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22/10/2008

Résistance française à l'occupation allemande.

Cette année, le 22 octobre était, comme l’an dernier, dédié au souvenir de Guy Môquet et, intitulé ambigu, à « l’engagement des jeunes Européens dans la Résistance », à l’occasion de la « Semaine de l’Europe à l’école » qui se déroule actuellement, dans une indifférence quasi-générale. Les professeurs avaient reçu des consignes du Ministère de l’éducation nationale, par le biais d’une « note de service » signée du directeur Jean-Louis Nembrini, directeur général de l’enseignement scolaire, qui (anecdote) m’a jadis inspecté lorsque j’enseignais aux Mureaux.

Ces consignes avaient ceci d’étrange qu’elles faisaient référence à la Résistance comme si elle était un phénomène « européen » et non comme une réaction le plus souvent nationale, et d’abord nationale avant que d’être « démocratique » ou idéologique. Ainsi, elles citaient en quelques phrases trois fois l’expression « jeunes Européens », au risque de faire prendre des vessies pour des lanternes et de falsifier, purement et simplement, l’Histoire au nom d’une idéologie « européenne », ou plutôt européiste, qui fait peu de cas de ce qui a réellement été… L’emploi de l’expression « jeunes Européens » auraient pu passer inaperçue si l’absence de toute référence au caractère français de la Résistance en France à l’Occupation (ce dernier terme d’ailleurs n’apparaissant même pas, ce qui est pour le moins étrange, mais tellement révélateur du déni d’Histoire de cette directive, pourtant rédigée, ce qui aggrave son cas, par un ancien inspecteur d’Histoire) n’était elle-même ostensible

Ce déni d’Histoire m’a évidemment agacé et j’ai donc profité de cette journée pour rappeler à mes élèves de Seconde quelques petites choses simples comme le fait que Guy Môquet n’était pas un résistant mais un otage, ce qui n’a évidemment pas le même sens (et qui n’enlève rien à la cruauté de son sort), et qu’aucun résistant fusillé ou tué au combat n’est mort en criant « vive l’Europe » comme le confirmait, d’ailleurs, le dossier fourni par le Ministère contenant des lettres de résistants antinazis d’autres pays qui, pour la plupart, se terminaient par « vive la patrie »…

Si je n’ai pas lu la lettre de Guy Môquet, j’ai par contre lu des extraits de celle écrite à sa femme à la veille de son exécution par le résistant français Honoré d’Estienne d’Orves, auquel l’écrivain Etienne de Montety a consacré un beau livre dont je conseille la lecture pour comprendre ce qu’est un héros français, au sens noble du terme.

Voici ces extraits : « Mon sacrifice est fait depuis longtemps. Seuls ces trois mois d’attente avaient ravivé mon espoir et m’avaient fait espérer de revivre auprès de vous tous. Je veux croire que tu supporteras avec vaillance cette épreuve. Nous avons eu, penses-y, le bonheur de nous revoir alors que beaucoup sur les champs de bataille sont morts pour la France sans avoir pu revoir ceux qu’ils aimaient le plus.

« Je veux, tu entends mon chéri, que tu continues à mener notre vie courageuse auprès des enfants qui ont besoin de toi. Tu le dois, et la pensée que tu vivras avec eux et pour eux est mon grand réconfort. Je sens que tu me le promets. Tu leur expliqueras ce que j’ai fait, à ces petits, pour qu’ils sachent que leur Papa n’a eu qu’un but : la grandeur de la France, et qu’il y a consacré sa vie. »

Mais j’ai aussi lu un autre texte du même Honoré d’Estienne d’Orves, qui éclaire encore un peu plus le sens de son combat et ses valeurs : « Notre fierté d’être Français est basée sur la conscience de nos droits, sur les souvenirs de notre histoire et non pas sur la conscience d’une supériorité innée. Ce ciment qui nous unit, ce n’est pas la race, c’est la nation constituée au cours des siècles, avec au départ des races différentes. C’est un ciment de la raison qui est de devenir celui du cœur et qui n’en est pas moins fort. » Ces phrases et l’histoire de ce résistant sont plus significatives que toutes les directives de ce Ministère de l’éducation (ou plutôt de la « rééducation »…) qui embrigade et emprisonne les esprits plus qu’elle ne les forme et ne les libère…

Ce n’est pas sur le mensonge que l’on bâtira le monde de demain et une société meilleure mais sur la vérité et l’amour des siens à travers les générations et les temps, cet amour premier qui permet de s’ouvrir fraternellement aux autres : assumer l’Histoire signifie aussi être capable de dépasser les épreuves et les confrontations d’antan pour tendre la main aux adversaires d’hier, pour fonder une paix consciente et durable. En tronquant l’Histoire au nom de préjugés idéologiques, les européistes préparent les malentendus de demain…

03/05/2008

Etats unis d'Europe ?

