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06/02/2017

L'abstention étudiante, un vrai problème.

Quand j'étais étudiant, il y a une bonne trentaine d'années, en particulier à l'Université de Haute-Bretagne (Rennes-2), les syndicats jouaient un rôle important, voire majeur dans la vie et dans l'encadrement des revendications et des jeunes qui fréquentaient les amphis et le campus. Il y avait alors deux UNEF qui dominaient l'université, parfois de manière peu tolérante ni tolérable pour qui est attaché à la liberté d'expression : l'une dite AGEUR tenue par les communistes, l'autre dite ID contrôlée par les trotskistes et antichambre d'une carrière au Parti socialiste. A droite, l'UNI était considérée comme la branche étudiante du RPR de M. Chirac tandis que le CELF regroupait les giscardiens et le GUD les « nationalistes », souvent plus anticommunistes et antigauchistes qu'autre chose. Et puis, il y avait des syndicats locaux, souvent « corpos » ou régionalistes. Sans oublier le Cercle Jacques Bainville (CJB pour les intimes...), émanation rennaise des royalistes d'Action Française qui s'inspirait un peu de celui de Paris (à la faculté d'Assas) et surtout de l'Action Française Etudiante de Dijon : j'en étais le fondateur et le dirigeant, sans qu'il n'y ait jamais eu, en fait, d'organigramme officiel.

 

Le grand hall de Rennes-2 était alors le lieu de passage, de débats et parfois d'affrontements des différents groupes, et les affiches décoraient parfois les baies vitrées, tandis que quelques fleurs de lys, sur les murs (intérieurs comme extérieurs), rivalisaient avec les A cerclés et les slogans divers et variés, mais généralement très politisés. Sur les bancs et les machines à café, plusieurs couches d'autocollants recouvraient celles des générations précédentes, et sur les piliers, les tracts du CJB répondaient à ceux de la LCR (Ligue Communiste Révolutionnaire), tandis que le sacré-cœur chouan ou « l'araignée » (nom que nous donnions parfois à la fleur de lys -très- stylisée) concurrençait la faucille et le marteau...

 

Tout cela pourrait paraître baroque aujourd'hui, mais « la fac vivait » et nous étions, chacun à notre manière, son sang vif.

 

Les élections étaient aussi un moment important de la vie universitaire : les tracts volaient, les coups aussi, mais c'était l'occasion de présenter, en particulier pour les organisations minoritaires, les idées et les projets, parfois les conceptions mêmes de la vie en société et de son organisation, au-delà du seul monde des amphis et des cours. L'université ou le CROUS offrait le tirage des professions de foi aux différentes listes concurrentes, et, dans le cas du CJB ou de l'union électorale des royalistes du moment, c'était une véritable aubaine ! Ce qui ne nous empêchait pas de coller quelques affiches qui déclaraient péremptoirement « élections, pièges à cons » pour dénoncer un système qui nous semblait devoir favoriser toujours les mêmes, empêchant ainsi toute remise en cause (et en ordre) de l'Université et de la société.

 

Mais aujourd'hui, les élections universitaires n'attirent plus grand-monde et l'UNEF, désormais réunifiée et jadis dominante, recule à chaque scrutin, laissant sa première place d'antan à la FAGE, moins politisée ou plus discrète, selon le point de vue des uns et des autres. Ce qui n'empêchera pas une plus grande visibilité de l'UNEF lorsque les universités seront à nouveau en ébullition sur tel ou tel projet gouvernemental, et que les « anciens » de ce syndicat feront jouer, comme d'habitude, leurs relations et réseaux de pouvoir. Mais cette nouvelle donne électorale en cache une autre, plus inquiétante sans doute pour qui croit en une représentation syndicale nécessaire dans les structures de l'Université : c'est l'abstention qui, désormais, dépasse les 90 % aux élections des 28 Conseils régionaux des œuvres universitaires et scolaires, plus connus sous le nom de CROUS. Selon Le Monde (jeudi 2 février 2017), en novembre dernier, « seuls 183.000 étudiants se sont déplacés, soit un taux de participation de 7,51 %, encore plus faible que les 9,1 % de 2014. « C'est le signe du fossé qui se creuse entre les étudiants et les pouvoirs publics. Le vote étudiant n'apparaît plus comme un outil d'action pour être entendu près de l’État pour améliorer nos conditions d'études », décrit sa présidente [de l'UNEF], Lilâ Le Bas. »

 

Ce n'est pas la défaite de l'UNEF qui me navre, loin de là, et j'y vois plutôt l'occasion de redistribuer les cartes de la représentation étudiante, dans le sens d'une plus grande diversité et indépendance à l'égard des partis « de gouvernement », ces féodalités partisanes qui, aujourd'hui, sont aussi en difficulté dans la course électorale, présidentielle avant celle des législatives. Ce qui est préoccupant, c'est bien plutôt la désaffection des électeurs étudiants et leur désintérêt pour la vie et l'organisation des lieux d'études, car l'abstention, qui peut parfois se comprendre au regard des listes en présence, n'est pas forcément une bonne chose : elle délégitime, d'une certaine manière, les institutions universitaires sans, pour autant, pousser à leur nécessaire réforme.

