12/10/2009
Les casseurs de Poitiers, idiots utiles du capitalisme ?
Hier soir, en écoutant les informations sur les incidents violents de Poitiers survenus samedi, je pensais à ce qu’aurait éprouvé mon père en apprenant que les casseurs s’en étaient pris, non pas seulement aux commerces et aux cabines téléphoniques, mais au baptistère Saint-Jean et à une autre église du centre-ville de Poitiers, cette ville qui lui tenait tant à cœur et où il a passé la plus grande partie de sa vie professionnelle à enseigner l’histoire médiévale à l’université : j’imagine sa colère, sa voix de tonnerre accompagnée de grands gestes nerveux, ses mots qui savaient être terribles à l’égard des imbéciles (entre autres…) ! Et puis, je sais qu’il aurait décroché son téléphone pour « savoir », pour connaître, effaré, les dégâts sur les monuments auxquels il savait donner vie par ses commentaires érudits…
Je suis le fils de mon père : comme lui l’aurait fait, j’ai réagi vivement à cette information, moi qui, pourtant et contrairement à lui, connaît si peu Poitiers. Mais, que des casseurs s’en prennent ainsi, par un vieux réflexe d’anticléricalisme dogmatique ou simplement par bêtise et ignorance, à un baptistère roman, l’un des joyaux de l’art religieux ancien, cela me révolte ! J’avoue que les vitrines commerciales ne suscitent pas la même pitié chez moi, et encore moins les succursales de banques et les façades de certaine chaîne états-unienne de malbouffe au patronyme écossais… Sans doute un vieux reste d’anticapitalisme ou, plus exactement, une certaine défiance à l’égard des symboles du règne de l’Argent !
En tout cas, je me demande de plus en plus si les casseurs (je dis bien « les casseurs » et non les militants ou les partisans avec lesquels je m’entretiens parfois et sans acrimonie, loin de là) de "l'extrême-gauche" (qui ne sont pas toute l'extrême-gauche, d'ailleurs) ou "anarchistes" (qui ne sont pas tous les anarchistes non plus) ne sont pas en définitive les meilleurs alliés de la République capitaliste qu'ils prétendent combattre... Car ils apparaissent d'un coup, cassent et bastonnent, et hop ! disparaissent pour quelques années, laissant sur place des gens passablement énervés et fâchés, non contre le "Système" mais contre la contestation de celui-ci, même si elle peut être légitime… Après tout, le royaliste que je suis revendique haut et fort une « autre civilisation » que celle où l’Argent et la Consommation sont des dieux ou, plus sûrement, des idoles ! Et s’en prendre à une église quand l’Eglise elle-même, par la récente encyclique pontificale « Caritas in Veritate », dénonce les fondements mêmes de cette société de consommation parfois inhumaine et souvent injuste, me paraît fort maladroit et inapproprié…
Les casseurs se sont fait plaisir, une petite poussée d'adrénaline avant de regagner leurs bars où je les croise parfois (authentique !), racontant quelques années après leurs "exploits" d'un jour qui n'ont guère fait trembler le capitalisme (malheureusement, peut-être…) qui en a vu bien d'autres...
Je préfère travailler sur le long terme, discuter et proposer, user de la plume (ou du clavier) et de la parole pour avancer des idées de protection environnementale, de défense sociale et de tradition critique : d'où, d'ailleurs, mon engagement pour une Monarchie fédérale, redistributive et écoloactive...
14:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poitiers, baptistère saint-jean, casseurs, anarchistes, capitalisme, contestation, monarchie.
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