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30/04/2013

Les Pays-Bas changent paisiblement de souverain.

 

Ce mardi 30 avril, les Pays-Bas changent de Chef d’Etat sans drame ni querelle, sans grandiloquence des discours et sans programme de promesses démagogiques : la reine Beatrix, 75 ans, abdique en effet 33 ans exactement après sa mère la reine Juliana, et cède la place à son fils aîné, le prince Willlem-Alexander d’Orange. Un nouveau souverain qui rajeunit l’institution comme cela se fait, en général, à chaque transmission du pouvoir monarchique d’un père-roi ou d’une mère-reine à leur enfant : miracle toujours renouvelé de la monarchie qui suit la logique naturelle de la vie et de la suite des générations, et qui motive aussi la reine elle-même lorsqu’elle explique qu’elle quitte sa fonction, non pas parce qu’elle serait trop lourde à assumer, mais parce que son fils incarne une nouvelle génération, celle-là même qui est aujourd’hui à la manœuvre dans ces temps compliqués.

 

Aux Pays-Bas, l’abdication d’un souverain n’est pas extraordinaire, elle répond justement à cette particularité de la monarchie de s’adapter souplement aux volontés populaires sans rien céder sur le principe même de la transmission dynastique au sein de la même famille ni sur celui de la liberté du monarque « de durer » autant qu’il s’en sent la force et en ressent la nécessité. Après tout, pourquoi pas ? Cette retraite des souverains, de plus en plus fréquente, correspond aussi à une conception du temps politique qui prend en compte les rigueurs de l’âge et laisse la liberté au roi ou à la reine, liberté toute monarchique et quasi absolue, de gérer son calendrier en dehors de toute contingence électorale, montrant ainsi à nouveau que la magistrature suprême de l’Etat reste indépendante du temps démocratique sans forcément, d’ailleurs, remettre en cause les grands principes de la représentation ou de l’exercice démocratique pour les citoyens.

 

Bien sûr, la monarchie des Pays-Bas n’est qu’une monarchie parlementaire et peut sembler bien fade aux royalistes français partisans d’un Etat politique fort et engagé face aux féodalités financières et économiques, celles qui prônent la gouvernance pour mieux désarmer les gouvernements. Mais elle démontre néanmoins que la magistrature de l’Etat, lorsqu’elle échappe aux jeux électoraux et aux prétentions politiciennes, peut jouer son rôle de « trait d’union » entre tous les citoyens et toutes les communautés d’une nation, ce qui n’est pas négligeable, en ces temps d’inquiétudes et de replis communautaires. « La Croix » évoquait dans son édition de samedi dernier « une monarchie fédératrice très appréciée » et rappelait qu’elle « incarne le pays, qu’elle représente avec une forte dose de modernisme ».

 

Certes, les Pays-Bas ne sont pas la France et les traditions y sont différentes mais sans doute l’exemple néerlandais peut-il inciter nos propres concitoyens à réfléchir aux conditions institutionnelles de l’unité du pays au moment même où, chez nous, la magistrature suprême de l’Etat apparaît plus diviseuse que fédératrice et reconnue comme telle… Lorsque le nouveau roi Willem-Alexander déclare : « Je veux aussi être un roi du XXIème siècle qui peut rassembler, représenter et encourager la société », et qu’il insiste sur son « rôle de garant d’un processus législatif démocratique et conforme à la Constitution », il nous rappelle aussi, a contrario, que le président élu en France, lui, n’a pu que diviser profondément un pays par son absence d’indépendance à l’égard des groupes de pression, financiers ou autres, et par sa coupure avérée d’avec un pays réel trop souvent méconnu et mésestimé en République…

 

26/04/2013

Quand M. Hollande trahit Florange...

 

« Les promesses n’engagent que ceux qui y croient », disait un politicien des temps de la République triomphante… Rouerie ou mépris à l’égard des citoyens, ou peut-être du système démocratique lui-même, cette formule apparaît d’autant plus cruelle aux ouvriers de ce pays qui se sentent abandonnés par ceux-là mêmes qui leur avaient promis, non seulement du réconfort en ce temps de crise industrielle, mais un véritable soutien face aux requins de la Finance et des transnationales comme Mittal, déjà bien connue pour ses talents de dépeceur d’entreprises depuis la fermeture de l’usine de Gandrange. D’autant plus qu’il semble bien que Lakshmi Mittal n’a en fait racheté les hauts-fourneaux français que pour en récupérer le savoir-faire et, au passage, quelques subventions des pouvoirs publics français

 

