociale de cet automne 2023 paraît calme, bien calme…...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">La rentrée sociale de cet automne 2023 paraît calme, bien calme… trop calme ? Il est vrai que le chaud printemps dernier pouvait laisser craindre (ou espérer, selon le camp considéré) une reprise des hostilités entre syndicats et gouvernement, et ce ne sont pas les déclarations martiales de certaines sections syndicales locales et nationales qui manquaient, comme si le volcan de la contestation de la réforme des retraites était toujours actif. Or, il est marquant de constater que le passage de l’âge de départ à la retraite semble désormais, sinon accepté par la majorité des travailleurs salariés, du moins reconnu comme une réalité malheureuse mais désormais installée. Peut-on dire que les manifestants et ceux qui ont vu leur projet de départ à la retraite retardé de quelques mois ou de quelques années sont désormais fatalistes ? Sans doute, mais ils n’en sont pas moins en colère contre ce gouvernement qui leur a imposé ce dont ils ne voulaient pas, et cela sans autre motivation, pour icelui, que quelques économies dérisoires au regard de l’immense dette publique de 3 050 milliards d’euros, véritable gouffre financier dont la France semble ne jamais devoir se sortir… Quand, de surcroît, ce même gouvernement annonce vouloir mettre la main sur quelques milliards engrangés par le régime de retraite complémentaire du privé, l’Agirc-Arrco, domine alors chez nombre de salariés du privé une impression, désagréable, d’injustice et un sentiment de spoliation : mais n’est-ce pas habituel depuis 1791 quand la Révolution, par le décret d’Allarde, a décidé de dissoudre les corporations, mettant dans le même temps la main sur leurs patrimoines respectifs ? Une opération déjà faite, quelques années plus tôt, par le libéral Turgot qui y voyait un moyen d’assurer la liberté d’entreprise et d’investissement en brisant les « barrières » corporatives, considérées comme obsolètes et contreproductives dans la logique capitaliste qui était celle du ministre, d’ailleurs bientôt désavoué par le roi Louis XVI. Il semble ainsi que l’Etat républicain, à court d’argent mais pas à court d’idées fiscales, cherche encore à financer son incurie et son assistanat par les excédents des autres, de ces organismes sur lesquels il n’a pas complétement la main car ceux-ci sont gérés paritairement par les organisations patronales et syndicales, d’une façon qu’il ne serait pas forcément inutile de répéter pour d’autres champs d’application… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Au-delà de cette question particulière qui concerne tout de même quelques millions de salariés, c’est la méthode qui interroge et qui peut légitimement choquer le salarié comme le citoyen : l’Etat, qui se veut Providence depuis la fin des années 1940, agit parfois comme un prédateur et non comme l’arbitre et l’incitateur qu’il devrait être en plus d’être le protecteur du Travail et des travailleurs dans leurs cadres socioprofessionnels et face aux abus propres à la mondialisation des espaces productifs. Cela peut expliquer le décalage de plus en plus grand entre le <em>pays réel</em> des producteurs et le <em>pays légal</em> des administrateurs, de cette bureau-technocratie jadis dénoncée par le royaliste Pierre Debray et qui s’impose au monde du Travail, souvent au détriment de celui-ci, condamné à subir la désindustrialisation autant qu’un réglementarisme tatillon et souvent inapproprié. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">C’est d’ailleurs ce <em>pays réel</em>-là qui subit de plein fouet les effets de ce qui n’est pas qu’une crise passagère mais la poursuite d’une mondialisation économique qui paraît changer de cap et, en tout cas, de champ d’application privilégié, le basculement des pays du Nord (1) vers ceux, en pleine croissance, d’un Sud (2) aux aspects et aux puissances multiples et hétérogènes, s’opérant toujours sous nos yeux et, parfois, avec l’accord tacite des populations occidentales qui placent majoritairement le maintien de leur haut niveau de vie avant toute autre considération (3). Cela ne facilite guère, du coup, les stratégies de réindustrialisation ni les circuits courts, pourtant économiquement et écologiquement utiles et appropriés aux défis social et environnemental. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Du coup, si l’on dresse un tableau du champ économique et social français de ce début d’année scolaire, les motifs d’inquiétude et de tension ne manquent pas, mais ne semblent pas encore s’agréger en un bloc contestataire visible et crédible, ce qui ne signifie pas que cela ne peut se faire ou exister prochainement : les royalistes sociaux ont là un motif de réflexion mais, au-delà, d’action pour préparer, non un programme forcément réducteur, mais une alternative sociale qui, pour être vraiment efficace, doit s’ordonner au politique, et au « <em>politique d’abord </em>» en particulier. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">L’incapacité des syndicats à bâtir des <em>contestations victorieuses</em> est sans doute liée à leur difficulté à relier leurs revendications, principalement réformistes ou légalistes, à des considérations plus politiques sur les stratégies d’Etat nécessaires pour maintenir et accroître les moyens (financiers comme industriels) de la nation française, de l’Etat lui-même et des acteurs économiques et sociaux enracinés de longue date ou simplement inscrits par quelques investissements et usines dans l’ensemble français. Ainsi, dénoncer le passage de l’âge de départ à la retraite à 64 ans sans penser d’abord les conditions politiques nécessaires pour empêcher ou nuancer cette mesure, puis le contexte à créer pour ouvrir une alternative à cette réforme « <em>voulue d’ailleurs</em> » (4), est forcément vain aujourd’hui : en limitant la protestation à la seule mesure « technique » du report de l’âge de départ à la retraite, les syndicats, pourtant approuvés par une large majorité de Français sur ce refus de la retraite à 64 ans, sont vite tombés dans une ornière dont il ne leur a pas été possible de se dégager. Le gouvernement, en définitive, a été plus menacé par les parlementaires opposés à la réforme (d’où l’usage répété de l’article 49-3, véritable « dôme de fer » du gouvernement) que par les cortèges de manifestants tenant la rue (5), parfois de manière violente ou incendiaire, ce qui, sans la visibilité d’une alternative crédible à la mesure gouvernementale, déconsidérait le mouvement protestataire pourtant légitime au plus grand profit du « gouvernement de l’ordre » de Mme Borne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Les royalistes, malgré leurs forces réduites (en nombre, pas en énergie), doivent ainsi travailler à constituer un <em>noyau dur</em> éminemment politique (dans sa manière de penser, en particulier) qui puisse s’investir dans la réflexion et l’action sociales, par la revendication, la proposition et la formation (entre autres), et cela sous des formes diverses et appropriées au terrain considéré. Il s’agira au fil de cette rubrique, des réflexions et des compléments, mais aussi des débats et des critiques qu’elle pourra susciter dans les mois qui viennent, de préciser les aspects, tenants et aboutissants, d’un « Que faire ? » royaliste dans le combat social. Nous ne partons pas de zéro, loin de là : redécouvrir l’héritage des légitimistes sociaux du XIXe