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12/05/2010

Crise de l'euro...

Ces derniers jours ont été marqués par la crise de l’euro dont le ministre du budget M. François Baroin nous a appris qu’elle avait failli être fatale à cette monnaie unique que l’on nous présentait, il n’y a pas si longtemps encore, comme un « rempart contre la crise » (sic !)…

 

A l’heure qu’il est, il est sans doute trop tôt pour savoir si l’euro est « sauvé » mais déjà quelques remarques peuvent être faites : d’abord, qu’il peut paraître étonnant que l’Union européenne qui nous a toujours été présentée comme un ensemble solidaire de 27 Etats ait mis tant de temps pour réagir à la crise de la monnaie unique de 16 de ses membres et avec tant de mauvaise grâce, si l’on prend le cas de l’Allemagne… ; d’autre part, qu’il semble si facile, tout d’un coup, de trouver des centaines de milliards d’euros (même s’ils restent largement virtuels) pour sauver le « système financier » de la zone euro quand il est si difficile d’en trouver pour les urgences sociales, environnementales ou alimentaires (qu’on se souvienne des difficultés pour débloquer quelques milliards pour Haïti victime d’un terrible tremblement de terre il y a quelques mois…), y compris de l’Union européenne ; enfin, que ce soit, en définitive, les Marchés qui commandent aux Etats obligés de s’adapter aux exigences de ceux-ci et de sacrifier, d’une certaine manière, leurs propres populations aux oukases d’un libéralisme négateur des droits et des acquis sociaux difficilement obtenus depuis les premiers temps de l’industrialisation ! Malgré ma défiance à l’égard de la société de consommation et ses excès multiples, je ne suis pas certain qu’il faille pour autant « étouffer les consommateurs » : mieux vaudrait orienter différemment les sociétés humaines et susciter de nouvelles attitudes, plus respectueuses de l’environnement et des équilibres sociaux, que d’imposer aux populations des contraintes auxquelles ils ne sont pas, pour l’heure, prêts et qui risquent d’entraîner des rejets désordonnés et d’autant plus dangereux…

 

Face à cette situation et au-delà des mesures circonstancielles prises par l’Union européenne qui, en définitive, ne font que retarder les échéances (restent à savoir quelles seront-elles exactement et quelles en seront les formes…), il est nécessaire de travailler à refonder, et, pour ce qui nous concerne, d’abord pour la France (qui peut, à cet égard, jouer un rôle d’exemplarité), des Etats politiques dignes de ce nom, capables de s’imposer aux puissances financières et économiques sans tomber pour autant dans l’étatisme. En France, cet Etat politique libre et garant de la justice sociale ne peut être qu’une monarchie arbitrale et décisionniste : il s’agit de l’instaurer, non comme une fin mais comme un moyen institutionnel éminemment politique, voire exclusivement politique.

 

 

09/05/2010

Journée de l'Europe, version 2010.

Le 9 mai est, depuis quelques années, institué « journée de l’Europe » et c’est l’occasion d’une vaste promotion (certains diraient propagande…) pour les bienfaits de l’Union européenne, présentée comme seul et unique horizon glorieux des habitants du continent européen et parfois au-delà, puisque l’Union n’est pas, ne se veut pas, une entité purement géographique ni même seulement « européenne »… Mais cette année, la « fête » est gâchée par la crise de la zone euro et l’effondrement des illusions européistes : malgré les belles promesses et les incantations rituelles sur la « nécessité absolue » de l’Union européenne, les faits sont têtus, et fort peu « européens », d’une certaine manière…

 

Que cette date du 9 mai soit l’occasion de présenter l’Union européenne, son histoire et ses institutions, ses projets et ses perspectives, cela n’a rien en soi pour me choquer, bien sûr, et je ne suis pas forcément hostile à une certaine construction européenne, mais une construction qui soit respectueuse des Etats et des histoires : on en est bien loin aujourd’hui !

 

Mais, que cette journée symbolique soit juste une « opération séduction » sans véritable discussion, sans évocation des débats importants qui se posent en U.E., sans esprit critique ni recul même par rapport à certains problèmes actuels (cf la crise de la zone euro, dont les dirigeants semblent bien peu disposés à parler avec les populations autrement que par l’intermédiaire des annonces de la « rigueur obligatoire »…), cela me semble fort malsain et s’apparente à la politique de la « République obligatoire » qu’a pratiquée la IIIe République à travers sa stratégie scolaire, si peu respectueuse des traditions et des libertés provinciales mais aussi de l’histoire française au point, parfois, de la travestir de façon ridicule.

