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07/09/2009

La France et le Brésil, une entente nécessaire.

Le président Sarkozy est à Brasilia en ce jour de fête nationale du Brésil et en cette « année de la France au Brésil », passée malheureusement plus inaperçue en France qu’en Amérique du Sud. Ainsi, le défilé militaire de Brasilia sera ouvert par le bagad de Lann-Bihoué et ses cornemuses, survolé par les fumées tricolores des avions de la patrouille de France et clôturé par des légionnaires du 3ème Régiment étranger d’infanterie basé à Kourou, dans la Guyane voisine. Bel hommage, inédit d’ailleurs, de la nouvelle puissance économique mais aussi politique brésilienne à la France : car le Brésil a eu une tradition intellectuelle francophone importante et ce n’est pas vraiment un hasard si Georges Bernanos s’y est exilé pour fuir une France de la IIIe République et une Europe incapables d’affronter leurs démons intérieurs et d’échapper au « règne de Sauron » (pour reprendre une image tolkienienne), et s’il y a, là-bas, non seulement des écoles qui portent son nom mais aussi des écrivains (y compris français) qui se réclament de son héritage.

 

Le Brésil est une puissance qui compte désormais de plus en plus, au-delà même du continent américain, et dont l’appartenance à ce que l’on appelle les « puissances émergentes » et le « Bric » (Brésil-Russie-Inde-Chine) ne doit pas être négligée : dans la redistribution des cartes géopolitique, la France, si elle veut vivre et peser, si elle veut être écoutée et respectée, doit marquer sa présence par le renforcement des liens avec les pays qui lui sont proches culturellement ou avec lesquels elle a des relations qui ne sont pas qu’économiques. Ce que j’ai souligné pour l’Inde, invitée du défilé du 14 juillet 2009 à Paris, est tout à fait valable pour le Brésil : ce n’est pas la confusion de la France avec la seule Union européenne, ensemble économique à défaut d’être puissance politique souveraine, qui peut servir le monde, l’Europe et la France !

 

La diplomatie de la France doit être à la fois indépendante, fidèle à ses alliances tant qu’elles sont avérées (mais sans oublier la fameuse formule du général de Gaulle : « les alliances sont saisonnières »…) et capable d’assumer une grande diversité dans ses relations privilégiées, c’est-à-dire de prôner, au niveau mondial, « la multipolarité » : en somme, pratiquer la politique traditionnelle de la France au niveau international, baptisée parfois du qualificatif de « gaullienne » mais plus anciennement de « capétienne ».

 

Le Brésil, parfois fort critiquable dans sa gestion de la forêt amazonienne, peut néanmoins constituer le pôle dynamique d’une présence diplomatique et politique française en Amérique du Sud, accordée à la stratégie même du président Lula da Silva : lorsque celui-ci affirme que « Le Brésil doit jouer un rôle de pacificateur, de conciliateur », il dit aussi ce que doit être le rôle de la France, puissance moyenne mais ancienne et, par là-même, susceptible d’être « puissance médiatrice » entre les uns et les autres, puissances diverses et Etats de toutes les tailles et de tous les poids.

 

La France a un avenir qui ne se limite pas aux frontières (mal définies d’ailleurs !) de « l’Europe » : c’est Bernanos, ce royaliste intransigeant et amoureux passionné de sa terre natale française comme de sa terre d’exil brésilienne, qui le rappelait : « le monde a besoin de la France ». A l’heure où les Empires se toisent, les médiations se feront de moins en moins par les institutions internationales (malgré leurs réunions incessantes et leurs noms variés : OMC, FMI, G20, etc.) et de plus en plus par les Etats constitués et assurés d’eux-mêmes : la gouvernance impériale mondiale se comprend dans une logique de domination des Forts sur les Faibles quand les relations intergouvernementales sont, au contraire, le gage d’un véritable dialogue et d’un équilibre possible des Etats et des nations, des peuples politiques, dans le respect de leurs richesses et de leurs qualités, de leurs traditions et de leurs libertés…

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