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04/04/2017

Hommage politique au roi Henri IV.

Dimanche 2 avril, comme chaque année depuis 2008, le Groupe d'Action Royaliste rendait un hommage à la fois historique et très politique au roi Henri IV devant sa statue du Pont Neuf, en présence d'une trentaine de personnes et de nombreux touristes intrigués par les drapeaux multicolores des régiments de la Monarchie d'Ancien régime. Après Frédéric Winckler, président du G.A.R., et avant Mgr Charles-Emmanuel de Bourbon-Parme, j'ai, selon la formule consacrée, prononcé quelques mots, que je livre ici à la lecture. Le texte est parfois un peu différent des paroles effectivement entendues, car le passage de l'écrit à l'oral entraîne parfois quelques coupes ou, à l'inverse, quelques rajouts... Voici, en somme, la version originale telle qu'elle est apparue sous le crayon...

 

 

 

Devant la statue équestre du roi Henri IV, ce n'est jamais une simple commémoration que nous devons faire, c'est un rappel de l'histoire et un appel politique.

 

Henri IV, qui deviendra le « bon roi Henri » avant même sa mort et sa postérité populaire, a renoué les fils de l'unité française et a permis la réunion des Français alors divisés par tant de guerres civiles, religieuses et politiques tout à la fois. Ce n'était pas une mince affaire, mais il a pu mener cette œuvre parce qu'il a assumé la charge de roi, de ce roi qui n'était pas un suzerain, ni le premier des nobles ni le premier des catholiques, mais bien plutôt, fondamentalement, par son statut de roi de France peu à peu reconnu après son sacre de Chartres, le souverain, le roi de tous les Français, y compris de ses adversaires d'hier et de ceux du moment...

 

Cette position de hauteur institutionnelle n'est pas la plus facile et elle aurait pu lui donner le vertige. Mais l'on ne choisit pas de devenir roi : c'est le destin ordonné, c'est l'ordre d'une succession dynastique, un ordre forgé jadis et source de légitimité malgré les contestations et les jalousies.

 

Roi, Henri IV a su réunir autour de lui ceux qui l'aimaient et ceux qui ne l'aimaient pas : miracle de la Monarchie, comme le disait Thierry Maulnier !

 

Roi, il était la France et on le suivait pour cela, on l'écoutait pour cela : sa parole, ferme, était celle d'un souverain, père et arbitre, et elle portait et, surtout, tranchait, garde du dernier mot...

 

Roi, il n'était pas un Créon de passage, il était une Antigone qui, du sommet de l’État, sait l'importance de la justice et de l'honneur, ces vertus qui motivent les hommes et les ordonnent au Bien commun.

 

Roi, il n'était pas le candidat ou l'homme d'un parti : il n'était pas de l'un ou de l'autre, il était au-dessus et, même, au-delà des partis. « La Monarchie n'est pas un parti », répétait à l'envi le comte de Paris du XXe siècle...

 

C'est bien cette situation de hauteur et de service qui manque tant aujourd'hui, République oblige : car la République, qu'on le veuille ou non, c'est la querelle des féodaux, plus vive encore en période de présidentielle. Quand les arguments des candidats s'affrontent, quand les promesses s'accumulent, quand les postures s'affichent, ce n'est pas la France qui peut en sortir grandie ou réconfortée.

 

Un président élu, souvent par la peur et par défaut ces dernières décennies, n'est pas un roi : il peut en imiter les gestes, il peut mimer, même, la Monarchie mais tout cela reste la République ; à l'heureux élu président, il manquera toujours le temps, car cinq ans, c'est bien court, comme le remarquait il n'y a pas si longtemps le philosophe Michel Serres. De plus et contrairement au roi, le président sera toujours l'élu d'une partie des Français contre les autres, et on le lui reprochera souvent, malgré tous ses efforts qui peuvent être, reconnaissons-le, méritoires et louables, mais épuisants et souvent inutiles.

 

Quoique le président élu fasse, la République, par principe, sera toujours la division politique jusqu'au sommet de l’État : la République, c'est la « soustraction permanente », les gagnants moins les perdants...

 

Henri IV, lui, nous a montré que si la Monarchie n'est pas toujours facile, elle est, d'abord, l'addition des uns et des autres, quelles que soient leurs opinions, leurs positions et leurs antagonismes. Elle est l'unité par le haut qui permet la diversité à tous les étages.

