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30/06/2011

Contre la présidentielle permanente, la monarchie !

Doit-on se résigner à cette « présidentielle permanente » qui paralyse l’action de l’Etat depuis de trop longs mois et qui se déroule même au sein du gouvernement, comme si 2012 n’était que la seule vraie préoccupation des politiques de notre pays ? Le remaniement d’hier n’est qu’une mise en ordre de bataille pour l’échéance de l’an prochain, avec jeu de chaises musicales et tentatives de récupération des uns pour diviser les autres (en particulier les centristes), alors qu’il aurait pu être l’occasion de quelques changements pour affronter les véritables enjeux autour, entre autres, de la question financière et de celle de l’Union européenne.

 

Je vois aussi dans cette « présidentielle permanente » l’un des drames de notre vie politique, car les vrais débats, les plus importantes confrontations d’idées se ramènent toujours, en fin de compte, à cette question : « A qui la place, la première place dans notre République ? ». C’est d’ailleurs, a contrario, l’une de mes fortes raisons d’être royaliste : pour libérer notre vie publique de cette question entêtante, confions la première place, la magistrature suprême de l’Etat à qui ne la demande pas, ne la désire pas, mais la trouve, en possible et potentiel héritage, dans son berceau, par le simple fait de sa naissance et de la mort, un jour ou l’autre, de son prédécesseur. La formule « Le roi est mort, vive le roi » symbolise à la fois la plus naturelle et la plus rapide des transmissions politiques, sans jeu de partis ni de clientèles : c’est un avantage certain et une économie non moins certaine, en particulier de promesses et de démagogie…

 

Cela n’empêche pas, bien au contraire, une vraie vie politique, de vrais confrontations et de belles empoignades, mais cela n’affecte pas l’existence de l’Etat elle-même et cela « libère » la magistrature suprême de l’Etat à l’égard des forces concurrentes sur le plan électoral : en cas de crise politique ou de conflit extrême, cela autorise un arbitrage qui n’est pas un arbitraire, comme on a pu le voir, par exemple, en Espagne en février 1981 lorsque des putschistes ont tenté de renverser par les armes le cours normal de la confrontation politique et électorale.

 

Dans le cadre de la Monarchie active que je souhaite pour la France, cet arbitrage royal serait aussi le meilleur moyen pour aller le plus loin possible dans la discussion et dans l’audace politique sans risquer de mettre en péril l’unité de la France, aujourd’hui affaiblie par les guéguerres politiciennes et les tentations communautaristes…

 

« On finira bien par y penser », me disait il y a quelques jours un fin observateur de la vie politique française avec un large sourire : oui, il faut le souhaiter, et vite car cette « présidentielle permanente » me fatigue déjà par ses faux suspenses et ses manœuvres dilatoires, y compris au plus haut lieu de l’Etat… Alors, vite, la Monarchie !

14/08/2008

La Monarchie politique.

Quelques avantages du mode de transmission héréditaire de la Monarchie : l’indépendance de la magistrature suprême de l’Etat mais aussi l’autonomie du politique à l’égard des féodalités de l’économique. Le roi ne doit rien à personne, n’étant l’élu de personne et n’ayant pas été obligé de se construire une clientèle et de faire appel à des puissances financières pour accéder au pouvoir. Cela lui donne une grande liberté, une indépendance à l’égard des féodalités politiques (en particulier les partis), qui, certes, n’empêche pas leur jeu parlementaire ou démocratique, mais en limite les effets sur l’Etat et sa représentation. Si le roi n’a pas à être omniprésent dans la vie politique du pays, il est le gardien des institutions, l’incarnation de l’Etat et sa représentation diplomatique : son indépendance est une chance pour le pays, même si elle peut parfois être mal comprise et qu’elle ne le garde pas entièrement des pressions de l’Opinion et de ses représentants, ne serait-ce que par la nature même des modes de communication et de discussion politique contemporains. En tout cas, son indépendance statutaire lui permet aussi de porter la parole du politique face à l’économique, en particulier quand ce dernier cherche par tous les moyens à s’affranchir de ses devoirs sociaux : le roi peut jouer un rôle important de médiateur politique entre les principaux acteurs de la scène économique et sociale, et rappeler, à l’instar du comte de Chambord et du pape Jean-Paul II que « l’économique doit être au service des hommes, et non l’inverse ». Mais il est vrai qu’il faudra au souverain de « l’Instauration » faire preuve d’une grande fermeté et volonté, et que la nouvelle Monarchie, dans les premières années de sa mise en place, devra quérir une part de sa légitimité dans la capacité à garantir la justice sociale.

