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12/11/2014

La démission de M. Hollande servirait-elle à quelque chose ?

 

M. Hollande est à mi-mandat : certains s'en désolent, au regard des années passées et d'un bilan que l'on peut, sans crainte d'être contredit, qualifier de décevant, voire d'inquiétant si l'on fait le compte du temps perdu et des occasions manquées, mais aussi si l'on considère les réformes qui fragilisent notre pays quand il faudrait, au contraire, le renforcer. Pour autant, le président doit-il démissionner ? En fait, si l'on s'en tient à l'esprit des institutions, la réponse ne peut être que négative : élu pour un mandat de cinq ans, il n'est guère de raisons constitutionnelles qui pourraient le pousser à quitter l’Élysée avant le terme, même si les raisons politiques, elles, peuvent ne pas manquer...

 

D'ailleurs, en régime démocratique (et autre), l'impopularité est, comme son inverse, « saisonnière » et l'histoire de la Cinquième nous incite à quelque prudence : je me souviens avoir, dès le printemps 1982 et dans les années suivantes (jusqu'en 1986), fabriqué et collé des affichettes fleurdelysées qui clamaient « Mitterrand démission ! », persuadé que la chute du premier président socialiste de l'après-de Gaulle était inéluctable, celle-ci ne devant, en somme, que « parapher » sa descente apparemment sans fin dans les sondages et au fil des élections politiques de ces années-là. Mais, c'est son concurrent Jacques Chirac qui fut battu en 1988, et même assez largement ! Deux années de cohabitation et de politique maladroitement libérale (à défaut de l'être habilement...) avaient rendu François Mitterrand à nouveau populaire, par comparaison avec son premier ministre déjà défait à l'automne 1986 par les manifestations étudiantes et lycéennes contre la loi Devaquet et la mort de Malik Oussekine, un soir de décembre, sous un porche de la rue Monsieur-le-Prince.

 

De plus, en Cinquième République, « la reine des élections » que constitue l'élection présidentielle est surtout devenue une « élection d'opposition » plutôt qu'une « élection de désir » ou, même, « de raison » : on vote plutôt « contre » un candidat que « pour » un programme ! 2012, comme 2007 et comme, de façon encore plus caricaturale, 2002, en ont apporté, sinon la preuve absolue, au moins une confirmation certaine : contre M. Sarkozy, contre Mme Royal, contre M. Le Pen. Certains, en 2002, proposaient d'aller glisser un bulletin Jacques Chirac en se bouchant le nez avec une pince à linge quand d'autres voulaient se rendre à l'isoloir... à reculons ! Et les déclarations de MM. Mélenchon et Besancenot, en 2007 comme en 2012, n'étaient guère plus chaleureuses à l'égard des candidats du Parti socialiste de second tour... Vote par défaut avant le dépit post-électoral ! On peut comprendre que M. Mélenchon ne veuille plus revivre un tel arrache-cœur et que la Sixième République qu'il promeut promette d'en finir avec l'élection présidentielle elle-même !

 

M. Hollande est sans doute « président par accident », ce que peu de gens contestent : après l'élimination inattendue du « candidat naturel et annoncé » du PS qu'était M. Strauss-Kahn, M. Hollande a profité d'un anti-sarkozisme fort répandu dans le pays, sentiment plus que raisonnement qui a précipité la perte du successeur de Jacques Chirac à l’Élysée. Mais, accident ou pas, son élection garantit sa légalité et il est vain de vouloir la lui dénier, si l'on se dit républicain : à moins de ne pas vraiment l'être...

