Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

14/12/2010

L'immigration (2ème partie)

Voici la suite de mon article sur « l'immigration », article qui sera publié en une seule fois et intégralement dans un prochain numéro de « L'Action Sociale et Corporative », revue trimestrielle du Groupe d'Action Royaliste.

 

 

Aujourd'hui, l'immigration reste un déracinement, mais une dynamique s'est instituée, au-delà des « appâts économiques » hier proposés par les forces industrielles : désormais, ce sont aussi les avantages sociaux (sécurité sociale, allocations familiales...) qui jouent le rôle d'appâts pour les populations venues de pays en grandes difficultés économiques ou sociales ou en faiblesse politique (pays d'Afrique, par exemple), voire de pays dont le niveau de vie « à l'occidentale » reste modeste. Or, la mondialisation économique et ses conséquences sociales ont changé la donne ces deux dernières décennies : l'apparition d'un chômage qui n'est plus seulement conjoncturel, mais fondamentalement structurel, a entraîné une concurrence entre les travailleurs autochtones et les travailleurs immigrés, dont la pression (par leur simple présence et la baisse du nombre d'emplois disponibles) s'est trouvée fortement accrue, avec le soutien intéressé d'un certain patronat qui, là encore, cherche plus le profit immédiat que le bien-être social des salariés... Dans cette affaire, d'ailleurs, l'Union européenne fait preuve d'une grande constance « libérale », au nom d'une « liberté du travail » dont les travailleurs français savent parfois ce qu'elle leur a coûté en droits et libertés concrets ! L'appel régulier, par les chantres du libéralisme économique et du néo-nomadisme autant territorial que social, à « l'immigration comme recours », sur le plan du travail comme de la démographie (« les immigrés vont payer nos retraites » (sic !), formule qui révèle, en fait, une véritable « traite des ventres », ignoble et suicidaire à la fois...), est la démonstration d'une grande duplicité de la part de ceux-là même qui ont renoncé à éradiquer le chômage et à améliorer les conditions de travail et de vie des salariés tout en rognant, au nom des « nécessités économiques », sur les « acquis sociaux ».

 

Désormais, et de plus, au-delà des personnes immigrées elles-mêmes, se pose depuis plus d’une trentaine d’années la question parfois « chaude » de la situation de leurs enfants, scolarisés et destinés à vivre leur vie d’adultes en France malgré des difficultés plus marquées que les populations plus anciennement installées (que l’on dit « de souche », pour faire simple) pour trouver des emplois qualifiés ou, simplement, s’intégrer à la nation, en partager le destin historique et civilisationnel. En effet, la concentration des populations étrangères autour de grands pôles industriels, souvent en périphérie des centres urbains, a entraîné un phénomène de pression communautaire sur les écoles, normalement instruments de l’intégration mais en pleine crise de motivation et d’identité à partir des années 70 face à l’apparition des nouveaux médias (télévision puis, encore plus peut-être, internet…). Autant l’école a su intégrer (assimiler ?) durant un siècle des jeunes d’origine étrangère parce que leur nombre restait raisonnable et toujours largement inférieur à celui des enfants dits « de souche », autant, lorsque l’école s’est mise à douter de tout et de son propre rôle d’éducation, et lorsque la proportion d’enfants étrangers (ou nés de parents d’origine étrangère) est devenue largement supérieure à celle des enfants d’autochtones, l’institution scolaire n’a plus rempli son rôle d’accueil et d’intégration-assimilation. La multiplicité des origines, des comportements culturels, mais aussi des affirmations (ou réaffirmations) communautaires, conjuguée à la dévalorisation de l’école (parfois par les professeurs eux-mêmes – Mai 68 et son néo-rousseauisme ont fait des ravages – et par le Ministère de l’Education nationale, lourde bureaucratie incapable de s’adapter rapidement aux mutations contemporaines et de s’affirmer par rapport à elles), dévalorisation face aux grands médias et nouveaux modes de communication, plus « commodes » et plus « convaincants » (là encore, le rôle de l’internet est indéniable, après celui, désormais moins prégnant de la télévision), ont rendu l’intégration-assimilation classique des jeunes d’origine étrangère plus difficile, voire parfois presque impossible…

