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30/10/2007

Tchad : la politique des otages.

La triste histoire de « l’arche de Zoé » n’est pas qu’une affaire humanitaire mais bien une affaire politique qui dépasse largement les amateurs de cette association de « bons sentiments ». Bien sûr, elle est emblématique des dérives de notre société persuadée que l’on peut s’émanciper des Etats et des règles de la diplomatie au nom d’un humanitarisme universaliste, celui-là même qui est vanté jour après jour à travers les médias dominants : que de simples quidams sans expérience et peu au fait des réalités politiques et géopolitiques aient cru à ce que la télévision leur racontait, voilà qui n’est pas très surprenant et qui montre toute l’hypocrisie d’un système médiatique occidental qui se donne bonne conscience à peu de frais avant de lyncher ceux qui furent assez crédules pour prendre le discours « humanitariste » au premier degré.

Personnellement, tout en étant fort critique à l’égard de cette association de « pieds nickelés », je me refuse à hurler avec les loups et je considère comme scandaleuse l’attitude des autorités françaises qui, au lieu d’affirmer une solidarité au moins diplomatique avec ses propres ressortissants (n’est-ce pas le devoir de chaque Etat, ce qui n’enlève rien à l’exercice de la justice ?), préfèrent leur cracher dessus sans même leur accorder le bénéfice du doute ou de la bonne foi ni respecter le principe de la présomption d’innocence. Bien sûr, cette attitude est sans doute dictée par des nécessités diplomatiques mais il me semble qu’il y a « l’art et la manière » à respecter, et présenter une telle attitude risque de décrédibiliser notre diplomatie et notre pays, en particulier au regard des autres Etats qui n’ont pas l’habitude de « laisser tomber » leurs concitoyens en pays étranger, quitte à régler ensuite les comptes après le retour au bercail… D’autre part, comment les citoyens français qui travaillent et vivent en « expatriés » dans de nombreux pays d’Afrique vont-ils réagir au spectacle d’un Etat désormais peu enclin à les défendre ou, même, à les protéger ?

Quant au président tchadien, dont les « qualités humanistes » sont bien connues, ses propos accusant les humanitaires d’être des pourvoyeurs de réseaux pédophiles ou de trafic d’organes humains montrent bien que la vieille politique des otages et de la « rançon » fonctionne encore… Au-delà des bénévoles de « l’arche de Zoé », c’est la France qui se retrouve piégée (et Cécilia n’est même plus là pour les faire libérer…) et qui semble ne plus avoir les moyens de peser sur l’Etat tchadien, courtisé par d’autres puissances beaucoup moins regardantes que la France sur les « principes »…

Quand la France va-t-elle prendre la mesure de la situation et, au lieu de se réfugier dans une Union Européenne sans ambition ni grandeur, « faire de la force » (je n’ai pas dit « faire usage de la force », que l’on soit bien clair et que l’on ne me prête pas des propos que je ne tiens pas !), c’est-à-dire prendre les moyens de sa politique, de celle que les Capétiens ont forgé au fil des siècles et que de Gaulle a, un temps, poursuivi, fidèle à sa ligne directrice : « La France n’est rien sans la grandeur », phrase qui résonne étrangement aujourd’hui et qui sonne comme un rappel à l’ordre à nos dirigeants actuels. Au fait, et l’Union Européenne, dans cette affaire ? Après tout, il y a aussi des ressortissants espagnols dans le groupe des prisonniers (des otages ?), et des journalistes (la liberté d’information n’est-elle pas un des principes majeurs de l’Union ?) : mais l’UE me semble fort silencieuse, ou gênée…

Certains, à me lire, croiront peut-être que je suis en colère : ils ne se trompent pas, c’est bien le cas. Car, si je peux accepter le cynisme en politique pour raison d’Etat (c’est ma tendance « Richelieu »…), je ne supporte pas l’hypocrisie et la lâcheté, surtout quand elles règnent à la tête de l’Etat pour cinq ans renouvelables… Décidément, je ne serai jamais républicain !

28/10/2007

Royalisme à Rennes.

Samedi 27 octobre se tenait une petite réunion à Rennes où j’ai présenté, rapidement (moins d’une demi-heure…), quelques arguments politiques pour la Monarchie tandis que mon ami Henry Le Bal, écrivain et dramaturge, rappelait l’historique de cette Fédération Royaliste de Bretagne (Kevredad roueelour breizh, en langue bretonne) fondée en 1987 sous la présidence d’un authentique résistant (au sein du réseau Hector, de l’Organisation Résistance Armée), camelot du roi et ancien maire royaliste de Poullan-sur-Mer, Luc Robet, aujourd’hui décédé. Henry a aussi complété mon exposé par une argumentation philosophique originale et en évoquant, au cœur de son discours, la place éminente du Prince Jean, duc de Vendôme, Dauphin de France. Ce faisant, il rappelait qu’un royalisme sans prince est une fidélité sans objet, vaine ou nostalgique. Mais cela n’a rien à voir avec une quelconque idolâtrie qui s’appliquerait à un « homme sans lendemain » tel que le sont les politiciens actuels, plus férus de communication que de service, ou, pire, les dictateurs, eux aussi attachés à un culte de la personnalité qui est, sinon la forme de leur légitimité illusoire première, au moins l’alibi de leur Pouvoir du jour…

A cette petite réunion, organisée par Tudry, participaient quelques amis de longue date comme Jean-Luc, ou Philippe Castelluccio, fidèle d’entre les fidèles d’Action Française et qui m’avait accompagné dans ce périple breton… En fait, elle me rappelait les premières réunions que nous tenions au début des années 80 dans des cafés enfumés et dans lesquelles nous refaisions le monde, pleins d’espoir et d’idées : peu à peu nous avions réussi à faire du royalisme une force politique locale qui n’a pas, malheureusement, trouvée une formulation (ou un enracinement) institutionnelle et a décliné à la fin des années 90 pour devenir une simple ombre dans le paysage rennais, subsistant par quelques autocollants apposés et quelques journaux diffusés chez les commerçants locaux. La réunion de ce samedi est sans doute un nouveau départ pour le royalisme local et je dois avouer que cela me réjouit, après les désillusions et les échecs cruels des dernières années.

