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03/07/2008

Ingrid Betancourt libérée.

La libération de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt est une bonne nouvelle et la fin d’un cauchemar pour elle, ses proches mais aussi pour les autres otages libérés que l’on a un peu tendance à oublier. Il est d’ailleurs étrange de constater que les Etats-Unis, qui avaient eux-mêmes trois otages dans cette même jungle contrôlée par la guérilla des narcotrafiquants « marxistes » (je mets des guillemets, car Marx, sans doute, n’y reconnaîtrait pas vraiment ses enfants…), ne se sont guère mobilisés pour leurs ressortissants, préférant jouer la carte des « opérations discrètes » et refusant une médiatisation qu’il pensait devoir profiter aux FARC. Il faudra sans doute, justement, poser la question de la méthode à employer pour répondre aux prises d’otages et demandes de rançon qui se multiplient dans le monde, renouant avec une pratique fort usitée et « appréciée » au Moyen-âge…

 

Dans les images aperçues à la télévision, mais sans le son, coupé dans le café où je prends mon petit déjeuner, il en est quelques unes qui me marquent plus que d’autres, en particulier celles d’Ingrid Betancourt faisant le signe de croix avant de s’exprimer devant les micros, ou celles de cette prière à genoux sur le tarmac de l’aéroport : la foi face aux malheurs du temps, comme une façon de résister à la désespérance… Des images inhabituelles dans un monde qui, souvent, associe la religion aux déchirements des sociétés entre elles ou aux fanatismes terroristes.

 

Cela nous rappelle aussi que les hommes ne vivent pas que de consommation et de « spectaculaire » et que le propre de l’humanité est cette propension à penser au-delà des « formes visibles » : méconnaître cet élément, qu’il soit par ailleurs positif ou négatif, c’est tomber dans la négation de ce qui fait l’homme, de ce qui le distingue des « objets animés ». Je pense, en disant cela, en « politique d’abord » qui ne survalorise pas le religieux et laisse sa place à la religion, qui n’est pas et ne doit pas être, pour l’Etat, la première des préoccupations mais la prise en compte d’une forte réalité des sociétés et de leur nature.

 

Les images d’une femme heureuse de recouvrer la liberté et qui en rend grâce à Dieu sont, en ce sens aussi, éminemment politiques, qu’on le veuille ou non.

 

Commentaires

INGRID BETANCOURT : UN SUCCES MEDIATICO-COMMERCIAL

La libération de madame Bétancourt est en soi un fait anecdotique et ne concerne réellement que la personne elle-même et son entourage. Le reste est pur matraquage médiatique de la population. Cette histoire n'aurait jamais dû concerner les millions de lobotomisés télévisuels mais exclusivement les gens qui étaient dans la partie : famille, amis, proches politiques.

Il ne s'agit pas des funérailles de Hugo ici, juste d'une épopée médiatico-pseudo-politique, voire simplement mondaine. Un roman-feuilletons créé par de vaniteux journalistes.

Les médias ont pris en otage des millions de personnes qu'ils ont captivées artificiellement avec leurs méthodes habituelles de manipulations des esprits. Après le grand matraquage des masses, ce sera l'adoucisseur larmoyant qui incitera à faire écouler un pavé relatant les six ans de captivité de Bétancourt, pavé publié en centaines de milliers, voire en millions d'exemplaires.

Bref, un excellent coup d'édition que les petits Machiavels de la presse devaient préparer depuis longtemps. Sa libération devait être attendue, commercialement parlant, depuis des années. Plus sa captivité durait, plus l'affaire prenait de la valeur. Le vin a bien vieilli depuis six ans, il n'en sera que meilleur en "produit-culturel" star des supermarchés.

Ce sont les médias et les médias seuls qui avec patience et perversité (saupoudrées d'une bonne dose de gravité étudiée) ont fait entrer dans le crâne de qui le voulait bien des vérités unilatérales, uniformes, univoques et racoleuses. Ils ont réussi à faire croire à des millions de gens qui étaient au départ parfaitement étrangers à cette affaire que Madame Bétancourt était leur cousine, leur camarade de classe, leur voisine de palier.

Sous prétexte d'humanisme les "créateurs d'actualité" ou "décideurs d'événements" monopolisent un fait, le médiatisent à l'échelle mondiale pour mieux niveler les sensibilités, les opinions et finalement faire converger les vues vers un seul horizon : celui choisi par eux, les médias.

Fatalement vendeur.

Aujourd'hui Bétancourt, à qui le tour demain de servir de prétexte au "média-marketing" ?

