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10/03/2009

Petites remarques sur la démographie française.

En préparant des cours de démographie pour mes élèves de 1ère, je me suis rendu compte de cette chose étrange : alors que la France compte presque 25 millions d'habitants en plus par rapport à 1900, la part de territoire sur laquelle la densité est supérieure à 50 habitants par km2 a sensiblement diminué depuis cette époque : c'est bien évidemment lié à la concentration urbaine et périurbaine des années 50 à aujourd'hui.

 
Donc, il y a plus de places "vides" sur notre territoire aujourd'hui qu'en 1900... Cela ouvre des perspectives nouvelles d’aménagement du territoire sur lesquelles l’Etat mais aussi les collectivités locales feraient bien de se pencher sans plus attendre : il y a là un vivier d’emplois qu’il serait dommage de négliger.


Autre point : si, à l’échelle de la planète, la surpopulation est un problème, ce n'est pas en France qu'il faut le chercher. Ce qui n’empêche pas, dans le même temps, d’avoir le plus haut taux de fécondité en Union européenne, au moment même où les autres pays membres, eux, semblent carrément en « panne de croissance démographique » et nous envient cette belle vigueur de la natalité, si rare dans les pays développés.


En 1900 : 1,5 milliard d'habitants sur la Terre, environ 40 millions en France ; en 2009 : 6,8 milliards sur la planète, soit une augmentation de plus de 450 %... Ce n'est pas le cas en France qui compte désormais 64 millions d’habitants et où l'augmentation séculaire se limite à environ 55 %... Le modèle de développement démographique de la France est un modèle équilibré : c’est aussi cela, l’exception française ! Et c’est une chance qu’il ne faut pas méconnaître…

12/01/2009

Surpopulation ou surconsommation ?

J’ai évoqué il y a quelques jours l’agacement que je ressentais devant la poussée de fièvre malthusienne qui s’est exprimée bruyamment à l’occasion de l’annonce des chiffres du dernier recensement en France : or, il se trouve que « Le Monde 2 », dans son édition du samedi 10 janvier 2009, publie un long article qui démonte quelques uns des arguments des néo-malthusiens, avec un à-propos tout à fait bienvenu…

Tout d’abord, il faut remarquer que les pays du Sud, en quelques années, ont vu leur taux de fécondité diminuer de façon impressionnante comme, par exemple l’Iran qui, d’un taux de 6,5 enfants par femme en 1985, en est désormais à 2, même s’il faut relativiser ce chiffre en soulignant que celui-ci est aussi le résultat d’un recul de l’âge de la maternité et signaler aussi que le principe de l’inertie démographique fait que les populations des pays du Sud vont continuer à fortement croître dans les deux ou trois prochaines décennies.

D’autre part, l’augmentation des niveaux de vie dans de nombreux pays aura, semble-t-il, tendance à freiner encore, dans le demi-siècle qui vient, l’accroissement naturel car les populations en voie d’enrichissement, par un réflexe souvent inconscient d’épargne (pour éviter la dispersion de leurs nouveaux patrimoines), limitent alors le nombre de leurs naissances. Sans oublier les politiques de contrainte comme celle de « l’enfant unique » en Chine qui, au-delà du coup de frein démographique, a entraîné un déséquilibre des naissances au grand détriment des populations féminines (100 femmes pour 117 hommes, déséquilibre qui se manifeste aussi en Inde dans des proportions pratiquement similaires).

Bien sûr, les prévisions pour 2050 tournent autour de 9 milliards d’habitants soit plus de 2 milliards supplémentaires par rapport à 2009 sur une planète qui, aujourd’hui, peine encore à réduire la sous-alimentation. Mais, et c’est ce que souligne avec pertinence l’article du « Monde 2 », sur le conseil d’experts démographes de l’OCDE, « la population ne pose pas un problème en soi. Les pressions exercées sur les ressources naturelles et l’environnement ne proviennent pas du nombre d’habitants mais de leurs habitudes de consommation. »

Ainsi, ce qui pose problème, c’est bien le principe d’une société de consommation, que l’on pourrait qualifier de « consumation », qui, de par son essence (« consommer pour produire »…), ne parvient pas à réfréner ses appétits, au risque de gaspiller les ressources animales, végétales et minérales, en quelques décennies prochaines. Comme le conclue l’article : « A nouveau, les politiques sont en cause. Pas le nombre d’habitants ».