« Comme l’on n’a pas coutume de prêcher la santé aux gens qui se portent bien, l’on peut affirmer que les périodes où l’on prêche la paix et l’union des peuples sont celles précisément où les dits peuples se replient sur eux-mêmes et où les menaces de guerre et les rivalités se voient sans lunettes. (…)

 

Les Etats unis d’Europe ne sont pas pour demain mais on peut parier qu’ils serviront de prétexte à de nouveaux sacrifices que les Français seront pressés, non de consentir car leur avis ne sera pas demandé, mais de saluer d’enthousiastes approbations : simple question de presse. Et ce qui inquiète c’est que le mot d’ordre officiel est de minimiser l’idée de patrie au profit des ententes internationales, comme s’il y avait opposition formelle entre un patriotisme vigoureux et le goût de la paix. Signe des temps ! l’on a peine à voir, sous la conduite de pasteurs respectables, ordinairement plus avisés, une partie de la plus saine portion du peuple français, s’attacher à de telles billevesées. Il n’est pas besoin d’être prophète pour avoir la certitude que cela finira mal. (…)

 

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que la démocratie universelle rendrait plus rigoureux encore l’esclavage de l’humanité. Servir anonymement des maîtres anonymes manieurs d’argent, sans aucun recours ni moyen de défense, tel serait le sort peu enviable préparé à l’immense multitude. Et, de même que dans le cadre national, la seule garantie des citoyens est d’appartenir à des sociétés naturelles bien organisées et solides : famille, région, métier, dont la nation elle-même se trouve renforcée, de même le citoyen du monde ne pourra sauvegarder son indépendance qu’à la condition de n’être pas seul en face des maîtres formidables – et anonymes, répétons-le – de la planète. Il sera donc prudent de ne pas s’écarter du vieux cadre national, aussi solidement établi que possible. En deux mots les Etats unis de l’Europe et du monde postulent, pour pouvoir se constituer sans être une effroyable régression pour la dignité humaine, des patries prospères, conscientes de ce qu’elles représentent et des intérêts qu’elles ont à faire valoir. »

 

On pourrait croire que ces lignes sont récentes et qu’elles évoquent, entre autres, le refus des Etats de l’Union européenne de faire voter leurs citoyens respectifs sur le nouveau traité constitutionnel européen, « dépossession » des citoyens de leur propre avis électoral, rupture affirmée entre le « pays légal » qui décide en arguant de la « démocratie représentative », et le « pays réel » qui se voit cantonné au simple choix démocratique des « partis de gouvernement »… Mais, ces lignes viennent de loin, et sont extraites d’un article du bulletin mensuel des groupes d’Action Française de la Mayenne, « Le Maine », publié à l’automne 1929. Elles restent, me semble-t-il, d’une étonnante actualité… Malheureusement, pourrait-on ajouter, car cela indique que, depuis cette année 1929, il manque toujours à la tête de l’Etat ce magistrat suprême qui ne doive rien aux oligarques, à ces « maîtres anonymes manieurs d’argent » comme l’affirme l’article, et qui puisse incarner la nation pour mieux la défendre devant les risques et les défis contemporains, en cultivant la mesure et la raison françaises… La régence du général de Gaulle, qui reprenait les méthodes de la « monarchie de guerre » du Clémenceau de 1917, n’a pas abouti à l’établissement d’une véritable Monarchie royale : on ne peut que le regretter, aujourd’hui mais moins encore que demain si la République poursuit son œuvre de désarmement politique face aux puissances du « Tout-économique »… En paraphrasant le titre du livre antisarkozyste de Sébastien Lapaque, royaliste impénitent et bernanosien éternel, « il faut qu’elle parte » !

 

24/03/2008

Principe des nationalités et risques communautaristes.