 

Les royalistes, tout au long de leur histoire politique, ont toujours accordé une grande importance aux questions universitaires et scolaires : la réactivation, par les étudiants monarchistes eux-mêmes et les professeurs de même obédience, d'une large réflexion d'ensemble sur le rôle et l'organisation de l'Université mais aussi du Lycée et du Collège et leurs institutions, s'impose !

 

 

 

 

(à suivre : quelle place pour les professeurs, les personnels non-enseignants et les étudiants dans une organisation « corporative » des universités ?)

 

05/02/2017

Pour un royalisme qui pèse en politique. (1)

Dans les années 1920-1930, l'Action Française organisait des rassemblements qui pouvaient réunir plusieurs dizaines de milliers de royalistes, comme au Mont des Alouettes, en Vendée (en 1926), ou à Lyon, ou encore en Provence. Après-guerre et jusqu'aux années 1980, les réunions et les banquets monarchistes, de l'AF traditionnelle à la Nouvelle Action Royaliste, en passant par l'Union Royaliste Provençale ou l'Union Royaliste de Bretagne et Vendée Militaire, pouvaient encore déplacer et retenir plusieurs milliers de partisans de la Monarchie autour d'orateurs parfois fort convaincants. Qu'on le regrette ou non, cette période est désormais révolue et les « masses » ne sont plus au rendez-vous quand les différentes associations monarchistes décident de se montrer au grand jour dans les salles parisiennes ou aux Baux de Provence...

 

Bien sûr, l'on nous objectera que la politique se fait aujourd'hui sur les réseaux sociaux et au fond des urnes, et que les (petits) cercles de réflexion sont plus efficaces que les grands mouvements sans colonne vertébrale : peut-être, mais devons-nous nous satisfaire de ce qui ressemble plus à une excuse qu'à une véritable analyse stratégique ? Personnellement, je ne le pense pas, et je n'y crois pas, tout simplement.

 

La vision, ces derniers jours, des grandes réunions des candidats à la présidentielle, en particulier à Lyon, me laisse songeur : la ferveur des auditeurs, la visibilité médiatique, le poids politique que cela confirme ou révèle au bénéfice de tel ou tel candidat, sont autant d'éléments qui, a contrario, semblent marginaliser un peu plus les monarchistes, condamnés à suivre de loin la campagne électorale sans pouvoir (sans vouloir, pour certains ?) peser d'une influence quelconque sur telle ou telle partie de l'opinion publique, et parfois fascinés par ce qu'ils disent, en public, rejeter... D'ailleurs, ne reconnaît-on pas, au fil des images diffusées par les grands médias, des têtes jadis croisées dans les instances royalistes ? Le traditionnel argument de « l'efficacité en politique », mille fois entendu depuis que je suis rentré en royalisme, n'est pas inaudible mais il me semble fort controuvé, en définitive, et ne sert pas, ou plus, la cause monarchique qui s'est bien affaiblie aussi par ce transfert continu de nombre de ses propres partisans vers des partis républicains « assimilateurs »...

 

Doit-on se contenter de ce constat et tomber dans un fatalisme qui nous ferait abandonner tout sens politique et toute volonté royaliste ? Non, bien sûr, et même bien au contraire !

 

« Faire de la force » : ce mot d'ordre de Maurras au début de l'Action Française reste d'actualité, et plus encore aujourd'hui que les royalistes sont faibles, au moins numériquement. S'il faut bien se contenter d'un nombre restreint de militants en ces années de « vaches maigres », il paraît néanmoins nécessaire de renouer avec une stratégie de conquête des esprits comme des cœurs, et celle-ci passe forcément par une mobilisation autour de thèmes porteurs pour le royalisme, à la fois traditionnels et contemporains, avec la valorisation motivée des grands axes qui fondent la définition du royalisme historique et politique.

