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05/02/2017

Pour un royalisme qui pèse en politique. (1)

Dans les années 1920-1930, l'Action Française organisait des rassemblements qui pouvaient réunir plusieurs dizaines de milliers de royalistes, comme au Mont des Alouettes, en Vendée (en 1926), ou à Lyon, ou encore en Provence. Après-guerre et jusqu'aux années 1980, les réunions et les banquets monarchistes, de l'AF traditionnelle à la Nouvelle Action Royaliste, en passant par l'Union Royaliste Provençale ou l'Union Royaliste de Bretagne et Vendée Militaire, pouvaient encore déplacer et retenir plusieurs milliers de partisans de la Monarchie autour d'orateurs parfois fort convaincants. Qu'on le regrette ou non, cette période est désormais révolue et les « masses » ne sont plus au rendez-vous quand les différentes associations monarchistes décident de se montrer au grand jour dans les salles parisiennes ou aux Baux de Provence...

 

Bien sûr, l'on nous objectera que la politique se fait aujourd'hui sur les réseaux sociaux et au fond des urnes, et que les (petits) cercles de réflexion sont plus efficaces que les grands mouvements sans colonne vertébrale : peut-être, mais devons-nous nous satisfaire de ce qui ressemble plus à une excuse qu'à une véritable analyse stratégique ? Personnellement, je ne le pense pas, et je n'y crois pas, tout simplement.

 

La vision, ces derniers jours, des grandes réunions des candidats à la présidentielle, en particulier à Lyon, me laisse songeur : la ferveur des auditeurs, la visibilité médiatique, le poids politique que cela confirme ou révèle au bénéfice de tel ou tel candidat, sont autant d'éléments qui, a contrario, semblent marginaliser un peu plus les monarchistes, condamnés à suivre de loin la campagne électorale sans pouvoir (sans vouloir, pour certains ?) peser d'une influence quelconque sur telle ou telle partie de l'opinion publique, et parfois fascinés par ce qu'ils disent, en public, rejeter... D'ailleurs, ne reconnaît-on pas, au fil des images diffusées par les grands médias, des têtes jadis croisées dans les instances royalistes ? Le traditionnel argument de « l'efficacité en politique », mille fois entendu depuis que je suis rentré en royalisme, n'est pas inaudible mais il me semble fort controuvé, en définitive, et ne sert pas, ou plus, la cause monarchique qui s'est bien affaiblie aussi par ce transfert continu de nombre de ses propres partisans vers des partis républicains « assimilateurs »...

 

Doit-on se contenter de ce constat et tomber dans un fatalisme qui nous ferait abandonner tout sens politique et toute volonté royaliste ? Non, bien sûr, et même bien au contraire !

 

« Faire de la force » : ce mot d'ordre de Maurras au début de l'Action Française reste d'actualité, et plus encore aujourd'hui que les royalistes sont faibles, au moins numériquement. S'il faut bien se contenter d'un nombre restreint de militants en ces années de « vaches maigres », il paraît néanmoins nécessaire de renouer avec une stratégie de conquête des esprits comme des cœurs, et celle-ci passe forcément par une mobilisation autour de thèmes porteurs pour le royalisme, à la fois traditionnels et contemporains, avec la valorisation motivée des grands axes qui fondent la définition du royalisme historique et politique.

 

Oui, il faut travailler à faire un royalisme qui pèse, et ce poids en politique passe aussi, qu'on le veuille ou non, par un nombre qui ne soit pas seulement « symbolique » (sic !) et insignifiant. Ce n'est certes pas une tâche facile mais il me semble que le but à atteindre vaut bien quelques (et un peu plus) efforts, et que les mouvements qui se réclament de l'idéal monarchique, dans leur variété et leurs particularités, peuvent et doivent assumer leur rôle politique qui est de préparer le recours à la Monarchie pour la France.

 

Quand certains parlent de Sixième République, il nous faut en appeler à une Nouvelle Monarchie : celle-ci ne naîtra pas ex nihilo, et elle ne pourra être et s'affirmer politiquement et institutionnellement que si une part importante de nos concitoyens en acceptent le pari et sa réalisation dans les faits.

