Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/03/2010

Discours devant la statue du roi Henri IV.

J’étais dimanche matin à Paris, devant la statue du roi Henri IV, pour participer à la commémoration annuelle organisée par le Groupe d’Action Royaliste auquel j’appartiens, commémoration qui a réuni plus d’une soixantaine de personnes sur le Pont-Neuf avant le banquet bimestriel traditionnel du même Groupe. L’ancien ministre de l’intérieur Pierre Joxe nous a fait la surprise (ou l’inverse…) de passer nous voir, avec un regard visiblement étonné, à la limite de l’inquiétude, devant les drapeaux fleurdelysés déployés et les couronnes de fleurs ceintes de rubans éminemment monarchistes…

 

A cette commémoration henricienne, en cette année du quadricentenaire de la mort brutale du roi Henri IV, j’ai, à la suite d’autres orateurs, prononcé un court discours politique dont voici, ci-dessous, le texte quasiment intégral :

 

« Le 14 mai 1610, le roi Henri IV est assassiné par Ravaillac, un fanatique religieux.

 

En commettant cet acte, il a, en définitive, rappelé, tristement et douloureusement, que le roi était d’abord un politique, c’est-à-dire l’homme d’un Etat qui, s’il ne méconnaît pas la question religieuse, est d’abord celui qui, par sa fonction de roi, représente l’union de tous les Français, au-delà de leurs divergences, privées ou publiques. Il les dépasse pour mieux incarner l’unité, pour mieux être la France, au-delà de son propre temps, de ses contemporains et de leurs querelles.

 

L’unité, l’unité française, non pas contre les divisions, mais au-delà de celles-ci…

 

C’est sans doute ce qui manque à l’actuelle République, cette capacité à « être la France », à l’incarner par son chef élu, aujourd’hui candidat perpétuel et éternel à sa propre réélection ou à la postérité.

 

Comme manque aujourd’hui à la magistrature suprême de la République d’être l’arbitre que l’on attend, mais aussi d’être la justice, en particulier sociale.

 

Certes, les mérites d’un homme ou d’un Etat lui sont souvent comptés après sa mort, et le roi Henri IV a aussi conquis sa popularité par la suite de son assassinat.

Car l’histoire de France ne s’arrête jamais, avec ses heurs et ses malheurs, et lorsque la Révolution laissera un goût de cendres dans la bouche, de promesses non tenues et de tragédies humaines, de folie et d’orgueil, parfois de bravoure, des soldats de l’an II face à l’invasion étrangère de 1793 comme des Vendéens et des Chouans face à la République dictatoriale et usurpatrice, le roi Henri, le « bon roi Henri » comme on disait alors, le « vert galant » nous rappelle que la haine, la destruction et la déchéance ne sont pas des fatalités obligatoires.

 

Henri IV reste le roi qui a fait la paix civile, recousu la toile française, relevé l’économie et permis « la poule au pot » du dimanche, si populaire dans le peuple des villes, par cet apaisement général imposé par sa volonté et rendu possible par la nature même de l’Etat royal.

 

Lorsque le 14 mai 1610 le roi tombe sous les trois coups de poignard maudits de Ravaillac, la France ne meurt pas.

 

A la reine Marie de Médicis qui pleure son époux en répétant dix fois « le roi est mort », le chancelier de France réplique poliment et fermement : « Votre Majesté m’excusera, mais les rois ne meurent point en France ». Et en se tournant vers le jeune fils d’Henri IV, le jeune Louis XIII pas encore adolescent : « Voilà le roi vivant ».

 

Oui, en France, même en République, les rois ne meurent pas, et, s’ils sont pour l’heure loin du Pouvoir, ils restent, dans la mémoire et l’être même de la France, et comme l’exprimait si bien et si fort Thierry Maulnier « l’unique et dernière chance de la liberté », de cette liberté qui a pour nom : France ! ».

 

Les commentaires sont fermés.