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14/04/2010

La Rumeur...

J’ai une révélation à faire et une rumeur à lancer : Rachida Dati est la maîtresse de Carla Bruni-Sarkozy, la femme du président… mais, chut ! Ne le dîtes à personne, ou alors discrètement… Comment ? Vous le saviez déjà ? Mais qui vous l’a dit ?

 

Je rassure mes lecteurs : ce n’est pas une information, même pas une rumeur, c’est juste un mensonge, un délire pur et simple. Certes, je complote contre la République, la sarkoziste comme les autres, mais je le fais à ciel ouvert, à visage découvert (et sous mon vrai nom, sans pseudonyme…), et je ne pratique pas cette « politique des boules puantes » dénoncée par le général de Gaulle ! La politique ne peut être, au sens noble du terme, cette boue qui se déverse aujourd’hui sur la Toile, dans la presse, les médias. Mais il semble que les égouts de la médiocratie actuelle débordent, au risque d’ensevelir tout débat politique sous une fange épaisse de ragots et de calomnies…

 

Et, dans le même temps, ceux qui ferraillent à fleurets parfois démouchetés, les pamphlétaires, les humoristes ou autres polémistes, sont menacés des foudres de la Justice ou d’une « vigilance » qui rappelle, sur le plan moral, médiatique et parfois judiciaire, les heures les plus sombres de l’Occupation et de l’Epuration, la mise à mort physique en moins (heureusement…) !

 

Ainsi, la Rumeur pollue les débats politiques (ou les noie sous un déluge d’informations incontrôlées et souvent invérifiables), ceux-là mêmes que l’on veut éviter en « moralisant » (sic !) et en judiciarisant les lices politiques, au nom d’une bien-pensance dont Georges Bernanos a, en son temps, dénoncé les aspects les plus hypocrites et malsains. Cette situation m’insupporte !

 

De Maurras, il est une citation que j’ai conservé dans mon panthéon personnel : « les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent », formule que j’ai, à ma façon, traduite et complétée en cette devise que j’ai fait mienne : « la liberté, ça ne se renifle pas, ça se respire ! ».

 

Je préfère les vigueurs et les excès de la polémique, voire de la caricature (même « bête et méchante », pourvu qu’elle ne verse pas dans l’indignité), aux étouffoirs de la « bonne conscience » et du modérantisme moralisateur. Et, si je distingue les uns des autres, si j’approuve les uns et combats les autres, je veux pouvoir entendre Gerra, Guillon, Zemmour, Naulleau, Kahn, Ménard, Siné, Lévy (Elisabeth comme Bernard-Henri…), etc.

 

Car ce n’est pas en interdisant ceux qui ne pensent pas comme soi ou se bouchant les oreilles à leurs propos qu’on peut les comprendre et, éventuellement, les combattre efficacement, les désarmer intellectuellement, les convaincre de leurs erreurs…

 

Dans ma prime jeunesse, j’ai aimé les articles cinglants de Jean-Edern Hallier, son côté excessif et parfois complètement injuste, de mauvaise foi, souvent irrespectueux ! Mais, quelle plume ! Quelle audace si l’on compare avec les filets d’eau tiède qui sortent des robinets de l’information officielle et de la pensée dominante ! Et j’ai toujours préféré la colère à l’hypocrisie ; la violence des mots à la brutalité physique pour laquelle je n’ai guère de penchant naturel ; la liberté passionnée à la servitude pensionnée !

 

La liberté du polémiste est la respiration du débat : supprimez-la, et la politique se meurt… Il est significatif que, alors que l’on voue au pilori les polémistes « à découvert », ce soit la Rumeur qui envahisse de sa puanteur le champ du politique.

 

« Messieurs les censeurs, bonsoir ! » : Maurice Clavel nous manque s’il reste le souvenir de son coup de colère devant les caméras de télé, un soir de l’ère pompidolienne. Il pourrait, aujourd’hui, pousser ce nouveau cri du cœur et de la raison : « Madame la Rumeur, je vous hais ! »…

03/07/2008

Ingrid Betancourt libérée.

La libération de la Franco-colombienne Ingrid Betancourt est une bonne nouvelle et la fin d’un cauchemar pour elle, ses proches mais aussi pour les autres otages libérés que l’on a un peu tendance à oublier. Il est d’ailleurs étrange de constater que les Etats-Unis, qui avaient eux-mêmes trois otages dans cette même jungle contrôlée par la guérilla des narcotrafiquants « marxistes » (je mets des guillemets, car Marx, sans doute, n’y reconnaîtrait pas vraiment ses enfants…), ne se sont guère mobilisés pour leurs ressortissants, préférant jouer la carte des « opérations discrètes » et refusant une médiatisation qu’il pensait devoir profiter aux FARC. Il faudra sans doute, justement, poser la question de la méthode à employer pour répondre aux prises d’otages et demandes de rançon qui se multiplient dans le monde, renouant avec une pratique fort usitée et « appréciée » au Moyen-âge…

 

Dans les images aperçues à la télévision, mais sans le son, coupé dans le café où je prends mon petit déjeuner, il en est quelques unes qui me marquent plus que d’autres, en particulier celles d’Ingrid Betancourt faisant le signe de croix avant de s’exprimer devant les micros, ou celles de cette prière à genoux sur le tarmac de l’aéroport : la foi face aux malheurs du temps, comme une façon de résister à la désespérance… Des images inhabituelles dans un monde qui, souvent, associe la religion aux déchirements des sociétés entre elles ou aux fanatismes terroristes.

 

Cela nous rappelle aussi que les hommes ne vivent pas que de consommation et de « spectaculaire » et que le propre de l’humanité est cette propension à penser au-delà des « formes visibles » : méconnaître cet élément, qu’il soit par ailleurs positif ou négatif, c’est tomber dans la négation de ce qui fait l’homme, de ce qui le distingue des « objets animés ». Je pense, en disant cela, en « politique d’abord » qui ne survalorise pas le religieux et laisse sa place à la religion, qui n’est pas et ne doit pas être, pour l’Etat, la première des préoccupations mais la prise en compte d’une forte réalité des sociétés et de leur nature.

 

Les images d’une femme heureuse de recouvrer la liberté et qui en rend grâce à Dieu sont, en ce sens aussi, éminemment politiques, qu’on le veuille ou non.