12/02/2019
Quand la CGT applaudit le MEDEF, mais pour une bonne cause !
Les syndicats de salariés et le patronat sont, aujourd’hui, des comédiens indémodables du spectacle social, au risque parfois d’en oublier les nécessités économiques et de négliger le bien commun de tous, et cette forme de théâtre, parfois indécente, est aussi souvent le lieu de la domination des « plus puissants » qui, pour l’heure, ne sont ni les ouvriers ni les employés. Cela nourrit un ressentiment permanent qui peut dégénérer en vive lutte des classes, celle-ci, existante en tout système de capitalisme libéral, handicapant le dynamisme économique français dans cette mondialisation qui n’est rien d’autre que la guerre commerciale de tous contre tous, une guerre sans fin. Les royalistes français, sans méconnaître l’existence de ce fait « classiste » et de ses ambiguïtés et conséquences, ne s’en satisfont pas : ce qui importe, c’est de travailler à la concorde des classes, non comme une fin mais comme un moyen et comme un devoir pour permettre à tous les acteurs sociaux de trouver leur place et pour assurer ainsi la justice sociale, condition de toute société équilibrée.
En ce sens, il est heureux de constater que, parfois, ceux qui se combattent d’ordinaire (souvent sans grand profit pour les salariés eux-mêmes), peuvent dépasser leurs seuls intérêts catégoriels pour atteindre un objectif plus élevé qu’eux-mêmes. Ainsi, une courte note publiée dans Le Figaro de samedi dernier mérite l’attention, car elle vient en illustration de notre pensée et de notre souhait permanent de cette concorde sociale si chère aux yeux des monarchistes et des corporatistes français.
Titrée de façon provocatrice « Quand la CGT applaudit le MEDEF », cette note du Figaro-ci… Figaro-là de dernière page, en bas à droite, évoque une information de la fin janvier, visiblement passée sous les radars des grands médias souvent plus occupés à effrayer qu’à apaiser : à l’occasion de « la conclusion d’une charte sociale entre les partenaires sociaux et le comité d’organisation des JO 2024 (…) Dominique Carlac’h, porte-parole du MEDEF s’est fait applaudir en rappelant que les JO 2024 devaient profiter autant aux entreprises françaises qu’aux salariés hexagonaux ». Il est vrai que ce n’est pas toujours évident en ces temps où les intérêts financiers l’emportent trop souvent sur ceux des travailleurs locaux que l’on défavorise, au nom de la rentabilité et par la volonté de diminuer les coûts salariaux, en faisant venir une main-d’œuvre étrangère plus docile et parfois quasi-esclavagisée en lieu et place de travailleurs français considérés comme « moins productifs » (sic !). Combien de chantiers français, aujourd’hui, exploitent-ils des « travailleurs détachés » pour échapper à certaines « contraintes » sociales réglementaires françaises ? Cette situation scandaleuse, rendue en partie légale selon l’Union européenne par différentes directives déjà anciennes, ne peut perdurer éternellement, et il n’est pas indifférent que le syndicat patronal semble vouloir s’engager dans cette politique « nationaliste » du « produire français », socialement juste pour les travailleurs de notre pays et commercialement plus intéressante pour les fournisseurs locaux. Il serait effectivement incroyable que l’événement des Jeux Olympiques, à forte dimension internationale et médiatique pour la France, échappe au Travail français sous toutes ses formes, de l’entreprise au salarié ! Et ce qui est vrai pour le monde industriel doit aussi l’être pour le secteur des services (dont celui, ici majeur, du tourisme et de l’accueil des visiteurs étrangers), de la communication à la valorisation patrimoniale.
Comme le souligne l’article, il s’agit bien ici d’une « affaire de patriotisme économique pour faire aussi bien que les Britanniques à Londres en 2012 qui avaient réservé 96 % des contrats à leurs entreprises ». Ce patriotisme économique est un élément important et symbolique qu’il ne faut pas négliger, et qui devrait motiver autant les entrepreneurs que les responsables sociaux (patronaux et salariés) pour favoriser la cause de l’emploi en France. Il faut souhaiter que cela serve d’exemple et, même, de modèle pour tous les producteurs qui investissent en France, pour les consommateurs eux-mêmes et, encore plus car il a les moyens de valoriser cette attitude au niveau de toute la nation et face aux oukases des forcenés du libre-échange mondialisé, pour l’Etat : nécessaire stratège, ne doit-il pas être aussi un « dirigeant » au sens ferme du mot ?
