Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

09/03/2010

Refuser l'indifférence politique.

Je retrouve mes élèves mardi après une quinzaine de jours de vacances passée à corriger des copies, certes, mais surtout à lire et à flâner, de livre en ville, de presse en campagne… Les coupures de journaux et de revue se sont une fois de plus accumulées, au risque d’éboulements de piles dans mon studio toujours fort encombré (c’est peu dire !) : il faut bien dire que l’actualité n’a eu de cesse de me donner matière à réflexion ou à colère, de la crise grecque à la lâcheté d’un Chef de l’Etat soucieux de ne pas tâcher son veston au Salon de l’agriculture, du voyage du président russe Medvedev à Paris aux cruelles inondations de Vendée, de la morne campagne électorale des régionales à l’éternelle question de la violence scolaire, etc. Le temps me manque pour réagir à tout sur ce blogue et je réserve beaucoup de mes réactions, par la force injuste des choses et la sécheresse mécanique de ce temps qui passe trop vite, à mes interlocuteurs directs. « Le Parlement du peuple », c’est-à-dire le comptoir des cafés selon la belle expression de Balzac, est aussi ma tribune, plus directe, plus rude parfois que celle de la toile plus virtuelle, souvent impersonnelle ou anonyme.

 

Et pourtant ! Qu’il y aurait de choses à dire, à écrire !

 

Ce soir, penché sur mon ordinateur, celle qui me vient à l’esprit c’est l’indigence de la campagne actuelle des régionales qui semble n’intéresser que les « initiés » au point que, moins d’une semaine avant le premier tour, de nombreux panneaux électoraux officiels restent vierges d’affiches. Bien sûr, cela fait le bonheur de ceux qui dénoncent le système démocratique ou électoral mais je ne suis pas sûr, en définitive, que ce désintérêt soit une bonne chose : l’indifférence ne fait pas une politique mais elle sert celle de l’oligarchie politicienne qui nous gouverne aujourd’hui et qui se réjouit discrètement de cet « abandon » des pratiques électorales. Certes, ces élections, les dernières régionales qui éliront pour seulement quatre ans des conseillers qui seront remplacés avant le délai habituel par les conseillers territoriaux (mis en place par la réforme sarkozienne des collectivités locales), ne sont guère « emballantes », pas plus que les programmes des uns et des autres et cette campagne des « boules puantes » qui fatigue les meilleures volontés du monde. Certes, les citoyens paraissent désabusés devant les effets d’une crise multiforme et pas toujours bien comprise, et cela favorise aussi l’abstention ou les votes contestataires mais sans doute aussi une résignation qui n’a rien d’heureuse ni de « politique », au sens noble du terme.

 

Mais cette sorte de fatalisme qui s’est installée doit être fermement combattue : c’est par la réflexion, la discussion, l’action que peuvent se faire les choses ! Le découragement ne doit pas l’emporter et, d’ailleurs, cela serait indigne de notre histoire, de nos traditions politiques, de notre destinée nationale.

 

Ce langage du refus du renoncement, je le tiens en tant que royaliste qui n’attend pas que les autres décident ou fassent pour moi, et cela est largement conforté par ma lecture actuelle du témoignage riche d’enseignements et d’espérances que constituent les trois tomes du livre « C’était de Gaulle » rédigé par Alain Peyrefitte. La politique gaullienne rejoint la politique capétienne par l’application du « Politique d’abord » quand de Gaulle déclare que « la politique de la France ne se fait pas à la Bourse » ou qu’il ne saurait y avoir de France utile et digne sans indépendance, condition souveraine de toutes les autres libertés des citoyens du pays comme le soulignait Maurras.

 

Il n’y a pas de fatalité s’il peut y avoir des volontés contrariées : si le fond des urnes ressemble parfois à un marécage, cela ne signifie pas qu’il faille se désintéresser des élections et des débats qui en forment le préambule. « Le Grand Paris », qui est aussi l’enjeu de ces élections dans l’Ile-de-France, mérite discussion et appelle souvent critique : il serait dommage de s’abstenir de débattre à ce sujet ou d’attendre que des technocrates ou des promoteurs monopolisent la discussion au point de la rendre stérile…

 

S’il ne faut pas se désintéresser des débats électoraux, il ne faut pas se contenter de cette période de confrontations : si la campagne des partis s’arrête au soir du 21 mars, la mienne et celle de mes amis royalistes se poursuit, inlassablement, tant que l’Etat n’a pas retrouvé, en sa magistrature suprême, ce qui lui confère liberté et souci justicier.

 

Ainsi, au-delà des élections, nous assurons, d’une certaine manière, une sorte de « régence du Politique », en travaillant à l’instauration de la « libre Monarchie » : pas facile, mais nécessaire, envers et contre tout !

 

08/03/2010

Dernière conférence au Piccadilly...

