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29/06/2010

Economies présidentielles...

Le président annonce une réduction du train de vie de l’Etat et en particulier de ses ministères, et cela arrive enfin mais bien tardivement ! Réduction du nombre de conseillers ministériels, diminution des frais de transport, de logement et de communications, suppression des chasses présidentielles et de la garden-party de l’Elysée du 14 juillet, etc. En période d’austérité générale et de diète sociale, ces mesures soulignent que l’Etat ne doit pas s’exonérer des efforts nécessaires au rétablissement des comptes publics et qu’il prend sa part des sacrifices qu’il demande aux Français. Attention néanmoins à ne pas donner au monde l’image d’un Etat austère qui renoncerait à rayonner à l’intérieur comme à l’extérieur, et aux « Marchés » celle d’un Etat qui obéirait à des règles purement comptables et qui oublierait son rôle premier, éminemment politique, de protection du corps civique et social de la nation et des Français dans leurs communautés et individualités !

 

Autant la réduction des salaires ministériels, mais aussi présidentiel (ce dernier ayant été fortement réévalué depuis 2007…), me semble une idée intéressante pourvu qu’elle reste dans la juste mesure, autant je suis moins certain que la suppression pure et simple des garden-parties de l’Elysée et des ministères soit vraiment une bonne chose : réduire les frais de celles-ci étaient possibles sans tout supprimer, ce qui risque d’entraîner une déconnection encore plus totale entre le Pouvoir et les citoyens dont quelques uns, reconnus pour leurs mérites ou invités pour représenter telle ou telle réalité sociale ou professionnelle, participaient à la fête. Ce que demandent les gens, la plupart du temps, ce n’est pas la suppression des fêtes ou des « mondanités » mais leur ouverture à d’autres que les « privilégiés », les habitués des réceptions et des buffets chics !

 

De plus, comment croire que les puissants de la République sont prêts à d’autres efforts que ceux utiles à la « com’ » gouvernementale en période d’inquiétudes sociales et de rigueur ? Lorsque le ministre de l’éducation nationale, un ancien de l’Oréal (décidément, on n’en sort pas !), et porte-parole de l’Elysée, M. Luc Chatel, explique aujourd’hui qu’il ne voit aucune raison à geler ou diminuer les salaires ministériels au moment même où les fonctionnaires vont devoir accepter ces mêmes mesures pour leur compte, le masque de cette « République exemplaire » que ne cesse à nouveau de brandir M. Sarkozy ne tombe-t-il pas ? « Selon que vous serez puissant ou misérable… », comme disait La Fontaine…

 

Je crains aussi que les mesures annoncées ne soient qu’un écran de fumée qui cachent des pratiques dispendieuses que l’Elysée n’a pas, visiblement, l’intention de cesser, telles que la mobilisation onéreuse et souvent inutile de forces de l’ordre pour telle ou telle visite présidentielle, alors que ces mêmes forces de l’ordre souffrent aujourd’hui d’un manque criant de moyens pour accomplir leurs missions au quotidien et dans les meilleures conditions. Sans oublier l’achat et l’aménagement d’un nouvel Airbus présidentiel, en soi pas forcément scandaleux, mais dont le coût devra être supporté par… le budget déjà fort réduit du ministère de la Défense !

 

En fait, l’Etat ne sera économe à bon escient que lorsqu’il ne sera plus l’objet des convoitises particulières de quelques arrivistes politiciens et qu’il sera inscrit dans le long terme et non dans ce temps bref du calendrier électoral et présidentiel. En économie(s) comme en politique, le temps peut être un allié précieux s’il n’est pas le seul maître de la « respiration politique de l’Etat » : la République n’a pas cette possibilité de voir au-delà d’une ou deux magistratures présidentielles, à moins de s’appeler De Gaulle, et encore ! La Monarchie a, elle, longue vue et bonne mémoire…

 

 

28/06/2010

Affaire Woerth : la République coupable !

L’affaire Bettencourt-Woerth est une affaire à laquelle personne ne comprend grand-chose, en définitive, et il n’est pas facile de se faire un jugement sur la « culpabilité » (à quel propos, d’ailleurs…) ou non du ministre du Travail : mais est-ce vraiment le plus important et le plus révélateur ? En fait, ce qui importe, c’est le lien entre l’Argent et le Pouvoir, leurs relations dans une société qui se veut à la fois transparente et « vertueuse », l’impudeur et l’impudence des Puissants de la République, de cette oligarchie qui confond « servir » et « SE servir »… Et il se trouve que la République sarkozienne semble être l’aboutissement de la reconquête du Pouvoir par l’Argent, symbolisée dès le premier soir du règne sarkoziste par la réception au Fouquet’s (la revanche de Nicolas Fouquet, en somme !).

 

Dans cette affaire, qui suit l’affaire du salaire indécent de M. Proglio, nommé de façon cavalière patron de l’EDF sur les ordres de M. Sarkozy, l’affaire des indemnités versées à M. Tapie, allié fidèle et utile de M. Sarkozy au sein d’une certaine Gauche, l’affaire des déplacements coûteux des membres du Gouvernement et du Président lui-même, etc., la morale politique, plus exactement celle qui touche au service de l’Etat et du pays, n’est pas sauve ! Loin de moi l’idée de dénoncer tous les politiciens comme pourris, ce qui n’a, en définitive guère de sens, car c’est bien le régime lui-même qui pousse à ce genre de dérive et, sans doute, un état d’esprit qui se veut celui du temps, c’est-à-dire de l’individualisme et du matérialisme consumériste : oui, c’est cette République-là qui est coupable, que cela plaise ou non d’entendre cette accusation qui n’est pas, pour le coup et sans mauvais jeu de mots, gratuite !

