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25/04/2022

Cette nouvelle guerre de cinq ans, commencée hier...

 

« La fin de toute campagne présidentielle signifie le début de la prochaine », ironisait un lecteur du Figaro en réaction à un article sur le second tour de l’élection du Chef de l’Etat. Et, ce lundi 25 avril, un article publié en page 2 du quotidien L’Opinion confirme cette maxime en titrant « Macron devra composer avec l’après-Macron » : « Aujourd’hui, au sein du camp présidentiel, ils sont deux à pouvoir nourrir des ambitions pour 2027 – Edouard Philippe et Bruno Le Maire – et (…) d’autres, comme Gérald Darmanin, pourraient s’ajouter à la liste en chemin. » Ainsi, le bal des ambitieux ne se finit jamais en République Cinquième du nom, et il n’est pas certain que cela soit une bonne nouvelle pour la nation ni pour sa tranquillité. Sans compter que, dans les oppositions, les couteaux s’aiguisent déjà au sein de la Gauche radicale (qui pour succéder à M. Mélenchon dans 5 ans ?) et au sein de la Droite nationaliste, et chacun semble concevoir désormais les élections législatives de juin prochain comme une étape importante dans la construction d’un « appareil » politique crédible pour décrocher le précieux sésame du pavillon de Madame de Pompadour.

 

Un ancien ministre giscardien des années 1970 avait, étrangement, défendu la transmission dynastique de la Monarchie royale en expliquant que, sous la Royauté, « la première place est prise », et que cela réfrénait les ambitions et les mégalomanies de candidats dits républicains qui oubliaient trop souvent le sens du « bien commun et du service de l’Etat » pour accéder au Graal élyséen. Après tout, la transmission héréditaire a toujours cours dans une dizaine de pays européens, dont six membres de l’Union européenne, et nos pièces d’euros nous le rappellent parfois, avec les profils du roi d’Espagne, du grand duc du Luxembourg ou du roi des Belges. Bien sûr, ces monarchies ne sont que des exemples, pas des modèles pour nous, en France. Mais elles ont l’immense mérite de « surplomber » la nation (tout en l’incarnant de façon « historique »), sans empêcher les débats politiques (« démocratiques », selon l’acception courante) de se tenir et d’avoir une influence sur le cours des choses, même s’il n’est pas interdit de regretter que, parfois, cela soit aussi au détriment des nations concernées. Notre souhait monarchique est sans doute plus « complet » et original, combinant l’autorité arbitrale (et non arbitraire) de la magistrature suprême de l’Etat avec l’exercice des libertés locales, professionnelles et individuelles dans un cadre « corporatif » (c’est-à-dire de corps intermédiaires représentatifs et d’une subsidiarité ordonnée et dynamique) : en libérant la tête de l’Etat des jeux électoraux, la Monarchie « à la française » lui redonne à la fois l’indépendance nécessaire face aux groupes de pression (que l’on peut qualifier de « féodalités contemporaines », qu’elles soient financières, économiques ou politiciennes, partisanes) et la continuité sans le fixisme, les jeux politiques étant garantis par l’autorité suprême sans qu’ils puissent s’imposer à celle-ci.

 

Ne nous leurrons pas : cela sera sans doute plus complexe dans la réalité concrète, au moins dans la phase d’enracinement des institutions monarchiques durant laquelle est possible un bras de fer entre la magistrature suprême de l’Etat et les partis (ou ce qui en tiendra lieu) inquiets de perdre leur pouvoir de « faire et défaire » au gré des élections : ce sera tout l’enjeu de la Monarchie « renaissante » de s’imposer sans faiblir, et elle devra alors se faire éminemment politique, jouant de toutes les forces politiques du pays, non pour asservir l’Etat (comme certains en rêveraient en rétablissant une Quatrième – numérotée Sixième – République) mais pour mieux le servir… Un royaliste qui croirait que l’arrivée du roi sur le trône va, d’un coup de sceptre magique, résoudre tous les problèmes et dissoudre toutes les ambitions, se fourvoierait dans une sorte d’utopisme sans doute rassurant mais, en définitive, néfaste pour la Monarchie royale elle-même…

 

