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04/02/2013

Une sourde inquiétude...

 

Lorsque le débat sur le mariage homosexuel a débuté il y a quelques mois, j’avoue que je m’en suis d’abord désintéressé, considérant que celui-ci n’avait rien de très urgent et qu’il était surtout un « enfumage » gouvernemental pour éviter d’évoquer les vrais débats politiques et sociaux du moment, de la lutte contre le chômage et la désindustrialisation accélérée de ces derniers mois aux questions environnementales, totalement négligées par ce gouvernement Ayrault qui ne jure que par la « croissance » à défaut de penser le long terme et de préparer le « lendemain énergétique français »… J’étais d’autant plus réservé que ce débat divisait profondément la société et, à ma modeste échelle, mes amis qui, parfois, s’étripaient sur la toile quand les temps actuels nécessiteraient une certaine unité face aux enjeux sociaux et environnementaux, voire géopolitiques. Bien sûr, cette idée d’une confusion des genres à travers le remaniement de l’institution civile ou religieuse du mariage ne me plaisait guère, ne serait-ce que parce que j’y voyais une sorte de volonté prométhéenne de plier la nature au caprice d’une minorité pour laquelle tout devait être égal à tout et pour laquelle aussi, nul obstacle, fût-il naturel, ne devait résister à la liberté individuelle de, en somme et selon la formule libérale-libertaire de 68, « jouir sans entraves ». Cette volonté de refuser toute limite, y compris celles que la suite des générations, au sein des civilisations humaines « traditionnelles », avait codifié pour permettre l’équilibre des sociétés, me gênait mais ne suscitait, au-delà de ce sentiment un peu vague de malaise, aucune révolte car, là encore, je n’y voyais alors qu’une mesure symbolique, strictement civile et légale, qui ne me concernerait pas vraiment, et pour cause !

 

Mais la manière dont le débat a tourné me déplait fortement, et j’y vois quelques linéaments d’une forme d’intolérance à la libre discussion et à la libre expression qui anime une partie, que j’espère minime (mais je ne suis sûr de rien en ce domaine…), de la Gauche gouvernementale, qui joue la carte sociétale pour faire oublier son impuissance face aux ravages d’une « crise » qui n’est, en somme, que la manifestation en France de la mondialisation… Je n’aime guère les oukases de certains politiciens ou idéologues, souvent issus de ce que l’on pourrait nommer, sans trop se tromper, les oligarques et qui se permettent d’ostraciser toute personne qui ose émettre un avis différent au leur : le lynchage dont Frigide Barjot, égérie catholique du mouvement contre le mariage homosexuel, a été la victime de la part des militants pro-« mariage pour tous », m’a profondément choqué tout comme les attaques verbales d’une violence rare contre l’Eglise catholique coupable de vouloir faire entendre sa voix discordante dans ce débat de société. Devant une telle agressivité anticatholique, devant cette nouvelle « pensée obligatoire » se parant du grand principe de l’égalité (principe polymorphe grand pourvoyeur tout à la fois d’illusions et de progrès, de règles équitables mais aussi d’injustices notoires, de beaux élans et de massacres cruels…), je me cabre et je secoue la tête : non, je n’accepte pas que la parole publique exclue les paroles particulières et qu’elle se fasse gendarme là où elle devrait plutôt se faire arbitrale sans pour autant s’interdire d’être « décisionnelle »…

 

Il y a autre chose, et c’est sans doute là aussi ce qui me pousse à écrire sur un thème que je n’ai guère abordé dans mes discussions ni dans mes écrits précédents : c’est la question de la gestation pour autrui, prônée par les plus chauds partisans du « mariage pour tous » mais repoussée (pour l’heure) par le gouvernement, qualifiée aussi de « maternité de substitution » et d’autres termes encore plus ou moins techniques pour signifier, en définitive, une dépossession du corps de la femme et une stricte séparation entre la maternité et la filiation familiale. Cette question des « mères porteuses » est révélatrice des dérives d’une société qui ne se fixe d’autres limites que la liberté individuelle de ses membres, du moins de ceux qui ont les moyens financiers de l’exercer… Ce qui se passe en Inde devrait pourtant nous alerter et nous alarmer : ce sont des femmes pauvres qui louent leur ventre pour satisfaire au désir d’enfant de couples qui, pour diverses raisons, ne peuvent en avoir. En somme, c’est une marchandisation du corps humain et de la maternité, une marchandisation de la vie qui, si elle s’inscrit dans une logique économique libérale, n’a pas sa place dans une société qui place la dignité des êtres humains au cœur de sa pratique : mais il faut croire que, justement, notre société ne se reconnaît plus dans ce vieux principe d’humanité qui fixe limites et interdits pour mieux garantir équilibre, justice et libertés…

 

Je dois avouer que c’est bien cette question qui me fait sortir de mes gonds et prendre partie contre une loi qui, en définitive et malgré toutes les dénégations (que je pense et espère de bonne foi…), ouvre bien des boîtes de Pandore, au risque de ne plus pouvoir empêcher les pires pratiques déshumanisantes et si peu naturelles.

