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28/03/2012

Les OGM sont-ils tabous ?

Il m'arrive de participer à quelques débats sur la Toile, et de laisser des commentaires sur les sites des journaux lorsque cela me semble utile et, surtout, quand j'ai le temps d'en rédiger. Ainsi sur le site du quotidien « Le Figaro », ce midi sur un article évoquant la raréfaction des papillons dans notre pays, un problème qui, certes, n'intéresse sans doute que quelques centaines de personnes en France... Je me contentais de rappeler que « les papillons sont victimes d'un système agro-industriel qui privilégie la quantité et la rapidité industrielle au détriment de la qualité et du « temps long » de la nature », et je concluais : « un système terrifiant qui n'est autre que celui de la Société de consommation ». Il est vrai que l'actuelle orientation de l'agriculture, sans doute déplorable car fort peu respectueuse de l'environnement par l'usage massif de pesticides et la marginalisation, voire l'élimination des fleurs sauvages dans nos prairies si peu diversifiées, ne favorise ni la reproduction ni la survie même des papillons, pourtant si utiles pour la pollinisation...

 

L'agriculture contemporaine a pour tâche de « produire toujours plus », au risque de détruire les anciennes agricultures vivrières et leur diversité, mais aussi le cadre de vie campagnard, et d'entraîner de forts surplus économiquement peu viables et de multiples gaspillages, d'autant plus honteux quand l'on sait que plus d'un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim dans le monde.

 

Et justement, en regardant la liste de mes commentaires sur « Le Figaro », je constate alors que l'un de ceux-ci a été « refusé » par la modération du journal il y a quelques jours.

 

C'était un commentaire sur un article consacré aux OGM, et sa censure me semble révélatrice à plus d'un titre. Jugez plutôt, en le lisant : « L'argument des partisans des OGM était que ceux-ci devaient « nourrir la planète » : rien de plus faux et l'on constate juste que les OGM « engraissent » quelques multinationales agro-industrielles, et qu'ils menacent, concrètement, la biodiversité.

D'autre part, l'agriculture mondiale produit déjà de quoi nourrir 12 milliards de personnes (selon la FAO) alors que nous sommes... 7 milliards ! Les vrais problèmes sont le gaspillage et la mauvaise redistribution. »

 

Visiblement, évoquer les « multinationales agro-industrielles » et « les vrais problèmes (qui) sont le gaspillage et la mauvaise redistribution » n’a pas l’heur de plaire aux modérateurs du « Figaro »…

 

Et pourtant…

 

 

24/06/2010

Un "Waterloo des OGM" en Chine du nord.

En cette fin d’année scolaire, à défaut de corriger les épreuves du bac, je poursuis la préparation des sujets de khôlle et je continue à en faire passer quelques unes. La semaine dernière, parmi les sujets donnés, l’un pouvait ouvrir un certain débat d’actualité sur les avancées et limites de la science et son intégration au système capitaliste : « Les OGM : « anges ou démons » ? ». J’aurai sans doute l’occasion d’y revenir dans une prochaine note. Mais, cette semaine, j’ai découvert une information intéressante sur ce sujet des OGM dans l’article de Patrice de Plunkett (paru dans « Le spectacle du monde », juin 2010) et qui mérite d’être évoquée : il s’agit du cas d’un insecte, la punaise des champs, qui, en Chine, a entraîné ce que l’auteur nomme joliment et férocement un « Waterloo des OGM » en résistant à ceux-ci et en perturbant, du coup, toute la stratégie des semenciers pro-OGM vers le marché chinois ! Cette punaise « se rit du transgène, et vient de le montrer sur 29 millions d’hectares », en Chine du nord.

 

« Les Chinois avaient acheté très cher un coton transgénique, manipulé pour produire la toxine « Bt » contre un certain lépidoptère ravageur. Résultat : le papillon est en fuite, mais la punaise prolifère. Et elle ravage plus que le papillon… Les champs de coton OGM (3 millions d’hectares) sont devenus des geysers de punaises qui débordent alentour sur les cultures vivrières (26 millions d’hectares), rongeant raisin, pêches et poires… Consternation des agronomes ! Angoisse de 10 millions de petits exploitants du Hebei et du Shandong ! Du coup, ils ont dû ressortir les pulvérisateurs de produits chimiques : ce qui annule l’avantage supposé des OGM, et réfute, par l’absurde, le marketing des semenciers biotech. »

 

En somme, il n’est pas certain que les OGM soient vraiment une bonne chose, ni pour les rendements ni pour l’environnement : mieux vaudrait se rappeler la formule célèbre, et qu’il m’arrive de citer en cours : « On ne commande à la nature qu’en lui obéissant ! »…

 

 

17/04/2009

L'Allemagne contre le maïs OGM.

La question des OGM vient encore de rebondir en Europe avec l’interdiction par l’Allemagne, contre l’avis de la Commission européenne, du maïs transgénique MON810 : ainsi, c’est le 6ème pays de l’Union européenne qui refuse la culture de cet OGM sur son territoire, comme le signale (avec regret, semble-t-il…) le journal « Le Figaro ». Une fois de plus, d’ailleurs, la communauté scientifique elle-même est divisée sur l’innocuité et l’intérêt des OGM : pour certains, les OGM ne présentent aucun risque et ont même l’avantage d’éviter l’usage d’insecticides, pour d’autres, au contraire, le danger repose sur l’absence de recul quant aux conséquences ultérieures pour la santé et sur la présence même de pesticides dans les plantes OGM.

 

En fait, se focaliser sur ce seul débat sanitaire (qui n’est évidemment pas négligeable) empêche de voir les vrais débats et problèmes soulevés par les OGM et leur culture.

 

Les OGM, par la dispersion des pollens, se diffusent partout, au gré des vents et des cours d’eau, y compris là où ils ne sont pas souhaités, contaminant des espèces sauvages et des cultures classées « bio » : du coup, cela déstabilise les écosystèmes et, même, entraîne la disparition d’espèces végétales naturelles, remplacées par des espèces moins « sauvages »… Mais cela a aussi une conséquence inattendue, c’est que le « pollueur », propriétaire du brevet de l’OGM contaminant, a des droits (propriété industrielle oblige !) sur les champs et les cultures qu’il a contaminé par ses plants OGM : la jurisprudence nord-américaine est tristement formelle sur ce point, comme l’a montré ce retentissant procès canadien d’il y a quelques années, au grand dam des agriculteurs, condamnés parce qu’avaient été relevés des traces d’OGM dans leurs propres cultures pourtant non-OGM !

 

Ainsi, le « vivant » devient véritablement une simple « propriété industrielle » entre les mains de quelques multinationales de la recherche et de l’industrie agroalimentaire : voilà le vrai scandale et le vrai danger, au-delà de tous les débats sur les qualités ou défauts sanitaires des OGM…

 

Quant à la Commission de Bruxelles qui rappelait il y a quelques mois encore que la législation européenne n’autorisait pas un Etat ou une région à « geler » la culture d’organismes génétiquement modifiés, position confirmée par la Cour européenne de Justice le 13 septembre 2007, elle se retrouve maintenant fort ennuyée et, en fait, attend désormais le lendemain des élections européennes du 7 juin pour réagir… Au fait, pourquoi « après les élections ? »…