 

Oui, il faut travailler à faire un royalisme qui pèse, et ce poids en politique passe aussi, qu'on le veuille ou non, par un nombre qui ne soit pas seulement « symbolique » (sic !) et insignifiant. Ce n'est certes pas une tâche facile mais il me semble que le but à atteindre vaut bien quelques (et un peu plus) efforts, et que les mouvements qui se réclament de l'idéal monarchique, dans leur variété et leurs particularités, peuvent et doivent assumer leur rôle politique qui est de préparer le recours à la Monarchie pour la France.

 

Quand certains parlent de Sixième République, il nous faut en appeler à une Nouvelle Monarchie : celle-ci ne naîtra pas ex nihilo, et elle ne pourra être et s'affirmer politiquement et institutionnellement que si une part importante de nos concitoyens en acceptent le pari et sa réalisation dans les faits.

 

 

 

 

 

(à suivre : comment « faire de la force » royaliste dans les années prochaines ? Quelques propositions pour un royalisme politique qui pèse et des royalistes qui comptent...)

 

01/02/2017

La déception des catholiques de droite.

L'affaire Fillon est une mauvaise nouvelle pour la République, sans doute, mais elle n'en est pas meilleure pour la Droite catholique qui avait placé beaucoup d'espoirs dans un candidat qui se revendiquait ouvertement chrétien, au grand dam d'un Bayrou qui, longtemps pourtant, n'en faisait pas mystère pour lui-même. Aujourd'hui, à entendre les réactions dans les cafés et sur le marché de Versailles, M. Fillon est désormais désavoué par ceux qui, hier, l'avaient porté en tête lors de la primaire de la Droite et du Centre. Les mots employés à son égard sont durs, voire cruels, et parfois injustes, et, personnellement, sauf nouveau retournement, je vois mal comment M. Fillon pourrait aborder l'élection dans les meilleures dispositions et avec l'espérance d'accéder au second tour.

 

Ainsi, les grands perdants de ce feuilleton tragique sont les catholiques de droite dont la cause et les arguments semblent désormais touchés par l'opprobre publique qui frappe le vainqueur de la primaire de la Droite et du Centre. Le coup est rude et certains croient y voir la main de la franc-maçonnerie anticléricale, accusée de préférer M. Macron et, chez les Républicains, M. Baroin, celui qui n'aime guère les crèches de Noël. Sans doute l'occasion a-t-elle fait les larrons, mais se réfugier dans une théorie du complot (qu'il est possible de ne pas totalement rejeter) n'est qu'une stratégie de pis-aller peu propice à saisir les véritables raisons du désamour électoral à l’égard de M. Fillon. Car ce qui a plus sûrement discrédité M. Fillon, c'est son rapport à l'argent et son apparente incapacité à comprendre la démesure des salaires versés (légalement) à ses proches au regard de ceux des fonctionnaires qu'il n'a cessé de poursuivre de ses diatribes libérales : car, il faut être bien clair, le travail (et je ne me prononce pas sur sa réalité) demandé à Mme Fillon et à ses enfants mérite-t-il le double, voire le triple du salaire d'un professeur ? J'en doute, car, si j'en crois les déclarations des uns et des autres sur les activités des attachés ou assistants parlementaires, mais aussi les propos mêmes de la mise en cause, peu loquace sur ses fonctions comme sur leur mise en pratique, il est rarement rétribué à une telle hauteur financière...

 

Il aurait été préférable que M. Fillon puisse dérouler son programme jusqu'au bout et qu'il soit véritablement apprécié ou sanctionné sur celui-ci, mais cela n'est pas, et ne sera plus le cas, quoique le candidat fasse ou dise : il est des affaires et des symboles qui vous collent à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock.

 

Quant aux catholiques de droite qui avaient largement soutenu le candidat Fillon et son programme politique (plus, sans doute, que son programme économique), les voici orphelins et désorientés, voire dégoûtés : François Fillon n'était pas Albert de Mun, et leur engagement est bien mal récompensé... Est-ce leur « dépolitisation » qui est au bout de cette montée au calvaire, et, peut-être, un nouveau repli amer sur leur communauté et sur leurs paroisses, au risque de ne plus peser du tout (au moins sur le terrain parlementaire et ministériel) sur les débats politiques et face aux décisions prises par le Pouvoir sur les questions sociétales ? C’est possible, mais cela pourrait, néanmoins et a contrario, redonner de la vigueur aux mouvements alternatifs comme La Manif pour Tous et les Veilleurs, ainsi qu'aux groupes extraparlementaires et, éventuellement, monarchistes, prêts à accueillir les catholiques déçus d'une République qui, décidément, ne leur est pas accueillante...

 

Une affaire à suivre, là aussi : la messe n’est pas dite, tout compte fait…