Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/12/2007

Marées noires.

Je suis en train de préparer une série d’études de documents pour mes classes de Seconde et, du coup, comme pour la préparation des cours, je me plonge et replonge dans les manuels de géographie et dans mes « découpes » de journaux sur les thèmes évoqués ce trimestre : l’un des sujets porte sur les pollutions marines à partir de l’exemple du naufrage du pétrolier « Prestige » en 2002, mais j’aurai pu m’appuyer aussi sur la récente marée noire dans la mer du même nom… L’un des documents que j’ai sélectionné (sur une dizaine mais il ne doit, au final, n’en rester que cinq) est un extrait du rapport de l’Assemblée nationale française (10 juillet 2003) et, par la simple énumération qu’il présente, est révélateur et éminemment significatif :

« Pétrolier à simple coque, âgé de 26 ans, usé.

Propriétaire : société basée au Libéria (paradis fiscal).

Pavillon des Bahamas (pavillon de complaisance).

Armateur : Mare Shipping Inc., société grecque chargée de l’exploitation et de l’entretien.

Certificat d’aptitude à la navigation : délivré par une société privée américaine, A.B.S. (Bureau Américain de la Navigation).

Affréteur (locataire du navire) : Crown-Prestige , société immatriculée en Suisse à Zoug (paradis fiscal), filiale du groupe russe Alfa Group.

Equipage : roumain et philippin (probablement sous-payé) avec des officiers grecs.

Marchandise : pétrole russe chargé en Lettonie à destination de Singapour. »

Voici un bon exemple de cette mondialisation-globalisation qui, dans la recherche de la rentabilité maximale, ne prend guère de précautions ni avec les hommes ni pour l’environnement… Le renchérissement des prix pétroliers et, donc, des navigations va-t-il forcer les multinationales, toujours et logiquement mues par la recherche du profit le plus important qu’il soit possible d’atteindre (le poids des actionnaires…), à relocaliser une part de leurs activités et à restreindre les déplacements autour de la planète ? Rien n’est moins sûr, en particulier avec l’opportunité offerte par la fonte de la banquise et l’ouverture, sur un temps de plus en plus long dans l’année, de nouvelles voies navigables près du pôle Nord, ce qui va raccourcir de nombreux trajets et risque, comme je l’ai déjà évoqué dans une précédente note, d’entraîner une « hong-kongisation » des territoires polaires

Que faire ? Certains pensent qu’une « gouvernance mondiale » pourrait résoudre le problème en imposant à tous des règles valables pour tous. Non seulement c’est un leurre mais en plus un vrai danger, celui pour nos Etats de perdre toute souveraineté au profit d’un « Machin » (selon la célèbre formule gaullienne) forcément technocratique et pas forcément soucieux de l’environnement mais plus de la « liberté des échanges », de celle qui, si elle n’est pas « mesurée », peut ouvrir la porte à toutes les dérives du libéralisme : oublie-t-on quelle est la logique des organisations de « gouvernance mondiale » telles que le FMI ou l’OMC ?

La solution me semble plus reposer sur l’organisation de Conférences internationales où chaque Etat fait part de ses propositions et de ses réalisations, et qui permettraient une coordination et une coopération des politiques nationales, indépendamment des volontés des multinationales qui doivent être écartées, non de la consultation mais de la décision en ce domaine. D’autre part, pour ce qui est de la France, elle doit, à l’instar de ce que font aujourd’hui les Etats-Unis qui ont tiré les leçons de la catastrophe de l’Exxon Valdez, mieux contrôler les navires qui croisent dans ses eaux et ne pas hésiter à « frapper fort » les contrevenants aux règles de sécurité et de précaution. Et ne pas hésiter à rappeler, y compris à la Commission européenne et à l’Organisation Mondiale du Commerce, que la nécessaire « liberté des échanges » ne doit pas être la seule aune des politiques d’Etat.

Commentaires

et voila mon autre blog, le blanc, beaucoup plus connecté au monde réel

Écrit par : Igor Tosk | 06/12/2007

Les commentaires sont fermés.