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15/01/2017

La Cinquième République n'est pas la Monarchie !

Dans le cadre de la nouvelle enquête sur la Monarchie, je recueille les objections faites à la Monarchie, et j’essaye d’y répondre en quelques lignes : n’est-ce pas ainsi le meilleur moyen de préciser ce que proposent les royalistes et d’en débattre ? Aujourd’hui, voici une objection souvent entendue ces jours-ci…

 

 

 

« Avec la constitution de la Cinquième République, et comme le dit M. Mélenchon, la France est déjà en « monarchie » : alors, pourquoi vouloir changer ce système ? »

 

 

C’est un argument que l’on entend effectivement souvent dans les rangs de la gauche radicale et chez les nostalgiques de la Troisième et, plus encore, de la Quatrième Républiques, mais aussi chez certains conservateurs et quelques gaullistes. Sans doute y a-t-il dans ce propos un aspect à la fois polémique et simplificateur qui tient aux discours politiques qui se prétendent « antisystème », mais, au regard de notre définition d’une Monarchie « à la française » qui transmet la magistrature suprême d’une génération à la suivante lors de la mort du monarque par la simple formule « le roi est mort, vive le roi », la Cinquième République reste bien, qu’on le regrette ou non, une République qui se déchire dans un féroce combat des chefs à chaque élection présidentielle…

 

Il est vrai, néanmoins, que depuis ses origines, et au-delà des polémiques évoquées plus haut, la constitution de la Cinquième a souvent été comparée à une « monarchie républicaine » ou décrite comme telle, et Maurice Duverger en avait fait le titre d’un livre célèbre jadis étudié dans toutes les facultés de Droit : en somme, une République qui se donnerait un roi tous les sept ans, puis tous les cinq ans, le suffrage jouant le rôle de l’ancienne acclamation populaire et de sacre de Reims. Mais, et surtout depuis que le mandat présidentiel a été réduit à cinq ans, la République présente le spectacle, parfois indécent au regard des difficultés des populations ou des enjeux contemporains, d’une sorte de « présidentielle permanente », qui se fait évidemment plus vive les neuf mois précédant le scrutin.

 

Or, dans une Monarchie héréditaire et successible, la magistrature suprême de l’Etat échappe au jeu électoral et, donc, suscite moins de convoitises et moins de querelles d’egos, tout en assurant la continuité de l’Etat (en particulier de sa représentation et de sa parole, garantie par la présence du souverain) en cas de crise ministérielle ou parlementaire, ce que l’on a vu chez nos voisins espagnols et belges ces dernières années malgré le peu de pouvoirs concrets des monarchies locales…

 

Ce qui distingue aussi la Cinquième République de la Monarchie « pleine et entière » qui nous paraît souhaitable, c’est la structure même de l’Etat et de la prise de décision dans le pays : la Monarchie, symbole d’unité par elle-même, n’a pas besoin de la « centralisation centraliste » qui, depuis la Révolution, enferme les énergies du pays dans une cage de fer dont les clés sont à Paris, entre l’Elysée et le Palais-Bourbon, mais aussi de plus en plus à Bruxelles, dans les palais de verres et d’acier de « l’Europe ». Le roi, trait d’union entre les régions et les communautés, est le maître de la diplomatie (ce que la Cinquième République a repris de l’ancienne Monarchie, et non l’inverse) et il incarne (et exerce) les pouvoirs régaliens (qui, d’ailleurs, veulent dire « royaux », à l’origine) : il peut ainsi redonner aux régions, aux communes et aux quartiers, une grande part des pouvoirs qui, aujourd’hui, sont aux mains des parlementaires ou des ministres de Paris et de Bruxelles.

 

Ainsi, la Monarchie n’est pas ce que la Cinquième République a pu, légalement et constitutionnellement, être, c’est-à-dire une monocratie incarnée, plus ou moins bien, par le locataire de l’Elysée…

 

 

02/01/2017

Un royaliste face à l'élection présidentielle du printemps prochain.

L'année 2017 est à peine commencée que le combat des chefs présidentiel a repris, en prévision du printemps électoral qui verra l'un des postulants s'emparer du palais de l'Elysée pour y prendre ses quartiers durant le prochain quinquennat. La Gauche prépare sa primaire de janvier que les enquêtes d'opinion annoncent favorable à M. Valls (mais la prudence s'impose dans les pronostics), tandis que la Droite se range derrière M. Fillon qui a déjà perdu une bataille dans l'opinion publique, celle de la Sécurité sociale, et qui s'apprête à en perdre d'autres s'il s'entête à se vouloir thatchérien ou à promouvoir le projet d'aéroport Vinci à Notre-Dame-des-Landes, entre autres. Quant aux candidats périphériques, ils manœuvrent pour ne pas se faire oublier des médias, avec des succès fort variés : quand M. Mélenchon et Mme Le Pen peuvent espérer jouer un rôle important, au moins de nuisance envers le « Système », et qu'ils sont reconnus comme tels, voire valorisés ainsi par les journalistes, MM. Dupont-Aignan et Jadot, Mme Rama Yade et quelques autres, sont boudés par la presse et n'ont guère désormais de visibilité, alors même que leurs discours apparaissent plus libres car moins gênés par la perspective d'une victoire et qu'ils soulèvent parfois de vrais débats aujourd'hui négligés, à tort, par les grands partis institutionnels. M. Macron, lui, n'est pas encore totalement identifié au sens idéologique du terme, et les politologues ne savent pas encore s'il n'est qu'une « bulle » qui éclatera en arrivant à la surface, au moment de la « vraie » campagne, ou s'il dispose d'un terreau électoral qu'il pourrait faire fructifier au printemps sans rester au niveau des pâquerettes...