 

Elle n'a pas vocation à tout régler, ni à créer un « homme nouveau », mais la Monarchie est ce régime capable d'oublier les fautes des uns ou des autres pour ne valoriser que leurs qualités et leurs énergies, comme l'a prouvé Henri IV et tant de nos rois, avant et après lui.

 

En ces temps de longue et dure querelle présidentielle, Henri IV nous rappelle que l'union des Français autour de l’État et du pays est toujours possible, au-delà des divergences d'opinion ou de sensibilités. Et c'est la Monarchie qui est le meilleur moyen de cette union nécessaire pour affronter la rudesse des temps qui sont et de ceux qui viennent.

 

Pour que vive la France, dans la paix, la concorde et le libre débat, oui, encore une fois et quatre siècles après le règne d'Henri, reprenons le vieux cri du pays : Vive le Roi !

 

 

 

28/03/2011

Nous sommes en 1588...

En ce dimanche d'élections, nous étions quelques dizaines de royalistes, jeunes et vieux, à rendre hommage au roi Henri IV, devant sa statue du Pont-Neuf. Quelques nuages chargés de pluie menaçaient, des touristes déambulaient sans prêter beaucoup d'attention à ce cavalier de bronze devant lequel nous nous étions regroupés et chantions, pleins d'ardeur, cet ancien hymne monarchiste du « Vive Henri IV », celui-là même que les soldats de l'empereur Napoléon fredonnaient en pleine retraite de Russie pour se souvenir des temps d'avant-Révolution...

 

Dans mon petit discours, j'ai évoqué la situation de discorde et les risques communautaristes qui pèsent sur la France contemporaine, tandis que la mondialisation inquiète de plus en plus, et pas forcément toujours à tort, nos concitoyens. « Nous sommes en 1588 », c’est-à-dire à la veille du règne d’Henri IV : temps de confusion et de périls, tandis que l'Etat semble dépassé, hier par les factions religieuses qui se font la guerre, aujourd'hui par les féodalités financières qui s'émancipent trop facilement de leurs devoirs sociaux...

 

Le roi Henri IV a symbolisé, en son temps, et, mieux encore, incarné le « retour de l'Etat », ce retour préparé par son prédécesseur Valois avec l'appui du « parti des politiques ». Dans des conditions difficiles et malgré des oppositions farouches, il a rétabli ces trois éléments importants qui fondent une société organisée : la concorde, l'union et l'unité.

 

La concorde, c'est-à-dire la paix entre les différentes composantes religieuses et politiques du royaume qui, sans Etat fort, se déchiraient et, par la même occasion, menaçaient l'existence même de l'ensemble historique et politique français ;

 

L'union, c'est-à-dire la capacité des Français à se retrouver au sein d'une nation commune, d'un ensemble historique transcendant les identités individuelles et particulières sans les nier ;

 

L'unité, c'est-à-dire la reconnaissance par tous d'un Etat politique arbitral et « référent suprême », protecteur de l'ensemble et de sa capacité à incarner chacun, vis-à-vis du citoyen voisin comme de l'étranger, même lointain.

 

Henri IV n'a pas forgé, il a relevé l'épée que lui avait transmis Henri III du fond de son lit de souffrance et de mort, et il l'a maniée mieux que n'avait pu le faire son malheureux prédécesseur qui, dans l'adversité, était toujours resté conscient de ses devoirs d'Etat, contre vents et marées, ce qui n'est déjà pas rien !

 

Si la Monarchie n'avait pas été, il paraît peu probable que le roi venu du Béarn ait pu agir comme il l'a fait. Mais en devenant « le roi », contre toute attente et malgré son impopularité première près de la majorité catholique du pays, il a « fait le roi » et rétabli l'Etat dans son rôle grâce à sa position d'indépendance et d'arbitre obligé de l'être, d'arbitre-fonction, au-dessus des factions et même au-delà de ses propres amitiés et sentiments.

 

Aujourd'hui que les féodalités financières semblent dominer notre pays, il n'est pas inutile de poser la question, non pas de l'homme-président (la campagne de 2012 a déjà commencé...), mais de l'Etat-arbitre, des institutions susceptibles d'agir, non en partisan mais en recours, en « liberté » face aux diverses puissances, aux oligarchies qui se jouent de l'Etat et du politique.

