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29/07/2013

Soutenir l'équipe de France de balle-au-pied des sans-abri.

 

J’avais évoqué il y a deux ans tout l’intérêt de la coupe du monde de balle-au-pied des sans –abri, événement sportif qui permet à des personnes d’ordinaire exclues de la société de reprendre confiance et de retrouver une certaine place dans la cité : la prochaine coupe débute dans quelques jours, le 8 août, à Poznan, en Pologne.

 

Après l’organisation de cette coupe du monde à l’ombre de la Tour Eiffel en 2011 et au Mexique en 2012, l’on pouvait raisonnablement espérer que le gouvernement, par le biais du Ministère de la jeunesse et des sports, continuerait de soutenir les efforts de l’association qui chapeaute les joueurs sélectionnés et qui, aujourd’hui, s’entraînent au Petit-Quevilly, en Seine-Maritime. Or, « La Croix », qui y consacre un article dans son édition du vendredi 26 juillet, nous annonce qu’il n’en est rien ! « La Boussole, collectif de travailleurs sociaux qui accompagne depuis deux ans ces Bleus sans toit, ne parvient pas à réunir les 15.000 euros nécessaires pour faire le déplacement. Pour l’heure, seule la Fondation Abbé-Pierre a engagé 5.000 euros. Nike fournit les tenues et l’équipement. Mais les bénévoles encadrants savent qu’ils ne pourront pas compter, à la différence de l’édition passée au Mexique, sur le soutien du ministère de la jeunesse et des sports. Ils occupent tout leur temps libre à relancer le Crédit agricole, mais surtout la FFF et la Ligue du football amateur, partenaires de jadis, qui n’ont pas donné leur réponse, malgré des sollicitations adressées en mars dernier. » Oui, vous avez bien lu : il suffit de 15.000 euros pour que l’équipe de France des sans-abri puisse participer à cette coupe, et, à part quelques bénévoles, l’association caritative « Abbé-Pierre » et une multinationale (qui ne paye pas, mais fournit les équipements), personne ne semble motivé pour aider ces sans-abri à sortir, au moins quelques semaines, de leur situation d’isolement et de misère !

 

Alors que les achats de joueurs coûtent des dizaines de millions d’euros aux grands clubs de ligue 1, alors que le sport professionnel brasse des sommes astronomiques, alors que l’Etat dépense des centaines de millions d’euros pour des événements festifs qui, parfois, ne concernent que quelques centaines de personnes, tous ces acteurs privés ou publics ne trouvent pas moyen (ou n’ont pas la volonté…) de donner quelques milliers d’euros à ce Mondial des sans-abri ! On est bien loin de l’idée que le sport serait source de solidarité…

 

Ce qui me paraît peut-être le plus choquant, c’est l’attitude de l’Etat, car il suffirait d’un (petit) geste pour débloquer la situation et ainsi permettre aux joueurs sans-abri français de pouvoir porter fièrement les couleurs de la France à Poznan, ce qui n’est tout de même pas insignifiant !

 

D’autant plus choquant est le silence coupable de l’Etat que son gouvernement se veut attaché, si l’on suit les déclarations présidentielles et ministérielles, à l’idée d’une certaine justice sociale : en fait, il y a loin de la coupe aux lèvres, et ce gouvernement semble oublier jusqu’à ses devoirs civiques et sociaux, préférant la communication facile à l’action raisonnée, plus longue et plus compliquée.

 

Il faut souhaiter que l’article de « La Croix » et l’inlassable combat des bénévoles pour trouver les moyens financiers nécessaires à la participation française finiront par attirer l’attention des pouvoirs publics et de quelques généreux mécènes, quels qu’ils soient (y compris Qataris, pourquoi pas ?) ! Si les quelques sans-abri sélectionnés et en cours d’entraînement devaient être absents de ce Mondial en Pologne, la honte de cette absence (il y avait, en 2011, 53 pays représentés…) serait un véritable scandale social, sportif et politique, et aurait aussi comme conséquence de laisser croire aux autres pays engagés dans cette coupe que la France est devenue si pauvre qu’elle n’a plus les moyens de soutenir ses propres équipes sportives… Et ce gouvernement, pour lequel je n’ai certes guère de sympathie, y perdrait à mes yeux toute crédibilité dans le domaine social, si rude en ces temps de mondialisation furieuse… Car, comment parler de « justice sociale » quand on oublie « les plus discrets et, parfois, les plus proches » ? Comment croire aux discours lénifiants sur la question sociale quand on n’est pas capable de débloquer quelques milliers d’euros, en été, pour un événement sportif et festif dont il est avéré que les participants, une fois l’épreuve passée, retrouvent de nouvelles conditions de vie plus favorables ? Décidément, la République n’est guère sociale… Le simple fait, d’ailleurs, que le ministère n’ait pas soutenu, spontanément, cette équipe de sportifs sans-abri en est la bien triste illustration !