 

Cette élection prochaine est passionnante parce qu'elle semble, à ce jour, très ouverte et qu'elle sera, peut-être, l'occasion de vrais débats (au moins un temps) avant que les appareils partisans ne reprennent les choses en main, préparant le coup d'après, ces élections législatives de juin qui, elles aussi, décideront de la plus ou moins grande latitude d'action et de décision du nouveau Chef de l’État.

 

Le royaliste que je suis n'est pas un exilé de l'intérieur, et je me refuse à détourner les yeux et les oreilles du spectacle politique parce que celui-ci serait, de toute façon, de piètre qualité et que la République est un régime qui m'apparaît fort néfaste pour le pays et sa pérennité. Etre royaliste ne signifie pas se retirer dans une tour d'ivoire et attendre la catastrophe finale en maugréant « Je vous l'avais bien dit... » ! Non, être royaliste impose de tout faire pour « éviter le pire et promouvoir le moins pire » : les débats que la République propose ou impose méritent d'être abordés, voire complétés et même débordés, et je ne laisserai pas aux républicains le monopole de la parole et de la réflexion, bien au contraire. Je suis à l'aise dans les débats républicains parce que, justement, je ne suis pas républicain et que, du coup, je suis d'autant plus libre pour aller au-delà des arrangements politiciens ou des clivages partisans. Discuter avec des hommes et femmes de gauche ou de droite, ou même des extrêmes et des marges, ne me fait pas peur, et je n'exclus personne de la discussion, même pas les pires, car cela serait leur donner des raisons supplémentaires de cultiver l'exclusion, eux-mêmes pouvant arguer de leur propre mise à l'écart pour vanter leur exclusivisme... Certains se souviennent comment, étudiant monarchiste à Rennes, je n'hésitais pas à me rendre à des réunions anarchistes ou extrémistes de tous les bords pour débattre et proposer : cela était parfois houleux et même dangereux, mais cela « était », tout simplement, et j'ai toujours rappelé que ma devise personnelle m'obligeait : « la liberté, ça ne se renifle pas : ça se respire ».

 

Dans cette période électorale, je lis tous les programmes (autant que faire se peut), et j'écoute les analyses, attentif aux enjeux et aux perspectives. Je ne suis pas neutre, bien sûr, et mon royalisme est « principiel » dans mon appréhension des idées et des projets : c'est pour cela que j'ai, avec l'aide de mes amis du Groupe d'Action Royaliste, lancé cette nouvelle enquête sur la Monarchie et que je participe sur la toile, dans les lieux de sociabilité rennais, bretons, parisiens ou versaillais (entre autres) ou dans les réunions des uns ou des autres, à toutes les discussions possibles, même si le temps disponible réduit parfois mes ambitions...

 

2017 s'annonce à la fois comme une année dure et passionnante : il s'agira, en ces temps de « mondialisation discutée » et d'incertitudes économiques et politiques, de promouvoir l'idée-force d'une Monarchie « traditionnelle dans ses principes, moderne dans ses pratiques » : non par esthétisme ou provocation, ni par dilettantisme intellectuel ou par romantisme, mais par nécessité et volonté de servir, encore et toujours, une France dont, comme le signalait le catholique éminemment royaliste Georges Bernanos, le monde a besoin...

 

 

 

20/12/2016

Face à cette horreur qui se répète...

Le temps de Noël est ordinairement un temps de joie et de partage, mais le voilà aujourd'hui endeuillé par l'attentat survenu à Berlin et visant, explicitement, l'un des symboles même de notre civilisation : de la chaleur d'une étable et d'une famille aimante est née une certaine manière d'aborder le monde et ses périls, plutôt fondée sur l'amour et le don que sur ce que notre société de consommation en a fait désormais, entre envie et gaspillage.

 

La photo de ce grand sapin décoré couché près du camion dévastateur marquera peut-être les esprits et les couvertures de la presse saignent aujourd'hui de titres affligés et horrifiés. Au café, les habitués du matin soupirent, résignés « en attendant le prochain » : une nouvelle habitude, mâtinée de mépris et, presque, d'indifférence devant l'horreur à répétition, est en train de s'installer, signe révélateur d'une ambiance désormais pleine de plomb, de cendres et de larmes...

 

Il y aura encore des milliers de bougies allumées qui, sans forcément qu'on le sache, nous rattachent à une tradition ancienne et d'origine fort peu laïque ; il y aura ces dessins d'enfants en mémoire du petit camarade, d'un frère ou d'une mère, de toutes ces victimes venues fêter Noël et reparties sur un brancard ou, pire, dans un linceul ; il y aura ces discours émus et un peu fatigués des ministres et des diplomates, ces hommages venus de partout ; il y aura surtout ce chagrin qui, désormais, minera des familles entières...

 

Pourtant, au-delà du deuil, il faudra bien poser la question politique de la résistance des Etats et des sociétés face aux poussées d'un fanatisme qui se nourrit aussi des vices de cette société de consommation qui croit vider le Ciel et les esprits en remplissant les poches et en gavant les estomacs. Le souvenir des années trente est souvent évoqué, mais il est rarement étudié et compris, et Cassandre est toujours, hier comme aujourd'hui, moquée et parfois diffamée...

 

Face à la terreur nouvelle portée par les fanatiques contemporains et qui nous frappe ainsi que nos voisins (hier les Belges, aujourd’hui les Allemands), sans doute faut-il renforcer la puissance de l'Etat, non pour seulement surveiller ou punir, mais pour prévenir et agir contre les causes mêmes de l'horreur : cela nécessite aussi, pour notre pays, un Etat qui soit « mémoire et durée », et qui dispose de ce temps long qui permette de soigner cette maladie qui, elle, ne suit pas le calendrier électoral...