La campagne présidentielle aux Etats-Unis prend un tour de moins en moins sympathique pour qui s'intéresse plus aux débats d'idées qu'aux querelles personnelles et aux coups bas : les rumeurs tiennent lieu d'argumentation et les propos douteux des alliés ou des soutiens de l'un ou de l'autre des candidats, surtout dans le camp démocrate, sont parfois reprochés aux prétendants de l'investiture du parti eux-mêmes... Ainsi les propos du pasteur Jeremiah Wright (ancien guide spirituel de Barack Obama) s'en prenant aux Etats-Unis eux-mêmes et légitimant presque les attentats du 11 septembre, qui sont utilisés par le clan Clinton pour gêner l'adversaire d'Hillary.

 

Mais le candidat Obama est un fin politique et sa réponse, mardi 18 mars, a été très nette, en particulier en précisant qu'il refusait le communautarisme, et cela au profit de la nation : « la nation est plus grande que la somme de ses parties ». Sans prendre parti dans cette élection qui ne nous concerne pas directement (j’en suis spectateur, pas citoyen états-unien) et pour laquelle, pour l'heure, je n'ai pas d'opinion encore bien tranchée, je dois avouer que cette réponse me semble bien définir ce qu'est la conception juste d'une nation, y compris de ce « composé » qu'est la France, conception qui s'oppose à celle, ethniciste ou communautariste, qui aujourd'hui est mise en avant par les « identitaires » férus du fameux (et ô combien belligène) « principe des nationalités ».

 

Il se trouve qu’au même moment je faisais aux classes de Première mon cours sur les conséquences de la guerre de 1914-1918, et que, justement, on voit bien comment c’est ce fameux principe des nationalités, parfois décliné au profit de communautés qui se veulent « séparatistes » de leur société civique et politique nationale et menacent l’unité de l’ensemble, qui va faire « perdre la paix » : les « quatorze points » du président Wilson et les traités de paix de la région parisienne sont l’application malheureuse du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », dont l’ambiguïté naît des débats autour de la définition même du terme de « peuple », souvent compris comme « communauté ethno-culturelle », comme on vient encore de le voir, pour le plus grand malheur des Balkans, dans l’indépendance du Kosovo albanophone. Ainsi, le lien politique tient désormais, dans cette optique communautariste, à l’appartenance, non plus à une histoire vécue en commun au-delà des différences linguistiques ou ethniques, mais à une « communauté » qui se reconstruit une « exclusivité » qui entraîne logiquement l’exclusion des « autres communautés » pourtant proches et anciennement reliées à celle qui s’émancipe.

 

Dois-je rappeler que cette logique, qualifiée avec justesse dès les années 20 de « nationalitaire » par le maurrassien René Johannet, a mené à la volonté pangermaniste de rassembler toutes les personnes de culture germanique au sein d’un seul Etat, quitte à mutiler ou à détruire les anciennes nations dynastiques et à bousculer les anciens équilibres et médiations politiques et géopolitiques ? La grande erreur des traités de paix de 1919 fut de conforter l’unité allemande (unité née des idées révolutionnaires et des conquêtes napoléoniennes) et de briser l’Etat « multinational » d’Autriche-Hongrie, véritable confédération de peuples danubiens autour du trône des Habsbourg et loin de l’image de « prison des peuples », jadis véhiculée par les nationalitaires de toute tendance pour des raisons évidentes… La même erreur de principe (mais pour des ensembles évidemment différents) se reproduit sous nos yeux dans les Balkans mais aussi tout à côté de nous, en Belgique…

 

Il n’est pas impossible que cette même spirale de parcellisation qui affaiblit, en définitive, les Etats et arrange les grands groupes économiques (pour qui les nations sont souvent des obstacles à la liberté des affaires), atteigne bientôt notre pays, au nom des mêmes principes et encouragée par une Union européenne pour qui le « contrôle de l’inflation » aura toujours plus d’importance que l’Histoire et ses leçons, que les nations et leur médiation nécessaire entre les citoyens d’appartenances diverses par l’entremise arbitrale d’un Etat, que l’exercice d’une politique indépendante des simples intérêts économiques et financiers… Quand la Commission européenne comprendra-t-elle pourtant qu’on n’est pas amoureux d’un taux de croissance ?