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24/07/2010

General Motors, à Strasbourg : l'insupportable silence de l'Etat !

En début de semaine, les ouvriers de l’usine strasbourgeoise de General Motors Company ont été appelés à se prononcer par référendum sur le gel de leurs salaires pendant deux ans, l’abandon de six jours de RTT (sur seize), la suppression de l’intéressement jusqu’en 2013 : l’enjeu était de diminuer les coûts de main-d’œuvre pour « sauver les 1.150 emplois » de l’usine menacée, par la multinationale états-unienne, d’être purement et simplement (et rapidement) fermée pour être réimplantée là où les coûts de production seraient moins élevés… Ainsi, les ouvriers, d’habitude écartés des décisions de l’entreprise, étaient-ils conviés à légitimer eux-mêmes une rigueur censée les sauver, en sacrifiant une part de leurs revenus !

 

Dans cette affaire, plusieurs éléments sont choquants : d’abord, le fait que ce sont toujours les ouvriers qui sont « la variable d’ajustement » et que les multinationales, dans la recherche d’un profit qui intéresse d’abord les actionnaires et non les travailleurs eux-mêmes, font peu de cas des conditions sociales de leurs salariés, et se réfugient derrière les « contraintes de la compétitivité » pour excuser ce qui est, le plus souvent, le résultat d’une certaine cupidité actionnariale ou patronale mais aussi parfois le résultat d’erreurs de gestion et de stratégie industrielle !

 

Ensuite, l’absence de l’Etat français dans cette affaire : bien sûr, nous ne sommes pas, et heureusement, dans une économie étatisée mais l’Etat a un rôle majeur, éminemment politique, qui est de protéger ceux qui sont ses citoyens, et en particulier de veiller à ce que les intérêts des plus faibles ne soient pas oubliés par les puissants, quels qu’ils soient, financiers ou industriels ! Or là, au moment même où l’Etat serait nécessaire, dans son rôle d’arbitre économique et de garant de l’équité sociale, il est silencieux, invisible, craignant sans doute que la Commission européenne (toujours au nom de son dogme fondamental de la « concurrence libre et non faussée »…) ne le tance s’il intervenait et s’il rappelait ses obligations sociales à cette entreprise étrangère qui voudrait bien appliquer des règles déjà pratiquées dans des pays où le Droit social reste embryonnaire…

 

Ce silence de l’Etat est un vrai scandale, non pas économique, mais social et politique ! Il montre aussi la faiblesse actuelle, l’impuissance même d’une République qui n’est plus libre et n’ose s’affranchir, quand il le faudrait bien, des règles édictées par les féodalités financières et industrielles, par cette « fortune anonyme et vagabonde » qui se moque des frontières, des pouvoirs publics, des citoyens…

 

« On finira bien par restaurer la Monarchie, un jour, contre la dictature et contre l’anarchie », affirmait Eugène Ionesco dans les années 70 : oui, contre la dictature des féodalités multinationales et contre l’anarchie d’une économie sauvage, voire barbare, il faudra bien, le plus tôt possible, instaurer en France une Monarchie royale, politiquement libre et socialement juste. Non pour faire des miracles mais pour faire respecter la décence sociale et avancer la cause des hommes, tout simplement !