Le Piccadilly est une véritable institution à Rennes, et ce café a accueilli depuis plus de trente ans les militants monarchistes à l’occasion de cercles d’études, de préparations de réunions publiques ou d’actions politiques, et c’est là, à son étage, que j’ai prononcée ma dernière conférence sur « La question sociale en France ». Et c’est avec beaucoup de peine et un brin de nostalgie que j’ai appris que, menacé d’effondrement de l’immeuble qui l’abritait, ce café mythique a été obligé de fermer ses portes… Pourvu que cela ne soit que temporaire, malgré les craintes de la propriétaire !

 

En attendant la réouverture du Piccadilly, voici un résumé de ma conférence paru dans l’Action Française jeudi dernier :

 

« Vendredi 26 février, Jean-Philippe Chauvin prononçait une conférence à Rennes sur "la question sociale en France, vue par les royalistes". S'appuyant sur les derniers événements sociaux et sur le témoignage de Florence Aubenas parue récemment en librairie, le conférencier a montré que la question sociale était d'une brûlante actualité et constituait un scandale lorsque les différences au sein de la société devenaient trop béantes et surtout injustes : l'affaire des revenus de l'actuel président d'EDF, M. Proglio, en est une illustration qui vient après les centaines de millions d'euros accordés à un autre ami de M. Sarkozy, M. Tapie, l'été 2009.

Les monarchistes ne sont pas des fatalistes et ils combattent à la fois un libéralisme qui nie toute dignité et un assistanat qui nie toute liberté. Il s'agit de rappeler que l'Etat doit s'imposer aux féodalités de la finance et de l'économie et que, pour cela, il doit avoir les moyens de parler et d'agir, et qu'il doit incarner la justice pour pouvoir l'appliquer aux questions sociales : ainsi, il n'est pas étonnant que les royalistes aient été les premiers au XIXe siècle à agir pour améliorer la condition ouvrière et qu'ils soient encore présents dans ce combat social contemporain. »

 

Un compte-rendu plus complet est lisible sur le site de la Fédération Royaliste de Bretagne, sous la plume de Frédéric M. : http://sr-breizh-uhel.hautetfort.com/ .

 

Cette conférence qui, avec la discussion qui a suivi, a duré environ 2 heures 30, va être, d’ici l’été, publiée sous forme de brochure, avec des ajouts et quelques corrections de style : encore quelques heures de travail en perspective… Et j’espère bien faire ces heures-là attablé au… Piccadilly !

04/03/2010

La Vendée martyre.

L’histoire est parfois terrible, et elle semble aimer les coïncidences tragiques : ainsi, la Vendée a été frappée par la tempête dévastatrice Xynthia le 28 février, jour anniversaire du tristement célèbre massacre des Lucs de 1794, massacre perpétré par les fameuses colonnes infernales que la République avait lâché sur la contrée « catholique et royale » pour la punir de sa résistance à l’égard de la Terreur…

 

Cette terrible tempête a entraîné la mort d’une cinquantaine de personnes et dévasté le littoral, inondant et rendant impropre à la culture plus de 45.000 hectares de terres agricoles, noyant des milliers d’animaux, détruisant les parcs ostréicoles et les marais salants, etc. Une catastrophe pour toute la région, au-delà du département vendéen ! Sans oublier toutes ces zones « rurbanisées », ces nombreux lotissements construits parfois de façon anarchique et qui ont été surpris par la montée et l’invasion des eaux…

 

Certes, cette catastrophe pose beaucoup de questions sur le mode de développement de l’habitat, et les polémiques vont désormais bon train pour dénoncer là-bas ce qui continue (et continuera, malheureusement) à se faire ailleurs, en particulier dans la région parisienne ou sur tous (ou presque) les littoraux de notre pays et, au-delà, du monde, pour des raisons touristiques ou économiques. Rappelons-nous que les questions posées aujourd’hui pour le littoral atlantique sont les mêmes que celles déjà posées au moment du tsunami asiatique de 2004 !

 

Il est certain qu’il ne faudra pas refaire les mêmes erreurs que par le passé, relativement récent, de l’urbanisation « individualiste de masse » : cela passe par une véritable réflexion sur l’aménagement des terroirs et territoires, mais aussi sur la préservation des équilibres naturels et littoraux, et sur la définition de protections adaptées aux risques, jamais totalement inexistants si peu fréquents, du vent et de l’eau. Sans doute faudra-t-il envisager de relâcher la pression rurbaine et pavillonnaire sur les littoraux et sur les bords de fleuves et de rivières, et de reconstruire des digues, mais aussi des talus et fossés qui, aujourd’hui en recul pour des raisons qui se voulaient d’efficacité économique, peuvent pourtant jouer un rôle important dans l’évacuation et le « pompage » naturel des eaux : en somme, refaire un bocage qui, trop souvent, a été démembré (au titre du remembrement…) sans penser aux conséquences…

 

En attendant cette reconstruction et cette nouvelle orientation de l’aménagement rural comme urbain et rurbain, il est nécessaire de rappeler la solidarité française envers une région qui, aujourd’hui, est durement frappée en ses flancs comme en son cœur : il faut souhaiter que l’Etat joue son rôle protecteur et sache mobiliser les moyens nécessaires, avec ceux de la Région et du Département, pour panser rapidement les plaies et rassurer les populations. Mais ne négligeons pas, dans le même temps, les enjeux du lendemain…