 

Je ne suis pas républicain, justement, parce que je suis royaliste : ce qui m'importe n'est pas tant la légalité que la légitimité qui, aujourd'hui, n'est plus dans la République elle-même, cette dernière desservant l’État en servant des intérêts qui sont plus particuliers que généraux... Mais je ne crois pas en la politique du pire qui, comme le rappelait justement Maurras n'est que « la pire des politiques », et je ne souhaite pas le malheur du président parce que, qu'on le veuille ou qu'on le regrette (ou non), c'est aussi et surtout le malheur de l’État et du pays tout entier ! D'autre part, il est facile de comprendre que, en République, après M. Hollande, les désillusions risquent d'être tout aussi fortes que celles qui, parmi ses électeurs, ont suivi son élection... Et l'on repartira pour un tour de manège, le nouvel élu devant, à son tour et de façon peut-être encore plus violente, supporter la contestation de sa propre présidence... Et pendant ce temps-là, qui pensera à la France et à son image dans le monde ?

 

Je ne suis pas, pour autant, un naïf qui attendrait une miraculeuse conversion de l'actuel locataire de l’Élysée à la Monarchie : elle ne viendra pas, car elle va à l'encontre de tout ce que représente l'oligarchie en place dans l'appareil d’État, et de tout ce qu'elle promeut, de la globalisation « heureuse » (sic !, pour ce qui est de nos concitoyens...) à la « détraditionnalisation » des sociétés...

 

Alors, que faire ? Penser en « politique d'abord », et préparer les esprits à un « nouveau régime », sans rien céder à ce gouvernement et à son président en continuant à les harceler, intelligemment, pour défendre ce qui est nécessaire à notre pays et à son avenir, à nos concitoyens et aux générations qui viennent et viendront : en attendant la nécessaire Monarchie, il faut déjà créer de nouveaux rapports de force et permettre, en de multiples domaines, le développement d'alternatives, en gardant toujours à l'esprit de servir la France et ses composantes, au nom d'un Bien commun qu'il est toujours légitime, y compris contre la légalité du moment, de préserver et d'avantager.

 

 

 

 

 

Un passé sans importance ?

 

Le 11 novembre s'éloigne, pourrait-on dire... Alors que notre pays est entré dans un cycle de commémorations du centenaire de la Grande Guerre qui va durer une demi-décennie, les jeunes générations se sentent assez peu concernées, peut-être parce que les enjeux d'aujourd'hui paraissent ne pas être ceux d'hier, et que la mémoire nationale a tendance à s'effacer devant une immédiateté et un présentisme envahissants.

 

Aujourd'hui, les jeunes sont plus inquiets de leur avenir professionnel que du souvenir de ceux qui, hier, ont donné leur vie pour la liberté de notre pays, ou pour, au contraire, la lui enlever, selon le côté de la tranchée : les listes accrochées sur les panneaux de Pôle emploi sont plus lues et relues que celles, tragiques, de nos monuments aux morts désormais menacés de ruine comme le signale Le Parisien dans son édition de mardi. Au lycée Hoche, les élèves de Première que j'ai menés samedi devant les huit plaques de marbre blanc recouvertes des noms des anciens élèves, professeurs et autres personnels de l'établissement « morts pour la France » durant la Grande guerre, ne connaissaient pas, jusqu'alors, l'existence de ces listes macabres au sein du lycée même. Mais ces noms, qui étaient peut-être aussi les leurs (un arrière grand-père ? Un lointain cousin ?), étaient presque invisibles, et il fallait s'approcher au plus près pour pouvoir les déchiffrer... Le temps a fait son effet, sans doute, les plaques étant exposées à toutes ses rigueurs, sans protection particulière.

 

Bien sûr, cela me navre, autant la dégradation de la pierre que celle de la mémoire et de l'histoire de notre pays (ces deux dernières notions que je ne confonds pas, d'ailleurs), mais ce sont des faits et il ne sert à rien de s'en désoler : mieux vaut chercher à les comprendre et, dans le même temps, à préserver ce qui doit l'être, dans le souci d'éviter l'amnésie complète qui serait le pire des dangers et la porte ouverte à des périls nouveaux. L'erreur serait aussi de seulement cultiver une nostalgie pieuse qui empêcherait de voir les chances et les risques du lendemain : l'histoire est un champ qu'il convient de cultiver toujours, dans le respect de sa nature et du cycle des saisons, et non de laisser aux seules herbes folles ou de livrer aux bétonneurs de grisaille...