 

S’il y eut un de Gaulle qui, lui, allait jusqu’à payer ses notes d’électricité à l’Elysée, il fut bien plutôt l’exception que la généralité : car la République est née d’une Révolution dont le principal objectif était de confondre « Pouvoir économique » et « Pouvoir politique » en considérant que c’était le rôle de ceux qui produisaient la richesse (les « bourgeois », disait-on alors) de tenir aussi l’Etat qui, jusque là, échappait au contrôle des plus riches par la simple présence d’un monarque qui ne tenait pas son Pouvoir ni sa légitimité des financiers et de l’Argent lui-même, la naissance ne s’achetant pas !

 

Aujourd’hui, l’Etat est le jeu des féodalités financières (encore plus qu’industrielles) et ses gouvernants sont fascinés (hypnotisés ?) par l’Argent, le clinquant, la puissance apparente que confèrent l’Argent et sa possession. Cela est d’ailleurs vrai à tous les niveaux de la société et dans quasiment toutes ses sphères, comme l’a démontrée il y a peu la lamentable équipée sud-africaine des « Bleus » de M. Domenech. M. Woerth, aussi intelligent soit-il, appartient à cette caste d’oligarques qui ne voient l’économie et la société qu’à travers le prisme de la réussite sociale « sonnante et trébuchante » : d’où ses relations aujourd’hui suspectes quand, pourtant, il ne pensait pas à mal (d’après ses déclarations), avec le milieu des Bettencourt, Peugeot, et autres magnats de l’économie française.

 

Il est tout de même remarquable, et tellement révélateur, que M. Woerth ait attribué la légion d’honneur et autres décorations que l’on aimerait voir décerner avec plus de mesure et d’à-propos, à tous ceux que, aujourd’hui, il dit connaître de loin, comme de simples relations mondaines : cela rappelle les débuts de la IIIe République lorsque le gendre du président Jules Grévy, le député Wilson, « vendait » des légions d’honneur à des banquiers et autres « personnalités » fortunées… Il est d’ailleurs étonnant, là aussi, que personne parmi les journalistes et politiques, n’ait rappelé cette affaire pourtant célèbre ! Et pourtant, on y trouverait quelques points communs avec celle qui est évoquée aujourd’hui…

 

M. Woerth n’a rien touché ? Mais n’a-t-il pas, de plusieurs manières, empêché quelques enquêtes fiscales délicates pour ses « amis » ? C’est là l’accusation la plus grave et la plus probante qu’il convient de lui signifier, si on veut sa tête ! Mais, je le répète, il n’est pas le seul à accuser, dans ce cas, et il faut désigner la République, dans son principe même et dans ses fondations, comme véritable coupable ! Mais aussi dénoncer cette « dissociété » dans laquelle l’Argent est le Maître, et donner à l’Etat les moyens, non de s’y adapter, mais d’en combattre, concrètement, les effets comme les fondements : une œuvre de longue haleine, assurément, mais nécessaire, forcément !

 

 

 

24/06/2010

Un "Waterloo des OGM" en Chine du nord.

En cette fin d’année scolaire, à défaut de corriger les épreuves du bac, je poursuis la préparation des sujets de khôlle et je continue à en faire passer quelques unes. La semaine dernière, parmi les sujets donnés, l’un pouvait ouvrir un certain débat d’actualité sur les avancées et limites de la science et son intégration au système capitaliste : « Les OGM : « anges ou démons » ? ». J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir dans une prochaine note. Mais, cette semaine, j’ai découvert une information intéressante sur ce sujet des OGM dans l’article de Patrice de Plunkett (paru dans « Le spectacle du monde », juin 2010) et qui mérite d’être évoquée : il s’agit du cas d’un insecte, la punaise des champs, qui, en Chine, a entraîné ce que l’auteur nomme joliment et férocement un « Waterloo des OGM » en résistant à ceux-ci et en perturbant, du coup, toute la stratégie des semenciers pro-OGM vers le marché chinois ! Cette punaise « se rit du transgène, et vient de le montrer sur 29 millions d’hectares », en Chine du nord.

 

« Les Chinois avaient acheté très cher un coton transgénique, manipulé pour produire la toxine « Bt » contre un certain lépidoptère ravageur. Résultat : le papillon est en fuite, mais la punaise prolifère. Et elle ravage plus que le papillon… Les champs de coton OGM (3 millions d’hectares) sont devenus des geysers de punaises qui débordent alentour sur les cultures vivrières (26 millions d’hectares), rongeant raisin, pêches et poires… Consternation des agronomes ! Angoisse de 10 millions de petits exploitants du Hebei et du Shandong ! Du coup, ils ont dû ressortir les pulvérisateurs de produits chimiques : ce qui annule l’avantage supposé des OGM, et réfute, par l’absurde, le marketing des semenciers biotech. »

 

En somme, il n’est pas certain que les OGM soient vraiment une bonne chose, ni pour les rendements ni pour l’environnement : mieux vaudrait se rappeler la formule célèbre, et qu’il m’arrive de citer en cours : « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ! »…