 

Dans le même temps, ces jeunes, par le biais des médias de masse audiovisuels, ont adopté très nettement et plus profondément parfois que les jeunes autochtones, les modèles, les désirs et les rites de la société de consommation mondialisée, comme l’avait pressenti il y a déjà plusieurs décennies Claude Lévi-Strauss…

 

Les conséquences sont, en définitive, dramatiques : les immigrés et leurs enfants, souvent en conflit entre eux (en partie à cause de la perte d'autorité du père, « dévalué » dans la société d'accueil pour de multiples raisons dont celle d'une « dévalorisation » sociale lièe au travail même par rapport aux critères de la « réussite sociale » occidentale), n'ont plus de motivation à s'intégrer dans la société française traditionnelle et se créent leur « propre espace différencié », autonome et autarcique, forme de « repli sur soi » peu propice à « l'inclusion sociale » dans la nation française. Peut-on parler de « ghettoïsation » ? En tout cas, on semble s'acheminer, dans certains cas, vers un processus de ce genre, processus de néo-tribalisation communautariste – et non seulement communautaire, ce qui n'est pas la même chose et n'aurait pas de caractère forcément négatif s'il s'agissait seulement d'une appartenance – et de « séparatisme culturel », au détriment de la cohésion nationale et de plus en plus souvent en opposition aux institutions sociales et stato-nationales ou aux populations autochtones, elles-mêmes parfois minorisées et marginalisées dans certaines cités de banlieues. Cela se traduit par une montée des violences urbaines, une augmentation des zones d'insécurité permanente, et en réaction (car ce n'est qu'une conséquence de la situation actuelle) par l'importance du vote Front National (et sa permanence depuis plus d'un quart de siècle, « réactivée » par la personnalité de Marine Le Pen), vote qui surfe sur les mécontentements légitimes (et récupérés par le FN) de populations françaises (parfois elles-mêmes d'origine étrangère) quasiment abandonnées par le pouvoir central, par la République... Quel gâchis !

 

 

 

                                                                                                          (à suivre)

 

08/12/2010

L'immigration (1ère partie)

 

Dans le cadre des travaux du Groupe d'Action Royaliste et en vue de la publication prochaine d'un dossier sur l'immigration dans "L'Action Sociale Corporative", voici la première partie d'un article rédigé il y a déjà quelques années et que je m'emploie à réactualiser pour le rendre le plus compréhensible et le plus efficace possible sur une question qu'il est toujours délicat d'aborder en ces temps de confusion intellectuelle et d'uniformisation de la pensée...

 

 

Le débat sur l'immigration est un débat empoisonné en France : la société française semble incapable de penser les phénomènes migratoires et leurs conséquences autrement que sous l'angle de la passion ou de la condamnation et, souvent, de la confusion. En parler, c'est déjà s'engager, voire se compromettre...

 

Mais fuir ce débat serait nier les réalités et s'empêcher d'intervenir, en fonction d'elles, dans la vie publique. Car l'immigration (en tant que mouvement, déracinement et installation nouvelle) , pose la question même de l'équilibre (et de la cohésion) social et de la définition (et de la nécessaire protection) de la communauté nationale, du « cadre historique et civilisationnel constitué ».

 

En fait, l'immigration n'a pas toujours été considérée comme un problème, soit parce qu'elle était limitée dans le nombre et le temps, soit parce que la communauté nationale d'accueil n'en ressentait aucun malaise. Nous évoquons ici l'immigration d'origine étrangère et non l'immigration interne (exode rural, « aspiration parisienne », …), en précisant qu'il serait sans doute plus juste d'en parler au pluriel, car l'immigration sud-européenne n'a pas les mêmes formes ni les mêmes fonds culturels que l'immigration nord-africaine, par exemple.

