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27/09/2011

Les erreurs de M. Fillon sur la question des retraites.

 

La déclaration de François Fillon l'autre jeudi sur la « convergence » entre les systèmes français et allemand, en particulier sur l'âge de départ à la retraite, convergence d'ailleurs souhaitée par l'Union européenne, n'a pas soulevé beaucoup de débats et semble passer presque inaperçue dans le monde syndical et politique, peu soucieux d'aborder ce dossier brûlant. « Le Parisien » a beau avoir titré sur ce sujet vendredi 23 septembre, les candidats potentiels à la présidentielle de 2012 ne se bousculent pas pour faire connaître leur point de vue sur « la retraite à 67 ans » : on les a connus parfois plus diserts sur beaucoup d'autres thèmes pourtant anecdotiques au regard de ce débat sur le temps de travail des Français...

 

Madame Parisot, fidèle à elle-même et à la logique économique de l'oligarchie, a applaudi à ce qui est, selon elle, une « excellente idée » : tout un symbole... Je dois avouer qu'il est triste d'avoir, en France, cet exemple si déplorable d'un patronat qui semble avoir oublié ses devoirs sociaux et ne raisonne plus qu'en termes d'efficacité ou, plus exactement, de « rentabilité », mot piégé qui, comme le précédent, légitime toutes les mesures les plus abruptes à l'égard des salariés. Bien sûr qu'il faut de l'efficacité et de la rentabilité en économie, mais cela ne peut se faire sans équité et reconnaissance de la pluralité des situations, ce que la « mondialisation économique » paraît négliger, au grand dam de nos concitoyens qui sentent bien que la mondialisation n'est pas « heureuse » pour tous, loin de là, et de moins en moins pour les classes moyennes françaises, captivées (captives ?) par une société de consommation et de communication qui devient de plus en plus chère pour elles, et peut-être bientôt largement inaccessible...

 

La situation française n'est d'ailleurs pas la situation allemande, ni sur le plan économique ni sur le plan démographique, ce dernier étant trop souvent négligé quand il constitue pourtant un élément de la solution au problème du financement des retraites. Quand la population allemande diminue désormais chaque année, le taux de fécondité global (c'est-à-dire sur l'ensemble de la période de fécondité d’une femme) des femmes françaises permet le renouvellement équilibré des populations de notre pays, ce qui plutôt un bon point de départ...

 

Au lieu de vouloir imposer un âge légal de départ à la retraite, M. Fillon serait bien inspiré d'explorer d'autres pistes, comme un système de points collectés au fur et à mesure de ses années d'activité et selon celles-ci et leurs rémunérations, par exemple, et qui laisserait une plus grande liberté pour le cotisant dans le choix de son âge de départ à la retraite : ainsi, ceux qui souhaiteraient partir avant la soixantaine le pourraient, et toucheraient une retraite accordée à leur activité passée et au nombre d'années de travail et decotisation effectives. Le système doit être assez souple pour permettre à ceux qui désireraient travailler au-delà de 65 ans, voire bien au-delà, de pouvoir le faire, y compris dans la Fonction publique. Mais, faire de 67 ans la limite inférieure obligatoire pour le départ à la retraite, non, mille fois non ! Surtout quand on sait que, parmi les ouvriers, moins de la moitié travaille encore à 60 ans, non de leur faute, mais du fait du chômage qui frappe le secteur industriel, entre autres à cause d'une désindustrialisation mortifère pour notre économie et notre société toute entière : or, cette période d'inactivité forcée que constitue le chômage (de plus en plus structurel dans le secteur secondaire) grève parfois fortement leurs futures pensions de retraites...

 

De plus, si l'on compare les espérances de vie, fameux argument toujours mis en avant pour légitimer le recul de l'âge légal de la retraite, l'on constate tout de suite que celle des ouvriers est inférieure à celle des cadres d'environ 8 ans !

 

Voici quelques éléments à apporter au débat sur les retraites : ce ne sont pas les seuls, bien sûr, mais il me semble qu'ils ne sont pas négligeables, loin de là !

 

 

 

09:39 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fillon, retraites, dette, allemagne.

23/09/2011

La retraite à 67 ans, saison 2...