 

 

 

 

 

(à suivre : comment « faire de la force » royaliste dans les années prochaines ? Quelques propositions pour un royalisme politique qui pèse et des royalistes qui comptent...)

 

01/02/2017

La déception des catholiques de droite.

L'affaire Fillon est une mauvaise nouvelle pour la République, sans doute, mais elle n'en est pas meilleure pour la Droite catholique qui avait placé beaucoup d'espoirs dans un candidat qui se revendiquait ouvertement chrétien, au grand dam d'un Bayrou qui, longtemps pourtant, n'en faisait pas mystère pour lui-même. Aujourd'hui, à entendre les réactions dans les cafés et sur le marché de Versailles, M. Fillon est désormais désavoué par ceux qui, hier, l'avaient porté en tête lors de la primaire de la Droite et du Centre. Les mots employés à son égard sont durs, voire cruels, et parfois injustes, et, personnellement, sauf nouveau retournement, je vois mal comment M. Fillon pourrait aborder l'élection dans les meilleures dispositions et avec l'espérance d'accéder au second tour.

 

Ainsi, les grands perdants de ce feuilleton tragique sont les catholiques de droite dont la cause et les arguments semblent désormais touchés par l'opprobre publique qui frappe le vainqueur de la primaire de la Droite et du Centre. Le coup est rude et certains croient y voir la main de la franc-maçonnerie anticléricale, accusée de préférer M. Macron et, chez les Républicains, M. Baroin, celui qui n'aime guère les crèches de Noël. Sans doute l'occasion a-t-elle fait les larrons, mais se réfugier dans une théorie du complot (qu'il est possible de ne pas totalement rejeter) n'est qu'une stratégie de pis-aller peu propice à saisir les véritables raisons du désamour électoral à l’égard de M. Fillon. Car ce qui a plus sûrement discrédité M. Fillon, c'est son rapport à l'argent et son apparente incapacité à comprendre la démesure des salaires versés (légalement) à ses proches au regard de ceux des fonctionnaires qu'il n'a cessé de poursuivre de ses diatribes libérales : car, il faut être bien clair, le travail (et je ne me prononce pas sur sa réalité) demandé à Mme Fillon et à ses enfants mérite-t-il le double, voire le triple du salaire d'un professeur ? J'en doute, car, si j'en crois les déclarations des uns et des autres sur les activités des attachés ou assistants parlementaires, mais aussi les propos mêmes de la mise en cause, peu loquace sur ses fonctions comme sur leur mise en pratique, il est rarement rétribué à une telle hauteur financière...

 

Il aurait été préférable que M. Fillon puisse dérouler son programme jusqu'au bout et qu'il soit véritablement apprécié ou sanctionné sur celui-ci, mais cela n'est pas, et ne sera plus le cas, quoique le candidat fasse ou dise : il est des affaires et des symboles qui vous collent à la peau comme le sparadrap du capitaine Haddock.

 

Quant aux catholiques de droite qui avaient largement soutenu le candidat Fillon et son programme politique (plus, sans doute, que son programme économique), les voici orphelins et désorientés, voire dégoûtés : François Fillon n'était pas Albert de Mun, et leur engagement est bien mal récompensé... Est-ce leur « dépolitisation » qui est au bout de cette montée au calvaire, et, peut-être, un nouveau repli amer sur leur communauté et sur leurs paroisses, au risque de ne plus peser du tout (au moins sur le terrain parlementaire et ministériel) sur les débats politiques et face aux décisions prises par le Pouvoir sur les questions sociétales ? C’est possible, mais cela pourrait, néanmoins et a contrario, redonner de la vigueur aux mouvements alternatifs comme La Manif pour Tous et les Veilleurs, ainsi qu'aux groupes extraparlementaires et, éventuellement, monarchistes, prêts à accueillir les catholiques déçus d'une République qui, décidément, ne leur est pas accueillante...

 

Une affaire à suivre, là aussi : la messe n’est pas dite, tout compte fait…

 

 

 

 

 

31/01/2017

La Monarchie, c'est l'inverse de la dictature.

