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18/07/2010

La politique, de moins en moins politique ?

L’été 2010 restera dans les mémoires comme un « été meurtrier » pour le gouvernement actuel mais aussi pour la classe politique dans son ensemble et pour la République elle-même : choquée des « affaires de la République », l’opinion publique, malgré les accusations de populisme à son égard, se détourne de « la République des affaires » et, plus largement et fort dangereusement, de toute politique, comme si celle-ci était constitutivement, constitutionnellement « scandaleuse »…

 

Pourtant, cette situation n’est ni inédite ni surprenante au regard de l’histoire de la politique française, mais elle a sans doute des causes en partie différentes de celles d’antan, adaptées (si l’on peut dire) aux enjeux et aux modes de fonctionnement actuels, au plan mondial comme strictement national. Ainsi, le sociologue et anthropologue Georges Balandier souligne les travers d’une présidence Sarkozy qui apparaît à la fois comme « le pouvoir sans sacralité et l’effacement de la distance » : « Observez ce qui se passe avec la nouvelle présidence en France, avec la capacité politique (…) convertie en création de multiples commissions, ces étranges machines qui masquent les impasses plus souvent qu’elles ne les ouvrent. (…) Il s’agit moins de politique au sens fort que de gestion, de recours à des catalogues de recettes (…). Où est la politique, où est Aristote, où sont Montesquieu et les penseurs du politique ? Où est la grandeur du politique, où est sa force, sa capacité de projection dans un avenir moins mal défini, désiré, débattu, contesté aussi ? » (1). La politique semble ainsi de moins en moins… politique, au risque de perdre toute prise sur les forces économiques, sociales et mêmes politiciennes, les grands partis n’ayant d’autre programme que de gagner les élections, en particulier « la reine des batailles », l’élection présidentielle. D’ailleurs, celle de 2012 est déjà lancée, et depuis longtemps si l’on en croit les observateurs : le quinquennat, adopté il y a déjà 10 ans, a renforcé cette « présidentielle permanente » qui mine les institutions et décourage parfois les débats de fond comme les politiques de long terme pourtant nécessaires, non seulement à la respiration du corps civique français mais aussi à la pérennité même de notre existence politique et diplomatique de nation indépendante au cœur d’un monde de plus en plus instable…

 

 

 

 Notes : (1) : Georges Balandier, Le dépaysement contemporain, l’immédiat et l’essentiel, Entretiens avec Joël Birman et Claudine Haroche, PUF, 2009.