Le général de Gaulle, président de la République qu’il avait fondée, plaisantait lors d’une conférence de presse sur le fait que, pour lui succéder à la tête de l’Etat, ce n’est pas le vide qui était à craindre mais bien plutôt le trop-plein : nous avions, à l’automne dernier, quarante (au moins) postulants au titre élyséen avant que la sélection des 500 signatures n’en autorise « que » douze à concourir, dont la moitié ne pouvait espérer qu’une candidature de témoignage, selon la formule consacrée. Mais, au soir du premier tour, nombre d’électeurs se sentaient orphelins, condamnés à un vote de « second choix » ou à un vote de rejet plutôt que de projet. Cette frustration profonde et cette sourde désespérance civique que montrent les taux d’abstention élevés et la vigueur, vaine mais néanmoins puissante, des votes protestataires, devraient alerter sur les impasses d’une République qui, en « monarchisant » (1) sa place suprême, se transforme, non en Monarchie pleine et entière, mais en monocratie « insistante » et trop impérieuse pour pouvoir permettre le plein exercice des libertés que, pourtant, nombre de Français réclament d’année en année, de Bonnets rouges en Gilets jaunes…  

 

S’il y a bien une raison forte et actuelle d’être royaliste aujourd’hui, c’est celle de vouloir redonner du souffle au « peuple » civique (et non politicien) et historique, à ce « pays réel » qui ne se reconnaît plus dans le « pays légal » de MM. Macron, Philippe et Woerth, entre autres… Être royaliste pour, en somme et légitimement, dénoncer et, si possible, éviter la prochaine « guerre de cinq ans » qui, déjà, a commencé hier soir

 

 

 

 

 

 

 

 

Notes : (1) : En employant, à dessein, le terme « monarchisant », je tiens à le distinguer du terme de « royalisant », comme je distingue la Monarchie (qui peut être royale - et c’est d’ailleurs cette acception qui domine en France -, comme elle peut être républicaine, voire impériale ou dictatoriale, devenant alors, selon le mot du constitutionnaliste Maurice Jallut, une monocratie) de la Royauté qui est « plus » que la Monarchie simple, et qui intègre une certaine sacralité (religieuse ou politique) dans son histoire comme dans son exercice. La Monarchie serait plus « le Pouvoir » lui-même, dans son acception gouvernementale et décisionnaire, voire arbitraire, quand la Royauté serait plus « l’Autorité » qui permet et limite tout à la fois le Pouvoir-Minotaure, en étant décisionnelle et arbitrale

 

 

 

 

 

03/04/2022

La Monarchie royale, au-delà des promesses et des déceptions électorales.

 

Sur une pancarte aperçue le 20 mars lors de la manifestation de l’Union Populaire de M. Mélenchon (1), un manifestant avait inscrit : « Jean-Luc, je crois en la VIe République : ne me déçois pas ! », véritable acte de foi (laïque, bien sûr) envers une République qui, pourtant, a déjà tant déçu à travers les quatre précédentes et la cinquième actuelle. Je ne me moquerai pas de cette injonction républicaniste et de son auteur, mais je ne la partage évidemment pas, et je crois, à mon tour, qu’elle reflète, au-delà d’un espoir qui me semble vain, une illusion politique qu’il importe de dissiper. Car la République que nous promet M. Mélenchon, celui-là même qui « est fait pour cette Ve République qu’il abhorre », comme le souligne Guillaume Tabard dans Le Figaro du mercredi 30 mars (2), n’est rien d’autre que le retour à une République parlementaire qui, dans l’histoire de notre pays, n’a jamais mené qu’à la défaite parfois doublée du déshonneur. Le parlementarisme, quand il devient la doctrine de la République, a tendance à désarmer l’État (parfois même au sens littéral du terme) face aux groupes de pression et aux puissances extérieures tout en imposant son idéologie jacobine aux communautés et aux citoyens de la nation, au détriment des libertés concrètes des uns et des autres : c’est bien la IIIe République qui, tout en affaiblissant l’armée par une absence de stratégie sur le long terme et une diplomatie parfois maladroite (et que moquait d’ailleurs Anatole France, pourtant officiellement républicain mais lucide, au moins, sur cette particularité de la République de n’avoir point de réelle et crédible politique étrangère), interdisait aux provinces d’exister et aux peuples de s’exprimer comme tels au sein d’une nation déclarée « une et indivisible », à rebours de l’histoire de France et de ses anciennes pratiques institutionnelles.