Dans le cadre de la nouvelle enquête sur la Monarchie, je discute souvent avec des contradicteurs qui, de bonne foi, affirment des contrevérités historiques autant que politiques. Ma réaction pourrait être de hausser les épaules mais, au contraire, il me semble important de démonter quelques arguments qui, s'ils reviennent fréquemment parfois dans la discussion, n'en sont pas moins un obstacle à la bonne perception de ce qu'a été, est et sera la Monarchie.

 

 

« La Monarchie, c'est la dictature, tout le contraire de la République... »

 

 

Dans l'histoire comme dans le projet contemporain, et c'est de la France dont il s'agit ici, la Monarchie n'est pas une dictature et n'a pas vocation à le devenir, même si la tentation d'un régime autoritaire a pu exister de la part de quelques royalistes lors du premier XXe siècle, furieux de la déliquescence d'une IIIe République qui laissait la voie ouverte à la puissance germanique.

 

Sous l'Ancien régime, la Monarchie était plus fédérative que centraliste, et les provinces, les villes, les métiers avaient de nombreuses libertés, des « franchises et privilèges » disait-on alors, au point que l'historien Funck-Brentano a pu parler d'une « France hérissée de libertés ». Cela n'empêchait pas la construction d'un État central qui s'imposait peu à peu à tous, à un rythme lent mais sans discontinuer et sans, sur le fond, attenter aux « libertés traditionnelles », cherchant plutôt l'équilibre que la démesure. Bien sûr, la nécessaire lutte contre les féodalités ne se faisait pas toujours dans la délicatesse et la raison d’État, en devenant un élément important de l'exercice et de l'essence même de l’État, a parfois justifié des mesures qui ressemblent à celles d'un état d'urgence contemporain. Comme tous les régimes humains, la Monarchie n'est pas « parfaite », en particulier parce qu'elle reconnaît, justement, l'imperfection des hommes, et qu'elle s'en contente sans vouloir forger un « homme nouveau », vieux rêve des utopies que les républicains de 1793 voudront mettre en application, obligés alors d'instaurer un régime de Terreur qui préfigure les totalitarismes du XXe siècle...

 

La Monarchie, aujourd'hui, ne serait pas plus une dictature qu'elle ne l'a été avant 1789 et de 1814 à 1848, cette dernière période étant celle de l'installation définitive d'un système parlementaire qui, sous les Républiques suivantes, a dégénéré en parlementarisme, au moins jusqu'en 1958 et l'instauration d'une République plus « monarchique » que les précédentes sans aller jusqu'à son terme institutionnel logique...

 

S'il y a l'exemple des Monarchies européennes, plus symboliques que décisionnaires, elles ne sont pas forcément représentatives des espérances monarchiques françaises. Mais elles montrent à l'envi que l'idéal monarchique n'a rien de dictatorial, et, dans le cas de l'Espagne, la royauté a permis et a mené une « révolution tranquille » qui, si elle peut parfois nous surprendre, voire nous choquer, a inauguré véritablement une pratique du débat politique décomplexé et un régime parlementaire classique selon les canons européens... Ce dernier exemple ne signifie pas que cette forme de la Monarchie soit exactement adaptée à la France, mais il montre les possibilités démocratiques offertes par une Monarchie locale.

 

La Monarchie « à la française », par son essence même, est le meilleur antidote à la dictature, y compris à celle de l'Opinion publique, souvent versatile et parfois inflammable : en ancrant la magistrature suprême de l’État dans le temps et dans les habitudes, au-delà des intérêts particuliers (et antagonistes, souvent) du moment et d'un lieu, elle peut jouer ce rôle de représentation diplomatique nationale et celui d'un trait d'union entre les diversités françaises, d'un arbitrage permanent et mesuré sans être omnipotent et hyperactif... En somme, tout l'inverse d'une République trop centralisée ou (et ?) trop féodaliste (partitocratique, entre autres) dont l'état d'urgence apparaît désormais comme la défense maladroite, celle d'un régime qui ne croit même plus en sa légitimité propre...