 

L'immigration, comme phénomène social contemporain (et c'est celui-ci que nous allons évoquer ici), est le déplacement, volontaire ou non, de personnes ou plus exactement de populations atomisées; vers une « autre terre », vers un « autre » espace étatique (et socio-culturel dans la plus grande partie des cas) : c'est en fait un déracinement, parfois d'ailleurs souhaité ou ressenti comme une délivrance par les personnes concernées, et de plus en plus un déracinement définitif, depuis les mesures de regroupement familial décidées par le président Giscard d'Estaing lors de son septennat.

 

La visibilité de l'immigration tient en grande partie à l'entassement des populations d'origines étrangères dans des banlieues devenues rapidement ingérables et, par là-même, invivables ou associables. Mais elle tient aussi aux caractères « d'étrangeté » des immigrés eux-mêmes de par leur identité physique et culturelle, et ces caractères, difficilement effaçables, constituent une « marque » parfois mal vécue par les immigrés comme par les populations autochtones.

 

Il est nécessaire de préciser que les premiers concernés (et les premières victimes, donc ?) par l'immigration sont les immigrés eux-mêmes et leur proche descendance (la « deuxième » ou la « troisième génération », nées en France). D'abord parce que les premières vagues d'immigration ont été suscitées (appelées et organisées, parfois très officiellement, dès le XIXe siècle et plus encore durant les « trente glorieuses ») par des industriels désireux de trouver une main d'œuvre à la fois nombreuse et bon marché, dans le but de ne pas augmenter (ou le plus lentement possible...) les coûts salariaux, c'est-à-dire, concrètement, les salaires ouvriers... : on peut parler, sans exagération mais avec des nuances, d'une véritable traite humaine appliquée à des populations issues de pays pauvres ou encore nationalement instables (Italie, Pologne... au XIXe siècle par exemple ; Algérie, Côte d'Ivoire,etc. au XXe). Certains sociologues emploient même le terme de « déportation économique » pour signifier le transfert de populations étrangères de leur pays natal au pays d'accueil, riche donc attrayant (donc, aussi, sentimentalement attractif...), ce qui facilitait le travail des « rabatteurs » chargés de recruter cette main d'œuvre considérée aussi comme moins coûteuse que la mise en place d'une modernisation ou d'une automatisation des structures industrielles. Dans l'application de cette politique économique, qui découle aussi d'une philosophie individualiste du profit immédiat et de interchangeabilité des individus (un homme, une force de travail : formule de l'égalitarisme économique, négateur des appartenances communautaires), la dignité et l'identité culturelle des personnes ne sont pas prises en compte. D'où de nombreux suicides dans ces populations déplacées et, en tout cas et chez de nombreuses personnes immigrées, un profond sentiment de malaise, de frustration, parfois de honte, sentiment qui peut aussi tourner au ressentiment, en particulier contre la société d'accueil.

 

                                                                                     (à suivre)

 

29/04/2008

Travailleurs clandestins et éducation.

L’affaire des travailleurs clandestins qui demandent à être régularisés avec le soutien de leurs patrons est intéressante à plus d’un titre et montre également le cynisme d’un capitalisme sauvage qui revendique de faire les lois quand celles en place ne conviennent pas à ses intérêts.

 

Qu’il y ait des clandestins utilisés dans la restauration, le bâtiment ou l’agriculture n’est un secret pour personne, mais c’est surtout un scandale social : l’utilisation de ces travailleurs est le meilleur moyen qu’a trouvé un certain patronat pour ne pas augmenter les salaires comme le rappelle depuis déjà bon nombre d’années Jean-François Kahn. Ainsi, ces personnes qui sont rentrées illégalement sur notre territoire, souvent en espérant trouver « un avenir meilleur » que celui qui était le leur dans leur pays d’origine et intégrer une société de consommation dont les médias mondiaux se font les chantres, sont les jouets d’une « politique sociale » (ou, plus justement, « antisociale »…) qui les dépasse. Peut-on leur en vouloir d’espérer, parfois de façon illusoire ? Sans doute non, mais raisonner en termes seulement économiques est, en définitive, la pire des choses car elle fait de ce qui ne devrait être qu’un « moyen » une fin : ce renversement de perspective est le plus dangereux qui soit, autant sur le plan de la paix intérieure et extérieure que de l’environnement ou du social.

