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28/12/2011

Un chemin inondé...

Vendredi soir, ce 23 décembre jour de mes 49 ans, la tempête a soufflé fort sur la Côte d'émeraude, après une journée qui n'annonçait pas, pourtant, cette colère d'Eole ! La pluie s'en est mêlé, frappant avec violence la grande baie vitrée de la véranda et, surtout, inondant le court chemin qui mène à la maison familiale : or, ce dernier fait ne m'est pas apparu normal, ne serait-ce qu'au regard de mes souvenirs... Comment ce chemin, qui en a vu bien d'autres, pouvait-il se retrouver ainsi gorgé d'eau en quelques minutes et devenir une véritable mare aux canards (sans les volatiles, d'ailleurs...) ?

 

La réponse est toute simple et tristement contemporaine : l'artificialisation des terres ! Je m'explique : lorsque j'étais jeune, la propriété familiale était bordée par de vastes champs ou de grands jardins et, en face de l'entrée, au lieu d'un lotissement, de grandes prairies servaient de terrain de jeux à quelques bonnes vaches laitières... La pression touristique et résidentielle a transformé tout cela en pavillons ou en grandes maisons, avec piscine pour certaines, et la terre a disparu sous le bitume, le béton et le ciment, tandis que les fossés étaient irrémédiablement comblés : cette artificialisation empêche la terre de respirer et, surtout, l'eau de s'infiltrer rapidement, ce qui explique « l'inondation » désormais récurrente du chemin familial... Mais cette inondation est donc plus la conséquence de l'activité humaine que de la nature elle-même, et elle se « nourrit » régulièrement et « éternellement » de cette anthropisation... Plus de béton, plus d'inondation, dans ce cas-là !

 

Que peut-on faire à cela ? L'urbanisation des campagnes littorales de ces dernières décennies est un fait, ce n'est pas forcément un bienfait, et ce mouvement s'est accéléré ces dernières années avec plus de 82.000 hectares de terres agricoles disparus en moyenne entre 2006 et 2010, au moment même où la question alimentaire mais aussi la question énergétique nécessiteraient une mobilisation générale et organisée de toutes les possibilités de production agricoles nationales.

 

Il faut inverser le processus ou, au moins dans un premier temps, le freiner : pas facile dans une société de consommation toujours vorace de matières premières et d'espaces, et avec la logique libérale qui prévaut, car certains y verront une limitation de la liberté économique ou de la propriété privée, d'autres brandiront le spectre du chômage pour les entreprises du bâtiment...

 

Quelques pistes peuvent être creusées, comme celles de constructions moins individuelles, de « maisons communautaires » avec un mode de « propriété alternée » ou de petits immeubles de deux ou trois étages qui serviraient à plusieurs familles dans le même temps : l'avantage est de permettre une meilleure occupation du mètre carré et une moindre pression sur l'espace rural ou/et littoral. D'autre part, une réhabilitation du bâti rural dans des zones aujourd'hui en déshérence aurait le double avantage de loger des familles et de donner du travail aux entreprises du bâtiment et à leurs sous-traitants, et donc de redynamiser des espaces aujourd'hui sous-exploités et sous-valorisés. Bien sûr, il faut, au-delà des projets locaux, une véritable politique d'aménagement du territoire impulsée par l'Etat, et une volonté « en haut » pour la mettre en pratique.

 

A l'heure où « la Crise » frappe nos sociétés, c'est aussi par la réflexion et le travail sur l'organisation même de notre pays que l'on pourra trouver des solutions « proches » qui pourront redonner de l'espérance pour nos concitoyens et de la vitalité à la société française, mais aussi faire que l'anthropisation croissante de nos territoires ne soit pas synonyme de déshumanisation de ceux-ci...

 

 

07/12/2008

Crise immobilière à la campagne.

 

Je passe quelques jours à la campagne, et cela est fort reposant après plusieurs semaines de cours et, surtout, de corrections de copies. C'est aussi une autre manière d'aborder et de voir le monde, d'en constater parfois les « débordements » et de retrouver quelques accents ou couleurs de temps plus anciens, immémoriaux peut-être, même si je me méfie des nostalgies qui figent le temps au risque de ne plus saisir les réalités présentes.

Dans ma promenade matinale, autour de Saint-Léger-en-Yvelines, ce village où le comte de Paris rencontrait secrètement, sous la Quatrième République, le général de Gaulle, plusieurs signes attestent de la crise financière en cours : des agences immobilières sont fermées et leurs locaux à vendre ou à louer, ce qui est bien le comble pour ce type d'agence ; des panneaux « A vendre » fleurissent un peu partout et certains, déjà, se couvrent de mousse, devant des propriétés pourtant peu anciennes ; les « lotos » de village semblent se multiplier, plus nombreux désormais que les Marchés de Noël...