 

Oui, l’équipe de France des sans-abri doit être présente à Poznan ! Il faut souhaiter que le drapeau tricolore flotte en Pologne à cette occasion, pour l’honneur du sport français qui ne doit pas être qu’une occupation de sportifs millionnaires. Les efforts récents et bienvenus dans le cadre des jeux handisports doivent être étendus aux jeux des sans-abri, désormais : pour que le sport retrouve la vocation que Pierre de Coubertin lui assignait et pour que l’équipe de France de balle-au-pied des sans-abri, à défaut de gagner, puisse au moins participer…

 

 

 

 

 

20/07/2013

La continuité monarchique.

 

Jadis, la vieille formule « le roi est mort, vive le roi » marquait le début d’un règne qui prenait le relais du précédent achevé par le décès du souverain en titre : il semble que cette année 2013 se fasse un plaisir de démentir cette tradition jusque là plutôt bien établie dans les monarchies, en Europe comme ailleurs… Déjà, la reine Beatrix des Pays-Bas a cédé sa place à son fils au printemps comme l’a fait aussi, au lendemain du voyage de M. Hollande au Qatar au début de l’été, l’émir de cette monarchie gazière désormais bien connue pour ses investissements en France. Sans oublier le départ prématuré du pape Benoît XVI du trône de Saint Pierre… En attendant l’abdication que l’on évoque, en Espagne du roi Juan Carlos au profit de son fils Felipe !

 

Certains verront dans cette vague de « départs anticipés à la retraite » royaux une rupture d’avec la tradition monarchique : en fait, j’y vois plutôt la preuve d’une grande souplesse des monarchies et de leur adaptation (sans reniement) aux temps actuels et à cette évolution de la notion de « temps politique », le temps monarchique restant, de toute façon, un temps fort différent du temps démocratique électoral (sans pour autant s’affranchir de l’assentiment populaire qui trouve d’autres biais pour s’exprimer à l’égard de la famille régnante), et nécessaire à l’unité comme à l’incarnation de l’Etat et de la nation. « La vraie tradition est critique », disait Maurras, et la Monarchie, par essence, n’est pas une vieille chose figée mais une réalité politique vivante, un axe nécessaire autour duquel tournent les événements politiques sans remettre en cause la pérennité de l’ensemble : elle est ce symbole de la stabilité, en particulier à travers la continuité incarnée par le passage de relais du père au fils (ou de la mère au fils, dans le cas des Pays-Bas), sans gêner, pour autant, la libre expression des débats et des partis politiques, symbole important dans des sociétés fragilisées et inquiètes devant les aspects de moins en moins heureux de la mondialisation et de son tempo trop rapide...

 

Ainsi, en Belgique et à l’occasion de la fête nationale du 21 juillet, le roi Albert II s’en va-t-il, certes à un moment délicat, mais sans renier l’essentiel de ce qui fait la force et l’intérêt de la Monarchie héréditaire, c’est-à-dire cette transmission particulière de père à fils de la magistrature suprême de l’Etat qui assure au souverain une indépendance de statut et de position, qui fonde sa valeur « morale » au-dessus des jeux politiciens et électoraux auxquels le roi échappe puisqu’il n’en est pas issu et n’a donc pas de « clientèle » à satisfaire et qui rajeunit la tête de l’Etat sans la couper…

 