La libération de madame Bétancourt est un immense soulagement, je ne le conteste pas. Mais uniquement pour les gens concernés : otages, familles, amis. Pas pour les Marcel Dupont se croyant investis d'une mission dupontesque largement orchestrée par les médias avides de pouvoir, d'actualités à leur avantage, de vision du monde à sens unique...

Je n'ai aucune haine, juste une rage saine contre les manitous de la manipulation médiatique qui ont l'art de créer des événements à la mesure de leur intérêts mercantilo-vaniteux.

Je refuse de me faire lobotomiser par un groupe de prétendus journalistes-humanistes à la solde des marchands de lessive. Madame Bétancourt est une invention médiatique à but lucratif en sens large du terme : faire tourner la machine à "news".

L'exploitation éhontée de l'affaire Bétancourt à l'avantage de faire bêler les populations dociles, de détourner leur attention, de leur faire penser à autre chose qu'à l'essentiel. Les journalistes sont des charognards prêts à toutes les manipulations pour se sentir exister, tirant profit des causes les plus "flatteuses" pour ennoblir la profession à bon compte.

Certains prétendent que c'est l'opinion publique qui a libéré l'otage...

Faux !

Et quand cela serait vrai, est-ce une raison suffisante pour prendre en otage des millions d'esprits à des fins strictement privées, artificiellement montées en affaire d'Etat ?

Cette prise d'otage est à l'origine une affaire policière et non politique. Ce sont les médias qui ont fait de cette histoire une priorité nationale. Ce sont eux qui ont "réquisitionné" l'opinion, créé l'événement à des fins journalistiques. Bref, tout ceci n'est rien qu'une opération médiatique parfaitement arbitraire, savamment ciblée pour servir les intérêts d'une corporation. Les français dupes, pauvres moutons conditionnés par les médias, se réjouissent de la libération de celle qui il y a six ans encore était une parfaite inconnue... Vaste mascarade ! On fait pleurer dans les chaumières pour cette histoire mondaine pendant que le clochard du coin n'a droit à aucune attention médiatique, lui qui est pourtant pris en otage économique depuis, 10, 15, 20 ans par la société parfaitement indifférente sur son sort. Evidemment, Dédé Lacloche le SDF du quartier qui fait la manche à la sortie des magasins, c'est moins vendeur, moins romantique, moins à la mode que Ingrid Bétancourt, otage de "qualité, faire-valoir de la "pensée de référence" au visage bien photogénique et femme nécessairement "courageuse".

Bref, Bétancourt est un otage télégénique susceptible d'être reçu avec le tapis rouge.

Les médias, pervers, manichéens, sélectifs, ont fait insidieusement passer Bétancourt pour une héroïne par le simple fait de son statut d'otage. En six années d'habiles manoeuvres journalistiques quasi subliminales, le fait est établi dans les esprits.

A quand la légion d'honneur pour Bétancourt ?


(Que l'on ne se méprenne pas sur mon discours : il n'est nullement question ici de remettre en cause la légitimité de la libération de l'otage mais de dénoncer la prise d'otage médiatique, subtile celle-là, de millions d'esprits inaptes à la critique pour mieux les instrumentaliser. Si le but est louable, le procédé est malhonnête, anti démocratique, et même définitivement immoral. D'ailleurs on prétend fort judicieusement que sans les médias, la captive aurait été libérée plus tôt. L'effet pervers de l'écho médiatique de cette affaire est que plus on parlait de l'otage, plus il prenait de la valeur entre les mains de ses geôliers...)

L'affaire Bétancourt est un pur produit médiatique. Qu'on me laisse au moins la liberté de ne pas penser selon les normes de cette "presse émotive".

Moi, je suis un bel esprit, autrement dit un lion. Et surtout pas un âne, encore moins un mouton.

Raphaël Zacharie de Izarra

PS

Mes détracteurs qualifient les hommes du FARC de méchants terroristes... Objectivement ils ne sont pas plus terroristes que les Résistants de la Seconde Guerre Mondiale, considérés eux aussi comme tels à l'époque par Vichy. Les hommes du FARC, même si ce sont des criminels, ont leurs raisons d'agir ainsi. Même si je n'approuve pas leurs méthodes, ils ont leur vérité et je peux comprendre que l'on puisse penser et agir à contre-courant des masses civilisées. Les états utilisent eux-mêmes les méthodes criminelles les plus ignobles pour maintenir leur légitimité de nantis et personne ne semble s'offusquer de la chose. La prolifération de la détention de l'arme atomique en est le meilleur exemple.