 

Je me souviens que, il y a plus de trente ans, quand notre professeur de français nous faisait lire « Le meilleur des mondes » d’Aldous Huxley, nous haussions les épaules et affichions un sourire goguenard sur la question des pratiques sexuelles et des modes de reproductions évoquées dans ce maître-ouvrage : mais nous y sommes, dans ce monde terrible, dans cette démocratie de consommation qui veut à tout prix le choix de l’enfant sur des critères de « perfection » ou de « compétitivité » ! Ainsi, la reproduction humaine n’est plus cette idée de procréation faite à deux, par la force des sentiments et l’entente des corps, par la différence sexuelle, cette « inégalité protectrice » de la nature qui évite l’uniformité et la disparition de l’altérité

 

Ce monde où tout pourrait s’acheter, se vendre ou se louer, m’effraie…

 

L’homme, la femme, l’amour, les enfants… n’ont pas de prix ! Le respect des uns et des autres commence par la reconnaissance de leurs particularités, de leurs différences et de leurs complémentarités, sans forcément méconnaître, loin de là, leurs désirs. Mais tout désir n’est pas non plus forcément légitime : le reconnaître, c’est faire preuve de cette humilité nécessaire sans laquelle aucune humanité véritable n’est possible.

 

 

28/07/2011

Retour en Bretagne...

 

Dans quelques heures, je serai sur la route pour rallier la Bretagne et, plus précisément ma ville natale de Rennes dans laquelle je vais passer près de trois semaines avant d'en passer deux autres sur la Côte d'émeraude, non loin de Dinard. Ce séjour « chez moi » m'est nécessaire pour me reposer vraiment, au contact de mon enfance et de ma jeunesse, à la terrasse des cafés, mes livres et mes papiers sur ces tables sur lesquelles j'ai noirci tant de pages, politiques ou « littéraires » et dans ces rues qui résonnent dans ma mémoire des slogans que mes amis et moi-même martelions pour alpaguer les Rennais et vendre nos journaux monarchistes, principalement, à l'époque, « Aspects de la France » et, plus épisodiquement, le mythique « Feu-Follet », revue des jeunes d'AF...

 

A chaque fois que je rentre à Rennes, c'est la mélancolie qui m'envahit... Mais j'y respire mieux, je l'avoue, que dans la Région parisienne qui, pour moi et malgré mes bonheurs d'enseigner au lycée Hoche et de passer mes soirées (et le verre du dimanche midi...) autour de la place du Marché à Versailles, reste une « terre d'exil ». Je mesure mieux, de ce fait, le désarroi terrible qu'a dû éprouver un homme comme le duc de Guise, amoureux de son cher « Paname », lorsque, devenu bien malgré lui l'héritier du trône (alors virtuel pour cause de IIIe République...), il lui fallut prendre le chemin de l'exil que la loi de 1886 imposait aux descendants des rois qui avaient fait la France : il emporta avec lui un peu de terre prise au pied d'un arbre de Paris et mourut en 1940 sans avoir revu la Tour Eiffel... La douleur de l'exil ne fut pas pour rien, sans doute, dans sa fin prématurée.

 

Revenir en ma terre de pays gallo (sur laquelle on ne parlait pas le breton malgré les panneaux bilingues actuels qui privilégient cette langue en négligeant le gallo même, langue populaire des faubourgs et des environs de Rennes), c'est revivre au sens fort du terme, je l'avoue sans fausse honte : l'enracinement n'est pas un vain mot, il est surtout ce qui permet de voir plus haut, d'avancer sans regrets, de fonder et transmettre. C'est aussi une affaire sentimentale, une histoire d'amour qui touche au plus profond de soi-même sans que l'on sache raisonnablement pourquoi ! « Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas », dit-on. « L'amour sacré de la patrie » que vante « La Marseillaise » est aussi un amour de ce qui a fait son enfance, ses souvenirs, ses espoirs d'antan et de demain aussi, et il s'applique à ce lieu qui est « notre patrie intérieure », celle de la mémoire, sans doute.

 

Me voilà sur le départ, et j'ai hâte ! Cela me confirme aussi dans l'intuition maurrassienne que l'amour de la « petite patrie » est le meilleur terreau pour l'amour de la « grande » ! Amour épanouissant, celui qui éloigne la jalousie et la crainte autant que faire se peut, et qui motive tant de joies et, parfois aussi, de déchirements, de chagrins... qu'il nous faut, espérance oblige, surmonter !

01:45 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bretagne, exil, patrie, gallo, amour.