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21/06/2010

Quand la balle-au-pied en dit long sur notre société...

Le spectacle donné par l’équipe de France de balle-au-pied n’est guère sympathique mais profondément révélateur des maux de nos démocraties actuelles : individualisme et refus de la solidarité active, égoïsme et refus de toute contrainte ou autorité, etc., en somme « se servir » et non « servir » ! La révolte contre le sélectionneur, aussi « coupable » soit-il (je n’y connais rien et j’éviterai d’encenser ou de condamner celui-ci sur le plan sportif, même si la mode est au lynchage…), me rappelle quelques situations vécues aux Mureaux, lorsque j’enseignais au collège : je retrouve dans l’attitude d’un Anelka ou d’un Ribéry les mêmes propos et comportements que chez certains (pas tous, heureusement !) élèves de l’époque, la même insolence, la même suffisance et le même déni de toute autorité dans une école qui a renoncé depuis longtemps à jouer son rôle de transmission et d’intégration, malgré les efforts de nombre de ses cadres et professeurs.

 

Dans « Le Journal du Dimanche », le philosophe Alain Finkielkraut livre une analyse fort juste de la situation de l’équipe de France et de ses joueurs, et l’élargit à la situation de notre société contemporaine : « Ce qui est arrivé à Domenech [les insultes d’Anelka] est le lot quotidien de nombreux éducateurs et de professeurs dans les cités dites sensibles. Cette équipe renvoie à la France le spectacle de sa désunion et de son implacable déliquescence. ». Ainsi, cette équipe de joueurs aux salaires qui dépassent l’entendement et la mesure ne semble désormais plus avoir d’autres valeurs que celles financières et médiatiques et, en cela, ne sont-ils pas effectivement à l’image d’une République dont la tête se moque de « La princesse de Clèves » et de la littérature française tout en se comportant en vulgaire arriviste « bling-bling », sorte de Nicolas Fouquet qui n’aurait plus de Roi pour l’arrêter dans ses délires mégalomaniaques ? On est bien loin des valeurs d’un Marius Trésor, grand joueur de balle-au-pied de ma jeunesse qui gagnait, chaque mois, l’équivalent de… 2.500 euros (c’est-à-dire moins que mon salaire actuel !)… et qui était fier de porter les couleurs de la France, ce qui ne semble pas le cas des joueurs tels Anelka, Ribéry et consorts (et dans « consorts », il y a…) qui, ostensiblement, montrent leur dédain pour le pays dont ils sont, officiellement, les représentants dans une compétition internationale.

 

Ce qui m’a aussi fortement choqué dans cette triste affaire, c’est l’attitude de ce joueur appelé Patrice Evra qui déclare, sans être repris, qu’il faut exclure… « le traître », celui qui aurait communiqué à la presse les propos orduriers de Nicolas Anelka ! Ainsi, ce n’est plus celui qui fait une bêtise qui doit être sanctionné, mais celui qui l’a évoquée : le monde à l’envers ? Là encore, cela me rappelle certains souvenirs des Mureaux, en particulier une affaire de racket dans une classe de Quatrième dont j’étais le prof principal : une élève qui en était témoin et victime avait osé dénoncer ce dont elle était l’infortunée et cela lui a valu une réputation de « balance » et de multiples intimidations, voire violences (loin des regards des professeurs, le plus souvent), sans qu’il nous soit possible de réagir autrement que par des sanctions ridicules, l’Education nationale et la Mairie ne voulant pas « stigmatiser » les auteurs des faits, « au regard de leur situation particulière » (sic !)… Résultat : l’impunité pour les auteurs des faits, véritables « caïds » au sein du quartier confortés par la lâcheté des autorités et cet état d’esprit déplorable dont la réaction d’Evra est le symbole le plus frappant et le plus désolant !

 

Cette équipe est à l’image d’une démocratie qui n’a plus aucun sens des valeurs de la France que le général Bigeard, mort un 18 juin comme un clin d’œil à l’histoire et un bras d’honneur à Waterloo (18 juin 1815…), portait si haut, sur terre comme dans les airs : l’honneur, la droiture, le service des autres et de la France, la franchise, la liberté d’esprit, le sens de la justice, la solidarité… Les vraies valeurs d’une France qui n’a pas renoncé à être « celle dont le monde a besoin », comme le clamait Georges Bernanos…

 

 

16/06/2010

Contre le règne de l'Argent.

Dans notre société, l’argent a pris une place qui est devenue, aux yeux de beaucoup de nos concitoyens, la première, dans l’ordre des fins plutôt que des moyens : cela n’est pas une bonne chose et cela réduit la liberté des hommes et des sociétés à la simple possession (et à sa visibilité, le plus souvent) et indexe les relations humaines à celle-ci ! Dans ce cas, l’argent devient vite un maître impitoyable ! Cela ne signifie pas que je méconnaisse le rôle et l’importance de l’argent mais simplement que je veux le remettre à sa place qui est de servir les hommes et non de les asservir.

 

Dans le quotidien « La Croix » du lundi 14 juin, Mgr Pierre Debergé, recteur de l’Institut catholique de Toulouse rappelle en quelques phrases des vérités simples, dans lesquelles tout royaliste social, attaché à la dignité des hommes, peut se retrouver aisément : « Selon la Bible, l’argent n’est ni bon ni mauvais : c’est un outil qui contribue au bonheur. » Le verbe « contribuer » signale bien que l’argent n’est pas, en tant que tel, la source du bonheur mais juste un élément qui peut aider à être heureux : mais être riche, par exemple, ne rend pas forcément heureux, loin de là, bien plus plutôt craintif de perdre sa fortune… « Contribuer » ne veut pas dire « obliger » ou « permettre », au sens strict du terme !

