14/06/2011
Le référendum slovène "oublié"...
Décidément, les référendums en Europe se suivent et se ressemblent de plus en plus, même si, étrangement, nos médias nationaux n’en parlent guère, préférant suivre le feuilleton DSK et les luttes intestines au Parti socialiste pour la présidentielle de 2012…
Ainsi, le dimanche 5 juin, les électeurs slovènes viennent-ils de rejeter massivement le recul de l’âge légal de départ à la retraite de 63 à 65 ans et cela malgré les avertissements et demandes pressantes du FMI et de l’Union européenne, une fois de plus déboutés par le suffrage universel direct, comme en France et aux Pays-Bas en 2005, en Irlande quelques années plus tard, et, il y a quelques semaines, en Islande : peut-on y voir une insurrection légale et électorale des peuples contre les institutions financières et les oukases de l’Union ? Sans doute en grande partie, même s’il faut rester prudent en ce domaine.
Pour revenir à la Slovénie, pays qui appartient à la zone euro depuis janvier 2007, le rejet est massif (plus de 72 %) mais la participation dépasse juste les 41 %, preuve là encore d’un certain désenchantement à l’égard de la « voie électorale » et de sa possibilité, dans un monde de plus en plus dirigé par l’économique, de peser sur les décisions finales : ce sentiment de plus en plus répandu dans les populations est un élément d’explication crédible de la poussée abstentionniste mais aussi des montées en puissance des courants populistes ou extrémistes qui inquiètent sans pour l’instant peser vraiment sur le cours des décisions européennes et financières. Néanmoins, ce désenchantement n’est pas général, comme le montre la participation à plus de 57 % des électeurs italiens ces jours derniers pour voter « non » à trois projets gouvernementaux (nucléaire, immunité gouvernementale, privatisation du secteur de l’eau), et ceci à plus de 90 % des suffrages exprimés !
En tout cas, la Slovénie pourrait bientôt s’ajouter à la liste de plus en plus longue des pays obligés à une austérité drastique pour, là encore, « sauver l’euro » ! Mais, au regard des dégradations successives de la note des pays en difficulté par les agences de notation et des centaines de milliards engagés en vain jusqu’à ce jour, le sauvetage de l’euro-monnaie unique paraît de plus en plus problématique et de moins en moins certain…
00:56 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : euro, slovénie, référendum, peuples.
01/01/2008
Les effacés de Slovénie.
Un pour cent des Slovènes de l’époque sont ainsi devenus du jour au lendemain des « effacés », apatrides dans un pays où ils résidaient depuis des nombreuses années, perdant leurs droits les plus élémentaires. » Cet épisode montre, au-delà du fait brut, le piège de nos sociétés modernes, y compris démocratiques, qui veulent, à tout prix, maîtriser « l’identité » même des personnes, par le recensement (condamné, d’ailleurs, dans certains passages de la Bible…) et l’encadrement administratif, aujourd’hui renforcé par toutes les merveilles technologiques de l’informatique ou de la biométrie…
Les conséquences, dans une société devenue celle du « soupçon » (actualisation contemporaine de la « loi des suspects » de la 1ère République des années 1793-1794), peuvent être terribles, comme elles le furent en Slovénie : « Plus le droit de conduire, d’aller chez le médecin, de travailler, de retirer de l’argent de son propre compte bancaire, d’étudier, d’avoir un appartement, de toucher sa retraite. Réduit à la misère sans même pouvoir recourir aux aides sociales. A vivre la peur au ventre. (…)
Pour se régulariser, il fallait sortir du pays à ses risques et périls et obtenir des papiers dans les autres républiques bouleversées par le conflit [yougoslave], puis demander un visa en Slovénie. Certains n’en sont jamais revenus. Beaucoup, perdus, humiliés dans ce labyrinthe bureaucratique, se sont exilés. Certains même, désespérés, se sont suicidés. D’autres, comme Franjo Herman, un ouvrier du bâtiment qui a cotisé à la sécurité sociale en Slovénie pendant trente-trois ans, jusqu’au jour de son « effacement », sont décédés, faute de soins, l’hôpital refusant de les traiter parce qu’ils n’étaient plus couverts par l’assurance-maladie. » Cela s’est passé près de chez nous, et je dois avouer, à ma grande honte, que je n’en avais jamais entendu parler jusqu’à cette semaine : « effacement » réussi, visiblement, au point de rendre « invisible » ce véritable scandale humanitaire…
Sommes-nous, en démocratie française, à l’abri d’un tel drame humain ? J’aimerai en être certain, mais, par expérience propre, je ne peux le dire : lorsque, dans les années 80, je n’avais plus de carte d’identité valable, je me suis heurté dans de nombreuses administrations, dont la Poste, à des refus (par exemple) de me donner des lettres recommandées ou des paquets parce que je ne pouvais, administrativement, prouver que j’étais bien celui que je prétendais être, et cela a parfois donné lieu à de véritables incidents au guichet… Le plus grave était que je n’étais pourtant pas un inconnu et que les personnes qui voulaient que je leur montre des papiers « en règle » me connaissaient pourtant depuis des années, tant que ma carte avait été valable… Situation kafkaïenne ! Mais tout cela n’est rien par rapport à ces événements de Slovénie, bien sûr, qui ont coûté la vie à des dizaines de personnes et qui, aujourd’hui, ne sont pas totalement réglés : malgré le fait que la Cour constitutionnelle de Slovénie ait donné enfin raison aux anciens « effacés », l’Etat slovène refuse d’appliquer les décisions d’indemnisation de la Cour…
Bienvenue en 2008…
13:52 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Slovénie, soupçon, démocratie, big brother.