siècle, des maurrassiens <em>valoisiens</em> des années 1900-1920, et des corporatistes du XXe siècle, est aussi l’occasion de l’enrichir et de le valoriser intelligemment, selon la méthode de l’empirisme organisateur, pour aiguiser la pointe d’une Action française du XXIe siècle…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : Ce que l’on peut nommer Nord n’est pas exactement l’hémisphère nord de notre planète mais l’ensemble des pays anciennement industrialisés, désormais plus consommateurs que producteurs, et dominés, professionnellement parlant, par les activités du secteur tertiaire : commerces, services, administrations, etc. Certains réduisent ce Nord à l’Occident qui regrouperait les Etats-Unis et les pays d’Europe (principalement de l’ouest et du nord de ce continent mal défini), mais en lui adjoignant aussi le Japon et les « tigres asiatiques », de la Corée du sud à Taïwan, en passant par Singapour…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(2) : Le Sud évoque les pays nouvellement industrialisés, souvent en pleine expansion et en cours de rattrapage des pays du Nord fragilisés désormais par une mondialisation qu’ils avaient pourtant jadis créée et initiée. La Chine, l’Inde et le Brésil (mais aussi la Turquie ou le Vietnam) en sont quelques puissances marquantes et, en certains domaines, dominantes en attendant d’être, un jour peut-être, dominatrices.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(3) : En période d’inflation, mais pas seulement, les consommateurs choisissent de privilégier le maintien de leur pouvoir d’achat en réorientant nombre de leurs emplettes vers les magasins et les produits à bas coût, aggravant encore un peu plus la situation au détriment des entreprises françaises : par exemple dans l’alimentaire, un secteur qui souffre, c’est bien celui des productions bio et locales, considérées sous le seul angle de leur prix, plus élevé à la vente que les produits importés, souvent de qualité incertaine mais de prix plus bas à cause de leurs modes de production et d’exploitation des personnes comme des terres et des animaux… Sans oublier que les grandes structures multinationales de l’agroalimentaire, de par leur propre poids économique, peuvent se permettre une stratégie qui accroît les déséquilibres, par le simple jeu d’une concurrence faussée par le gigantisme de leurs productions et la variété de leurs marques et gammes, au dépens, toujours, des petites et moyennes entreprises et des modes d’agriculture traditionnels et enracinés.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(4) : C’est la Commission européenne qui, depuis janvier 2011 et sous l’influence de Mme Merkel alors chancelière d’Allemagne, a incité (de façon insistante) les Etats de l’Union européenne à reculer l’âge de départ à la retraite à 67 ans, ce que certains, au cœur de la crise de la zone euro dans les années 2010 ou candidats à y entrer, ont appliqué sans parfois beaucoup d’égards ni pour leur population active, ni pour les propres promesses antérieures : il est intéressant de noter que la Gauche, même dite « radicale », a effectivement relevé l’âge de la retraite au-delà de 65 ans, jusqu’à 67 ans en Grèce quand elle était dirigée par M. Tsipras, alors ami politique de… M. Mélenchon ! L’alibi évoqué par ces gouvernements était le risque d’être « chassé » de la zone euro, risque unanimement refusé par cette Gauche bien peu audacieuse et pas si sociale que ce qu’elle prétend être… Dans le même temps, c’est un gouvernement de Droite conservatrice qui, en Pologne en 2017, baissait l’âge de la retraite de 67 ans à 65 ans pour les hommes, 60 pour les femmes… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(5) : Dans ces cortèges contre la retraite à 64 ans, étaient représentés, de façons diverses, les royalistes sociaux et d’Action française : ainsi, à Mulhouse, une banderole d’AF était visible lors des premières manifestations ; mais, très vite, des syndicalistes « officiels » ont cherché à chasser ces manifestants royalistes, considérant sans doute que le combat social était réservé au seul côté <em>senestre</em> de l’échiquier politique… Cet ostracisme à l’égard des royalistes montre à l’envi les limites évidentes de certaines luttes sociales quand elles se trouvent monopolisées par les conformismes contemporains. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(6) : Mais de ce handicap apparent du petit nombre, il est possible d’en faire une force en se concentrant sur les secteurs ou les vecteurs les plus actifs du syndicalisme ou de la proposition citoyenne : après tout, n’était-ce pas la stratégie de Maurras quand il demandait aux royalistes de s’adresser, d’abord, aux <em>Français actifs</em> qui n’étaient pas le plus grand nombre mais qui incarnaient l’énergie utile au combat politique et la possibilité de victoires futures ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLes aspects contemporains de la question sociale (1)tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-10-23:64674262023-10-23T18:33:01+02:002023-10-23T18:32:00+02:00 La réforme des retraites est faite, en attendant la prochaine...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">La réforme des retraites est faite, en attendant la prochaine (2027 ?) si l’on en croit les économistes et l’ancien premier ministre Edouard Philippe, et sa contestation, pourtant nécessaire, est restée vaine : la République a eu le dernier mot, mais ce n’est pas forcément le bon… En cette rentrée, c’est l’inflation qui occupe et surtout préoccupe tous les esprits, et qui déprécie le porte-monnaie des Français, particulièrement des classes moyennes et populaires, et l’inquiétude du gouvernement comme des entrepreneurs porte aussi sur une possible conséquence sur les salaires, entraînant ceux-ci à la hausse, pourtant considérée comme le « meilleur » moyen de compenser celle des prix à la consommation mais aussi de répondre aux demandes de certains secteurs en tension (restauration, bâtiment, agriculture… qui ne trouvent pas assez de bras aujourd’hui) ; les salariés, eux, souhaitent cette amélioration salariale, souhaitable à bien des égards. L’enjeu des prochains mois va être de trouver la nécessaire conciliation entre les parties, considérant que l’économique et le social doivent s’accorder si l’on veut éviter la faillite de l’une et la colère de l’autre. Mais il n’est pas certain que la République soit en mesure de relever ce défi particulier et sensible, prisonnière de son allégeance à des règles « européennes » parfois kafkaïennes et désarmantes face aux puissances extra-européennes et toujours coincée entre deux élections, la France se retrouvant désormais en présidentielle permanente, ce qui ne peut qu’entraver toute stratégie politique, économique et sociale de long terme. De plus, les tensions géopolitiques, dans lesquelles la France se trouve parfois partie prenante, n’arrange guère la situation des prix, mais c’est toujours la mondialisation qui domine en économie, et cela même si elle tend aujourd’hui, dans cette nouvelle fragmentation du monde, à se « déglobaliser » : comme le dit Pierre-André de Chalendar (1), « <strong>les entreprises sont désormais confrontées à la géopolitique et doivent s’y adapter, ce qui est plus ou moins facile. Elles vont devoir raisonner multilocal plutôt que global. </strong>» Mais l’État n’a-t-il pas aussi son mot à dire et ses arbitrages à mener en ce domaine, sans tomber dans l’étatisme néfaste ? Il nous faudra y revenir dans les prochains mois.