 

Commémorer Henri IV ne doit pas être l'expression d'une nostalgie sympathique mais sans avenir, mais d'une réflexion sur le politique et les institutions françaises...

 

Si nous sommes en 1588, vivement que l'on en sorte, par en haut et non par des excitations démagogiques : car c'est « par en haut » que les véritables révolutions institutionnelles et les plus profitables pour le Bien commun peuvent se faire...

 

22/03/2010

Discours devant la statue du roi Henri IV.

J’étais dimanche matin à Paris, devant la statue du roi Henri IV, pour participer à la commémoration annuelle organisée par le Groupe d’Action Royaliste auquel j’appartiens, commémoration qui a réuni plus d’une soixantaine de personnes sur le Pont-Neuf avant le banquet bimestriel traditionnel du même Groupe. L’ancien ministre de l’intérieur Pierre Joxe nous a fait la surprise (ou l’inverse…) de passer nous voir, avec un regard visiblement étonné, à la limite de l’inquiétude, devant les drapeaux fleurdelysés déployés et les couronnes de fleurs ceintes de rubans éminemment monarchistes…

 

A cette commémoration henricienne, en cette année du quadricentenaire de la mort brutale du roi Henri IV, j’ai, à la suite d’autres orateurs, prononcé un court discours politique dont voici, ci-dessous, le texte quasiment intégral :

 

« Le 14 mai 1610, le roi Henri IV est assassiné par Ravaillac, un fanatique religieux.

 

En commettant cet acte, il a, en définitive, rappelé, tristement et douloureusement, que le roi était d’abord un politique, c’est-à-dire l’homme d’un Etat qui, s’il ne méconnaît pas la question religieuse, est d’abord celui qui, par sa fonction de roi, représente l’union de tous les Français, au-delà de leurs divergences, privées ou publiques. Il les dépasse pour mieux incarner l’unité, pour mieux être la France, au-delà de son propre temps, de ses contemporains et de leurs querelles.

 

L’unité, l’unité française, non pas contre les divisions, mais au-delà de celles-ci…

 

C’est sans doute ce qui manque à l’actuelle République, cette capacité à « être la France », à l’incarner par son chef élu, aujourd’hui candidat perpétuel et éternel à sa propre réélection ou à la postérité.

 

Comme manque aujourd’hui à la magistrature suprême de la République d’être l’arbitre que l’on attend, mais aussi d’être la justice, en particulier sociale.

 

Certes, les mérites d’un homme ou d’un Etat lui sont souvent comptés après sa mort, et le roi Henri IV a aussi conquis sa popularité par la suite de son assassinat.

Car l’histoire de France ne s’arrête jamais, avec ses heurs et ses malheurs, et lorsque la Révolution laissera un goût de cendres dans la bouche, de promesses non tenues et de tragédies humaines, de folie et d’orgueil, parfois de bravoure, des soldats de l’an II face à l’invasion étrangère de 1793 comme des Vendéens et des Chouans face à la République dictatoriale et usurpatrice, le roi Henri, le « bon roi Henri » comme on disait alors, le « vert galant » nous rappelle que la haine, la destruction et la déchéance ne sont pas des fatalités obligatoires.

 

Henri IV reste le roi qui a fait la paix civile, recousu la toile française, relevé l’économie et permis « la poule au pot » du dimanche, si populaire dans le peuple des villes, par cet apaisement général imposé par sa volonté et rendu possible par la nature même de l’Etat royal.

 

Lorsque le 14 mai 1610 le roi tombe sous les trois coups de poignard maudits de Ravaillac, la France ne meurt pas.

 

A la reine Marie de Médicis qui pleure son époux en répétant dix fois « le roi est mort », le chancelier de France réplique poliment et fermement : « Votre Majesté m’excusera, mais les rois ne meurent point en France ». Et en se tournant vers le jeune fils d’Henri IV, le jeune Louis XIII pas encore adolescent : « Voilà le roi vivant ».

 

Oui, en France, même en République, les rois ne meurent pas, et, s’ils sont pour l’heure loin du Pouvoir, ils restent, dans la mémoire et l’être même de la France, et comme l’exprimait si bien et si fort Thierry Maulnier « l’unique et dernière chance de la liberté », de cette liberté qui a pour nom : France ! ».