08/07/2008
Croix de Lorraine subversive.
Des informations qui peuvent sembler anecdotiques au premier abord sont en fait très révélatrices et, parfois, inquiétantes : ainsi, cet incident rapporté par « Le Parisien » dans son édition du dimanche 6 juillet et titré « Garde à vue pour une croix de Lorraine » et qui s’est produit au premier jour de la présidence française de l’Union européenne : « Mardi soir, en haut des Champs-Elysées à Paris, un petit groupe de militants de l’Union gaulliste manifeste contre l’accrochage de ce qu’ils appellent le « chiffon européen » sous l’Arc de Triomphe aux côtés de l’étendard tricolore. Ils scandent « Europe trahison » et « la France est une nation » [slogans qui sont aussi, et pour cause, ceux de l’Action Française, qui en a même fait jadis des autocollants…] et arborent un drapeau tricolore de 3,50 m sur 1,50 m, frappé de la croix de Lorraine. Mal leur en prend : des policiers en civil les interpellent sans ménagement.
Quatre d’entre eux (…) sont emmenés au service de police judiciaire de la rue du Faubourg-Saint-Honoré. Pris de vomissements, René, 75 ans, doit être conduit à deux reprises à l’hôpital dans la nuit. Vingt-quatre heures après, ils sont relâchés. L’un d’eux porte encore les ecchymoses de l’interpellation. Ils sont poursuivis pour « injures » envers le président de la République et « trouble à l’ordre public ». »
Ainsi, dans notre belle République, il semble que le tricolore et la croix de Lorraine dérangent nos actuels dirigeants, pourtant issus d’un mouvement qui, jadis, se voulait « gaulliste » (un « jadis » qui est déjà bien loin…). Mais, surtout, ce qui est plus ennuyeux, c’est que le simple fait de lancer quelques slogans « nationalistes » (qualifiés ici de « gaullistes » et, en fait, que je préfère appeler « capétiens », si l’on veut bien admettre que « l’Europe » ici dénoncée est surtout l’Union européenne telle qu’elle s’est construite et se construit sous nos yeux) vaut d’être qualifiées d’ « injures envers le président de la République » et « troubles à l’ordre (ré)public(ain) ». En fait, on assiste à une « européisation » accélérée de notre pays, qui mêle la « pédagogie » et la répression, et qui ne s’encombre plus des formes « démocratiques » (selon l’idée commune, et pas forcément avérée d’ailleurs, que « démocratie égale liberté »…) usuelles, ni sur le plan électoral (refus présidentiel et des institutions européennes d’organiser des référendums ou de respecter le résultat de ceux-ci quand ils ne sont pas « europositifs »…) ni sur le plan des libertés d’expression ou de manifestation.
D’ailleurs, cela se fait dans une relative indifférence et, même dans le mépris de certains « contestataires » habituels, dont le silence assourdissant dans cette (petite) affaire tranche avec le battage médiatique qu’ils cherchent à provoquer (parfois avec un certain succès) lorsqu’un incident éclate dans une manifestation lycéenne, par exemple. Il est vrai que la « cause » défendue par les quatre interpellés apparaît comme « hors du temps » ou comme « nostalgique » : cette perception dans le pays « militant » d’une réaction nationaliste basique et parfois maladroite pose la question de la définition du nationalisme et de la pratique politique de ceux qui souhaitent défendre la France, autant comme « une certaine idée » que comme un ensemble de réalités historiques et politiques particulière et, même, unique. Si ce nationalisme doit se contenter d’une posture défensive et de repli sur soi, il se condamne à n’être qu’une nostalgie, parfois agressive et xénophobe. S’il sait se penser en rapport avec le monde et en son sein, avec la volonté de relever les défis actuels (mais aussi permanents) des situations géopolitiques, politiques et économiques, mais aussi sociales et environnementales, le nationalisme français a un avenir et pourra jouer un rôle compris de tous, en redonnant à notre pays sa juste et légitime place sur la scène internationale. Quand j’emploie le terme « nationalisme », je le pense dans le sens véritablement politique (et forcément capétien…), et non pas dans le sens politicien ou partisan que certains ont, pour son malheur parfois, représenté et revendiqué, à mon grand désappointement.
En tout cas, l’incident du mardi 1er juillet aux Champs-Elysées devra ouvrir les yeux des quelques gaullistes politiques qui, s’ils veulent sortir de la nostalgie des années 60 et donner au message gaullien une nouvelle perspective d’avenir, doivent désormais penser en véritables « politiques » les grandes questions (en fait indissociables l’une de l’autre) de la nation et de l’Etat.
11:46 | Lien permanent | Commentaires (6) | Tags : europe, nationalisme, croix de lorraine, gaullistes.
Commentaires
Vous avez raison de dire que c'est en véritables politiques que ceux qui veulent porter l'idéal gaulliste doivent penser les grandes questions.
Le scandale de cette arrestation montre bien dans quelle saleté de régime nous nous trouvons.
Mais les acteurs de l'Union Gaulliste ont choisi de soutenir Sarkozy... Cela leur servira-t-il de leçon... A quelques-uns peut-être... Mais aux royalistes obstinés, je ne crois pas que rien, jamais, puisse servir de leçon. Et ça, c'est un véritable drame et l'autre face de la médaille.
Écrit par : Mouvement Gaulliste | 08/07/2008
A lire en cliquant sur le lien, le message de soutien de l'Union du Peuple Français à son coprésident et à ses amis.
PS : L'Union Gaulliste a soutenu NDA en 2007 et non pas Nicolas Sarkozy ! Puis, comme NDA a justement rejoint le futur président, l'Union Gaulliste et d'autres mouvements se sont confédérés au sein de l'Union du Peuple Français !