On qualifie les preneurs d'otages de terroristes. Derrière le mot TERRORISTE la réalité n'est pas toujours toute noire ou toute blanche.

Bref, le point de vue de mes contradicteurs n'est pas le leur mais celui instillé par les médias.

La presse demande à la population française de s'apitoyer sur le sort de Bétancourt et le peuple gagné d'avance par le discours des "gentils journalistes anti FARC" bêle en choeur ! Les médias auraient demandé de mobiliser la sensibilité nationale pour Dédé Lacloche le SDF du coin, aujourd'hui l'opinion publique ne jurerait que par Dédé Lacloche...

A partir du moment où la population dans son ensemble suit l'ornière des sentiments médiatiques, plus de place à l'esprit critique ! La prochaine étape de "l'émotion civique" consistera à acheter le livre-témoignage de la maintenant "très courageuse" et surtout si télégénique ex-captive...

Pour en revenir à Dédé Lacloche qui semble décidément n'intéresser aucune de ces belles âmes réglées sur les mouvements de la baguette médiatique servant une musique bien sucrée, certes il n'est pas photogénique, certes il pue, certes il bredouille quand il a bu et qu'il fait la manche au coin de vos rues. Aucun caméraman ne fait de gros plans sur sa face rougeaude et pourtant il est là tous les jours, toujours otage de notre système terroriste économique particulièrement injuste, lui et des milliers d'autres. Dédé est à portée de caméra et pourtant aucune ne prend la peine de faire un scoop sur lui. Madame Bétancourt a une réelle valeur médiatique, pas le clochard du coin dont la solitude, la souffrance, la détresse sont parfois pires et plus durables que celles endurées par "l'illustre otage" lors de sa captivité.
Ce sont les médias qui ont choisi pour vous votre sujet d'émoi du jour : ils ne sont pas bêtes les médias, ils préfèrent servir de la Bétancourt plutôt que du Dédé, c'est beaucoup plus fédérateur.

Et pendant que les caméras braquées sur Bétancourt pour servir au peuple (artificiellement réjouit par la liberté retrouvée d'une pseudo-connaissance) sa dose de "news" sucrées à la gloire de "l'héroïne nationale", pendant ce temps-là Dédé Lacloche n'existe toujours pas, médiatiquement parlant. Il est pourtant sous nos yeux mais il n'a aucune valeur en terme d'image. Juste bon pour alimenter minablement les journaux de rues vendus par les SDF.

Beau travail messieurs les journalistes ! Un peuple entier lobotomisé en six années de savantes manoeuvres subliminales...

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(Vraiment comique et pitoyable, la dérive se poursuit sur les BLOGS : l'ex-captive est maintenant accommodée à diverses sauces : "Bétancourt les images", "Bétancourt les retrouvailles", "Bétancourt en famille", "Bétancourt avec Sarkozy", etc.

Quand je disais que l'affaire Bétancourt était une cause nationale créée de toutes pièces par les médias...

Attendons-nous bientôt à : "Bétancourt et ses recettes de cuisine", "Bétancourt le Loft", "Bétancourt et ses secrets de beauté"...)

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Les médias s'accaparent l'honneur d'avoir fait libérer l'otage.

Comme le pensent certains, il est en fait très probable qu'elle aurait été libérée depuis lontgtemps si on avait laissé agir les forces diplomatiques dans l'ombre.

L'illusion médiatique fonctionne à merveille : tous pensent que la libération de la captive est à mettre sur le compte des journalistes. Le silence est d'or dit-on. Moi je suis persuadé que le silence diplomatique aurait été plus efficace que le fracas de la presse.

Evidemment, tout est orchestré de manière à donner l'impression que ce sont les trompettes médiatiques qui ont rendu sa liberté à Bétancourt : shows télévisés sur shows télévisés, tapis rouges et sourires présidentiels sont là pour faire écran.

Les médias n'ont fait que retarder sa libération mais qu'importe, tout fonctionne sur le modèle illusoire : ainsi ils décrètent que le soleil se lèvera à telle heure sous leur seule volonté et miracle, le soleil se lève effectivement à l'heure indiquée par les médias...

Conclusion spécieuse des sots : c'est grâce aux médias que l'astre brille !

Raphaël Zacharie de Izarra
raphael.de-izarra@anadoo.fr
2, Escalier de la Grande Poterne
72000 Le Mans
02 43 80 42 98

Écrit par : Raphaël Zacharie de Izarra | 04/07/2008

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