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22/03/2011

Les urnes de la colère ?

Les élections cantonales ont été marquées par une forte abstention et par la montée du Front National : deux symptômes du « malaise démocratique », peut-être même de cette « fatigue démocratique » que j'évoque régulièrement depuis 2005, et plus encore depuis la dernière présidentielle.

 

Cette situation devrait alarmer les grands partis sur la désespérance qui s'exprime ainsi, et cela de façon désormais chronique, quand elle ne se traduit pas par des émeutes ou des coups de colère qui laissent toujours quelques traces sur le mobilier urbain et dans les esprits des protagonistes et des témoins. Mais rien ne bouge dans notre « bonne République » (l'expression est ironique, bien sûr !), et les réactions post-électorales le prouvent à l'envi : que les responsables socialistes, par exemple, nous rejouent l'éternelle ritournelle du « front républicain » confine au ridicule, voire à l'insupportable ! Je n'ai guère de sympathie pour le Front National, mais je ne méconnais pas les raisons qui motivent ceux qui se font ses électeurs, et je ne crois pas qu'elles soient insignifiantes, loin de là : on aurait tort de ne pas entendre cette plainte qui se transforme en colère, voire en rage, encore réservée aux urnes (mais pour combien de temps ?), mais je doute que la République et ses partis, véritables féodalités politiciennes dont les suzerains sont souvent des intérêts économiques et financiers, soient en mesure ou aient la volonté de répondre aux questions soulevées par la colère des urnes...

 

En veut-on des preuves ? Après le refus électoral du Traité constitutionnel européen en mai 2005, la classe politique majoritairement européiste a cherché à culpabiliser les opposants à ce traité, à les diaboliser, et cela sans entendre le cri de déception des Français à l'égard de la construction européenne et de ses aspects antisociaux. Pis : ce Traité rejeté par le corps électoral français mais aussi par celui des Pays-Bas, fut imposé par un vote du Congrès sans repasser par la voie référendaire, ce qui a soulevé l'indignation de nombreux électeurs, comprenant que leur vote ne comptait guère aux yeux de la République et de la classe politique institutionnelle... Cela a laissé des traces et explique que de nombreux électeurs ont depuis déserté les urnes, ou que les sondages d'opinion laissent entendre que les Français ressentent « un recul de la démocratie », du moins de celle qui se veut plus directe que représentative !

 

Autre exemple : après les émeutes de l'automne 2005, combien de promesses ont été faites et de grands discours prononcés sur « l'urgence » à traiter les « maux des banlieues » ? Qu'en a-t-il été, depuis ? Rien, rien de concret, ce qui explique largement le sentiment toujours plus prononcé d'un abandon éprouvé par les classes populaires et moyennes de cette France des quartiers, quasiment abandonnés au règne des bandes et des maffias...

 

Et si l'on remonte à 2002, à cette double semaine de « la lutte contre le fascisme » de l'entre-deux-tours de la présidentielle, se souvient-on des grandes déclarations de cette même classe politique, de ces mêmes appels au « front républicain », de ses promesses de « faire vivre la démocratie », de traiter enfin la question sociale, etc. ? Et après ? Rien, rien que la routine républicaine et la poursuite du train-train politicien, comme avant et comme d'habitude...

 

J'ai gardé les coupures de presse de cette quinzaine de 2002 : cela représente sept boîtes archives, et je viens de les ressortir et d'en secouer la poussière avant de les rouvrir. Et là, au travers des multiples articles de l’époque, je retrouve les mêmes réflexes, les mêmes déclarations de principes, les mêmes hypocrisies : rien n'a changé en 9 ans... sauf le prénom du symptôme ! Décidément, la République a la mémoire courte ou cette forme d'alzheimer politique qui finira par l'emporter, un jour ou l'autre !

 

La France souffre de cette amnésie et de cette absence de volonté politique qui caractérisent un régime républicain en pleine décomposition démocratique : on peut le regretter, et c'est mon cas. Cela renforce mon royalisme institutionnel et ma proposition d'une magistrature suprême de l'Etat qui « ose l'avenir » en s'incarnant dans une lignée familiale, royale. Non pour maintenir le « désordre établi », mais pour refonder des « démocraties locales », ces fameuses « républiques françaises » qui doivent être les interlocuteurs et les contre-pouvoirs nécessaires de l'Etat central.

