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25/05/2010

Si la France osait...

La semaine dernière, un événement géopolitique apparemment lointain (l’affaire du nucléaire iranien) a démontré, si besoin en était, que le monde a bien changé depuis quelques temps, et que de nouveaux acteurs sont en train de bouleverser l’ordre international au détriment des anciennes puissances, y compris des Etats-Unis, aujourd’hui de plus en plus dépassés par les mutations rapides de la planète diplomatique.

 

Ainsi, c’est Bernard Guetta qui, dès mardi dernier sur France-Inter, relevait le fait, suivi le samedi suivant par François Bonnet dans « Marianne » : « Le 17 mai, Brésil et Turquie ont bousculé toutes les négociations en annonçant un accord avec l’Iran » ; « Mais, au-delà du dossier iranien, ces deux pays revendiquent un rôle de premier plan dans l’organisation du monde. Le Brésil de Lula comme la Turquie d’Erdogan connaissent une insolente croissance économique. Le premier est le fer de lance d’une Amérique latine sortie des dictatures militaires et des dépressions économiques des années 90. Le second s’est émancipé de la tutelle américaine pour devenir la puissance montante en Méditerranée », puissance qui se marque désormais par la multiplication d’ouvertures d’ambassades nouvelles et de personnels diplomatiques disponibles et actifs.

 

La France n’a pas forcément à s’inquiéter de cette montée en puissance de nouveaux pays, mais à en faire « le juste constat que le centre de gravité du monde a définitivement basculé » et à adapter sa stratégie diplomatique à cette nouvelle donne, non en renonçant à exister ou à peser sur les événements du monde, mais en se souvenant qu’elle a une histoire et une « identité » d’indépendance et de médiation plus encore que de confrontation. Pour cela, il lui faut éviter de se lier les mains dans des « blocs » incertains ou déjà obsolètes et inadéquats à la situation nouvelle : la France doit jouer son jeu qui n’est pas forcément celui des puissances anglo-saxonnes, les Etats-Unis venant d’ailleurs de rappeler combien ils se méfiaient encore de notre pays par le limogeage (en fait une « démission » forcée) du directeur national du renseignement états-unien qui avait décidé de « ne plus espionner la France »… Méfiez-vous de vos amis, dit le dicton…

 

Si la France osait… Elle pourrait par exemple travailler à la réalisation d’un axe Paris-Berlin-Moscou (ébauché à l’occasion de l’affaire irakienne en 2003) qui pourrait donner à l’Union européenne la puissance qu’elle n’a pas et risque de ne pas avoir si elle continue à bouder la Russie en raison, non de l’avenir ni même du présent, mais du passé ! Comme si Staline était encore au Kremlin !

 

Si la France osait… Elle relancerait véritablement l’Union pour la Méditerranée, aujourd’hui au point mort (alors que l’idée de base est plutôt intéressante et permettrait un axe stratégique Paris-Rome-Istanbul qui renouerait à la fois avec la stratégie romaine de « Mare nostrum » et avec celle de Constantinople, puis de l’empire ottoman, hier antagonistes, aujourd’hui « synthétisées ».

 

Si la France osait… Il suffit de lire les réflexions actuelles de l’ancien ministre Hubert Védrine pour constater que la France a encore un bel avenir géopolitique et diplomatique devant elle et, surtout, comme le rappelait Georges Bernanos en son temps que « le monde a besoin de la France » ! Il est des rendez-vous à ne pas manquer ! Et la relecture du fameux chapitre de « Kiel et Tanger », le maître-livre de Maurras sur la question de la politique étrangère de la France (livre que le général de Gaulle avait sur sa table de nuit la veille de son fameux séjour à Montréal et de son cri « Vive le Québec libre ! »), ce chapitre intitulé « Que la France pourrait manœuvrer et grandir » (chapitre cité par Georges Pompidou lors de son discours aux étudiants de Sciences-Po, en 1972), pourrait donner quelques idées à nos actuels gouvernants…

 

Mais, c’est Anatole France, ce républicain paradoxal, qui déclarait, rageur, que la République n’avait pas et n’avait jamais eu de politique étrangère digne de ce nom ! En fait, sans doute voulait-il dire que, même si il lui arrivait de prendre parfois des initiatives intéressantes, le système républicain lui-même manquait de ce qui fait la force d’une politique étrangère crédible, c’est-à-dire la liberté et la continuité, qualités qui ne se trouvent réunies, par le principe même de la transmission héréditaire de la magistrature suprême, que dans la Monarchie… De Gaulle le reconnaissait lui-même qui s’inquiétait de ce que ses successeurs risquaient de ne pas avoir la même légitimité que lui pour continuer ce qu’il avait entrepris dans une logique toute capétienne…

Commentaires

Question à se poser sur l'axe Paris-Berlin-Moscou: la Russie a-t-elle vraiment besoin de nous?

Écrit par : Oliver | 25/05/2010

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