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12/11/2013

Crise de l'autorité, faute présidentielle.

 

Les incidents du 11 novembre sur les Champs-Elysées ont montré la profonde crise d’autorité et, même, de légitimité d’une République hollandiste désormais incapable de faire un pas sans être critiquée, moquée, harcelée : sans doute, d’ailleurs, ne l’a-t-elle pas volé, pourrait-on dire ! Mais il faut aller plus loin que cette première réaction simple, néanmoins largement insuffisante pour saisir ce qui se passe sous nos yeux, et les risques d’une telle situation.

 

Le précédent président, M. Sarkozy, a souvent été accusé de diviser artificiellement le pays pour asseoir son pouvoir, et la critique pouvait être fondée. Mais l’actuel président, pourtant réputé pour son sens du compromis, semble avoir le même défaut, ce qu’a amplement démontré l’affaire du mariage homosexuel l’année dernière : c’est d’ailleurs là qu’est née une nouvelle opposition, à travers la Manif pour tous et, dans son sillage, le mouvement inédit des Veilleurs, mais aussi le Printemps français, plus « musclé » et très imaginatif lui aussi.

 

Depuis quelques semaines, de nombreuses catégories de Français sont à leur tour descendues dans la rue, souvent pour des raisons fiscales ou sociales, voire pour toutes à la fois : ainsi, en Bretagne, l’écotaxe a-t-elle mobilisé contre elle les agriculteurs et les transporteurs, mais aussi, et parfois pour des raisons plus historiques que politiques (« pas de péage en Bretagne depuis Anne de Bretagne ! »), de nombreux Bretons sans lien avec les professions directement concernées par cette taxe issue du Grenelle de l’environnement de 2007. Ce même 11 novembre, les cavaliers manifestaient aussi (à cheval pour certains d’entre eux) dans les rues de Paris pour dénoncer ce qu’ils nomment « l’équitaxe », soit le passage (imposé par la Commission européenne…) de la TVA sur les centres équestres de 7 à… 20 % dès le 1er janvier prochain : une mesure qui menacerait directement plusieurs centaines de centres et milliers d’emplois dans notre pays.

 

Cette multiplication quasi-simultanée des mécontentements en l’espace de quelques semaines et les images des manifestations de plus en plus musclées, en particulier dans la péninsule bretonne, semblent tétaniser les dirigeants actuels de l’Etat, qui hésitent entre l’emploi d’une force démesurée à l’égard des manifestants et la reculade, ou plutôt le zigzag permanent, face aux corporations et aux régions énervées : d’où cette impression délétère d’une fin de règne avant l’heure…

 

Le risque d’une telle situation est un véritable pourrissement de la société et des rapports en son sein, une sorte de décomposition accélérée du « pacte français » : or, l’histoire nous en rappelle avec une certaine cruauté les périls, si l’on veut bien se souvenir de la période des années 30 dans notre pays, avec les conséquences terribles d’une profonde division face au danger extérieur et la baisse du moral des Français face à l’adversité conquérante des totalitarismes… Le résultat le plus cruel fut la terrible défaite de Mai 40 dont nous n’avons pas totalement soldé les comptes (en particulier moraux…) aujourd’hui encore.

 

La République est d’autant plus dangereuse aujourd’hui que son Pouvoir est faible et, surtout, indécis : c’est toujours dans ces situations particulières qu’elle se radicalise et qu’elle se cherche « des guerres à gagner », qu’elles soient idéologiques ou militaires, au risque d’entraîner le pays dans une aventure coûteuse et nationalement périlleuse… et de le perdre, parfois ! L’histoire devrait pourtant inciter nos gouvernants à la prudence car il est des boîtes de Pandore qu’il vaut mieux ne pas ouvrir…

 

Je ne sais comment M. Hollande fera pour sortir de la nasse dans laquelle il s’est lui-même emprisonné, mais il est certain que sa présidence, à ce jour, a sérieusement dévalorisé, non seulement la République (ce dont je ne saurai me plaindre, bien sûr !), mais plus gravement l’Etat lui-même et son autorité, c’est-à-dire ce qui lui permet d’être écouté et obéi, d’être estimé et suivi…

 

Les sifflets de ce 11 novembre sont des révélateurs et des annonciateurs : révélateurs de la crise de confiance née d’une pratique inconséquente du Pouvoir par les gouvernants actuels, et annonciateurs d’une remise en cause plus générale de la légalité d’un tel Pouvoir, pourtant démocratiquement élu, au nom d’une légitimité encore confuse aux yeux de ceux qui, pourtant, la cherchent au travers de leur contestation.