 

En somme, une Monarchie du service public de la France et de ses citoyens !

 

20/03/2011

Libye : quand la République se fait (presque) capétienne...

Jeudi dernier, j’étais en colère devant l’immobilisme des démocraties et l’hypocrisie de la diplomatie mondiale face aux agissements de Kadhafi, et je me rappelais l’impuissance des démocraties dans les années 30 face à la montée des totalitarismes, impuissance qui faisait dire au royaliste Georges Bernanos, sur la même ligne politique que J.R.R. Tolkien d’ailleurs, que « les démocraties sont les mères des totalitarismes » puisqu’elles les laissent prospérer souvent jusqu’au pire, comme l’histoire nous l’a tragiquement démontrée au XXe siècle...

 

Et pourtant ! Le soir même, par la voix d’Alain Juppé, la France réussissait à obtenir l’aval de l’ONU pour imposer au dictateur libyen le respect des règles les plus élémentaires d’humanité à l’égard de ses opposants. Et, pour faire appliquer ces règles simples, la France, suivie par le Royaume-Uni mais aussi les Etats-Unis, envoyait samedi ses avions de combat frapper les infrastructures militaires du régime kadhafiste. Une fermeté inattendue et tardive (trop ?), sans doute, mais bienvenue pour rappeler aussi que la diplomatie n’est pas qu’une question de principes et de beaux discours mais une pratique politique parfois musclée qui use du moyen militaire pour parvenir à ses fins.

 

Sur ce coup-là, la République n’a, pour l’heure, pas démérité, et il serait injuste de ne pas le reconnaître. Mais, sa réaction, justifiée au regard de l’attitude brutale de celui qui avait humilié notre pays à l’automne 2007 en venant planter sa tente au cœur de Paris, doit pouvoir s’inscrire dans la durée et ouvrir les perspectives d’une nouvelle Union pour la Méditerranée, une Union qui, désormais, doit sans doute se passer de la présence des Etats de l’Union européenne non-méditerranéens et en particulier de l’Allemagne, si ambiguë face à Kadhafi et si peu solidaire d’une France qui est pourtant son principal partenaire au sein de l’Union européenne.

 

Après son « coup d’éclat » (qui a montré, a contrario, l’inutilité de la « Politique étrangère et de sécurité commune » de l’Union européenne, cette PESC tragiquement inefficace, voire même néfaste de par le spectacle de division et de mutisme qu’elle a mis en scène ces dernières semaines), la France a le devoir d’assumer jusqu’au bout son action diplomatique : si la République, quand elle se veut gaullienne (en fait, capétienne…), rompt avec la « malédiction des années 30 », elle n’en reste pas moins limitée par son système politicien même, au risque de stériliser ses meilleures intentions et intuitions.

 

Là encore, renouer avec une politique du long terme et de l’équilibre nécessite d’enraciner l’Etat dans la « longue durée » et la « mémoire sélective » (c’est-à-dire sans la rancune ou les préjugés) : l’histoire récente (et moins récente, d’ailleurs) nous incite à la prudence et nous préserve de l’illusion. Malgré ce beau sursaut diplomatique, il est à craindre que la République n’ait pas le souffle nécessaire pour mener à bien, au-delà du simple problème libyen, une véritable politique étrangère digne de ce nom, indépendante et équilibrée.

 

 

 

 

14/03/2011

La question des retraites n'est pas tranchée en Europe...

Le séisme qui a endeuillé le Japon a dissimulé, dans les médias déjà échaudés par les secousses d'un sondage dominical quelques jours auparavant, les discussions du conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro autour de ce fameux Pacte de compétitivité, désormais rebaptisé Pacte pour l'euro, et c'est fort dommage, pour de multiples raisons.