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Néanmoins, cette nouvelle donne internationale qui a des répercussions économiques et sociales jusqu’au tréfonds de notre pays change-t-elle fondamentalement le système socio-économique dominant ? C’est peu probable, en définitive : la société de consommation, le libre-échangisme mondialisé et l’idéologie de la croissance restent les fondements apparemment indestructibles du système qualifié, le plus souvent et sans beaucoup d’explications ni de nuances, de « libéral » ou, plutôt, de « néolibéral ». Or, ce système, dont la morale première est résumée par la terrible formule de Benjamin Franklin « Time is money » (c’est-à-dire « le temps c’est de l’argent »), néglige autant la nature que les hommes, le souci environnemental que la justice sociale et, au regard des archives royalistes disponibles, il est assez frappant et révélateur que parmi les premiers à s’en inquiéter vraiment en France, l’historien politique trouve rapidement les royalistes d’Action française… Une page tirée de <strong><em>l’Almanach de l’Action française</em></strong> pour 1929 évoquant le système socio-économique des États-Unis (pas encore complètement triomphant en Europe alors) mérite la citation et la lecture, mais aussi le commentaire : « <strong>Aux États-Unis, on a essayé de résoudre le problème social par l’octroi des hauts salaires en échange d’un rendement fortement amélioré, grâce à la taylorisation du travail et à la standardisation des fabrications. L’ouvrier qui accepte de produire son maximum reçoit une paye suffisamment élevée pour qu’il puisse se procurer non seulement le nécessaire mais un large superflu. Il lui est donc possible en principe d’économiser. Mais (…) les hauts salaires n’ont pas été accordés aux travailleurs par pure philanthropie ; on a exigé et obtenu d’eux un rendement inconnu dans la vieille Europe mais, en outre, on a cherché à en faire de nouveaux consommateurs afin que les usines puissent, grâce à l’augmentation de clientèle ainsi obtenue, travailler en grande série et par conséquent avec des prix de revient meilleurs. Tous les moyens : publicité, vente à crédit… ont donc été mis en œuvre pour éloigner l’ouvrier de la thésaurisation et le pousser au contraire à dépenser, non seulement au fur et à mesure de son gain, mais encore en spéculant d’avance sur ce gain. </strong>(2)<strong> </strong>» C’est bien le système même de la société de consommation qui est ainsi décrit et que résumera, pour mieux l’analyser et le critiquer, le maurrassien Pierre Debray : selon lui, Ford et ses imitateurs autant que ses successeurs (3) ont mis en pratique la logique même de la société de consommation, « <strong>Consommer pour produire</strong> » et, par la tentation valorisée (la publicité) et financée (le crédit, c’est-à-dire l’endettement organisé et contrôlé par les banques), ouvrent le temps du superflu et du gaspillage dénoncé dans la littérature dès 1931 par Aldous Huxley dans son fameux ouvrage « <strong>Le meilleur des mondes </strong>».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">S’il semble assurer, au moins un temps, une certaine prospérité matérielle aux pays qui l’adoptent et aux travailleurs qui y participent, ce système est-il, pour autant, juste et équilibré ? Rien n’est moins sûr. « <strong>Le travailleur qui tombe malade ou s’estropie par accident se trouve fortement endetté par des achats à crédit et n’a pour ainsi dire rien mis de côté.</strong> (4) » Ce qui est vrai, un siècle après, aux États-Unis, l’est-il de la même manière en France ? Les moyens d’épargne comme le livret d’épargne (5), aujourd’hui renommé livret A, peuvent permettre d’amortir le choc du chômage ou du malheur social lié aux maladies ou aux accidents du travail, tout comme l’État-providence français, souvent plus proche de l’assistanat que de l’assistance juste et légitime, ce qui en amoindrit sans doute à terme l’efficacité et la crédibilité sans satisfaire toutes les nécessités de la justice sociale. « <strong>La dure loi américaine n’estime les hommes que d’après leur seule valeur productive ; si celle-ci vient à diminuer momentanément ou définitivement, les services antérieurement rendus ne comptent guère</strong> », et cela, écrit pour les États-Unis des années 1920, définit aussi l’une des caractéristiques du système <em>franklinien</em> mondialisé contemporain, même si l’on peut y rajouter que c’est sans doute la valeur consommatoire (<em>l’Avoir</em>) qui compte encore plus que la valeur liée à la création de richesses matérielles, elle-même aujourd’hui dépassée par celle de richesses immatérielles, parfois complètement virtuelles et purement spéculatives. Or, ce système a fortement tendance à dévaloriser le travail et les travailleurs, les producteurs de base eux-mêmes, au seul profit de l’argent et de ses jeux parfois immoraux. La survalorisation de la <em>possession</em> financière dans le monde contemporain au détriment des valeurs de la justice, de la solidarité et du partage équitable des profits, n’est pas, en définitive, acceptable parce qu’elle néglige le sens et l’unité de ce qui fait société en préférant l’individualisme et la division permanente selon les seuls éléments matériels (et immatériels) de richesse : la formule « On ne prête qu’aux riches » n’a jamais été aussi si actuelle et si inappropriée à l’équilibre social ! L’exemple de l’accès à la propriété immobilière (et de son entretien pour les propriétaires à faibles revenus) est aujourd’hui le plus caractéristique et éminemment scandaleux : les jeunes couples des classes moyennes (entre autres) désireux de faire un premier achat immobilier se retrouvent déboutés par les banques qui prêtent de moins en moins, ou à des taux peu attractifs, au risque de geler toute possibilité de devenir propriétaire alors même que c’est un souhait manifesté très largement par les familles et citoyens français, et que c’est même, pour beaucoup, à la fois un idéal et une assurance contre les revers de fortune possibles… Voilà ainsi une situation malheureuse pour nombre de nos compatriotes qu’une politique de justice sociale réfléchie et appropriée doit chercher, absolument et le plus rapidement possible, à résoudre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(à suivre)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) Entretien publié dans <strong><em>Le Figaro</em></strong>, samedi 16-dimanche 17 septembre 2023. Pierre-André de Chalendar est le président de Saint-Gobain et s’affiche comme libéral, peu favorable au colbertisme d’État…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(2) : Pierre Chaboche, « La sécurité du travail », article publié dans <strong><em>l’Almanach de l’Action française</em></strong> pour 1929. M. Chaboche était le président de <strong>l’Union des Corporations Françaises</strong> (U.C.F.) de 1925 à 1930 et directeur de son journal <strong><em>La Production Française</em></strong>. Industriel royaliste, il poursuivit ensuite son combat corporatiste et social auprès du jeune comte de Paris, dans les années 1930. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(3) : Parmi les imitateurs et successeurs du tayloro-fordisme, il n’est pas inutile de citer son propre concurrent <strong>Alfred Pritchard Sloan</strong>, président de General Motors, qui « perfectionnera » le système initié par Ford en remplaçant l’unicité (de la voiture produite : la Ford T était fabriquée en une seule couleur – noire - et <em>égalisait</em> ainsi tous ses acheteurs, de l’ouvrier au banquier) par la diversité des équipements et de couleurs (mais sur le même châssis de base), les gammes réintroduisant ainsi la notion de hiérarchie sociale et créant de nouveaux désirs dont celui de s’approprier la voiture correspondant à l’échelon social supérieur à sa propre condition… La voiture redevient alors un marqueur social de première importance et, en tout cas, un élément de sa visibilité. La société de consommation devient alors une société de la séduction sociale et du désir de revendiquer un rang supérieur pour nombre de ses acheteurs, au risque de l’endettement (fatal, parfois) pour certains. Un excellent moyen, en somme, d’enraciner la société de consommation et d’en détourner la possible contestation par la tentation et l’illusion de monter, non dans l’échelle sociale, mais dans celle de la représentation sociale…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(4) : Pierre Chaboche, article cité plus haut.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(5) : C’est un héritage du règne du roi Louis XVIII, qui a suscité la création du livret d’épargne en 1818, justement pour permettre à tous les sujets du royaume de disposer d’un moyen sûr et garanti par l’Etat de pouvoir faire des économies en prévision, soit des jours moins heureux soit de futurs achats… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlL'union franco-britannique, une possibilité heureuse ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-09-27:64633142023-09-27T19:18:34+02:002023-09-27T19:18:34+02:00 Le récent voyage du roi Charles III est une chance pour la...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Le récent voyage du roi Charles III est une chance pour la France, si celle-ci sait saisir l’occasion offerte par un Royaume-Uni au tournant de sa géopolitique et soucieux de rétablir des liens forts avec son voisin d’outre-Manche. Bien sûr, l’Angleterre (au sens historique du terme) reste, pour beaucoup des habitants des littoraux français, comme un adversaire ancien dont il faudrait éternellement se méfier depuis la fin de la Guerre de cent ans. Breton natif, j’ai été élevé dans cette méfiance multiséculaire, même si les épreuves communes du XXe siècle ont permis quelques rapprochements. En fait, c’est la Révolution française qui a ruiné les velléités royales de Louis XVI de faire avec le royaume îlien ce que son grand-père avait, en somme, réussi avec l’Autriche : vainqueur en Amérique et dans l’Atlantique, le roi de France voulait profiter de cette nouvelle position de force pour tendre une main ferme mais amicale à la thalassocratie défaite la veille. La Révolution a fait avorter ce projet capétien et l’Angleterre n’aura guère de scrupules à exploiter les malheurs de la France déchirée pour reprendre la place que Louis XVI lui avait, un court moment, subtilisée. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Ce rendez-vous manqué et la géopolitique purement terrestre ou continentale du général Bonaparte devenu empereur « terrien » ont, a contrario, laissé le champ ou, plutôt, la mer libre à une Angleterre qui dominera ainsi tout un XIXe siècle qui était pourtant promis, avant 1789, à la France… Mais les regrets sont vains, et il faut penser à aujourd’hui pour préparer demain. Dans <strong><em>Le Figaro</em></strong> (1), l’ancien diplomate François-Joseph Schichan valorise l’idée d’une véritable alliance entre les deux pays jadis rivaux, en profitant des nouvelles circonstances liées au retour de la guerre sur le continent européen et des nouvelles convergences d’intérêts entre les deux nations historiques, mais aussi de la personnalité même du nouveau souverain britannique, « <strong>Cette visite d’État (…) apportant à la relation franco-britannique un élément de continuité et en lui redonnant son socle symbolique et affectif. Le roi Charles – qui parle couramment le français et s’est rendu régulièrement dans notre pays par le passé – a un attachement sincère pour notre pays. </strong>» Un roi anglais, qui survivra au changement de ministère après les élections prochaines au sein du royaume, est, par sa seule présence tranquille et légitime, le gage de l’inscription dans la durée de l’amitié franco-britannique, sentiment qu’il s’agit d’inscrire dans une vision géopolitique de long terme, en espérant que la discontinuité propre à la République présidentielle ne remette pas toujours tout en cause, comme cela est arrivé trop souvent depuis une quinzaine d’années… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">« <strong>Il faut aller plus loin. La relation avec le Royaume-Uni doit être une priorité pour notre pays.</strong> <strong>En Europe, le Royaume-Uni est le seul allié qui a du sens pour la France, notamment en matière de défense et de sécurité : la France et le Royaume-Uni sont des jumeaux géostratégiques, puissances moyennes avec des économies et des capacités militaires comparables et une même vocation mondiale. </strong>» Sans oublier<strong> </strong>la proximité des deux grandes métropoles-capitales que sont Londres et Paris, désormais reliées par de fortes voies de communication symbolisées, d’une certaine manière, par le tunnel sous la Manche jadis inauguré par le président Mitterrand et la reine Elisabeth II. L’établissement de liens plus que privilégiés est une possibilité qu’il convient de préciser et de favoriser, <strong>dans une logique de « duopole » métropolitain Paris-Londres</strong>, dont la formule symbolique pourrait être « <strong>1+1=3</strong> » (2), et qui doit aussi s’inscrire dans une stratégie des deux États pour peser efficacement sur la scène géopolitique européenne autant qu’économique et financière. Le fait que la France soit dans l’Union européenne et que le Royaume-Uni n’y soit plus est, peut-être, une particularité (voire une originalité) qui peut devenir une force, et rappelle aussi et ainsi que la France est capable de s’émanciper de la seule politique de « repli » sur l’Union Européenne, véritable impasse géopolitique et, sans doute, économique (3). Evidemment, cela n’est crédible que si, de part et d’autre et particulièrement du côté de la France, existe <strong>une véritable ambition de « faire de la force » et de « ne pas subir, mais agir librement » qui puisse s’enraciner dans la durée, dans cette idée de « l’avenir qui dure longtemps »</strong>, comme le souhaitait feu le comte de Paris (4)…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(à suivre)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : <strong><em>Le Figaro</em></strong> sur la toile, à la date du 22 septembre 2023.