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03/02/2009

Lire Albert de Mun.

Je suis très en retard dans mon travail de rédaction et je n’ai pas encore répondu aux objections de Romain, ce que je vais essayer de faire d’ici la fin de la semaine : cela sera d’ailleurs une occasion de préciser ce que j’entends par « monarchie active » et ce que je propose pour la représentation politique et l’organisation des pouvoirs en France.

En fait, je me suis consacré ces jours derniers, au-delà des multiples corrections de copies (ça ne finira donc jamais ?), à la lecture des discours politiques et parlementaires d’Albert de Mun, député catholique et légitimiste (rallié tardivement et à contrecœur à la IIIe République, après 1890), discours passionnants d’un homme avant tout attaché à améliorer la condition sociale des plus faibles et en particulier des ouvriers au temps des révolutions industrielles du XIXe siècle, révolutions dominées par les idées individualistes et capitalistes, si peu chrétiennes… J’ai dévoré le premier tome de ses discours (sur les six que je possède) en quelques soirées et avec une sorte de fièvre qui me brûlait encore bien des heures après avoir refermé le livre : je découvrais des textes qui, au-delà de l’éloignement des temps anciens qui ont entendu ces paroles fortes d’un homme de bonne volonté (des années 187O jusqu’à celle de sa mort, en 1914), apparaissent d’une actualité assez surprenante, ce qui n’est pas forcément rassurant, d’ailleurs, car cela indique que la situation des ouvriers restent encore fort précaire, quand elle n’est pas purement et simplement effacée par notre époque qui prête plus attention à la couleur de peau qu’à l’usure des êtres par le travail…

Le débat sur le statut du dimanche, par exemple, était déjà fort vif dans les années 1880-1900, et les royalistes les plus marqués et fervents (Albert de Mun était alors de ceux-là) se battaient pour un repos dominical que les républicains de gouvernement considéraient comme un archaïsme dangereux pour les affaires et les consciences… Il est frappant de constater comment les libéraux de l’époque se recrutaient plus dans les rangs des républicains que dans ceux des monarchistes, en particulier légitimistes, et que leurs arguments sont à peu près les mêmes d’un siècle à l’autre, arguant toujours de la « liberté du travail » qui n’est, en fait, que celle des patrons et des financiers, et non celle des ouvriers.  

Albert de Mun, au moins pour ses discours « sociaux », mériterait d’être réédité, relu et médité : au-delà des archives parlementaires et de son ralliement à la fois compréhensible et peu crédible à la République qu’il espère ainsi influencer dans un sens à la fois plus chrétien et plus social (illusions dont on connaît le résultat…), il appartient aussi (et malgré tout) à la mémoire du royalisme français.

J’attaque le deuxième tome demain soir…