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19/10/2007

Pays réel ?

Le nouveau traité européen va être ratifié en France par la voie parlementaire au mois de décembre, au grand dam des partisans du « Non » de 2005 qui se plaignent d’un procédé peu démocratique : il est vrai que « l’évitement du peuple » que semble être la procédure du Congrès versaillais peut apparaître un déni de démocratie mais c’est oublier que notre système repose d’abord sur le principe de la « démocratie représentative », beaucoup plus que sur celui de « démocratie directe », même si le référendum figure dans la Constitution française. Mais il est évident que le résultat négatif de mai 2005 l’a sans doute condamné aux yeux des européistes et des démocrates qui acceptent mal que le peuple se substitue à sa représentation légale… Cette méfiance du « pays légal » creuse un peu plus le fossé entre les citoyens et une construction européenne de moins en moins lisible et de plus en plus insidieuse, faute de foi et d’espérance.

 

Pour autant, le référendum est-il l’expression du « pays réel » tel que le conçoivent les souverainistes ou les nationalistes ? Ce n’est pas certain et il ne faudrait pas confondre « majorité référendaire » et ce fameux « pays réel » qui tient parfois plus du mythe et de l’illusion que de la réalité : n’oublions pas que la « majorité » est un concept qui n’est efficient que dans le cadre du « pays légal » et que si elle peut, à l’occasion, coïncider avec le « pays réel », elle n’en est pas forcément l’incarnation.

 

La grande question qui se pose à ceux qui mettent en avant le « pays réel » est celle de son incarnation politique et de ses « territoires » institutionnels : on en viendra sans doute à une formule d’assemblées provinciales élues mais aussi à des assemblées professionnelles et sociales, sans négliger des conseils municipaux aux responsabilités plus étendues. Les « nouvelles agoras » seront la tentative de rapprocher du plus qu’il est possible « pays légal » et « pays réel » mais il faudra à cette architecture institutionnelle un « magistrat suprême », incarnation politique et symbolique de l’Etat susceptible d’indiquer les grandes orientations du pays, en particulier sur le plan diplomatique et de grande politique nationale : en somme, « libertés à la base, autorité et arbitrage au sommet » ou, mieux encore, « les républiques françaises sous le patronage du Roi »… Cela n’empêchera pas de penser à l’Europe mais en limitera, par une subsidiarité active, les dérives réglementaires qui la transforment en carcan kafkaïen et, de plus en plus, en « prison des peuples ».