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(2) : J’emploie à dessein le mot <strong>duopole</strong> qui s’applique généralement à des entreprises en le transposant dans le domaine urbain : il s’agit de signifier ici <strong>une synergie métropolitaine entre deux grandes métropoles pour former</strong>, non une simple addition de forces et de chiffres, mais <strong>une véritable union</strong> (sans être une fusion ou une confusion) <strong>qui valorise l’une et l’autre, dans un système d’émulation encadré </strong>(mais pas trop, pour éviter de perdre tout ce que pourrait amener une certaine liberté d’initiative et de valorisation). D’où la formule un peu étrange du « 1+1=3 », mais qui a le mérite de différencier l’union véritable de l’addition formelle… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(3) : Je parle ici de la politique de repli frileux de l’Union Européenne sur des positions de vassalité peu glorieuses et sur des idéologies (libérale en économie, « progressiste » dans le domaine sociétal) qui « décivilisent » nos nations historiques, plus encore que de l’Union Européenne elle-même… Ai-je encore des illusions sur cette dernière ? Il s’agit plutôt d’un pragmatisme prudent mais qui n’empêche pas la possibilité d’ouvrir d’autres voies…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(4) : Le comte de Paris (1908-1999), <em>de jure</em> Henri VI, a écrit un livre intitulé « <strong>L’avenir dure longtemps</strong> », reprenant une formule éminemment capétienne et valorisée avant lui par le fondateur de la Cinquième République…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLes accidents du travail en France. Partie 1 : Trop de blessés, trop de morts...tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-09-06:64601582023-09-06T19:18:41+02:002023-09-06T19:18:41+02:00 Cela n’arrive pas qu’aux autres ! Mais il y a aussi des métiers...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Cela n’arrive pas qu’aux autres ! Mais il y a aussi des métiers qui sont plus touchés que d’autres par le fléau des accidents du travail : les secteurs industriels, le monde de l’hôpital, les métiers du bâtiment, etc., se révèlent beaucoup plus accidentogènes que les professions dites intellectuelles, les activités bancaires ou commerciales. Cela explique en partie que l’espérance de vie en bonne santé (« sans incapacité », en langage administratif) soit inférieure chez les ouvriers d’une bonne dizaine d’années au regard de celle des cadres et des enseignants, par exemple. Or, les dernières études montrent que la France est l’un des pays au bilan le plus lourd en ce domaine, même si les modes de calcul de l’accidentologie ne se sont pas les mêmes d’un État à l’autre. Ainsi que le signale Thomas Engrand dans son article des pages économiques du <strong><em>Figaro</em></strong> publié lundi 4 septembre : « <strong>(La France) arrive en quatrième place des pays ayant le plus fort taux d’accidents de travail mortels par an, derrière la Lettonie, la Lituanie et Malte, avec une fréquence de 3,32 pour 100 000 travailleurs en 2021, selon Eurostat. En Allemagne, ce taux n’est que de 0,84. En Suède, il tombe à 0,77 et à 0,33 aux Pays-Bas, le champion en la matière. </strong>» Quelles que soient les limites que les différences de mode de calcul d’un pays à l’autre peuvent entraîner dans la crédibilité de ces chiffres, ils n’en restent pas moins significatifs d’un véritable problème de santé publique dans le monde du travail, problème que les récents (et médiatisés) accidents mortels sur le chantier du Grand Paris Express (1) ont remis en valeur à défaut de le régler. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">D’autres chiffres, plus parlants et non moins inquiétants, permettent de mieux saisir encore l’ampleur du problème qui, pour être peu abordé jusqu’alors dans les médias et encore moins dans les manuels scolaires et universitaires de nos établissements d’enseignement, mérite non seulement l’intérêt mais des réponses appropriées et, disons-le, urgentes : « <strong>Car la France a recensé 640 000 accidents du travail en 2021, dont « <em>près de 35 000 se traduisent par une incapacité permanente </em>», pointe Olivier Dussopt. Après avoir longtemps baissé, le chiffre connaît une stagnation depuis plusieurs années. Parmi eux, deux par jour sont mortels en moyenne – 693 en 2021 – </strong>(2)<strong>, rien que sur le lieu de travail. Le chiffre est presque deux fois plus important si on ajoute les accidents de trajet domicile travail et les maladies professionnelles.</strong> » Sans oublier qu’un certain nombre « <strong>d’accidents moins graves passent sous les radars. La France est régulièrement classée parmi les pays où les accidents sont les plus nombreux en Europe. </strong>» Ce tableau sombre est d’autant plus inquiétant que notre pays traverse une « crise du travail » et que les jeunes générations, pour une large part, s’éloignent des métiers considérés comme « trop manuels » ou « trop éprouvants », au risque de renforcer les pénuries de main-d’œuvre déjà fort marquées dans certains secteurs de production et de service. Or, cette accidentologie trop élevée en France risque, si l’on n’y prend garde, d’accentuer la méfiance des nouveaux travailleurs à l’égard de secteurs déjà peu attractifs… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Le gouvernement a-t-il pris la mesure du problème ? Le fait qu’il engage une campagne de sensibilisation sur ce sujet dès la fin du mois de septembre peut le laisser entendre, à défaut de le croire… Mais cela sera-t-il suffisant et, au final, satisfaisant ? « <strong>Les branches professionnelles les plus accidentogènes vont être mobilisées pour améliorer la prévention, comme le bâtiment</strong> », nous est-il annoncé : l’intention est bonne, mais elle risque d’être freinée par le manque criant d’inspecteurs du travail (à peine 2 100 en France aujourd’hui pour une population active de plus de 31 millions de personnes…), pourtant nécessaires pour vérifier les avancées promises dans la sécurité des salariés. C’est aussi là que l’on mesure tout l’intérêt qu’il pourrait y avoir à disposer, en plus de l’Inspection du travail, <strong>de structures véritablement corporatives et régionales (voire communales pour certaines) ordonnées à définir et à créer les meilleures conditions de travail possibles, autant dans la recherche de la qualité que dans celle de la sécurité au travail et de sa préservation</strong>. En fait, ces structures corporatives ont pu exister dans le passé, sous un Ancien régime aussi décrié que largement méconnu sur le plan social, et elles ont été dissoutes irrémédiablement en 1791, par les lois d’Allarde et Le Chapelier, avant que de renaître, de façon incomplète, au fur et à mesure des XIXe et XXe siècles. Aujourd’hui, ne serait-il pas plus efficace de confier plus largement le contrôle des règles de sécurité et de qualité à des corps socio-professionnels autonomes que de le laisser au gré des disponibilités de services de l’État débordés et parfois kafkaïens ? Non qu’il faille « défaire » l’Inspection du travail (3), utile mais parfois maladroite (voire néfaste dans certains cas, ce qui est le comble au regard de sa mission première…), mais il paraît nécessaire de la compléter, de la décharger de certaines tâches pour la rendre plus efficace et crédible, à défaut d’être toujours populaire… (4)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Il y a sans doute une autre limite à la lutte, pourtant nécessaire, contre l’accidentologie au travail : c’est <strong>le système même de la mondialisation libérale</strong> qui met en concurrence les travailleurs du monde entier, <strong>concurrence qui transforme une saine émulation entre secteurs productifs en compétition sauvage favorable aux plus grands prédateurs économiques mondialisés pour qui le sort des travailleurs, où qu’ils soient, n’est qu’une variable d’ajustement</strong>. Ainsi, nombre de multinationales ne se soucient guère des conditions de travail des salariés, pourvu que les machines tournent et produisent. Or, la France, après une industrialisation brutale et fort peu sociale à partir de 1791, a recréé peu à peu, au fil des lois sociales