 

En veut-on un exemple ? alors, prenons l’événement que, justement, l’on commémore ce 9 mai, la fameuse déclaration de Robert Schuman, alors ministre français des Affaires étrangères, le 9 mai 1950 et annonçant la CECA  : elle fut préparée dans le plus grand secret, rédigée en fait dans ses grandes lignes par Jean Monnet ; les ministres français, pourtant collègues de Schuman, tout comme les diplomates du Quai d’Orsay, ne furent même pas prévenus de ce qu’elle contenait, mais, par contre, Schuman en informa … le chancelier fédéral d’Allemagne de l’Ouest et les dirigeants états-uniens… Comme le signale Michel Clapié, auteur du manuel « Institutions européennes » (Champs Université ; Flammarion ; 2003), et à qui je dois d’avoir beaucoup appris sur la manière dont s’est construite et se construit toujours l’U.E. : « La gestation de cette Déclaration ne fut donc pas un « modèle de transparence démocratique » »…

 

D’autre part, il serait intéressant de relire cette fameuse déclaration qui annonce aussi la stratégie européiste vers ce que Schuman appelle la « Fédération européenne » : on comprend mieux alors pourquoi De Gaulle s’y oppose et pourquoi Schuman, dès le retour du Général à la tête de l’Etat, rentre dans une opposition acharnée à l’homme du 18 juin 40, alors que ce dernier lui avait évité, à la Libération, « un procès que son attitude pendant le conflit [la seconde guerre mondiale] incitait certains à lui faire » (Michel Clapié, dans le livre cité plus haut, page 373). Effectivement, petit détail « amusant », Schuman fut membre du Gouvernement Pétain du 16 mai au 17 juillet 1940, et il a voté les « pleins pouvoirs » au Maréchal Pétain le 10 juillet… De plus, malgré sa foi chrétienne et son anti-nazisme avéré, il se refusera à rentrer dans la Résistance, préférant (mais après tout, pourquoi pas ?) une vie monastique pendant laquelle il prie pour la paix, en attendant des jours meilleurs… On peut néanmoins préférer la foi combattante d’un Honoré d’Estienne d’Orves, d’un Colonel Rémy ou d’un De Gaulle

 

Alors, je veux bien que l’on fête l’Union européenne le 9 mai ou un autre jour, mais cela ne doit pas empêcher de penser librement à l’Europe sans céder à la tentation de la propagande ou de la sacralisation…

 

05/05/2010

Au-delà des cendres du volcan...

J’ai retrouvé hier mardi mes classes de Seconde et de Première, et j’en ai profité pour faire un bref résumé des grands sujets d’actualité des vacances de printemps : trois thèmes importants (même si ce choix peut paraître, et est effectivement, subjectif) à mes yeux, et qu’il n’est pas inutile de signaler sur ce blogue.

 

Premier thème : le nuage de cendres et ses conséquences géopolitiques « annexes » ou révélatrices, en particulier en Europe. Car ce nuage est « tombé au bon moment », si l’on peut dire : au moment des funérailles du président de la République polonaise, président controversé car catholique traditionnel et nationaliste polonais ! Ce nuage a permis aux chefs d’Etat et de gouvernement des pays d’Europe occidentale d’excuser leur absence à cette cérémonie funèbre… Absence pourtant inexcusable ! Pourquoi ? Au-delà de la simple courtoisie élémentaire, cette absence est une erreur géopolitique grave car elle laisse entendre aux Polonais, pourtant membres de l’Union européenne, que leur peine vaut moins que les embarras créés par une éruption volcanique… Et la mauvaise excuse du volcan au nom imprononçable laisse la place libre à la puissance européenne réaffirmée que constitue la Russie qui, elle, a su être présente (malgré les cendres qui n’ont visiblement pas effrayé le président Medvedev…), une semaine après sa spectaculaire reconnaissance du crime soviétique de Katyn, aux côtés de ses ennemis héréditaires d’hier… En quelques jours, la « réconciliation » entre Pologne et Russie a fait un pas de géant, à l’égal de la réconciliation franco-allemande initiée par De Gaulle et Adenauer lors de la fameuse rencontre entre les deux hommes ! N’oublions pas que ce précédent a été la véritable origine, beaucoup plus que la fort technocratique démarche du plan Schuman de 1950 sur la CECA, de la construction européenne avec cette mise en marche du « moteur franco-allemand »…

 

Recomposition géopolitique à l’est, au moment où l’Union européenne se délite vitesse grand V à l’occasion de la crise de la zone euro ? Ce n’est pas impossible, et l’on aurait tort de méconnaître ces éléments symboliques des semaines dernières…

 

 

 

(à suivre : les deux autres thèmes…)