Mais M. Hollande n’est allé à Florange en février 2012 que pour glaner quelques voix et couper l’herbe sous le pied de ses concurrents sur le plan social : en fait, tout cela n’était que sinistre comédie ! Les masques sont tombés lorsque, à l’automne, M. Ayrault, premier ministre à titre temporaire, a refusé la proposition portée par M. Montebourg, d’une nationalisation provisoire : c’était, en fait et par ce refus, signer ainsi la mort du site, ce qui n’a pas manqué, comme on peut le constater aujourd’hui…

 

La grande faute de M. Hollande, que signale Hervé Gattegno au micro de RMC ce jeudi 25 avril, c’est de n’avoir pas réussi à imposer la puissance publique face aux exigences et au chantage de M. Mittal, et de ne pas tenir une promesse qui, parce qu’elle était réaliste et donc réalisable avec un peu de volonté politique, pouvait au moins être tenue : « une loi pour obliger les industriels à céder les sites rentables – c’était le problème à Florange : Mittal ne voulait pas céder les hauts-fourneaux à un concurrent. Cette loi, on l’attend encore. La mesure était censée figurer dans la transcription législative de l’accord sur la sécurisation de l’emploi, mais le Medef s’y est opposé. »

 

Ainsi, tous les discours de M. Hollande sur « la Finance, mon adversaire » n’étaient que de l’esbroufe pour cacher, en fait, l’absence d’un plan pour gouverner en temps de grand vent ! Une fois la magistrature suprême conquise, M. Hollande s’est retrouvé fort dépourvu face à une crise, ou plutôt une mondialisation malheureuse dont il semblait ne pas soupçonner jusqu’alors les effets dévastateurs et la logique destructrice d’emplois en France.  

 

Alors, quand les ouvriers de Florange dénoncent la trahison de M. Hollande, on ne peut que leur donner raison, tout en réfléchissant, au-delà de la personne du président, à ce système institutionnel qui permet de telles attitudes de la part des hommes qui prétendent à la plus haute charge de l’Etat et y accèdent.

 

 

 

 

23/04/2013

"Il y a des Français gentils"...

 

« Ce train s’arrête bien à Ville d’Avray, monsieur ? ». Je lève les yeux et réponds dans un sourire à cette femme inquiète : « Oui, c’est bien celui-là ! Montez tranquille ». Rassurée, elle s’assoit et regarde par la fenêtre lorsque le train démarre, bientôt perdue dans la contemplation des paysages qui filent, puis nous échangeons quelques mots anodins sur un ton badin. Bientôt Sèvres-Ville d’Avray : elle se lève, et me remercie à nouveau d’un « Que Dieu vous bénisse » auquel je réponds d’un grand sourire, à nouveau. Elle se penche vers moi et me dis sur le ton de la confidence : « Il y a des Français gentils »… Je sursaute, un peu surpris, et enchaîne : « Oui, bien sûr, c’est un devoir pour nous, Français, d’être polis et serviables ! ». « Pour les touristes ? ». « Non, pas seulement. Pour tous, car la France est un grand pays et c’est aussi un certain état d’esprit, une civilisation… ». Cette femme, d’origine noire africaine, me prend alors la main et je sens passer en elle une forte émotion, qu’elle me communique par son geste simple. Déjà elle est partie et les portes se referment, le train redémarre, direction Versailles. Mais son sourire reste imprimé sur ma rétine…

 

Cette courte scène, vécue ce lundi soir d’une fin d’avril si agitée par la faute d’une République méprisante, prouve à l’envi que c’est par la courtoisie et le respect, le service des autres, le souci de bien faire, de « faire pour le mieux » (ces derniers conseils donnés par mon père sur son lit de mort, un matin de juillet 2002), que nous pouvons servir aussi le mieux notre pays près des nouveaux venus et le faire aimer par celles et ceux qui, trop souvent, ne le connaissent que par la sécheresse des règlements et les rigueurs maladroites et parfois absurdes de l’Administration.

 

Alors que M. Peillon nous annonce une morale laïque qui ressemble plus à un étalage de lieux communs du « politiquement correct » qu’à un civisme français qui en appellerait aux valeurs éternelles de la Cité, valeurs plus proches d’Antigone que de Créon (celui que Maurras dénonce comme « anarchiste » face à la « Vierge-mère de l’Ordre »), il n’est pas inutile de rappeler que c’est en étant fidèle à ce qui a fait sa grandeur et son rayonnement dans le monde, à cette civilisation portée par un d’Artagnan ou un Cyrano de Bergerac, par un Marcel Proust ou un Daniel Halévy, par un Valois ou un Bourbon, que la France traversera les tourments d’une mondialisation oublieuse du sens de la mesure et des valeurs sans prix

 

La France n’est pas une société anonyme, mais bien plutôt une nation, une histoire, un art de vivre…