Néanmoins et quoi qu’il soit, la Monarchie offre indéniablement plus de possibilités qu’une présidence piégée par le calendrier électoral et obligée de se méfier du temps quand la Monarchie, par son principe même, n’est pas limitée par des échéances démocratiques.

Cela signifie-t-il que le roi peut faire n’importe quoi ? Bien sûr que non, et l’histoire montre à l’envi que les souverains qui se sont succédés en France, quels que soient leurs qualités ou leurs défauts, ont su généralement rester attentifs à leurs devoirs d’Etat envers le pays comme envers les peuples de France. D’ailleurs, leur intérêt bien compris était de faire en sorte que le royaume se porte plutôt bien, au risque de grever l’avenir et, en particulier, celui de leurs propres héritiers : être roi, c’est aussi exercer un métier, une charge, et non se contenter de paraître ou de parader... Le prestige monarchique n’est pas le « bling-bling » républicain du mari de Carla Bruni !

De plus, en France (mais pas forcément dans les autres pays aujourd’hui monarchiques), la Monarchie se doit d’être « active » et de savoir s’engager sur de grands chantiers à long terme : elle n’est pas un régime d’opérette mais un élément essentiel de la vie politique du pays, non qu’elle prenne toutes les décisions, mais parce qu’elle joue un rôle d’arbitrage sur les grands dossiers après avoir entendu, autant que faire se peut, tous les points de vue et étudié tous les aspects du sujet et les perspectives possibles, aussi différentes soient-elles. La magistrature suprême de l’Etat n’a pas non plus à faire le travail des ministres ou des partis politiques, ni à s’immiscer dans la vie parlementaire qu’elle surplombe par son rôle de garante des institutions, mais elle se doit de rappeler, lorsque la nécessité s’en fait sentir, les grands principes de l’Etat et d’ordonner la diplomatie, dont le roi reste le principal acteur et l’incarnation de la France.

De par son statut, la Monarchie, symbole de l’Etat libre des pressions de tout genre et « trait d’union » entre les provinces, peut engager une plus grande décentralisation sans remettre en cause l’unité nationale, tout comme elle peut accorder une plus grande place aux communautés dans la vie politique en les intégrant au jeu institutionnel sans tomber dans les communautarismes figés et agressifs : c’est, d’une certaine manière, ce que rappelaient les rois de l’Ancien régime lorsqu’ils évoquaient « les peuples de France » sans, pour autant, tolérer les remises en cause de l’unité du royaume. En fait, dans le monde globalisé contemporain qui uniformise les modes de vie et, dans le même temps, maximalise les « petites différences » (stratégie du consumérisme actuel : diviser pour mieux régner…), la Monarchie peut jouer un rôle protecteur des identités locales et nationale par l’incarnation même d’un enracinement et d’une histoire qui ne se résumeraient pas au seul présent… Le roi peut être ce point de repère qui manque tant pour signifier « la France », autant comme Etat que comme nation. D’ailleurs, à ce propos, le roi n’a pas à faire un tri dans l’Histoire de France : il en est l’héritier et le rappel, et il est autant celui des rois que des régimes qui se marquaient par « l’absence de roi » ; il n’a pas de « querelle à venger », il assume toute l’Histoire de France !

La Monarchie n’est pas « le régime parfait » et elle ne revendique pas l’être, consciente qu’elle est avant toute une institution faite par des hommes, pour des hommes, pour tous les êtres de sang et de chair dotés d’une conscience qui se rattachent, d’une façon ou d’une autre, à la France, et non une simple abstraction logique et froide : son caractère profondément, intimement même (ne serait-ce que par son mode de transmission), humain l’entraîne à prendre les personnes telles qu’elles sont et à « faire de la politique », fondée sur les réalités plus que sur les seules idées ou idéologies, ce qui ne l’empêche évidemment pas d’avoir des idées ou de débattre de celles-ci sans préjugés.

Comme le souligne Maurras, la Monarchie ne constitue que « le moindre mal et la possibilité du bien » : elle n’est pas un remède miracle, et les monarchistes ne sont pas non plus les charlatans d’une monarchie dont les rois seraient les gourous… Mais elle est cette nécessité pour faire vivre la France, pour en poursuivre l’œuvre dans un monde qui a besoin d’elle comme le soulignait en son temps Georges Bernanos, pour assurer la défense des « petits » face à « l’économie sauvage », pour donner à notre pays mieux qu’un homme, une famille ! Nécessaire, et au plus vite, faut-il souhaiter, possible…