 

D’autre part, cette situation apparaît paradoxale au moment où une grande part de la population active est soit au chômage (environ 8 %), soit en emploi précaire, et qu’une partie des travailleurs de ce pays sont considérés comme « travailleurs pauvres » dont certains sont en situation de surendettement important ou de « mal-logement ». Mais il faut bien admettre que les travailleurs clandestins (qui appartiennent souvent aux catégories précitées) sont embauchés dans des secteurs peu attractifs ou aux conditions de travail pénibles, secteurs désertés par les Français « de souche » mais aussi par les « nouvelles populations françaises » qui s’entassent dans les « banlieues verticales » des métropoles et dont les plus jeunes refusent de faire ce que leurs aînés ont fait, dans une sorte de « révolte générationnelle » larvée mais bien réelle. J’ai pu aisément le constater lors de mes 9 années passées aux Mureaux où la plupart des élèves en difficulté du collège refusait toute orientation vers des filières professionnelles courtes et revendiquaient « le droit au lycée », c’est-à-dire « au bac », malgré des problèmes scolaires évidents ou des comportements peu compatibles avec l’apprentissage des connaissances… Ceux qui ont enseigné (ou enseignent encore) en ZEP comprendront aisément de quoi je parle.

 

Le drame est que l’éducation nationale, par ses blocages et ses préjugés, a largement participé à cette dévalorisation du travail manuel et n’a pas su jouer la carte de la pluralité des possibilités professionnelles, condamnant tous les jeunes, par sa logique de l’absurde et la scolarité obligatoire jusqu’à 16 ans, au même modèle scolaire survalorisant un bac qui, en définitive, est devenu un « droit » et une « obligation » sans véritable valeur autre que celle que l’éducation nationale et les lycéens qui le passent lui prêtent : en paraphrasant un ancien ministre gaulliste de la Cinquième République, « le bac n’engage que ceux qui y croient »… Il faudra bien sortir un jour de ce piège mortifère pour les jeunes comme pour notre société.

 

On comprend mieux ainsi pourquoi tout, dans notre belle République « néolibérale », se conjugue pour exploiter des travailleurs venus d’ailleurs sans, parfois, connaître ni nos mœurs, ni nos codes (y compris celui « du travail », de moins en moins crédible et respecté…), tandis que nos compatriotes et les immigrés venus légalement en France se retrouvent parfois dans des situations sociales délicates et peu favorables à l’épanouissement personnel.

 

Que faire ? Régulariser en masse les travailleurs clandestins serait une erreur car cela signifierait que les lois en vigueur et le « code du travail » comptent pour rien et qu’il suffit d’être « de bonne foi » et « utile économiquement » (aux yeux du patronat) pour avoir le droit de devenir travailleur français, voire, en un deuxième temps, citoyen français. Une régularisation exceptionnelle pour quelques uns de ces travailleurs est envisageable mais doit s’accompagner d’une véritable politique éducative pour permettre à ces personnes de trouver leur place, légalement désormais, dans notre société : il ne serait pas choquant de leur imposer des cours de langue et d’histoire françaises, par exemple, pour leur permettre de mieux comprendre leur pays d’accueil et d’emploi, ainsi que leurs droits sociaux…

 

Mais, en même temps, il faut revoir notre système éducatif et l’accès au monde professionnel pour rendre plus attractif, pour nos jeunes, des métiers aujourd’hui (et souvent à tort) mal considérés. Cela implique de changer l’esprit même de l’enseignement et ne pas négliger de l’ouvrir plus sur le monde du travail.

 

D’autre part, il faudra bien évoquer une revalorisation, y compris salariale, de ces professions aujourd’hui « en manque de bras » : il n’est pas normal d’avoir, dans notre pays, environ UN MILLION d’emplois non pourvus…

 

Dernière chose (pour l’instant, ce qui ne veut pas dire que je n’ai rien à ajouter…) : il serait temps de repenser un véritable aménagement du territoire qui permette de penser ensemble emploi, qualité de la vie et société de sobriété… Encore une de mes marottes, diront certains… Il me faudra en reparler…