 

Revenir à une République dominée par le parlementarisme serait donc une véritable régression politique et redonnerait encore plus de poids à ces groupes de pression qui, justement, ne cessent de profiter de l’affaiblissement de la magistrature suprême de l’État et du sens du service de celui-ci et de la nation dont il préside aux destinées, pour s’affirmer davantage, comme le démontre à l’envi le cas du cabinet dit « de conseil » McKinsey, sorte d’éminence grise du président sortant sur nombre de questions plus techniques qu’éthiques. De plus, l’instabilité qui fut celle des Troisième et Quatrième Républiques est-elle vraiment une bonne chose au moment où le pays nécessite des politiques et des stratégies de long terme pour faire face aux enjeux contemporains ? Personnellement, j’en doute et il n’est pas bon de croire que « l’alternance permanente » (en fait, l’autre nom, plus « politiquement correct », de l’instabilité) est un mode de gouvernement souhaitable, comme certains semblent y songer, preuve d’une courte vue peut-être bien représentative (ou significative) de notre société de consommation et de l’immédiateté qui « consume » plutôt qu’elle ne fonde et n’enracine… La politique de l’État, sans être fixiste, doit disposer d’un temps suffisamment long pour porter ses effets, et les meilleurs possibles, même si cela dépend évidemment des projets politiques des gouvernants du moment : le véritable « garde-fou » peut, pour cela, être une magistrature suprême de l’État qui puisse jouer un rôle d’arbitrage et de rappel permanent de ce que doivent être les principes du bien commun et de la préservation des libertés du pays en ses composantes sociales, historiques et personnelles.

 

Celui qui portait le panneau appelant à la Sixième République serait-il vraiment déçu si, de République oligarchique et féodaliste, notre pays passait à la Nouvelle Monarchie royale, politique et éminemment sociale ? Le royaliste que je suis ne promets rien, mais il promeut un régime dans lequel ce n’est pas l’Argent qui « fait » le Pouvoir ou qui le tient ; un régime qui n’est pas incarné par « le meilleur des meilleurs » mais par un homme indépendant des luttes de faction et des sociétés de communication ou de conseil ; un régime qui préfère le bien commun pour durer plutôt que les intérêts privés pour gagner…

 

Dans une discussion amicale autour de quelques tasses de café et de verres de breuvages euphorisants, un vieux royaliste résumait aussi, avec des mots crus et des phrases directes, tout l’intérêt de la succession royale par rapport à l’élection présidentielle, celle-là même qui, demain, décevra plus des deux tiers des électeurs du 10 avril sans forcément contenter tous ceux du dernier tiers (et encore moins les absents du bureau de vote…) : « Une présidentielle, c’est millions et millions dépensés avec de beaux discours, de belles promesses et de grandes illusions à la clé, et, au final, un « mal-élu » qui ne plaît, un temps, qu’à ses courtisans. Une succession royale, c’est la mort du roi en exercice (« le roi est mort ! ») et c’est, tout de suite, le dauphin qui devient souverain (« vive le roi ! »). Durée de l’opération : le temps des constatations d’usage, en somme quelques minutes… Coût : zéro… La bonne affaire, non ? ».

 

Au-delà de la rudesse du propos, et malgré celle-ci, en somme tout (ou presque) est dit ! Et cela réduirait sans doute, sans les effacer complètement, une part des fractures françaises en « libérant » la magistrature suprême de l’État du poids des promesses et de celui des groupes de pression (ceux-là mêmes qui, aujourd’hui, provoquent l’ire de nombre de Français qui se demandent à qui ils confient vraiment leur destin, à un homme ou à une société de conseil étrangère et mondialisée), tout en revalorisant la parole politique elle-même et celle des citoyens, désormais délivrés eux aussi de la charge de désigner un titulaire qui, en définitive, « se légitime » de leur vote en sa faveur pour imposer des mesures décidées ailleurs à ceux-là mêmes qui l’ont désigné pour présider…

 

S’il ne me viendrait pas à l’idée d’affirmer que la Monarchie royale est « le régime parfait » (car, s’il faut y tendre, la perfection n’est pas de ce monde, et le roi est d’abord « l’homme humain », donc imparfait par nature, et celui qui reconnaît aussi l’imperfection d’autrui, reconnaissance nécessaire pour toute politique qui n’oublie pas les hommes mais travaille pour eux), je n’hésite pas à déclarer que, au regard de l’histoire de notre pays et de l’avenir à penser et à construire au-delà même de nos vies propres, la Monarchie royale est « le régime le moins mauvais et le plus humain », celui qui peut rendre à la France son rang et sa force sans écraser ceux qui y vivent et l’aiment.

