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12/02/2009

Société de consommation, toujours...

Le Centre de Documentation du lycée vide ses placards et certains livres, désormais négligés par les élèves, sont mis à la disposition de qui les veut, dans la salle des professeurs, ce qui me permet d’enrichir utilement ma bibliothèque : ainsi, en fin d’après-midi, ai-je récupéré un livre publié dans la Collection « liberté de l’esprit » (dirigée par Raymond Aron, un ancien élève du lycée, d’ailleurs) à la veille des années 70, écrit par Vance Packard (en 1960) et intitulé « L’art du gaspillage ». Le titre lui-même m’a attiré et je ne regrette pas d’avoir emporté ce livre dans lequel je me suis plongé, une fois la lecture des dossiers de TPE terminée.

La citation de Dorothy L. Sayers qui ouvre l’ouvrage est, en fait, une réflexion qui mériterait d’être diffusée et méditée en ces temps de crise, et permettrait aussi, sans doute, de penser différemment de cette tendance majoritaire actuelle qui parle constamment de relance sans en penser ni en peser les conséquences environnementales ni les alternatives possibles au modèle de développement contemporain : « Une société où la consommation doit être stimulée artificiellement pour maintenir la production est fondée sur la pacotille et le gaspillage et ressemble à une maison bâtie sur le sable. » N’est-ce pas effectivement la définition de la présente société de consommation ?

Cela rejoint la formule fordiste que j’évoque régulièrement pour expliquer aussi le principe de notre société : « Consommer pour produire ». Lorsque la consommation des populations faiblit, la croissance elle-même donne des signes de faiblesses et la « récession » n’est pas loin, dit-on. En fait, le principe de la société de consommation est une sorte de « toujours plus », de spirale consommatrice sans fin, mais qui, en fin de compte, endette nos générations et celles qui suivent pour les siècles à venir, autant sur le plan économique qu’écologique.

Il me semble qu’il est dangereux de continuer à consommer au même rythme que les décennies précédentes, en particulier alors que le nombre d’habitants de la Terre augmente encore chaque année d’environ 80 millions, c’est-à-dire d’autant de consommateurs, et que l’on commence à apercevoir les limites des ressources renouvelables comme des autres.

Mais la grande difficulté actuelle, c’est de trouver (retrouver ?) un mode de vie moins dispendieux, plus respectueux des équilibres naturels et sociaux, où la qualité soit privilégiée par rapport à la quantité. C’est aussi un enjeu du combat politique contemporain, par la volonté d’inscrire dans l’action de l’Etat la « juste mesure environnementale », sur le long terme et dans la suite des générations : d’où cette monarchie que je prône, non comme un caprice ou une lubie, mais comme la garantie d’une « longue mémoire de l’avenir »…

16/11/2008

Société de consommation.

Le Parti socialiste est en congrès et en plein psychodrame : Royal ou pas ? Alliance avec le Modem ou non ? Petits meurtres entre amis et coups bas, déclarations guerrières et raccommodages de façade, noms d’oiseaux et grands discours, etc. : un régal pour ceux qui aiment les histoires façon « Dallas »…

Pendant ce temps-là, la crise continue et les Français restent prudents quant à l’avenir, inquiets et souvent désabusés, voire démobilisés : je crains que notre actuelle société de consommation, pourtant fort critiquée en temps de difficultés, soit encore capable de quelques tours pour échapper au jugement et à la remise en cause pourtant nécessaire. Ainsi, à l’approche de Noël, malgré une certaine « discrétion » nouvelle (moins de prospectus dans ma boîte aux lettres : juste un détail mais peut-être un signe…) ou un moins grand battage publicitaire (sans doute liée aux circonstances et aux craintes commerciales de colères sociales), les grandes surfaces mettent en avant quelques produits phares, créant sciemment un nouveau « besoin » pour alimenter le processus « Consommer pour produire », celui-là même qui s’avère un piège, autant pour la planète que pour les sociétés.

Ainsi, le « blu-ray », destiné, nous explique-t-on, à remplacer le DVD, 14 ans après la naissance d’icelui, qui avait lui-même remplacé le magnétoscope : un produit chasse l’autre, et le cycle de cette consommation effrénée continue, poussant les plus faibles à l’endettement avec la complicité d’organismes de crédit qui, eux, pour le coup, ne cessent d’inonder les boîtes aux lettres (y compris électroniques) d’offres alléchantes, tentatrices et, en somme, dangereuses par ses conséquences sociales.

Cette promotion d’un nouveau produit qui, en définitive, ne s’impose que par le besoin que la publicité en crée et par la dévalorisation du précédent devenu « archaïque »et l’abandon progressif de sa production, tant pour le produit que pour ses accessoires (l’arrêt de la fabrication de cassettes de films puis demain celle de DVD, considérés comme obsolètes, entraîne évidemment un transfert des clientèles vers les nouvelles technologies), appartient à la logique consumériste, mais elle a des conséquences qu’il ne faut pas négliger : d’abord un immense gaspillage, puisque les accessoires des techniques d’hier ne trouvent plus leurs raisons d’être et deviennent parfois purement et simplement inutiles car inutilisables (essayez donc de glisser une cassette dans un lecteur DVD…) ; ensuite l’aggravation de l’endettement des ménages qui, sous la pression insistante des plus jeunes (les meilleurs vecteurs de la consommation car principales cibles de la publicité tentatrice), cèdent à ce qu’ils revendiquent alors comme le fait de ne pas être « marginalisés » dans une société de la communication et des loisirs toujours plus prégnante…

Cette logique me navre d’autant plus qu’elle se déploie dans une société qui a fortement individualisé le rapport à la consommation, au risque de l’enfermement des uns chez les uns et des autres chez les autres, en oubliant le plus souvent les valeurs de partage et de communauté : les rares moments où les téléspectateurs sortent de chez eux et se retrouvent de manière festive, comme cela se faisait jadis dans les années 50 autour du seul poste de télévision qu’il y avait au village, généralement au café-restaurant, ce sont quelques rencontres de balle-au-pied fortement symboliques comme la coupe du monde, par exemple…

La crise actuelle, pourtant, devrait inciter à réfléchir à de nouveaux modes de sociabilité et à de nouveaux rapports à la consommation : or, cela reste encore assez marginal, malgré quelques efforts et initiatives, et malgré les mutations qui commencent, encore discrètement mais sûrement, à s’opérer dans les mentalités.

Sans doute est-il trop tôt pour savoir, aujourd’hui, quelle direction va prendre notre société au milieu de la tempête qui s’annonce à travers les turbulences de la Finance : mais il faut, dès maintenant, changer de cap et renoncer à cette parousie consumériste, illusion dangereuse d’une humanité déshumanisée et artificielle qui ne vaudrait que par ce qu’elle consomme…

Retrouver mais aussi refonder les valeurs qui font que l’homme n’est pas qu’un simple consommateur, mais aussi un être sensible, pensant et social, avec ou sans « blu-ray »…