 

Ce qu'il en ressort pour l'heure, c'est que la sauvegarde d'une monnaie jadis présentée comme l'anti-crise par excellence (avant 2008) appelle de nouveaux sacrifices des populations européennes, particulièrement des 350 millions d'habitants des pays de l'eurozone et encore plus des pays du sud de l'Europe et de l'Irlande. « Pacte d'austérité » a dénoncé le Parti socialiste français, semblant oublier que les gouvernements socialistes européens ne se rebellaient guère contre les oukases des Marchés, de la Commission européenne ou du FMI. Ainsi, le gouvernement de M. Zapatero a récemment fait voter par les députés espagnols l'élévation de l'âge légal de la retraite à 67 ans, cette même limite d'âge minimale étant, il y a quelques jours encore, l'une des conditions posées par le gouvernement allemand pour accepter de mettre la main à la poche pour sauver les pays aujourd'hui en grande difficulté : c'était d'ailleurs l'un des points forts de ce fameux Pacte de compétitivité rebaptisé officiellement vendredi et qui était censé rassurer des Marchés de plus en plus avides mais de moins en moins acceptés par les Opinions publiques.

 

Bien sûr, il faut attendre le prochain Sommet européen du 25 mars pour savoir ce qu'il en sera exactement mais, dès maintenant, il faut « s'opposer et proposer », non par attitude dogmatique (ce qui serait néfaste et inopérant dans la situation économico-politique actuelle) mais par volonté positive de préserver la justice sociale nécessaire à la bonne santé de nos sociétés et de leurs peuples, et par souci de trouver des solutions satisfaisantes à une crise qui, d'économique, est de plus en plus sociale. Le chantier est immense et ne doit pas se limiter à quelques raccommodages d'un Système qui apparaît désormais, non pas à bout de souffle, mais de plus en plus inéquitable, par nature plus encore que par dérive...

 

S'opposer au relèvement de l'âge légal de la retraite à 67 ans pour tous les salariés de la zone euro ne signifie pas qu'il faille interdire, a contrario, la possibilité de travailler au-delà de l'âge légal quel qu'il soit pour ceux qui le souhaitent et s'en sentent la force, mais d'empêcher que tous soient obligés d'attendre cet âge de 67 ans pour se reposer d'une vie professionnelle parfois harassante et usante pour les corps comme pour les cerveaux... Combien de mes collègues professeurs, malgré des emplois du temps qui, grâce aux vacances scolaires répétées sur l'année, semblent fort « privilégiés » dans la gestion de leur temps, arrivent épuisés et démotivés à la soixantaine ? Et cette situation est d'autant plus facile à comprendre quand ces enseignants exercent leur métier dans des zones dites « difficiles » ou devant des publics plus consommateurs que motivés...

 

Il est d'ailleurs intéressant d'en discuter avec les élèves eux-mêmes qui, parfois, ressentent aussi douloureusement le vieillissement d'enseignants parfois complètement déconnectés de leur public scolaire, au risque même de détourner les élèves de tout intérêt pour l'école... Bien sûr, en ce domaine comme en d'autres, la nuance s'avère nécessaire et l'âge n'est pas forcément la raison du désintérêt scolaire mais c'est un élément qu'il serait dangereux de négliger...

 

De plus, il suffit de se promener certains jours d'hiver dans les rues de nos grandes villes pour y constater que le travail des ouvriers du bâtiment ou de la voirie peut être aussi particulièrement éreintant, ne serait-ce que par la rigueur de la météo... Cela se traduit d'ailleurs par une espérance de vie des ouvriers « de plein air » largement inférieure à celle des fonctionnaires « d'intérieur », comme le montrent à l'envi les études démographiques contemporaines.

 

Si le Pacte pour l'euro devait négliger ces données concrètes, l'Union européenne perdrait un peu plus de son crédit sans pour autant motiver les efforts nécessaires au redressement de l'économie de l'ensemble « eurozone » : elle apparaîtrait un peu plus encore comme cette « Europe punitive » qui « écrase les petits pour engraisser les gros » comme le disait au comptoir d'un bistrot rennais un conducteur de bus quadragénaire un peu dépité... Et derrière son dépit, j'ai senti cette colère qui monte fort et dont je crains que, si elle éclate désordonnée, elle n'emporte tout à la façon d'un tsunami... A moins qu'elle ne s'ordonne, dans une forme de « nouvelle chouannerie », autour d'idées fortes et simples sans être simplistes, autour de ce nécessaire « réveil du politique » qui est sans doute, selon le mot de Thierry Maulnier et par la Monarchie sociale, « la dernière chance de la Liberté »...