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04/04/2011

Mayotte, nouveau département français : enfin !

 

L’île de Mayotte est peu connue des Français et son éloignement de la métropole, l’indifférence assez générale de nos compatriotes métropolitains à l’égard de l’Outre-mer, ou la croyance même que la France n’est, en définitive, qu’un simple hexagone européen, peuvent expliquer cette méconnaissance.

 

Moi-même, je ne savais même pas qu’elle existait avant de lire « Aspects de la France » (l’hebdomadaire royaliste d’Action Française) dans l’été 1980, qui en parlait abondamment et, je le compris rapidement les saisons suivantes, régulièrement avec ce leitmotiv de la départementalisation, effective seulement depuis quelques jours.

 

Juste un peu d’histoire pour signaler que Mayotte est devenue française par un traité entre le sultan de l’île, Andriantsouli, et le capitaine Passot, traité ratifié par le roi Louis-Philippe en février 1843 : un traité, et non une conquête militaire ou une colonisation brutale ! Mayotte cherchait ainsi à se protéger des appétits de ses voisins comoriens tout en sauvegardant ses traditions, ce qui est reconnu par les termes du traité, stipulant, entre autres, que « toutes les propriétés sont inviolables ; ainsi les terres habitées soit par les Sakalaves soit par les autres habitants de l’île de Mayotte, continuent à leur appartenir. ». De plus, la Couronne de France reconnaissait les spécificités tant religieuses que culturelles de Mayotte, comme l’indique la proclamation du capitaine Passot, premier gouverneur de Mayotte, le jour de la prise de possession de l’île par la France, le 13 juin 1843 : « Le haut et puissant monarque qui règne sur des millions de sujets tant musulmans que chrétiens (…), Louis-Philippe Ier, roi des Français, a bien voulu accepter l’offre que vous lui avez faite de la cession en toute propriété de la souveraineté de l’île Mayotte, et son représentant à Bourbon [l’île de la Réunion] m’a envoyé vers vous pour vous commander et vous protéger contre vos ennemis.

« Habitants de Mayotte, rendez vous à vos mosquées, remerciez Dieu et son prophète de cet heureux changement (…). »

 

A lire cette dernière proclamation, il semble bien que la France avait alors une attitude fort conciliante à l’égard de croyants musulmans qui étaient même appelés, par le représentant de la Couronne, à pratiquer leur culte pour le plus grand bien du royaume ! Les temps ont bien changé, semble-t-il…

 

En 1974, le président Giscard d’Estaing cherchait à se débarrasser des confettis de l’Empire pour complaire aux Etats africains et à l’ONU : l’archipel des Comores, auquel Mayotte appartient, mais seulement géographiquement (et non historiquement ni politiquement !), se vit alors proposer l’indépendance. Mais les choses se gâtèrent vite pour le sémillant président libéral car Mayotte, l’une des quatre grandes îles des Comores, s’acharna à vouloir rester française, pour des raisons autant historiques que politiques : référendum après référendum, les Mahorais montrèrent par leurs votes leur farouche volonté de ne pas être abandonnés aux appétits de leurs grands voisins comoriens… A rebours de ce fameux « sens de l’histoire » qui, disait-on, devait en finir avec toute présence des anciennes puissances colonisatrices en Afrique ou dans l’Océan indien !

 

En métropole, Pierre Pujo, directeur d’ « Aspects de la France » mena une campagne acharnée (qui dura pratiquement tout le reste de sa vie) pour la départementalisation de Mayotte : on peut dire que ce fut véritablement « le combat de sa vie », et cela lui valut bien des moqueries, en particulier dans les milieux qui se disaient « nationalistes » (les guillemets s’imposent parfois…).

 

Mais Pierre Pujo, héritier de Maurras et fils du plus ancien et proche compagnon du théoricien de l’Action Française, n’en démordit jamais : Mayotte était française à ses yeux, tout comme les Mahorais, fussent-ils musulmans, polygames et, parfois même, non-francophones… Pour lui, l’histoire plaidait pour les Mahorais, tout comme leurs déclarations d’amour maintes fois renouvelées à la France.

 

Pujo avait raison, et la départementalisation, qu’il n’a pas vue de son vivant, est une sorte de victoire posthume de ce vieux maurrassien fidèle qui écrivait, en conclusion de son beau (et instructif) livre « Mayotte la française » (1) : « Mayotte porte témoignage de l’existence d’une France multiculturelle et multiraciale encore présente dans toutes les parties du monde. Elle n’est pas une survivance d’un passé révolu. Elle a pour elle les promesses de l’avenir. »

 

 

 

 

 

 

(1) Pierre Pujo, « Mayotte la française », éditions France-Empire, 1993.