 

« Le danger survient quand la richesse devient une fin, qu’elle conduit au mépris des autres et alimente les injustices. Derrière la quête d’argent, il peut y avoir une mauvaise réponse au besoin d’être reconnu et d’assurer son avenir. L’Eglise ne diabolise pas mais dit : attention, si tu ne veux pas être piégé, donne, partage. L’argent doit être le fruit d’un labeur, non de gains en Bourse ou de paris sur Internet. Faire fructifier son argent n’est pas négatif, s’il n’est pas cultivé pour lui-même. La preuve, on parle de « placements solidaires ». Aujourd’hui, le rapport à l’argent est biaisé, il y a des rémunérations et des profits qui sont scandaleux. » Il est vrai que ce qui choque de nombreux Français en ces temps de crise où l’on demande des efforts aux salariés (et ceux de France ne sont pas les plus mal lotis, au regard de ce qui se passe en Grèce, en Roumanie ou en Espagne…), ce sont les revenus mirobolants d’un Proglio, homme-lige de la République sarkoziste, ou les « indemnités » choquantes d’un Tapie (payées par les contribuables…), ou encore les salaires effarants des joueurs de balle-au-pied mais aussi les « petits privilèges » (pas si petits, parfois) des parlementaires européens comme nationaux… Ce qui choque, c’est la démesure et le sentiment que l’argent touché par ces personnes évoquées plus haut n’est pas forcément mérité ! C’est le « trop » quand beaucoup n’ont « pas assez » !

 

En France, la République n’a guère brillé par son souci de justice sociale ou fiscale, y compris dès les « Grands ancêtres » comme Danton… Aujourd’hui, en France, elle apparaît de plus en plus comme une oligarchie ploutocratique : or, libérer l’Etat de l’emprise de l’argent, c’est lui donner la liberté de ne rien devoir à l’argent… La naissance, elle, et contrairement à l’élection présidentielle, ne s’achète pas : s’en rappeler et le redire constamment, c’est préparer le recours à l’Etat affranchi de l’argent, c’est-à-dire l’Etat royal ! Pour que l’argent ne soit plus le Suzerain de notre société…

09/06/2010

Le monde s'arme...

Suis-je trop pessimiste ? Je ne cesse de mettre en garde contre les périls d’un monde qui, au-delà même de sa dangerosité « naturelle », est surtout incertain et fragile, et je ne suis pas le seul à partager cette inquiétude, voire cette angoisse pour les temps qui s’annoncent : alors que nos sociétés européennes se persuadent que la paix est éternelle et que la guerre s’est détourné de notre continent, les nuages s’amoncellent pourtant sur la planète, et ils ne sont pas que volcaniques… Certes, et heureusement, le pire n’est jamais certain lui non plus ! Mais, mieux vaut prévenir que guérir, me semble-t-il au regard de l’histoire…

 

« Le Figaro » de ce mercredi matin me confirme dans mon sentiment, sous la plume d’Isabelle Lasserre qui titre son article « Quand l’Europe baisse la garde » : « Le monde va mal, la crise financière s’aggrave, mais les dépenses militaires s’envolent. Partout. Sauf sur le Vieux Continent. » Et de signaler que, quand les Etats-Unis partagent la tête du classement des budgets militaires avec la Chine, la Russie, le Brésil, l’Inde par exemple, que « les dépenses militaires ont atteint de nouveaux records en 2009, en hausse de 5,9 % par rapport à l’année précédente », les pays de l’Union européenne « désarment » ou, car ce verbe n’est pas employé par la journaliste, font des économies sur ce qui, pourtant, est l’instrument majeur de l’indépendance des Etats, son instrument de protection par excellence, qu’on le veuille ou non.

 

Cela inquiète d’ailleurs ceux qui ont un peu de mémoire et qui n’ont pas renoncé à l’ambition de voir l’Europe et ses nations constitutives (dont la France, évidemment) rester dans le champ de l’histoire et de la liberté d’être et durer ! «  Certains d’entre eux redoutent un déclassement des forces armées et un décrochage industriel, qui auraient des conséquences à long terme sur l’emploi, l’économie, la souveraineté, la puissance même du pays [la France]. »

« L’histoire de France, aiment-ils rappeler, et notamment la période qui précède la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle Paris a assisté sans réagir au réarmement allemand, devrait pourtant servir de leçon. » Se souvient-on assez des appels désespérés et quotidiens d’un Maurras dans « L’Action Française » : « Armons, armons, armons ! » Il ne fut pas écouté et l’on connaît la suite ! Il est de bon ton (et à bon droit, certes) de critiquer la politique de Pétain : encore faut-il se rappeler que pour éviter le régime de Vichy et la Collaboration, faut-il d’abord éviter l’invasion qui mène à l’Occupation !

 

La guerre est toujours horrible, quoique l’on fasse, et les cadavres qui empuantissent l’histoire doivent nous rappeler que la paix est un bien qui reste éminemment fragile, aujourd’hui comme demain : mieux vaut se donner les moyens de dissuader ceux qui seraient tentés de nous agresser ou de vouloir nous imposer leur « empire », quel qu’il soit !

 

La France ne doit pas baisser la garde ! Mais ses voisins et amis, non plus !

 

 

 

(à suivre)