 

 

 

 

 

Notes : (1) : Je n’y étais absolument pas, mais c’est une photo vue dans La Croix mardi 22 mars qui m’a donné le souhait d’écrire cette note…

 

(2) : « Lui (M. Mélenchon) qui prône une VIe République et fustige le caractère monarchique des institutions s’épanouit dans l’exercice le plus personnalisé, le plus incarné et le plus solitaire de la vie politique. »

 

 

 

04/03/2022

Penser au-delà de la réélection de M. Macron...

 

Décidément, cette campagne présidentielle n’a rien d’une campagne électorale et, à écouter les discussions dans les cafés et restaurants, le président « absolu » (selon l’expression entendue l’autre jour au comptoir d’un bistrot dinannais) n’aura pas besoin d’endosser vraiment le costume de candidat pour être reconduit sur le trône élyséen. Bien sûr, le sondage ou le bavardage ne fait pas le suffrage, et l’histoire des démocraties contemporaines nous enseigne la nécessaire prudence à cet égard. Mais, pour l’heure et sous réserve des heures suivantes, rien ne semble devoir gêner la réélection de M. Emmanuel Macron dont le quinquennat en cours de s’achever n’aura pas été avare de crises, de surprises et de rebondissements, dans une folle farandole de morgue des hautes classes à l’égard des classes populaires et laborieuses, de mépris des surdiplômés à l’égard des travailleurs manuels et des « fumeurs de clopes », et de colères jaunes sans débouchés politiques (malheureusement, pourrait-on rajouter…). Sans doute la présidence Macron a-t-elle été une sorte de temps de convergence des colères et des ressentiments trop longtemps contenus dans le cadre du « pays légal », syndical ou politique, qui, jusque-là, avait réussi à encadrer les protestations sociales et, en définitive, à les stériliser (du moins, la plupart du temps…). Il est peut-être injuste, au regard de l’histoire, que ce soit M. Macron qui ait subi tout ce que ses prédécesseurs auraient sans doute mérité de subir, justement. Mais c’est ainsi ! Durant plus de quarante ans, les avertissements n’ont pas manqué, entre la montée des votes dits protestataires ; celle, simultanée, de l’abstention toujours plus marquée ; la dégradation des relations sociales et ces poussées de fièvre de plus en plus violentes et, parfois, inattendues ; les nombreux suicides d’agriculteurs et de toutes ces victimes de la mondialisation… Combien de livres pour alerter ? Christophe Guilluy, Emanuel Todd, Marcel Gauchet, Florence Aubenas, etc. remplissent les bibliothèques de leurs études érudites, de leurs témoignages et de leurs avertissements sans que rien, ou presque, ne change de ce qui était présenté comme le cours irrésistible de la mondialisation, et la réponse des élites était toujours la même : « il faut s’adapter »… C’est même, à tout simplement lire les manuels de géographie de Première, le message officiel, accolé à l’évocation (laudative, le plus souvent) de la mondialisation et de la métropolisation !

 

