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16/01/2012

La Grèce encore menacée.

« Madame euro avait promis, madame euro avait promis... », pourrait-on chanter ironiquement au rappel des discours laudateurs des tenants de la monnaie unique des années 2000 et au regard des réalités actuelles, moins joyeuses que les promesses d'antan. Malgré les nombreux « sommets de la dernière chance » (sic !) qui se sont succédé l'année passée, la zone euro semble condamnée à glisser en son entier dans une spirale infernale, les pays latins et méditerranéens se rapprochant du fond (pour autant qu'il y en ait un...) plus rapidement encore que les autres et cela malgré les efforts des États français et allemand et du couple (si mal assorti) Merkel-Sarkozy.

 

La dégradation de la note de neuf États de l'Union européenne (dont celle de notre pays) le vendredi 13 janvier est-elle l'une de ces « prédictions auto-réalisatrices » qui font tant de mal aux États eux-mêmes et à leurs économies ? Ce qui est certain c'est que cette dégradation de groupe n'arrange pas les affaires d'une zone euro déjà maintes fois fragilisée ces derniers temps, et menace la pérennité et l'efficacité du fameux FESF, ce Fonds d'aide européen quasiment condamné à devenir à son tour un problème quand il devait être une solution !

 

Et pendant ce temps-là, « la Grèce risque à nouveau la faillite », comme le titre un article paru dans les pages économie du Figaro (samedi 14 janvier), et le changement forcé de premier ministre à Athènes en novembre dernier comme l'annonce de réformes draconiennes (mais en définitive peu crédibles car peu réalisables dans un pays dont la population se pense « occupée » par la « troïka » Union européenne-FMI-BCE...) n'ont pas été suffisants ni motivants pour sortir la Grèce de l'ornière. Dans quelques semaines, la Grèce pourrait faire défaut, comme l'anticipe l'agence de notation Standard & Poor's (une faute de frappe m'avait fait écrire, étrangement, « Satandard »... : peut-on y voir un de ces intersignes chers à Léon Daudet, grande plume de la presse monarchiste d'avant-guerre et annonciatrice des malheurs des années 40 ?). Le Figaro précise même dans ses colonnes : « la plupart des économistes allemands jugent une faillite de la Grèce quasi inéluctable. Pour Hans-Werner Sinn, président du très respecté institut IFO, « la Grèce ferait mieux de sortir de la zone euro et de négocier ses dettes en drachmes au lieu de mendier en permanence des aides supplémentaires ». »

 

Ainsi, comme le clame François Leclerc dans La Tribune du vendredi 13 (décidément !), la Grèce est « la bombe à retardement » qui pourrait bien faire exploser, si je comprends bien la pensée de cet économiste hétérodoxe, la zone euro après la Grèce elle-même !

 

Je ne sais si l’euro est menacé de disparaître dans les temps qui viennent, préférant boire mon café que lire dans son marc, mais il me semble urgent de penser à cette possibilité et non d’attendre d’être surpris par sa survenue… « Gouverner c’est prévoir », disait-on jadis : j’ai toujours pensé que cette formule était de bon aloi mais qu’elle signifiait surtout qu’il fallait, pour l’Etat et ses hommes, voir au-delà de l’écume des idéologies, du quotidien ou de la facilité, et voir loin, se prémunir contre les risques possibles, non pas pour qu’ils arrivent effectivement mais pour s’en protéger et, au cas où ils se manifesteraient, les surmonter dans les meilleures conditions possibles. Mais la République quinquennalement renouvelable en sa magistrature suprême n’est pas, par essence même, le meilleur moyen de voir loin et d’agir sur le long terme : un Michel Serres et même un Jacques Attali dans un article récent de L’express, à défaut de se proclamer monarchistes, regrettent l’un et l’autre que le politique n’ait plus le temps de travailler efficacement, privé de temps long et coincé entre deux élections, deux bordées de promesses qui, comme le faisait remarquer jadis le roué Charles Pasqua, « n’engagent que ceux qui… y croient » !

 

Redonner du temps à l’Etat… Non par un double quinquennat, mais par la suite naturelle des générations, voilà tout le sens de la Monarchie royale ! Encore un effort, MM. Serres et Attali, pour être royalistes… A défaut de sauver l’euro (est-ce le plus important, d’ailleurs ?), on restaurerait l’Etat en France, sa parole comme sa pratique et sa crédibilité : l’Europe ne s’en porterait que mieux, rassurée de retrouver en la France, plus qu’un partenaire, mais un moteur peut-être plus silencieux mais politiquement actif

 

 

 

 

17/08/2011

Maîtriser le temps pour mieux affronter la crise...

A l'heure où la chancelière allemande et le président français annonçaient leurs projets pour défendre l'euro monnaie unique, se déroulait une émission de « Cdansl'air » fort instructive sur le rôle possible de l'Allemagne dans le règlement de la crise actuelle et les réticences des Allemands à s'engager plus avant dans le sauvetage de l'euro.

 

L'une des questions SMS posées en fin d'émission évoquait la possible nécessité pour la France de revenir au septennat pour renouer un tant soit peu avec le long terme aujourd'hui redevenu un élément important de la gestion et de la résolution des crises et de la mise en oeuvre des politiques économiques et sociales des pays de la zone euro.

 

Que la question ait été posée est un élément intéressant, révélateur d'un changement progressif d'état d'esprit, même si cela reste encore timide : le long terme était, il y a peu, négligé dans la réflexion politique parce que l'époque était à l'immédiateté et au zapping, à cette sorte d'impatience permanente qui correspond tant à la société de consommation « pressée et pressante » : mais les événements récents démontrent à l'envi que le court terme est souvent plus propice à l'affolement, à cette maudite panique qui s'avère mauvaise conseillère en économie comme en politique.

 

Renouer avec le long terme, c'est refuser de céder à la panique, c'est prendre le temps des grandes décisions, c'est distinguer la vitesse de la précipitation. C'est aussi accepter de ne pas tout avoir tout de suite : ce n'est pas un renoncement, c'est une forme d'humilité mais aussi de reconnaissance du simple fait que, comme pour la nature, « on ne commande au temps qu'en lui obéissant », ce que François Mitterrand avait jadis résumé par la formule « laisser du temps au temps ».

 

Alors, le septennat plutôt que le quinquennat ? Le philosophe Michel Serres, quand il évoquait il y a quelques années la nécessité de politiques de long terme, affirmait qu'il fallait voir au-delà même du quart de siècle : cela nécessite une traduction institutionnelle, et cela ne peut être, dans la tradition politique française, que la Monarchie royale qui, par son principe de permanence dynastique (« le roi est mort, vive le roi »), accompagne le temps pour mieux le maîtriser, et permet de « voir loin »...

 

Le quinquennat actuel de la magistrature suprême de l'Etat, qui devait permettre une respiration plus rapide de la démocratie, a montré ses limites, particulièrement en temps de crise, parce qu'il a « raccourci le souffle » de l'Etat : cela n'est pas irrémédiable si l'on ne limite pas sa réflexion à la seule République, désormais trop essoufflée pour tenir la distance...