Il faudra bien poser, un jour ou l’autre, la question de la « décroissance » (et non celle de la « dépopulation ») qui n’est rien d’autre, au-delà de l’économie ou du développement, que la grande question de la civilisation, et de ce que nous souhaitons transmettre à nos enfants : des problèmes ou des bienfaits ?

03/01/2009

63 millions de Français, et Zohra.

L’INSEE a publié il y a quelques jours les chiffres du recensement de 2006 et ceux-ci indiquent une augmentation relativement sensible de la population française sur la période 1999-2006, avec 3 millions de nouveaux venus, principalement du fait d’une natalité française qui tranche avec celles des autres pays d’Europe, souvent très basses, et très insuffisantes au regard des enjeux sociaux contemporains. Ainsi, la France comptait, au 1er janvier 2006, 63.185.831 (quelle précision !) habitants, ce qui, si l’on y rajoute ceux arrivés depuis cette date, doit aujourd’hui permettre de penser que notre pays en compterait, aujourd’hui, environ 64,5 millions, dont plus de 2 millions en Outre-mer. Que l’enfant de Rachida Dati, garde des sceaux de l’actuel gouvernement, naisse le jour même de l’annonce de cette bonne nouvelle démographique pour la France me paraît très symbolique : cette petite Zohra (tel est le nom de ce bébé né sous le chêne de Saint Louis) nous rappelle que, comme l’écrivait l’historien et journaliste royaliste Jacques Bainville dans les années 1920 : « le peuple français est un composé » et qu’il a des couleurs diverses, car notre nation, comme son drapeau, est aujourd’hui multicolore. Cela me rappelle aussi une affiche coloniale des années 30 qui, présentant trois profils d’Africains et d’Asiatiques des possessions territoriales françaises sur fond de drapeau tricolore, proclamait : « Trois couleurs, un seul peuple ». Il s’agit là du peuple historique, civique, national, bien sûr, et non du peuple dans son acception seulement ethnique, culturelle ou linguistique dont le roi Louis XVI parlait au pluriel pour la France en convoquant les états généraux de 1789 (« les peuples de France », comme on dit « les pays de France » quand il n’y a qu’un seul pays qui s’appelle la France et que ce pays, au sens national, peut se comprendre, en son unité même, comme un ensemble de communautés…).

Or, pour en revenir au début de ma note, dans les forums des quotidiens qui évoquaient ce calcul démographique de l’INSEE, les réactions des lecteurs étaient souvent hostiles à cette augmentation de notre population, que je pense pourtant fort heureuse et bénéfique pour notre pays… Les arguments avancés étaient pour le moins pessimistes et démontraient parfois un certain égoïsme en considérant que ces nouveaux venus allaient augmenter les charges des contribuables par le biais des aides familiales et des « privilèges » accordés aux familles, en particulier celles dites nombreuses : arguments en fin de compte peu crédibles, ne serait-ce que par le simple fait que, dans le cadre du système des retraites par répartition (qui est encore celui de la France, ce qui évite les échecs des retraites par capitalisation, mises à mal par la crise financière…), ce sont les actifs qui financent les retraités du moment et que, plus il y a d’enfants à naître dans notre pays, plus les retraites sont assurées dans la durée, en particulier dans notre pays qui compte et comptera de plus en plus de bénéficiaires, par le simple jeu de l’accroissement continu de l’espérance de vie. D’autre part, plus il y aura d’actifs dans les décennies prochaines, moins il y aura nécessité à travailler au-delà de 60 ou 65 ans, même si la possibilité doit en être offerte à ceux qui souhaitent poursuivre leur carrière au-delà de l’âge légal de la retraite. Ainsi, les aides familiales peuvent être comprises comme une forme d’investissement sur le long terme, et non comme une charge à fonds perdus…

Et il y a autre chose : les naissances, Dieu merci, ne se pensent pas en simples calculs comptables et elles sont, le plus souvent, le résultat de l’amour ou un don de la vie. Dans un pays comme le nôtre, ce n’est pas une « obligation » ou un résultat de la méconnaissance de la sexualité… C’est un vrai choix (à quelques exceptions près, bien sûr, mais qui ne sont plus que des exceptions et non la règle) et c’est un choix de la vie, de l’amour, et c’est tant mieux !