Cela montre aussi que le royalisme, malgré sa lisibilité et sa visibilité encore réduites, n’est pas mort, 160 ans après le départ précipité du roi Louis-Philippe, et c’est sans doute la conjonction de la permanence de fidélités anciennes et d’une « épaisseur idéologique » qui est propre au royalisme français, plus précoce (du fait de l’histoire même de notre pays et du tremblement de terre politique de la Révolution française) que la plupart des autres monarchismes du monde, pas toujours recommandables d’ailleurs…

Je n’oublie pas la devise qui était devenue mienne dans les années 80 et que je dois à Bertrand Renouvin : « il ne s’agit pas de mourir royaliste, mais de vivre en Monarchie »… Je vois, peu à peu, peut-être encore trop peu à mon goût et au regard de l’enjeu, se lever de nouvelles espérances monarchistes. Bien sûr, le chemin est (très) long mais ce n’est pas une impasse si ce n’est pas une autoroute… Je reprends la route…

Le coût de la Monarchie.

L’un des arguments souvent opposés à la Monarchie est son coût qui serait forcément dispendieux… Dans un article publié par « Le Figaro » (vendredi 30 juin 2006), Stéphane Bern remet quelques pendules à l’heure : « La reine et sa nombreuse famille coûtent à chaque contribuable britannique 62 pence par an, soit 90 centimes d’euros, un montant en légère augmentation dû au renforcement des mesures de sécurité autour des Windsor.

 

(…) A y regarder de plus près, le coût de la monarchie a augmenté l’an passé de 4,7 % pour un montant global de 37,4 millions de livres sterling (54,2 millions d’euros), soit une répercussion d’un penny par an et par citoyen.

 

« Pour 62 pence, on peut s’acheter un billet pour voir une minute du match Angleterre-Portugal samedi en quarts de finale », a plaisanté Alan Reid. Il aurait pu donner d’autres exemples pour illustrer le coût de la famille royale à une époque où chaque institution doit justifier son existence par une rentabilité forcenée (…).

 

Combien de temps faudra-t-il encore que la reine d’Angleterre justifie le fait d’être une icône vivante pour un milliard de sujets à travers le Commonwealth ?

 

Après tout, elle rapporte dix fois ce qu’elle coûte à nos voisins dans la balance des paiements ! Quel touriste japonais irait faire le pied de grue devant Buckingham Palace sous une pluie cinglante si la reine ne justifiait pas une relève de la garde colorée ? sans compter l’abondance de palais royaux à visiter dont la couronne peine à financer l’entretien sur ces 62 pence par an.

 

« La famille royale est, dans ce pays, la seule chose qui vaut ce qu’elle nous coûte » avait dit un jour ministre travailliste. De fait, loin de toute polémique, la maison de Windsor est une valeur sûre, comparée à l’argent public gaspillé par certains membres du cabinet de Tony Blair. (…)

 

D’autant que, chaque année, toujours pimpante à 80 printemps, la reine effectue quatre cents engagements, reçoit des centaines de dignitaires internationaux, régale des dizaines de milliers de convives, représente la Couronne dans le monde entier et entretient une famille nombreuse qu’elle utilise comme des agents publicitaires et touristiques. (…)

 

A titre de comparaison, le coût de la présidence de la République française est de 82,5 millions d’euros, soit 1,30 euro par an et par habitant. »

 

Stéphane Bern pourrait y rajouter le coût d’une élection présidentielle, plus élevée à chaque fois, du fait des frais de « communication »…

 

D’autre part, il n’est pas certain que l’actuel locataire de l’Elysée soit aussi populaire, sur le long terme, que la famille royale anglaise dans son pays.

 

Certains rétorqueront que le poids d’un président français est plus important que celui de la reine d’Angleterre ; sans doute, et cela tient aussi à l’histoire constitutionnelle et politique propre à la France, en particulier dans le cadre de la Ve République fondée par un véritable homme d’Etat conscient de son rôle et de ses devoirs, même si la pratique de celui-ci peut susciter des critiques en certains domaines. Mais, et sans même évoquer ce que serait cette Monarchie active « à la française » que j’appelle de mes vœux et qui serait forcément différente de la Monarchie britannique, il n’est pas inutile de rappeler la fameuse phrase de Régis Debray, ancien conseiller de François Mitterrand : « Il manque à la République une famille royale »… Et il ajoutait que celle du Royaume-Uni jouait un rôle important dans la pérennité du Commonwealth en la comparant au rêve pas vraiment réalisé d’une Union francophone mondiale qui jouerait le même rôle d’influence…

 

Voici quelques petites remarques sur lesquelles il me faudra sans doute revenir. Mais, si l’on veut diminuer le train de vie de l’Etat, encore serait-il bon que sa magistrature suprême donne l’exemple : sans doute, par économie aussi, faudrait-il faire appel à ce qui n’est pas le Pouvoir d’un homme mais celui d’une famille. Le cas britannique peut y faire réfléchir…