Puisque la réélection de M. Macron semble faite, quelles que soient les qualités des candidats et des programmes opposés à la politique de M. Macron (mais le plus important ne serait-il pas de proposer une alternative plutôt qu’une simple alternance ?), le mieux ne serait-il pas, sans forcément occulter le calendrier électoral (les législatives suivant la présidentielle, quelques semaines après), de préparer « la suite » ? Tout d’abord, même en période électorale, il est bon de s’intéresser aux questions « intemporelles » (qu’elles portent sur le plan environnemental, social ou politique) qui, elles, ne suivent pas le même calendrier démocratique, et de ne pas négliger les débats et les combats en cours qui, eux, ne s’arrêtent pas au dimanche de l’élection. Ainsi, non loin du Cap Fréhel, la construction d’un champ d’une soixantaine d’éoliennes marines se poursuit, malgré les craintes et les oppositions des habitants du littoral, et rien ne semble devoir l’arrêter, à moins d’une catastrophe naturelle ou d’un drame humain (et je ne souhaite ni l’un ni l’autre) ou, ce qui me siérait beaucoup mieux, d’une mobilisation telle que celle, jadis, contre l’implantation d’une centrale nucléaire à Plogoff et d’un rapport de force qui deviendrait défavorable aux constructeurs ou au gouvernement qui les soutient par démagogie et intérêts plus que par raison et mesure. C’est maintenant qu’il faudrait monter cette « chouannerie-sur-mer », au moment où le locataire de Madame de Pompadour annonce, il y a quelques semaines, la possible construction d’une cinquantaine de champs d’éoliennes marines sur les côtes françaises ! Idem pour de nombreux chantiers qui aggravent l’artificialisation des terres sans respect pour l’environnement dont les paysages, en tant que tels, font partie.

 

La réélection de M. Macron entraînera, logiquement, la mise en place d’une réforme des retraites qui, il faut le dire, ne sera pas juste parce qu’elle se fera selon une logique « d’abord » comptable, quand il faudrait la penser selon une logique foncièrement équitable : le recul programmé de l’âge d’accès à la retraite, à 64 ans dans un premier temps (l’objectif étant, si l’on suit les recommandations de la Commission européenne, l’âge de 67 ans), risque d’ailleurs de heurter une population de travailleurs qui, aujourd’hui, ne se sent pas forcément bien au travail, ce qui est tout de même problématique. Quand le fait de travailler n’est plus qu’un ennui, le risque d’une moindre qualité de l’ouvrage existe (ainsi que le risque d’accidents, d’ailleurs), voire domine : oublier cette donnée simple est peut-être bien la cause de cette impression désagréable qui démotive ceux qui ne sont pas encore sur le marché de l’emploi et qui, parfois, se contentent de vivre de l’assistanat, autre nom de la « paresse subventionnée » et parasite de la véritable aide et assistance sociale, nécessaire à l’équilibre des sociétés constituées…

 

D’autres sujets de discorde et de colère pourraient bien s’inscrire au calendrier du prochain quinquennat : par exemple, les prix des énergies dont notre société, devenue « de consommation » (au risque de défaire la convivialité sociale nécessaire), est beaucoup trop dépendante, vont augmenter, sans doute durablement, et fragiliser les classes moyennes déjà renvoyées dans les périphéries des métropoles (le cœur de celles-ci leur étant devenu, du fait du prix du mètre carré, inaccessible ou, plutôt, inhabitable). Mais après le soulèvement des Gilets jaunes (soulèvement vain, en définitive, malgré les espérances qu’il a pu faire naître) qui a fait long feu, c’est désormais une forme de résignation qui paraît dominer malgré les quelques ronds-points encore (ou à nouveau) occupés. « Soumission » ou simple « Dormition » ? L’avenir nous le dira, sans doute assez rapidement.

 

Je crains que les prochaines années ne soient des années rudes, autant sur le plan économique que social : s’y attendre ne signifie pas s’y résigner, mais bien plutôt s’y préparer. Car, au-delà de l’attention aux colères et aux sentiments, il s’agit de proposer sans promettre ce qu’il serait impossible ou démagogique de tenir. Si la critique est toujours facile, l’art est, lui, beaucoup plus difficile et complexe : le simplisme ne fait pas une politique, il en est même la négation. Plutôt que de tout miser et s’épuiser sur une présidentielle (même si l’agitation des idées peut être utile et parfois bénéfique, au regard de l’opinion publique et de son information comme de son instruction, base de la réflexion et du débat argumenté), il me paraît plus approprié de travailler sur les pistes d’une politique de long terme et sur les institutions susceptibles de les valoriser et de les pratiquer… En ce sens, être royaliste n’est pas un handicap, mais la possibilité de penser nombre de sujets environnementaux, économiques et sociaux, en leur donnant un débouché éminemment politique : non une utopie, mais une espérance et un idéal symbolisés par une fleur, le lys…