Alors, Monsieur THOMAS, cessez donc votre désinformation, merci d'avance !
Écrit par : Christophe CHASTANET | 10/07/2008
Il n'y a qu'un Gaullisme authentique en France, celui véhiculé par le Mouvement Gaulliste, qui est un mouvement et non un parti politique. Si l'on excepte les entreprises liées à la mémoire, que sont la Fondation Charles de Gaulle, l'Institut Charles de Gaulle, et quelques autres.
L'ensemble très vide représenté par NDA et quelques personnes est une dynamique de soutien à la politique majoritaire menée depuis 2002 par les gouvernements Raffarin, Villepin, Fillon.
Monsieur Chastanet et son confrère, partisans des pantoufles, ont refusé les propositions de travail commun avec le Gaullisme représenté par le Mouvement Gaulliste. Leur action comprend deux axes :
- dénigrer, lorsqu'elles émergent, les initiatives authentiquement Gaullistes se proposant d'aller de l'avant comme celles du Mouvement Gaulliste qui dénonce ce qui doit l'être.
- servir de soutien à l'UMP, dont Nicolas Dupont-Aignan est l'un des fondateurs, et à la politique de Sarkozy pour lequel le premier a appelé à voter l'an dernier, jetant le trouble parmi ses supporters au point que pendant deux mois le blog très alimenté du député de l'Essonne est resté entièrement vide. Le principe consiste à rassurer les électeurs qui se sentent Gaullistes, en leur faisant croire qu'il existe une dynamique qui prendra en charge leur désir de réformer la société française. A chaque rendez-vous électoral mais pas seulement : sur les dossiers lourds aussi, la même chose se produit : appel à voter pour le candidat majoritaire de Droite menant la politique inverse de celle souhaitée et mise en avant comme un leurre, ou alignement sur les grandes options définies par les états-majors des grands partis. Ils ont une astuce, celle de dire qu'il y a au sein des DLR (le parti de Dupont-Aignan) des adhérents qui ne sont pas membres de l'UMP, de sorte qu'on ne sait plus qui soutient qui.
Il existe un autre mécanisme de même type, à Droite : outre la micro-nébuleuse gaulliste constituée pour la plupart de nostalgiques de la grande époque Chirac, aigris, vides de propositions et partisans de la sieste. Bien plus puissant, connu et représenté, c'est le MPF de Ph. de Villiers. Le principe est le même : on enrôle des patriotes, on leur fait dresser des banderoles, applaudir quelques meetings, coller des affiches, ainsi pendant ce temps ils se tiennent tranquilles. Lorsque le moment est venu d'exister politiquement, on se précipite pour soutenir les orientations inverses, antipatriotiques, des grands partis majoritaires.
les faux gaullistes agissent de la même manière : ils servent à annihiler les énergies défavorables au courant majoritaire et à étouffer leur parole et leur possibilité d'influence.
Mais Monsieur Chastanet ci-dessus peut peut-être expliquer pourquoi le député de l'Essonne est régulièrement réélu ?..
Écrit par : le Mouvement Gaulliste | 10/07/2008
Pour répondre plus directement au message ci-dessus, à propos du changement de cap apparent de certains.
Lorsqu'on on a soutenu pendant trente ans tout ce qui détruisait le pays, qu'on a soutenu aussi longtemps que possible ceux qui, comme NDA permettaient cette politique, on n'est pas crédible, de même lorsqu'on refuse de travailler avec ceux qui représentent une chance pour le Gaullisme. Les réponses faites à ce sujet méritent d'ailleurs de figurer dans un dictionnaire des bêtises politiques, et cela sera peut-être le cas un jour.
Quel est le bilan du parti de rassemblement aux dernières municipales et cantonales ? S'agit-il de râler dans un coin et d'entretenir la nostalgie de la présidence gaullienne ?
Le Gaullisme que je représente ne se reconnaît pas là-dedans, pas plus que dans toutes les ornières où il a traîné : souverainisme, républicanisme forcené, et pour certains groupes, laïcité militante anti-religieuse.
Chacun chez soi, la suite jugera, et que l'on cesse de m'interpeller !
Écrit par : Précision | 10/07/2008
Le Mouvement gaulliste ? Il existe depuis quand votre mouvement je ne l'ai pas trouvé sur le journal officiel.
Est ce un mouvement non déclaré composé d'une personne ?
Écrit par : Olivier | 10/07/2008
Réponse à Olivier :
Merci de montrer à tous que vous avez une conception significative de ce qui a le droit d'exister et de ne pas exister, bref, que vous vous faites l'écho des conceptions rigides.
Le Gaullisme a le droit d'exister, où il veut, comme il veut, sous la forme qui lui convient.
Le Mouvement Gaulliste consiste dans la manifestation d'existence de la nécessité de l'idéal Gaulliste anéanti, sali, dévié par la Droite en général et les partis qui se sont réclamés du Gaullisme après la mort du Général.
C'est aussi simple que cela, et je n'ai nul besoin d'un visa pour faire ce que je veux.
Un examen attentif du contenu du blog du Mouvement Gaulliste permettrait à quiconque de saisir le contenu et la sensibilité exactes qui s'y expriment. Je précise enfin que toute initiative se frayant un chemin au travers du journal officiel par exemple, m'apparaît avant tout suspect.
Le blog existe depuis 2006, le Mouvement Gaulliste lui est quelque peu antérieur.
Écrit par : Le Mouvement Gaulliste | 10/07/2008
Les commentaires sont fermés.