Des amis, rencontrés hier, me confiaient que plus rien ne se vendait dans la région, et que certains craignaient à plus ou moins long terme, désormais, une chute des prix immobiliers, chute tout aussi irrationnelle que celle actuelle des prix des produits pétroliers. Déjà, les chantiers de construction se ralentissent, ce qui, d'ailleurs, n'est pas forcément négatif au regard des ravages du mitage dans nos campagnes : cela va peut-être inciter à entretenir et à rénover ce qui peut (et parfois doit) l'être, et enrayer la folle consommation de terres que provoquait la poussée rurbaine depuis plus de vingt ans.

Cette crise immobilière qui, si l'on regarde bien ce qui s'est passé aux Etats-Unis à l'été 2007, est aussi en grande partie la cause de la crise financière, économique et sociale qui affecte en priorité les pays occidentaux, va sans doute pousser à repenser le rapport à la propriété immobilière de nos sociétés : ce rapport, qui n'était plus que financier dans de nombreux cas et n'avait plus de lien avec un enracinement territorial et mémoriel (familial, par exemple), participait, sans que cela soit perçu ainsi la plupart du temps, à cette forme de « néo-nomadisme » contemporain qui est le corollaire d'une « déterritorialisation des communautés et des familles ». Je ne dis pas que ce processus était toujours négatif mais simplement qu'il a parfois déstructuré des sociétés au point de n'en plus voir les solidarités traditionnelles qui, en temps de crise, seraient tout de même bien utiles pour amortir les « chocs » économiques comme sociaux.

En tout cas, les campagnes franciliennes, si peu communautaires par rapport à celles des provinces moins proches de Paris-capitale, vont sans doute connaître une atténuation progressive des effets « durs » de la rurbanisation, par l'intérêt de plus en plus évident pour les rurbains récents de devenir, véritablement et originalement, des « néo-ruraux », c'est-à-dire d'adapter leur mode de vie encore trop urbain aux réalités particulières de « la campagne ». Il n'est pas dit que cette révolution des mentalités se fasse en un jour, loin de là, mais il semble tout de même que ce processus soit déjà engagé et qu'il ait de fortes chances de se pérenniser, la crise aidant et forçant à des révisions de forme comme de fond de la part de nos contemporains...

Je me souviens vaguement d'une citation du « président Mao », dictateur chinois très en vogue après Mai 68 parmi ceux-là mêmes qui sont aujourd'hui les admirateurs du Dalaï-lama, qui affirmait que l'avenir est aux villages : il n'est pas impossible que, tout compte fait et alors que le processus de métropolisation n'est pas achevé au Nord ni celui de l'urbanisation au Sud, cette prédiction s'accomplisse dans les décennies prochaines, au moins partiellement...

C'est d'ailleurs une conviction que j'avais déjà évoquée lors de ma campagne électorale royaliste à Vitré en 1995, comme me le rappelle ma récente relecture des textes que j'avais alors publiés et distribués dans les rues de la petite ville d'Ille-et-Vilaine... Il est tout aussi vrai que j'y évoquais les possibilités qu'offrait le recours au télétravail et que, là encore la crise aidant, certains redécouvrent, comme le prouve un excellent dossier sur ce sujet publié il y a quelques semaines par le quotidien « La Croix ». Comme quoi, tout arrive à qui sait prendre le temps...

 

Post-scriptum : merci à Erwan Th. qui m'a donné envie l'autre jour, après réception de son amical courrier (auquel je vais répondre, je te rassure !), de rouvrir la boîte des archives de cette campagne législative que nous avons menée ensemble : la preuve ci-dessus...

19/11/2008

Encore des routes...

Dois-je, une fois de plus, clamer mon désespoir devant un mouvement qui semble inéluctable et que j’ai déjà maintes et maintes fois évoqué à travers les notes de ce blog, je veux parler de la construction effrénée de nouvelles routes et autoroutes un peu partout en France, et cela malgré les promesses du Grenelle de l’environnement de l’an dernier ?

L’autre jour, en me rendant à Chartres, un peu après Rambouillet, j’ai longé un immense chantier qui bouleversait la campagne sur une bonne dizaine de kilomètres et mobilisait une véritable noria de bulldozers et de camions. Bien sûr, ce chantier est prévu de longue date mais est-il vraiment une bonne chose à l’heure où il serait plus judicieux de développer les transports ferroviaires ou les liaisons intercommunales par l’autobus, par exemple, ne serait-ce que pour désembouteiller les routes ou pour diminuer les effets des circulations humaines sur l’environnement (ne serait-ce qu’atmosphériques…) ? Car on sait que, contrairement à ce que beaucoup croient, la circulation automobile ne diminue pas lorsque l’on rajoute des kilomètres de macadam au réseau routier mais augmente parce qu’elle nourrit et se nourrit de la rurbanisation qu’elle favorise

Là encore, il est temps de repenser un aménagement raisonnable du territoire, pour freiner ce mouvement de « mitage » de nos campagnes et impulser une nouvelle gestion des espaces ruraux : voilà un vaste chantier de réflexion et d’action pour qui veut agir concrètement, autant pour l’environnement que pour l’habitat et l’emploi !