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10/11/2008

Discrimination positive, vraiment ?

Un lundi comme tant d’autres, un peu plus venteux comme un souvenir de la Bretagne, un peu trop gris sans ce paysage de la Côte d’émeraude que j’aime tant… Dans la voiture qui me permet de faire le taxi familial, j’écoute les infos et les débats, passant d’une station de radio à une autre. De quoi parle-t-on ce matin ? Des sabotages qui visent la SNCF, du congrès du Parti socialiste, du travail dominical… Souvent, je bous de colère, voire de rage, aux propos de quelques débatteurs qui prônent « la liberté de travailler le dimanche », nouvelle grande cause sarkoziste avec la « discrimination positive » façon Carla Bruni-Sarkozy, c’est-à-dire le fait de favoriser la promotion de personnes issues de « minorités » en fonction de leur appartenance à l’une (ou plusieurs) d’entre elles. Au fait, comment définir une « minorité », et en particulier une « minorité discriminée » ? Les Bretons en sont-ils ? Et les Basques, les Corses, les hindouistes, les bouddhistes, les poissons rouges, les royalistes tendance prolétarienne, les mauvais coucheurs, etc. ?

Je commence (ou je continue, plutôt…) à en avoir marre du « politiquement correct » qui, en définitive, au nom du principe d’égalité ou d’une certaine conception de celle-ci, limite concrètement les libertés, en particulier d’expression et de valorisation ; qui regarde sans cesse et seulement la particularité et néglige la solidarité et l’entraide ; qui favorise l’appartenance au détriment de l’intelligence et du travail… D’ailleurs, à bien y regarder, le parcours du nouveau président élu Obama est l’antithèse de ce « politiquement correct » : dans sa campagne, il a bien pris soin de ne pas faire un argumentaire « communautariste » et son discours du printemps dernier sur la race est, à cet égard, fort révélateur et symbolique de sa conception civique et non ethnique de la nation. Il faudrait le donner à lire à tous ceux qui, aujourd’hui, se targuent de sa victoire présidentielle pour avancer des conceptions en définitive plus dangereuses que réellement généreuses, dangereuses à l’insu parfois de ceux qui les mettent en avant.

Dans mon métier de professeur d’histoire, il ne m’est jamais venu à l’esprit de noter ou d’évaluer mes élèves sur leur couleur de peau ou sur leur handicap physique pour ceux qui pouvaient en avoir un ! Lorsqu’un (ou une) élève avait ou a, puisque je suis toujours en activité, une difficulté, je cherche à ne pas l’enfoncer dans l’échec et j’essaye, par mes corrections personnalisées, de les aider à comprendre d’où viennent ses erreurs ou ses insuffisances : cela me prend sûrement plus de temps pour les corrections de copies mais cela ne me semble pas inutile, si les élèves veulent bien en profiter. Bien sûr, cela ne résout pas tous les problèmes et n’aplanit pas toutes les difficultés qu’ils peuvent rencontrer, mais l’objectif est de « faire progresser » les élèves, même si l’échec reste possible.

Mais la couleur, ou l’appartenance à une « minorité », ne se lit pas sur une copie ! Quand un élève subit un handicap (par exemple, un problème d’audition ou de vue, ou encore de lenteur excessive), il est évident que, comme la plupart de mes collègues, j’adapte ma correction, ou ma note, mais sans pour autant diminuer le niveau d’exigence, car je suis assez rigoureux dans ma notation, sans démagogie.

Alors, les discours que j’entendais ce matin à la radio me semblent bien hypocrites car je doute que dans notre pays les enseignants, dans leur grande majorité, pensent et agissent différemment !

Cette affaire de « discrimination positive » me paraît être le meilleur moyen que certains ont trouvé pour cacher leurs propres insuffisances et errements gouvernementaux et pour placer la question politique, non plus sur le terrain des idées et des institutions, mais sur celui, beaucoup plus glissant, de la morale… Henri Vaugeois, l’un des fondateurs (fervent républicain devenu tout aussi fervent royaliste) de « l’Action française », affirmait : « Nous ne sommes pas des gens moraux ! ». Maurras rajoutait, pour mieux faire comprendre sa pensée sur ce point : « Politique d’abord », dans l’ordre des moyens et non, bien sûr, des fins, comme l’arc n’est que le moyen de lancer la flèche…

Cultivons nos qualités sans oublier nos différences, pensons et agissons librement sans attendre tout d’un règlement, d’un « privilège » nouveau que nous aurions selon notre appartenance à une communauté ou à une autre. Cela n’empêche pas de prôner des libertés collectives et communautaires mais sans oublier, qu’au dessus d’elles, il y a nécessité d’une « unité supérieure » qui sublime celles-ci pour mieux les garantir : la nation française, qui, par nature, est plurielle, composée, corporée, civique… Nécessité aussi d’un Etat qui incarne cette unité, qui écoute chacun et arbitre au profit du « grand tout national », sans oublier les autres dimensions, ensembles nationaux et, même, internationaux…

Voilà bien des raisons d’être royaliste, n’est-ce pas ?