31/03/2009

Mayotte la Française.

« Tout en bas de la carte du monde, légèrement sur la droite, au beau milieu de l’Océan Indien, un petit coin de France, oublié et doux » : c’est ainsi que, dans un entretien paru en 1987, le chanteur Michel Sardou évoquait l’île de Mayotte.

 

Dimanche soir, en entendant les résultats du référendum sur la départementalisation de cette île lointaine, je n’ai pu m’empêcher de penser à Pierre Pujo, ce vieux monarchiste têtu, éternel directeur depuis 1966 d’Aspects de la France puis de L’Action Française jusqu’à sa mort survenue à l’automne 2007. En effet, Mayotte, c’était « son » combat et, depuis le milieu des années 70, il n’a cessé de le mener, attentif à ce qui se passait « là-bas » : Aspects de la France est sans doute l’hebdomadaire imprimé en métropole qui a consacré le plus de pages à Mayotte et à ses voisines, les îles d’Anjouan, de Mohéli et de la Grande Comore.

 

Pendant toutes ces années, les habitants de Mayotte, les Mahorais, ont affirmé, de façon claire et nette : « Nous voulons rester Français pour être libres », et tous les référendums qui se sont déroulés sur l’île ont confirmé, toujours très largement, cette volonté éminemment populaire qui, pourtant, semblait ne pas aller dans le « sens de l’histoire » cher aux libéraux et aux marxistes. Dimanche, plus de 95 % des électeurs mahorais qui ont voté l’ont fait pour approuver la départementalisation : ainsi, Mayotte sera, en 2011, le 101ème département français, malgré les criailleries du gouvernement de l’Union des Comores et de l’Organisation de l’unité africaine qui dénoncent ce vote « illégal » et voudraient mettre la main sur cette île française depuis le traité de 1841, ratifié par le roi Louis-Philippe en 1843. L’argument des Comores, qui parle d’ « unité » de l’archipel des Comores est d’ailleurs anhistorique puisque l’île de Mayotte a plutôt cherché à s’émanciper d’un voisinage et d’une tutelle des Comores trop lourds pour elle… C’est d’ailleurs cela qui l’a poussé à traiter avec les envoyés du roi de France au XIXe siècle !

 

En 1974, le président Giscard d’Estaing a voulu se débarrasser des quatre îles de l’archipel, car l’Outre-mer était désormais « obsolète » à l’heure d’une Construction européenne qui n’était rien d’autre qu’une forme de repli sur le seul continent européen et qui considérait les terres françaises lointaines comme autant de fardeaux, financiers comme sociaux. Mais la population de Mayotte a refusé ce qu’elle considérait comme un abandon pur et simple et elle s’est battue pour pouvoir rester française, contre la volonté de la République giscardienne. A l’époque, Mayotte comptait seulement 40.000 habitants et personne (ou presque !), en métropole, ne connaissait « l’île aux parfums » : il a fallu toute l’énergie de Pierre Pujo et des Camelots du Roi, en particulier de Nice au moment du congrès de l’UDR, parti du premier ministre de l’époque, Jacques Chirac, pour intéresser les parlementaires français au sort de cette petite île lointaine qui ne voulait pas renoncer à croire en la France, sa « mère protectrice ». Dans un livre passionnant et très documenté intitulé « Mayotte la Française », Pierre Pujo raconte ce combat qui semblait perdu d’avance…

 

Aujourd’hui, la départementalisation (promise depuis les années 80 !) est enfin acquise ! Les Mahorais de l’époque (dont le président d’alors du conseil régional Younoussa Bamana, aujourd’hui décédé, et qui s’est souvent rendu, en métropole, aux réunions de l’Action Française) ne se sont pas battus en vain. Relisons le message d’espoir formulé par le prince Jean, duc de Vendôme et descendant du roi Louis-Philippe en 1991, à l’occasion du cent-cinquantenaire du rattachement de Mayotte à la France, et désormais confirmé par cette étape importante dans le vie de l’île : « Je forme des vœux pour que, dans l’avenir, les liens entre Mayotte et la France métropolitaine se resserrent encore davantage et que Mayotte demeure toujours terre de France ». Oui, Mayotte est bien « terre de France » : qu’elle soit à plusieurs heures d’avion de Paris n’y change rien puisque son cœur bat au même rythme que la métropole…

 

« Le désespoir en politique est une sottise absolue », affirmait Maurras : la preuve par Mayotte !