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09/01/2010

Philippe Seguin, ce patriote.

Au printemps 1992, nous apprenions un nouveau nom : Maëstricht… Une ville des Pays-Bas sous les murs de laquelle le mousquetaire d’Artagnan avait rendu l’âme en combattant pour son roi, Louis XIV, et qui était désormais le nom d’un traité dont nous ne voulions pas, parce qu’il semblait réduire la France à une simple entité géographique dans une Europe oublieuse d’elle-même. Et puis, un autre nom surgissait, comme l’antidote du précédent : Seguin, Philippe Seguin.

 

Ce n’était pas la première fois que ce nom apparaissait dans le paysage et dans ma mémoire politiques, et je crois bien avoir lu, quelques années auparavant, un entretien d’icelui dans les colonnes de « Royaliste ». Mais c’était la première fois qu’il s’imposait, non comme un « sauveur suprême » (les royalistes sont vaccinés depuis un certain temps contre ce genre d’illusions…), mais comme un véritable héraut de la souveraineté française : à l’heure où « l’Europe » était devenue « l’horizon indépassable de la démocratie radieuse promise aux masses », comme auraient pu le dire quelques exaltés pour qui Monnet avait remplacé Lénine (j’en ai connu !), Philippe Seguin prit la tête des opposants au traité de Maëstricht qu’on n’appelait pas encore des souverainistes. Lorsque le Danemark rejeta par référendum (décidément, « l’Europe » n’a pas de chance avec la démocratie directe !) le dit traité, le facétieux Seguin arbora sur son pupitre de l’Assemblée nationale le drapeau rouge et blanc des Danois, au grand dam des européistes de tout poil qui s’emportèrent contre son « populisme » ou son « nationalisme » : les mêmes qui, aujourd’hui, toute honte bue et au bord du tombeau de ce même Seguin versent leur hommage funèbre comme on boit du petit lait, avec des larmes de crocodile. Je ne parle pas de Fillon ou de Chirac qui, sans avoir toujours suivi les mêmes voies que Seguin, restèrent ses proches, mais d’un certain nombre de politiciens (le général de Gaulle disait « politichiens », reste de son antiparlementarisme des années trente et de son mépris de la classe politique des deux Républiques qui précédèrent la sienne) qui, à l’époque du débat référendaire, voulaient faire taire Seguin en déclarant que ceux qui n’étaient pas européistes ne méritaient pas d’avoir accès aux tribunes et à la parole… Pour ceux qui veulent des noms, je vous renvoie au livre présenté par Jean-Pierre Chevènement intitulé « Le bêtisier de Maastricht » !

 

Ce qui est certain, c’est que le discours de Philippe Seguin du 5 mai 1992 à la tribune de l’Assemblée nationale est l’un des plus grands (et beaux) discours de l’indépendance française, un discours qu’il n’est pas inutile de relire et, 18 ans après, de méditer, tant on y trouve des phrases qui ne sont pas encore désuètes au regard de la situation actuelle de la France en Europe et de l’Europe elle-même… Certes, on y trouvera aussi un vocabulaire qui se veut « républicain » mais qui, en fait, n’est que l’autre nom (en attendant la monarchie…) du devoir d’Etat et du service de la nation, de la nation française : est-ce la faute à Philippe Seguin si nous sommes en République et si celle-ci se veut, à tort, « l’incarnation présente de la France » ? Ce qui est certain, c’est que Seguin, par son patriotisme ardent et son sens civique (au sens le plus noble du terme, ce qui n’empêche pas, parfois, les erreurs), aurait fait un bon « commis du Roi » comme l’on disait de façon admirative et reconnaissante sous l’Ancien Régime, et un grand serviteur, quel qu’en soit le régime, de la France : au-delà des différences et des querelles que nous aurions pu avoir avec lui, cela suffit à en faire, sinon un modèle, au moins un exemple.

 

L’amour de la France est un lien fort entre ceux qui croient en elle et se battent pour lui garder sa liberté, qui est la première des nôtres.