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10/07/2008

Cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques à Pékin.

M. Sarkozy ira à Pékin pour la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques : ce n’est une surprise que pour ceux qui oublient que la politique n’est pas la morale et qui se laissent emporter par les « vagues médiatiques » comme celle, pro-tibétaine, qui a déferlé sur la France au printemps dernier, hors de toute mesure et de toute politique concrète. J’avais expliqué à mes élèves pourquoi M. Sarkozy ne pouvait, logiquement, être absent de Pékin : en août, il n’est pas « que » le président de la République française mais aussi le président (pour six mois) de l’Union européenne, ce qui réduit considérablement (voire entièrement) sa liberté de mouvement en ce domaine. D’ailleurs, tous les Etats de l’UE, au nombre de 27, ont insisté pour que M. Sarkozy représente l’Union à cette cérémonie, tout en s’abstenant, pour certains d’entre eux, d’être physiquement présents ce même jour en Chine… On mesure là combien cette présidence de l’UE peut être un véritable piège pour une diplomatie indépendante française, et sans doute faudrait-il élargir la remarque à l’UE elle-même qui, par son principe, uniformise les diplomaties des Etats européens : il n’est pas certain que cela soit toujours un bien !

D’ailleurs, la Chine est consciente qu’elle a « déjà gagné », selon les termes de Luc Richard qui a publié un livre très intéressant sur ce sujet il y a quelques mois, et la France n’a guère de marges de manœuvre par rapport à elle : à force de faire primer l’économique sur le politique, de vouloir consommer toujours plus et à moindre frais, les pays européens se sont liés les mains et la mondialisation, dont les avantages se sont aussi traduits par de lourds inconvénients qui en réduisent les bénéfices pour les peuples mais pas pour les actionnaires, ne rime pas toujours avec « libération », c’est le moins que l’on puisse dire. En fait, il aurait fallu agir lorsque la Chine aspirait à entrer dans le système économique international, après la mort de Mao (1976): ce dernier événement ouvrait des potentialités que les pays occidentaux, tout à leur recherche d’alliés face à l’adversaire soviétique et à la consolidation du modèle consumériste, n’ont pas su saisir ou susciter en Chine même. Il est bien tard aujourd’hui pour s’en apercevoir.

D’ailleurs, ceux qui, actuellement, sont si bruyants contre la Chine, et je pense en particulier au quotidien « Libération », soutenaient la Chine quand Mao appliquait une politique totalitaire qui provoquait la mort de millions de personnes dans l’indifférence générale, voire pire : c’est pourtant dans les années 70 qu’il aurait fallu agir, et prévenir, au moment où la Chine n’était qu’un « tigre de papier », ce qu’elle n’est plus aujourd’hui.

Pauvres Tibétains, oubliés hier et médiatisés (vainement) aujourd’hui : ils connaissent le sort des peuples vaincus dans un monde qui prône l’uniformisation pour « mieux consommer », et la politique qui leur est appliquée n’est autre que celle que nos jacobins de la Révolution française ont appliqués aux Bretons, aux Corses ou aux Basques, et celle que l’on voit poindre, depuis Bruxelles et au nom de l’économie, en faveur d’une « langue unique des affaires » (avant d’être celle de l’Union européenne, au nom de « l’efficacité » et de « l’unité européenne » ?)… Les jeux Olympiques à Pékin auront bien lieu avec la bénédiction (mesurée, malgré tout, pour certains) des Etats mais, surtout, avec le soutien de sponsors qui sont bien plus coupables que des politiques à qui l’on ne cesse de « rogner les ailes » (au nom de la « liberté du travail et des échanges », de cette « liberté économique » qui, pourtant, n’est qu’une forme dégradée de la liberté humaine), et avec la participation de sportifs qui, de toute façon, ne peuvent s’extraire sans disparaître de ce système du « sport spectacle » qui est la forme contemporaine des « jeux du cirque » jadis pratiqués à Rome…

Mais, si M. Sarkozy est présent à la cérémonie d’ouverture des Jeux (comme ses homologues états-unien et japonais, par exemple), cela ne doit pas empêcher de voir la réalité et de préparer les moyens pour pouvoir peser, demain puisqu’il n’est apparemment pas possible de le faire aujourd’hui, sur le cours des événements et sur les relations avec la Chine, et cela en se rappelant que c’est en renforçant le politique et les moyens de celui-ci, par le biais de l’Etat et de sa capacité d’action, d’intervention et d’influence, en dépassant le fatalisme que les économistes instillent savamment dans les esprits des dirigeants de notre pays et en faisant acte de volonté politique, sur le long terme et avec ferme décision. Cela nécessite aussi de retrouver une certaine autonomie du politique à l’égard des groupes de pression économiques, et de se rappeler que, là encore, il est nécessaire que l’Etat s’impose, « malgré » les intérêts économiques…

Dernière chose : les pressions chinoises sur le gouvernement français pour qu’il ne rencontre pas le dalaï-lama doivent être sévèrement condamnées : la France est libre d’inviter et de recevoir sur son sol qui elle veut, et quand elle veut ; c’est son droit d’Etat, sa souveraineté et elle doit rappeler à l’ambassadeur chinois en France qu’elle reste maître chez elle, que cela plaise ou non au gouvernement de Pékin. D’autre part, cette position ne remet pas en cause ce que j’ai écrit précédemment, mais, au contraire, la complète…

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