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31/03/2009

Mayotte la Française.

« Tout en bas de la carte du monde, légèrement sur la droite, au beau milieu de l’Océan Indien, un petit coin de France, oublié et doux » : c’est ainsi que, dans un entretien paru en 1987, le chanteur Michel Sardou évoquait l’île de Mayotte.

 

Dimanche soir, en entendant les résultats du référendum sur la départementalisation de cette île lointaine, je n’ai pu m’empêcher de penser à Pierre Pujo, ce vieux monarchiste têtu, éternel directeur depuis 1966 d’Aspects de la France puis de L’Action Française jusqu’à sa mort survenue à l’automne 2007. En effet, Mayotte, c’était « son » combat et, depuis le milieu des années 70, il n’a cessé de le mener, attentif à ce qui se passait « là-bas » : Aspects de la France est sans doute l’hebdomadaire imprimé en métropole qui a consacré le plus de pages à Mayotte et à ses voisines, les îles d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande Comore.

 

Pendant toutes ces années, les habitants de Mayotte, les Mahorais, ont affirmé, de façon claire et nette : « Nous voulons rester Français pour être libres », et tous les référendums qui se sont déroulés sur l’île ont confirmé, toujours très largement, cette volonté éminemment populaire qui, pourtant, semblait ne pas aller dans le « sens de l’histoire » cher aux libéraux et aux marxistes. Dimanche, plus de 95 % des électeurs mahorais qui ont voté l’ont fait pour approuver la départementalisation : ainsi, Mayotte sera, en 2011, le 101ème département français, malgré les criailleries du gouvernement de l’Union des Comores et de l’Organisation de l’unité africaine qui dénoncent ce vote « illégal » et voudraient mettre la main sur cette île française depuis le traité de 1841, ratifié par le roi Louis-Philippe en 1843. L’argument des Comores, qui parle d’ « unité » de l’archipel des Comores est d’ailleurs anhistorique puisque l’île de Mayotte a plutôt cherché à s’émanciper d’un voisinage et d’une tutelle des Comores trop lourds pour elle… C’est d’ailleurs cela qui l’a poussé à traiter avec les envoyés du roi de France au XIXe siècle !

 

En 1974, le président Giscard d’Estaing a voulu se débarrasser des quatre îles de l’archipel, car l’Outre-mer était désormais « obsolète » à l’heure d’une Construction européenne qui n’était rien d’autre qu’une forme de repli sur le seul continent européen et qui considérait les terres françaises lointaines comme autant de fardeaux, financiers comme sociaux. Mais la population de Mayotte a refusé ce qu’elle considérait comme un abandon pur et simple et elle s’est battue pour pouvoir rester française, contre la volonté de la République giscardienne. A l’époque, Mayotte comptait seulement 40.000 habitants et personne (ou presque !), en métropole, ne connaissait « l’île aux parfums » : il a fallu toute l’énergie de Pierre Pujo et des Camelots du Roi, en particulier de Nice au moment du congrès de l’UDR, parti du premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, pour intéresser les parlementaires français au sort de cette petite île lointaine qui ne voulait pas renoncer à croire en la France, sa « mère protectrice ». Dans un livre passionnant et très documenté intitulé « Mayotte la Française », Pierre Pujo raconte ce combat qui semblait perdu d’avance…

 

Aujourd’hui, la départementalisation (promise depuis les années 80 !) est enfin acquise ! Les Mahorais de l’époque (dont le président d’alors du conseil régional Younoussa Bamana, aujourd’hui décédé, et qui s’est souvent rendu, en métropole, aux réunions de l’Action Française) ne se sont pas battus en vain. Relisons le message d’espoir formulé par le prince Jean, duc de Vendôme et descendant du roi Louis-Philippe en 1991, à l’occasion du cent-cinquantenaire du rattachement de Mayotte à la France, et désormais confirmé par cette étape importante dans le vie de l’île : « Je forme des vœux pour que, dans l’avenir, les liens entre Mayotte et la France métropolitaine se resserrent encore davantage et que Mayotte demeure toujours terre de France ». Oui, Mayotte est bien « terre de France » : qu’elle soit à plusieurs heures d’avion de Paris n’y change rien puisque son cœur bat au même rythme que la métropole…

 

« Le désespoir en politique est une sottise absolue », affirmait Maurras : la preuve par Mayotte !