Cela fait déjà plusieurs mois que j'évoque la volonté allemande d'imposer le relèvement de l'âge légal du départ à la retraite à 67 ans pour tous les pays de l'Union européenne, suite aux déclarations des députés et ministres allemands relayées par la presse économique, fort discrètement en France, plus bruyamment outre-Rhin, dès le mois de janvier dernier. Nous avons même, quelques amis du Groupe d'Action Royaliste et moi-même, organisé le samedi 5 février à Paris la première protestation de rue contre cette réforme annoncée, dans une indifférence quasi-générale : les personnes que nous croisions et à qui nous distribuions notre tract dénonçant ce projet n'y croyaient pas, haussant les épaules à ce qui paraissait si improbable alors ! Et pourtant !

 

Le jeudi 22 septembre, le premier ministre François Fillon, sans doute encouragé par l'absence de réactions syndicales l'hiver dernier devant ce que prônait officiellement l'Allemagne au nom de la sauvegarde de la monnaie unique, a ouvertement abordé le sujet, sans beaucoup de précautions oratoires : là encore, c'est au nom de la construction européenne et du « développement » de la zone euro qu'est prôné cet alignement sur la norme allemande (baptisé « convergence progressive de l’organisation économique et sociale » par M. Fillon), mais aussi espagnole désormais, et avec l'argument d'une égalité de traitement pour tous les salariés d'Europe, égalité qui ne va pas, néanmoins, jusqu'à demander une égalité de « traitements », c'est-à-dire de salaires selon les fonctions entre tous les Européens...

 

Le premier ministre M. Fillon sait qu'il joue sur du velours : les syndicats sont atones, et ne se sont guère remis de leur défaite de l'automne 2010 ; la crise de la dette donne les coudées franches aux États, à l'égard des fonctionnaires et des salariés, et aux institutions européennes, pressées d'en finir avec les derniers obstacles sociaux au jeu du libre marché et d'imposer une « gouvernance européenne » dont le contrôle échapperait complètement aux États comme aux peuples ; le sauvetage de la monnaie unique justifie tous les plans de rigueur (qu'il conviendrait de nommer plutôt « austérité », ce qui n'est pas tout-à-fait la même chose...), sans qu'il soit possible de discuter ni de proposer autre chose que cette logique économique et sociale dure aux plus faibles mais aussi aux classes moyennes en voie de paupérisation ; l'Allemagne ne cache plus sa volonté de diriger l'Europe et de lui imposer ses règles, au prétexte d'une « efficacité » plus grande dans la maîtrise des coûts salariaux et de la dette publique...

 

Néanmoins, ce relèvement annoncé de l'âge de la retraite n'est pas acceptable alors que l'on parle à nouveau de « recapitaliser les banques », opération qui ne peut se faire qu'avec de l'argent public, celui des États et des contribuables qui y participent, ce même argent qui se fait plus rare pour les salariés et les retraités, en France comme dans de nombreux pays d'Union européenne... Il serait juste et bon que ce ne soit pas toujours les mêmes qui soient appelés à faire les plus grands sacrifices quand les plus aisés s'abstiennent de remplir leurs devoirs fiscaux, et là aussi, la remarque vaut pour la France comme pour certains de nos partenaires de l'Union européenne : il n'y a, à terme, pas d'ordre social possible et durable sans véritable justice sociale !

 

Alors, une fois de plus, non, cent fois, mille fois non à cette retraite à 67 ans qui marque la fuite en avant d'un système en plein désordre et incapable de reprendre la main face aux marchés et aux financiers !


16/09/2011

L'inadmissible ingérence des Etats-Unis dans les discussions européennes.

 

Ce vendredi sont réunis à Wroclaw les ministres européens des Finances sous la présidence de la Pologne, pour évoquer la crise de la zone euro et les moyens de sortir celle-ci du marasme actuel : alors que les populations sont de plus en plus réticentes à supporter une monnaie unique et un système économico-financier qui les étranglent un peu plus encore à chaque plan de « sauvetage », les gouvernements de l’Union et les institutions européennes semblent vouloir accélérer la « gouvernance », véritable mise à l’écart officielle et légale des peuples et officialisation d’une « démocratie confiscatoire » installée à Bruxelles et dirigée par des « gestionnaires » et des « experts », et non plus par des politiques au sens vrai du terme.