Il ne s’agit ici pas de prôner une hypothétique autarcie, mais de favoriser ce qui peut permettre de contenter nos entreprises locales (y compris -pourquoi pas ?- celles qui, d’origine étrangère, investissent et produisent sur nos territoires, et qui alimentent les caisses de l’Etat par les impôts et taxes qu’elles payent en France) et de satisfaire les travailleurs français autant que notre budget national qui en a, lui aussi, bien besoin ! En ce sens aussi, l’attitude de la CGT et du MEDEF peut paraître comme la promesse de la prise en compte de ce bien commun qui doit profiter à tous, d’une manière ou d’une autre. Espérons que la réalisation sera à la hauteur de l’espérance que cette « anecdote » peut faire naître parmi nous !
11:23 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emploi, concorde, lutte des classes, travail, travailleurs.
28/03/2011
Nous sommes en 1588...
En ce dimanche d'élections, nous étions quelques dizaines de royalistes, jeunes et vieux, à rendre hommage au roi Henri IV, devant sa statue du Pont-Neuf. Quelques nuages chargés de pluie menaçaient, des touristes déambulaient sans prêter beaucoup d'attention à ce cavalier de bronze devant lequel nous nous étions regroupés et chantions, pleins d'ardeur, cet ancien hymne monarchiste du « Vive Henri IV », celui-là même que les soldats de l'empereur Napoléon fredonnaient en pleine retraite de Russie pour se souvenir des temps d'avant-Révolution...
Dans mon petit discours, j'ai évoqué la situation de discorde et les risques communautaristes qui pèsent sur la France contemporaine, tandis que la mondialisation inquiète de plus en plus, et pas forcément toujours à tort, nos concitoyens. « Nous sommes en 1588 », c’est-à-dire à la veille du règne d’Henri IV : temps de confusion et de périls, tandis que l'Etat semble dépassé, hier par les factions religieuses qui se font la guerre, aujourd'hui par les féodalités financières qui s'émancipent trop facilement de leurs devoirs sociaux...
Le roi Henri IV a symbolisé, en son temps, et, mieux encore, incarné le « retour de l'Etat », ce retour préparé par son prédécesseur Valois avec l'appui du « parti des politiques ». Dans des conditions difficiles et malgré des oppositions farouches, il a rétabli ces trois éléments importants qui fondent une société organisée : la concorde, l'union et l'unité.
La concorde, c'est-à-dire la paix entre les différentes composantes religieuses et politiques du royaume qui, sans Etat fort, se déchiraient et, par la même occasion, menaçaient l'existence même de l'ensemble historique et politique français ;
L'union, c'est-à-dire la capacité des Français à se retrouver au sein d'une nation commune, d'un ensemble historique transcendant les identités individuelles et particulières sans les nier ;
L'unité, c'est-à-dire la reconnaissance par tous d'un Etat politique arbitral et « référent suprême », protecteur de l'ensemble et de sa capacité à incarner chacun, vis-à-vis du citoyen voisin comme de l'étranger, même lointain.
Henri IV n'a pas forgé, il a relevé l'épée que lui avait transmis Henri III du fond de son lit de souffrance et de mort, et il l'a maniée mieux que n'avait pu le faire son malheureux prédécesseur qui, dans l'adversité, était toujours resté conscient de ses devoirs d'Etat, contre vents et marées, ce qui n'est déjà pas rien !
Si la Monarchie n'avait pas été, il paraît peu probable que le roi venu du Béarn ait pu agir comme il l'a fait. Mais en devenant « le roi », contre toute attente et malgré son impopularité première près de la majorité catholique du pays, il a « fait le roi » et rétabli l'Etat dans son rôle grâce à sa position d'indépendance et d'arbitre obligé de l'être, d'arbitre-fonction, au-dessus des factions et même au-delà de ses propres amitiés et sentiments.
Aujourd'hui que les féodalités financières semblent dominer notre pays, il n'est pas inutile de poser la question, non pas de l'homme-président (la campagne de 2012 a déjà commencé...), mais de l'Etat-arbitre, des institutions susceptibles d'agir, non en partisan mais en recours, en « liberté » face aux diverses puissances, aux oligarchies qui se jouent de l'Etat et du politique.
Commémorer Henri IV ne doit pas être l'expression d'une nostalgie sympathique mais sans avenir, mais d'une réflexion sur le politique et les institutions françaises...
Si nous sommes en 1588, vivement que l'on en sorte, par en haut et non par des excitations démagogiques : car c'est « par en haut » que les véritables révolutions institutionnelles et les plus profitables pour le Bien commun peuvent se faire...
00:52 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : commémoration, roi, henri 4, union, concorde, unité, arbitre.