et des luttes qui, souvent au XXe siècle, les ont permises, un climat de travail plus favorable aux ouvriers et employés, haussant d’autant le coût de celui-ci et de ses productions matérielles comme immatérielles : trop souvent, ce dernier élément (pourtant éminemment positif et bienvenu pour les salariés) a servi d’alibi à de grands groupes industriels pour expliquer et assumer la délocalisation de leurs usines vers des destinations moins regardantes sur les droits (et les salaires…) des producteurs de base… Cela explique sans doute aussi pourquoi, à l’inverse des délocalisations spéculatives évoquées auparavant mais pas dans un meilleur esprit social, nombre d’entreprises utilisent aussi en France des « travailleurs détachés » issus majoritairement des pays de l’Europe orientale, plus souvent victimes d’accidents du travail que les travailleurs locaux. D’où la prise en compte de cette donnée par l’État lui-même : « <strong>En parallèle de cette campagne de sensibilisation destinée à tous les Français, l’exécutif veut en mener une autre spécifiquement pour les travailleurs détachés, avec des outils de prévention déclinés en plusieurs langues.</strong> » C’est déjà cela, même si l’on peut légitimement s’interroger sur le statut même de « travailleur détaché », surtout quand ceux-ci s’avèrent trop peu francophones pour recevoir directement et comprendre immédiatement les consignes et conseils de leurs collègues de travail ou des structures d’accueil et d’hébergement…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(à suivre : Partie 2 : Réduire les accidents du travail, c’est possible, malgré tout !)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : « <strong>Ces derniers mois ont ainsi été marqués par plusieurs accidents graves sur le chantier du Grand Paris Express (…). Dernier en date, début juillet, un ouvrier de 46 ans a été écrasé par un chariot télescopique. En avril, un apprenti de 22 ans était tué par la chute d’un bloc de béton. Au total, cinq ouvriers ont déjà trouvé la mort depuis le début des travaux en 2015. Bien qu’aucun métro n’y ait encore roulé, la ligne 16 compte déjà trois décès. </strong>» Des précisions apportées dans l’article de Thomas Engrand.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;"> </span></strong></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(2) : En 2018, le nombre d’accidents mortels était de 551, soit <strong>142 de moins que trois ans après</strong>…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(3) : L’inspection du travail est d’ailleurs <strong>un héritage indirect des études</strong> sur les difficiles conditions de vie et de travail ouvriers <strong>du docteur Villermé</strong> à la suite de celles du préfet royaliste Villeneuve-Bargemont. C’est aussi une institution qui reprend, à un niveau national et sous contrôle étatique, <strong>la mission de protection du travail et des travailleurs assumée jadis par les corporations</strong> …</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(4) : La proposition d’une <strong>nouvelle forme sociale institutionnelle impliquant plus nettement des corps socio-professionnels</strong> (que l’on pourrait qualifier, peut-être, de « corporations », du moins dans l’esprit ordonné et positif du terme) n’est, je le précise, qu’une proposition (même si elle me semble fondée et bénéfique pour le monde du travail de demain à défaut d’immédiatement…) qui mérite étude, réflexion et discussion : je rappelle que je ne souhaite pas, bien au contraire, la disparition de l’Inspection du travail qui, dans son principe même, me semble plus qu’utile, véritablement nécessaire malgré ses limites et défauts actuels. Mais le <em>statu quo</em> ne me semble pas plus profitable, et une réponse corporative peut être ainsi envisagée…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlQuelle nécessaire politique scolaire française ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-09-04:64596582023-09-04T11:17:57+02:002023-09-04T11:17:57+02:00 Les écoliers de France rentrent ce lundi et demain mardi, après...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Les écoliers de France rentrent ce lundi et demain mardi, après le retour des professeurs dès vendredi dernier dans la plupart des cas. Un nouveau ministre, aux ambitions politiques plus ostentatoires que le précédent, préside (mais est-ce le terme exact dans une République si « présidentielle » ?) aux destinées de l’Education nationale, et ses annonces tonitruantes et martiales, populaires dans le pays, laissent néanmoins sceptiques les enseignants. Sans doute parce que le ministre, tout à ses occupations de communication, n’évoque guère ce qui, aujourd’hui, peut être considéré comme des plus inquiétants : le déclin des connaissances générales des élèves ; leur difficulté à se concentrer et à travailler, réfléchir, écrire sur le long terme ; la concurrence des modes alternatifs de socialisation, d’éducation et d’instruction via les réseaux sociaux… <strong>La matière grise est l’une des principales richesses de notre nation et elle semble se dessécher dangereusement depuis quelques décennies</strong>, plus rapidement que nos nappes phréatiques pourtant déjà bien mal en point : c’est cela qui devrait, d’abord, inquiéter le gouvernement, ce qui n’empêche évidemment pas d’autres motifs d’inquiétude…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Il semble bien que la République ne s’intéresse plus que marginalement à l’école, laissant désormais (presque) ouvertement d’autres acteurs (privés et, parfois, communautaristes) se charger des fonctions d’instruction, d’éveil et de formation des intelligences. Cela, d’ailleurs, n’est pas toujours inutile ou néfaste, et je ne suis pas hostile, <em>a priori</em>, à une certaine <strong>séparation de l’Ecole et de l’Etat</strong>, voie ouverte à une régionalisation de l’enseignement en France, mieux adaptée aux enjeux sociaux et économiques des différents territoires de France : que les nécessités scolaires, au-delà d’un tronc commun national qu’il s’agit d’organiser principalement autour des matières scientifiques et techniques, soient diversement abordées selon l’endroit considéré serait plutôt une bonne chose, et cela existe déjà (un peu, au gré de quelques professeurs fort investis et souvent enracinés) dans la pratique, à défaut de s’inscrire dans les programmes parisiens de l’Education nationale. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Mais, ici et maintenant, ce qui me semble importer avant tout (dans un temps de l’urgence qui ne doit néanmoins rien céder à la précipitation toujours mauvaise conseillère), c’est, d’une part <strong>un véritable renforcement et valorisation des savoirs et connaissances des élèves</strong>, d’autre part <strong>un (ré)enracinement de ces derniers dans la nation plurielle française</strong>, à la fois <strong>pour intégrer les jeunes populations dans « l’être français »</strong> aujourd’hui négligé au profit de la mondialisation et du « consommatorisme » prônés par les féodalités financières et industrielles, et <strong>pour « faire de la force française »</strong> dans un monde de plus en plus ensauvagé et « décivilisé » : l’avenir de la France mérite ce double effort, cette double politique, surtout au moment où nombre de nations, en particulier celles des « peuples jeunes », se réveillent et se créent, parfois artificiellement ou seulement idéologiquement, une identité conquérante (et la religion retrouve là, souvent, son rôle premier d’unification des groupes humains constitués autour de quelques idées simples – voire simplistes – d’une forte attractivité dans un monde déboussolé) et parfois fort intolérante. <strong>La matière grise et l’unité française</strong> (et non l’uniformité, qui est la négation même de l’unité historique de la France et de sa pluralité) <strong>sont les deux jambes sur lesquelles l’école devrait s’appuyer pour aller de l’avant</strong> et reprendre le terrain qu’elle a pu laisser aux féodalités mondialisées ou communautaristes. La République, qui n’a comme ligne d’horizon que la prochaine élection présidentielle (« ils » ne pensent plus qu’à cela et, déjà, les médias ne parlent plus de politique que par rapport à « 2027 »…), a montré, concrètement, qu’elle n’avait ni le ressort ni la volonté et sans doute même pas les moyens de mener <strong>cette nécessaire politique scolaire dont l’ambition doit être</strong>, encore et toujours, <strong>le service de la France et des Français, pour mieux aborder le vaste monde mais aussi y porter la parole de la France</strong>, puissance qui doit retrouver sa vocation première de grande médiatrice géopolitique et de modèle de civilisation…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlLe petit poussin brise sa coquille...tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-08-18:64571892023-08-18T11:58:47+02:002023-08-18T11:58:47+02:00 Le temps des vacances est le temps des lectures autant que des...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Le temps des vacances est le temps des lectures autant que des relectures, et la préparation d’un texte ou d’une conférence les oriente sans totalement les contraindre, la période des congés offrant quelques possibilités de vagabondages livresques autant que de rêveries intellectuelles qu’il s’agit ensuite de ramener à la raison sans se défaire de leur originelle et possible passion… Une prochaine intervention sur le thème du souci environnemental et de la réponse écologique-royale devant les étudiants de l’Université d’été royaliste de l’Action française (le fameux Camp Maxime Real del Sarte, ouvert chaque été depuis 1953…) m’a ainsi permis de sortir quelques ouvrages de ma bibliothèque (la verticale comme l’horizontale) et de replonger aussi dans les articles de quelques revues et collections, comme celles de <strong><em>Limite</em></strong> et de <strong><em>La Décroissance</em></strong>, par exemple, mais aussi du <strong><em>Paysan biologiste</em></strong>, moins connue et plus ancienne, dans laquelle il m’arrive de croiser quelques signatures réputées royalistes. Après tout, l’écologie, avant même d’entrer dans le vocabulaire politique, a souvent été une préoccupation de ceux qui souhaitaient la pérennisation de la magistrature suprême de l’État à travers la succession naturelle du père au fils (dans le cas français et sans préjuger d’évolutions prochaines sur le sexe des futurs monarques, suivant l’exemple des monarchies européennes), mode de désignation politique qui peut apparaître comme la plus simple et la plus naturelle. De plus, les royalistes français ont toujours relié très fortement les notions d’héritage avec la mention de l’héritier, comme le clamait l’Action française : « <strong>Sauvegarder l’héritage, ramener l’héritier </strong>», ce dernier étant la condition institutionnelle de la préservation du premier… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Dans toute la littérature royaliste d’un Maurras, il est un texte qui m’apparaît, sans qu’il ait été ainsi compris par ses propres lecteurs, comme une sorte de <em>manifeste</em> d’écologie humaine : c’est « <strong>l’inégalité protectrice</strong> », rédigé en 1937, mais pensé bien avant, sans nul doute. Je l’ai lu en 1981, sous la forme d’une petite brochure à la couverture orange publiée par <strong><em>La Documentation Royaliste</em></strong> de Tours, et ses premières lignes sont souvent répétées comme une sorte de mantra ou de signe de reconnaissance par les militants d’AF ou par les « anciens du 10 » (1) : « <strong>Le petit poussin brise sa coquille et se met à courir. Peu de chose lui manque pour crier : « Je suis libre »… Mais le petit homme ? Au petit homme, il manque tout. Bien avant de courir, il a besoin d’être tiré de sa mère, lavé, couvert, nourri. Avant d’être instruit des premiers pas, des premiers mots, il doit être gardé de risques mortels. Le peu qu’il a d’instinct est impuissant à lui procurer les soins nécessaires, il faut qu’il les reçoive, tout ordonnés, d’autrui. </strong>» En quelques mots, Maurras cerne la condition humaine et nous rappelle que nous sommes, humains issus d’humains, dépendants d’une nature qui, malgré toutes les technologies possibles, inventées et inventables, ne peut être niée, au risque de violer notre propre humanité qui est, aussi, humilité devant ce qui est avant même que, nous, nous soyons. L’écologie, quand elle s’intéresse à l’homme-type, ne peut négliger ces éléments, et c’est pour cela que les tentatives d’imposer une notion de l’homme « seul maître de lui-même, de son être et de son destin, indépendamment de tous les autres et de tout passé » sont la négation de la nature humaine, et de la nature elle-même (2). Non que nous ne soyons aussi des êtres de culture, possibles créateurs et fondateurs (cela est aussi dans notre… nature !), capables de penser par soi-même et possiblement libres sans être contraints d’user de toutes les formes de liberté que notre nature nous autorise et que notre héritage culturel et notre pensée autonome, individuelle, nous permettent ; mais il importe de nous souvenir d’où nous venons, <em>naturellement</em> parlant, et de nous méfier des constructions intellectuelles ou, même, scientifiques qui oublieraient les conditions premières de la vie et de sa transmission ou voudraient les réduire à une simple opération technique entre les mains de quelques démiurges égotistes ou de grandes sociétés « philanthropiques » du type GAFAM… Cela explique pourquoi je suis fondamentalement hostile aux manipulations génétiques, mentales mais aussi parfois <em>sociétales</em> qui, en voulant s’émanciper de la condition humaine et de ses contraintes (qui peuvent être des limites, sinon infranchissables, du moins utiles pour que la vie en société ne soit pas la lutte de tous contre tous, de chacun contre chacun), en viennent à nier l’humanité même et la possibilité de ses amitiés… En somme, à artificialiser l’homme quand il s’agit, plutôt, de l’instruire, le cultiver, le construire au sens noble du terme. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: 12pt;"><strong><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">Le combat politique et en particulier royaliste est aussi un combat pour l’homme, au-delà de la seule dimension institutionnelle</span></strong><span style="font-family: 'Verdana',sans-serif;">. Certains ont pu parler jadis d’une <strong>anthropolitique</strong> maurrassienne au regard du texte de « <strong>L’inégalité protectrice</strong> », lui-même inscrit dans un chapitre intitulé « <strong>La politique naturelle</strong> » de l’ouvrage de Maurras « <strong>Mes idées politiques</strong> » (3), mais nombre d’autres écrivains et intellectuels s’inscrivent dans cette même anthropolitique sans être maurrassiens : les écrits de Georges Bernanos regroupés dans « <strong>La France contre les robots</strong> », par exemple, ou ceux des Anglosaxons comme Huxley ou Orwell, voire Rowling, témoignent, par la voie littéraire, des mêmes préoccupations et d’une même appréhension de la condition humaine. Que ceux que je viens de citer, en particulier J.K. Rowling, soient aujourd’hui les cibles d’un courant d’effacement puissant aux États-Unis et relayé en France par quelques groupes <em>artificialistes</em>, en dit long sur les dangers qui menacent notre société ancienne, son esprit et les civilisations qui en sont issues, dont la civilisation française et ses cultures particulières… </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : Il s’agit de l’adresse, depuis 1950, du siège central de l’Action française : le 10, rue Croix-des-Petits-Champs… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(2) : Être « seul maître » ne peut exister, en définitive, <strong>qu’après</strong> cette transmission d’une génération à l’autre, d’une communauté (famille, tribu, nation, etc.) à l’individu qui, ensuite, peut vouloir s’en défaire (sans, d’ailleurs, pouvoir vraiment oublier tout ce qui a précédé…). Nous savons que les « enfants sauvages », quand est dépassé un certain nombre d’années sans éducation humaine, ne peuvent jamais rattraper les retards cognitifs et intellectuels, et cela quelles que soient leur bonne volonté et les efforts de leurs enseignants.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">(3) : Tout cela n’est-il pas éminemment révélateur et symbolique de ce qu’est la nature même de la pensée maurrassienne ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>
J.-P. Chauvinhttp://jean-philippechauvin.hautetfort.com/about.htmlL'ordre, mais quel ordre ?tag:jean-philippechauvin.hautetfort.com,2023-07-29:64545342023-07-29T11:42:51+02:002023-07-29T11:42:00+02:00 Dans son intervention télévisée de lundi dernier, le président...
<p style="text-align: justify;"> </p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Dans son intervention télévisée de lundi dernier, le président Macron a évoqué les soucis actuels, comme le rappelle Rémi Godeau dans les colonnes du quotidien <strong><em>L’Opinion</em></strong>, mardi 25 juillet : « <strong>Interrogé lundi sur les leçons qu’il tirait des émeutes urbaines, Emmanuel Macron ne s’est pas perdu en explications sociologiques et a répondu d’un seul mot, répété trois fois : l’ordre. Pour atténuer les accents autoritaires de l’injonction, il a précisé : « Notre pays a besoin d’un retour de l’autorité. »</strong> ». En somme, il n’a fait que reprendre le sentiment profond et le vocabulaire de ce que l’on peut nommer, sans emphase et sans risque de malentendu <strong>le pays réel</strong>, ce pays qui n’est pas celui des officines politiques ni des grandes entreprises mondialisées, des groupes idéologiques ni des replis communautaristes ; ce pays réel qui est <strong>celui des Français enracinés ou intégrés, travaillant, vivant et aimant en France, dans une pluralité qui se reconnaît une unité supérieure</strong>, ce « <strong>plus vaste des cercles communautaires qui soient (au temporel) solides et complets)</strong> » qu’est la nation, « famille des familles » et cité historique… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">« <strong>L’ordre, mais quel ordre ?</strong> », interrogeait Gérard Leclerc dans l’un des premiers numéros de <strong><em>la Nouvelle Action Française</em></strong>, au printemps 1971 : la question reste toujours actuelle et, surtout, fondamentale. Ce que confirme le criminologue Alain Bauer dans <strong><em>Marianne</em></strong> (20-26 juillet 2023) en rappelant que tout ordre n’est pas forcément bon, et qu’il y a peu, parfois, de l’ordre à sa caricature, déformation profonde de son sens exact : « <strong>Le principe de réalité gagne toujours (…). L’ordre aussi. Mais pas n’importe lequel. Ordre criminel, ordre autoritaire, ordre républicain. Il y aura une puissante réaction citoyenne contre la dégradation des conditions de sécurité. Mais nul ne sait encore quel ordre s’imposera. </strong>» Déjà, dans nombre de lieux dits de « non-droit », ce sont les clans de trafiquants de drogue qui semblent fixer les nouveaux cadres de « leur » ordre, allant jusqu’à organiser des activités ludiques pour les populations de « leur » territoire quand, dans le même temps, ils structurent véritablement l’écosystème économique et social du lieu concerné, à leur indigne profit. Quant à la tentation de l’autoritarisme, elle répond surtout à un sentiment d’abandon des populations par les élites protégées dans leurs centres-villes. Reste ce que M. Bauer nomme « l’ordre républicain » qu’il conviendrait de renommer l’ordre civique, ce qui serait plus juste et moins ambigu, d’autant plus que, à bien y regarder, c’est bien la République elle-même qui est la principale cause du désordre et de l’insécurité actuelles, par sa démagogie et son inconstance. Un État dont la magistrature suprême est régulièrement l’objet de disputes d’ambitieux pour en prendre le contrôle quinquennal peut-il incarner durablement, civiquement et humainement l’ordre nécessaire et juste ? </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">« <strong>L’ordre est la marque de la civilisation, la preuve manifeste que les individus ont soumis leurs passions aux mesures de la raison et qu’entre eux règne la concorde qui seule fonde le bonheur des cités. Il est donc un bien suprême. A sa qualité se juge le degré d’humanité d’une époque ou d’un peuple.</strong> » (1) Or, pour que cet ordre soit, encore faut-il <strong>un Pouvoir politique qui le permette, le garantisse et le pérennise</strong>, même si l’ordre ne peut évidemment pas se réduire à la seule dimension politique : puisque la République n’y parvient plus, ou pas autrement que par le déni (le meilleur moyen de ne rien résoudre du tout, en fait, tout en en donnant l’impression ou, plus exactement, l’illusion) ou par une violence d’État maladroite et, surtout, démesurée (comme au moment du soulèvement automnal des Gilets Jaunes en 2018, entre autres), sans doute est-il temps, à nouveau, de <strong>reposer la question institutionnelle</strong>. Arnaud Dandieu, jeune non-conformiste des années 1930, avait inauguré une formule que nombre de ses contemporains et successeurs allaient aussi faire leur : « <strong>Quand l’ordre n’est plus dans l’ordre, il est dans la révolution </strong>». Encore faut-il que cette révolution, elle aussi, ne soit pas la caricature sanglante du retournement, de ce basculement nécessaire vers « autre chose que ce qui domine présentement », et qu’elle soit cette instauration d’un ordre qui, pour notre pays, ne peut être que politique <em>d’abord</em> et évidemment éminemment français. Plus encore qu’une révolution royaliste (qui peut être un passage sans être une obligation), c’est d’une <strong>révolution royale</strong> dont la France a besoin… Car c’est aussi par le « haut » que peut se faire la révolution politique qui vise à <strong>concilier</strong>, par la claire définition de l’État central et de ses attributions comme de ses limites, <strong>l’ordre et les libertés</strong> : l’ordre sans lequel les libertés sont impuissantes ; les libertés sans lesquelles l’ordre est indigne. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;">Notes : (1) : Gérard Leclerc, dans <strong><em>la Nouvelle Action Française</em></strong>, numéro 3, avril 1971.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: 'Verdana', sans-serif; font-size: 12pt;"> </span></p>