 

Le plus choquant dans cette réunion, au-delà de cette manœuvre européiste, est la présence du secrétaire états-unien au Trésor, Timothy Geithner, à l’invitation du gouvernement polonais ! Ainsi, celui-ci va, non seulement émettre des conseils (ce qui n’est pas, en soi, malvenu) mais aussi ce que l’on peut qualifier de « consignes », comme si les États-Unis avaient vocation à contrôler ou à diriger l’Union européenne ! Sommes-nous revenus à l’époque du Plan Marshall et de la Guerre froide des années 50, en ces temps où l’Oncle Sam dictait, discrètement ou non, leur politique aux gouvernements de l’Europe de l’Ouest, par le biais d’un Monnet ou d’un Schuman ? Où est l’indépendance européenne, celle pour laquelle militait de Gaulle contre l’avis même des atlantistes issus des milieux de la triste Quatrième République ?

 

Le Figaro dans son édition du jeudi 15 septembre précise l’esprit dans lequel vient M. Timothy Geithner, et les lignes suivantes sont fort révélatrices, et ont de quoi faire enrager ceux qui croient encore que la liberté et le destin de notre pays ne se fondent, ni ne se forment ailleurs qu’en son sein, capitale politique ou gouvernement (fût-il en exil...) ! : « Tim Geithner juge que les Européens ont fait des progrès depuis un an. (…) Il encourage maintenant ses partenaires à persévérer dans les réformes de gouvernance qui « combleront les lacunes de la construction de la zone euro ». Il pousse ainsi à la mise en place de réformes obligeant le respect effectif de la discipline fiscale et la coordination réelle des politiques budgétaires des pays de la zone. ». Et le site internet de « La Tribune » de préciser, aujourd’hui même, que « invité de la réunion informelle des ministres européens des finances à Wroclaw, en Pologne, Timothy Geithner a tenu des propos fermes ce vendredi et fait une proposition concrète. Le secrétaire américain au Trésor a appelé les Européens à mettre un terme aux « propos inconsidérés » sur un possible démantèlement de l’euro. Il a engagé Américains et Européens à travailler plus étroitement pour surmonter la crise de la dette. D’autre part, il a pressé les Européens d’utiliser le principe d’un démultiplicateur pour maximiser la puissance de tir du Fonds « zone euro » et éteindre la crise de la dette (...) ». De plus, il refuse la mise en place d’une taxe sur les transactions financières, proposée par plusieurs gouvernements européens, et somme même les Européens d’abandonner cette idée ! On croit rêver, ou plutôt cauchemarder...

 

La ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter, n’a pas hésité, elle, à ironiser sur cette intervention incongrue des États-Unis dans les affaires européennes : « Je trouve bizarre qu’alors même que les Américains ont des fondamentaux bien plus mauvais que ceux de la zone euro, ils nous disent ce qu’on doit faire et que lorsque nous leur faisons une suggestion, ils disent « non » immédiatement (…). J’aurais espéré que lorsqu’ils nous disent comment ils voient le monde, ils écoutent ce que nous avons à leur dire. » Il est fort dommage que ce ne soit pas un ministre français qui ait rappelé ces évidences simples...

 

C’est aussi le ministre allemand de l’économie, Wolfgang Schaüble, qui a fait remarquer au secrétaire états-unien au Trésor qu’ « il était très improbable qu’il soit possible de faire peser ce fardeau [engager des fonds publics supplémentaires pour assurer la stabilité financière de la zone euro] sur les contribuables, en particulier si ce fardeau est imposé aux pays AAA. »

 

Les États-Unis n’ont effectivement pas de leçon à nous donner, au regard de leur propre situation financière, mais ils jouent leur jeu, avec le soutien de quelques pays européens et de certains financiers pour qui Washington reste le centre de cette « gouvernance mondiale » dont ils rêvent, au-dessus des peuples et des nations du « Vieux continent ».

 

Or, il n’y aura pas d’Union européenne qui tienne et qui vaille sans indépendance de cet ensemble à l’égard des grandes puissances extérieures au continent historique européen comme les États-Unis, la Chine ou autres... Il n’y aura pas d’ « Europe puissance » sans l’affirmation de cette indépendance politique et économique et sans la volonté de s’émanciper des oukases des féodalités financières comme de ceux des tenants d’une gouvernance économique mondiale.

 

Il faudrait, pour dire haut et fort ces vérités politiques et pratiquer ces nécessités géopolitiques, des États sûrs d’eux-mêmes et d’abord une France libre d’être et d’agir : la République, obnubilée par la prochaine course présidentielle et empêtrée dans ses multiples « affaires », est-elle capable de porter cette parole forte et nécessaire dans un monde incertain ? J’en doute... et je le regrette !