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05/07/2010

Ne laissons pas la République confisquer la politique !

Deux ministres viennent, dimanche soir, d’annoncer leur démission, exigée en fait par MM. Sarkozy et Fillon dans l’espoir d’apaiser la polémique autour d’un troisième, M. Woerth : mais cela suffira-t-il à calmer une opinion publique fâchée contre une classe politique et un gouvernement qui semblent si loin de leurs préoccupations et de leurs inquiétudes ? Rien n’est moins sûr ! Au moment même où il est demandé aux Français de faire des efforts, voire des sacrifices, le spectacle d’une République « bling-bling », méprisante et sourde, ne cesse de choquer, voire de révolter nos concitoyens. Il suffit, pour s’en convaincre, d’écouter ce qui se dit dans les boulangeries, les cafés, le métro, le train... : c’est le dégoût, mélangé de colère mais aussi de fatalisme, qui s’exprime et qui atteint autant la Droite gouvernementale que la Gauche d’alternance. « Pas un pour rattraper les autres », entend-on souvent.

 

Voici où nous en sommes et, au moment où il serait utile de refaire de la politique, les citoyens s’en détournent, dans un réflexe qu’il est difficile de ne pas comprendre à défaut de l’accepter. Oui, effectivement, la multiplication des « affaires » ces derniers temps et l’impression d’impunité que donne une certaine classe politique et gouvernementale (malgré les récentes démissions et humiliations subies par des personnalités « secondaires » aux yeux des Français, car ceux-ci regardent vers la tête même de l’Etat…), française mais aussi européenne, entraînent une désaffection citoyenne envers le débat politique, au risque de verser dans un nihilisme destructeur.  Si l’on ajoute à cela le déni par l’Union européenne et les gouvernements, dont le français, de la décision des électeurs hexagonaux et hollandais du Traité constitutionnel européen en 2005, et le contournement des peuples en 2009 pour adopter cette même « Constitution européenne », il n’est pas difficile de comprendre pourquoi la démocratie libérale actuelle ne trouve plus guère de défenseurs acharnés, à part peut-être (et encore, ce n’est même pas certain) dans les rangs de l’oligarchie, vaguement inquiète d’un risque de « perte de contrôle » sur les peuples et de conséquences imprévisibles…

 

Et pourtant, il faut réagir et ne pas laisser la politique aux mains des politiciens ! La République a confisqué la parole civique en la redistribuant aux principaux partis électoraux mais il ne faut pas, pour autant, renoncer à faire de la politique : il faut « reconquérir les pouvoirs concrets » au sein de la Cité comme le prônait Charles Maurras lorsqu’il déclarait que « les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent ».

 

La République est responsable d’une dépolitisation qui, en définitive, l’arrange bien car cela lui permet de conserver sans trop de peine le monopole de la parole publique et du pouvoir. Le comprendre et le combattre, c’est faire œuvre utile, éminemment civique, et ne plus accepter de subir le déshonneur d’une République qui a oublié, à travers sa classe politique et son gouvernement, ses devoirs d’Etat, autant à l’égard du pays que de ses habitants.