Philippe, ou Filip (en langue flamande), devient roi des Belges dans un moment où la Belgique est encore menacée d’éclatement, pays qui ne tient que par ce trait d’union royal et qui, en même temps, constitue le trône royal lui-même, ce qui rappelle cet adage évoqué par Merlin l’enchanteur dans « Excalibur », « Terre et Roi ne font qu’un ». Sa tâche ne sera pas simple car, contrairement à ce que l’on croit d’ordinaire, un roi n’est pas une « potiche » dans les monarchies européennes contemporaines, mais bien un lien, « le » lien entre les différentes communautés de la société, celui qui leur permet à toutes d’exister sans remettre en cause l’ensemble et l’équilibre de la nation politique. Le rompre, c’est condamner le pays à l’éclatement ou au centralisme, ce que nous ne pouvons souhaiter pour la Belgique, et parce que nous savons, d’expérience de l’histoire, le mal que la rupture du lien royal a fait à notre pays, jadis hérissé de libertés concrètes avant que d’être enfermé dans une Liberté artificielle et centralisatrice qui ne se décline qu’au singulier de la République…

 

 

 

 

 

05/07/2013

La négociation transatlantique sans les Etats européens concernés...

 

Un coup d’Etat peut en cacher un autre ou, du moins, en amoindrir la perception : ainsi en a-t-il été, ce mercredi 3 juillet, alors que tous les regards médiatiques étaient tournés vers la place Tahrir du Caire, en Egypte. Au même moment, Bruxelles et Berlin décidaient, contre l’avis premier –à peine écouté…- de M. Hollande encore une fois isolé et impuissant, d’entamer dès lundi prochain les négociations pour la création d’une vaste zone de libre-échange transatlantique, tandis que, dans la foulée et quelques heures après, la France refusait l’asile politique à celui qui avait révélé (mais est-ce vraiment une révélation ?) l’importance de l’espionnage des institutions, entreprises, ambassades des pays européens par les Etats-Unis !

 

Ainsi, lundi 8 juillet, sera lancé officiellement un processus qui, en définitive, en finira avec le rêve (l’illusion ? Sans doute pas si simple…) d’une Union européenne indépendante, puisqu’elle « raccordera » (pas seulement économiquement mais aussi réglementairement et sans doute « socialement ») purement et simplement les pays de l’UE aux Etats-Unis, dans une relation qui risque bien de souligner un peu plus la vassalisation du Vieux continent à l’hyperpuissance américaine, ce que de Gaulle avait tenté, par son projet d’une Europe confédérale des Etats, d’éviter à tout prix. Bien sûr, dans ce processus, il y aura des gagnants en Europe, en particulier l’Allemagne qui a su s’imposer ces dernières années au détriment de son partenaire (son égal ou son concurrent, pouvait-elle penser en d’autres temps…), un certain nombre de multinationales (désormais baptisées plus justement « transnationales ») et la Commission européenne, à la manœuvre, qui est la seule habilitée à négocier au nom de l’Union et à pouvoir mener les négociations, ce qui n’est guère rassurant quand on sait ses penchants d’un extrême libéralisme. La France a beau avoir obtenu l’assurance que son « exception culturelle » serait préservée, dans la réalité rien n’est moins sûr ! M. Barroso, sinistre président de la Commission européenne, a rappelé haut et fort que les négociations étaient bien du seul ressort de celle-ci et qu’elle avait reçu mandat par les Etats pour ce faire ; un commissaire européen n’a pas hésité à affirmer que, de toute façon, l’avis de la France pourrait être négligée, si besoin est (selon les négociateurs…), y compris sur ce que notre pays croit avoir protégé ! La menace d’un veto français apparaît, à ce propos, de plus en plus improbable…

 

Le renoncement du mercredi 3 juillet de M. Hollande, car c’en est bien un, qu’on le veuille ou non, montre aussi que les dirigeants de la République n’ont guère d’égards pour le peuple français, qu’il soit électoral ou plus vaste : cet abandon entre les mains d’une Commission qui va jouer son rôle et même, sans doute, profiter de l’occasion pour le redéfinir et le renforcer, n’est qu’un aspect, le plus triste peut-être, de ce véritable coup d’Etat politique européen qui va engager le continent tout entier, au nom de l’économie et des principes de libre-échange et de libéralisme économique, dans une situation que les nations et les peuples n’ont pas souhaité et ne souhaitent sans doute pas.

 

La mise à l’écart des peuples et des Etats par les institutions européennes, prouve à l’envi que cette « Europe légale », de plus en plus, se coupe de ce que l’on pourrait nommer « l’Europe réelle » : il n’est pas sûr que les conséquences d’une telle attitude de la Commission européenne (le terme « trahison » est-il trop fort ?) mais aussi des gouvernements (de moins en moins souverains et politiques) et des parlementaires européens soient heureuses…