08/04/2012
Faire de la politique, malgré la République...
La démagogie est mauvaise conseillère et cette campagne présidentielle m'apparaît de plus en plus irréaliste sans pour autant faire preuve d'imagination ou en appeler au rêve... Les promesses se multiplient, les thèmes et les propositions se succèdent sans que de véritables, et surtout profonds, débats n'aient le temps de les discuter, voire de les amender ou de les peaufiner. On passe sans cesse du coq à l'âne et cela est agaçant, au risque de démobiliser ceux qui, au-delà des paroles, souhaiteraient une véritable réflexion sur les projets économiques, politiques ou sociaux : dans cette campagne, ce n'est pas « prendre du temps » qui compte mais « prendre des voix » à l'adversaire ou à l'abstention.
Du coup, la crise de la zone euro et celle de la dette des Etats, la question environnementale et de l'accélération du dérèglement climatique, la construction d'une géopolitique française adaptée aux nouveaux risques, défis et atouts de la mondialisation , etc., tous ces thèmes ont été oubliés, ou plus encore négligés, ce qui montre combien cette République, lorsqu'elle se fait de plus en plus républicaine par le simple fait de l'élection de son magistrat suprême, est, en définitive, irresponsable et peu crédible au regard des enjeux actuels !
Une fois dit cela, il nous est néanmoins interdit de pratiquer la politique du pire qui est, comme le rappelle Maurras, « la pire des politiques » : il nous appartient alors de poursuivre le débat et le combat politiques, en gardant à l'esprit ce que pourrait faire une Monarchie (et en le disant !) et en n'oubliant pas que, malgré la République, sarkoziste ou hollandiste, il nous faut envisager notre action en pensant d'abord à la France et à ses intérêts, qui sont les nôtres, quoi qu'il arrive. Je n'imagine pas être un exilé de l'intérieur : refuser de faire de la politique parce que nous sommes en République serait une insulte à notre histoire, et les royalistes ont trop souvent, par facilité ou par paresse, renoncé à leurs devoirs en se réfugiant dans l'attitude facile du « pur aux mains propres », ce qui revient, en définitive, à « ne plus avoir de mains », comme le dit le proverbe...
Ainsi, malgré la période électorale et en faisant « ma » campagne présidentielle (c'est-à-dire profiter de la période privilégiée de la « parole politique » qui court durant les mois précédant « la reine des élections »), je poursuis mon militantisme en faveur d'un « nouvel aménagement du territoire », entre redéploiement rural et industrialisation de proximité, et je dénonce toujours les « conséquences de l'inconséquence », surtout en ces heures où rebondit la crise de la dette en zone euro et, plus généralement, la crise de l'Europe, crise multiple et pas seulement financière...
Dénoncer ou prévenir, c'est nécessaire mais ce n'est pas suffisant : si la critique et la posture d'opposition sont des positions faciles, elles seraient particulièrement vaines si elles ne s'accompagnaient pas de propositions ou de pistes de réflexion.
Le « que faire ? » est primordial, et il ne doit pas attendre l'établissement de la Monarchie pour s'exprimer et se pratiquer, dans tous les domaines possibles : il s'est aussi faites d'excellentes choses en République, et cela souvent « malgré la République » elle-même... La Cinquième fut pensée comme une « possible monarchie » par de Gaulle, ce qui explique qu'il ait pensé que le comte de Paris puisse lui succéder un jour ; ce fut, au moins du temps du général et de son immédiat successeur (qui n'était pas forcément son héritier...), une sorte de « monarchie du possible ». Pierre Boutang, fidèle royaliste et néomaurrassien assumé (ce qui lui valut tant de problèmes et de vexations, y compris universitaires...), l'avait bien saisi et voulait tirer ce régime vers la Monarchie royale en affirmant (et en l'expliquant fort bien mais sans être vraiment compris...) que c'était le meilleur moyen de pérenniser ce que la Cinquième République avait de capétien en elle.
Je regarde d'un oeil attentif (mais un peu rapide en ces temps de bac blanc...) les programmes des principaux candidats : j'y trouve parfois, sous le lourd attirail des machineries électorales, quelques éléments d'une juste politique, et cela sur tout l'éventail politicien : cette dispersion des bonnes idées doit-elle nous empêcher de les reconnaître, quel que soit le candidat qui les porte ? Cela n'enlève rien en la prudence et en notre capacité de résistance aux conformismes qui sont tout de même la marque de fabrique des partis qui s'affrontent aujourd'hui. Mais le discernement doit être aussi une pratique politique, là encore pour résister à la démagogie et à l'esprit de système, si révélateurs de la Démocratie d'opinion (qui n'est pas forcément le « tout » de la démocratie...).
Ce qui m'intéresse dans les programmes des candidats, ce n'est pas ce avec quoi je suis en désaccord (ce qui m'arrive souvent, c'est le moins que l'on puisse dire... la liste serait trop longue !), mais ce qui peut constituer des points d'accord et, donc, une base de discussion pour la question de la meilleure direction politique et, donc encore, vers la Monarchie politique.
(à suivre : sur des éléments intéressants des professions de foi présidentielles)
23:54 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, crise, république.
03/04/2012
Le 7 mai 2012...
Il reste une vingtaine de jours avant le premier tour, et les esprits s'échauffent en vue de cette dernière ligne droite qui se rapproche de plus en plus rapidement : chaque candidat jette ses dernières forces, ses derniers (ou presque) arguments dans la bataille, brille de ses derniers feux peut-être aussi... Qu'en restera-t-il demain ? Que deviendront les discours enflammés, les professions de foi enchantées, les postures altières, lorsque sera passé le temps des urnes ?
Après le premier tour viendra le temps d'affronter le second : deux candidats seulement, dans un combat singulier, et tous les coups (et tous les coûts, en promesses en tout cas...) seront promis et permis !
Mais le 7 mai, lorsque les cris de joie des partisans du vainqueur se seront tus, il est fort probable que l'Union européenne et l'Allemagne, mais aussi les multinationales se rappellent au bon souvenir du malheureux élu dont l'état de grâce risque de ne pas durer plus que la vie d'une rose sous une averse de grêle... J'ai déjà évoqué dans une précédente note le cynisme de General Motors et de PSA qui, alliés, annonceront le lendemain du second tour la liste des usines automobiles qui seront sacrifiées en Europe et en France ; mais il suffit d'écouter ce qui se dit à Bruxelles ou à Berlin pour comprendre que nos partenaires européens se moquent bien de ce que pourrait vouloir dire l'Opinion à travers ses suffrages des deux tours et le résultat final. L'élection présidentielle n'est-elle plus qu'une sorte de parade spectaculaire durant laquelle on fait beaucoup de bruit et de fureur pour bien peu de résultats concrets, puisque les décisions importantes se prendraient ailleurs ? L'annonce par le président candidat à sa réélection qu'il se rendrait le soir même à la rencontre de la chancelière Angela Merkel n'est-il pas, en définitive, un aveu de faiblesse, certains diraient même d'inféodation à l'Allemagne maîtresse de l'Europe ?
En fait, c’est le résultat des abandons de souveraineté qu’ont consenti, au fur et à mesure de la construction européenne fédéraliste (même si le fédéralisme européen reste, et sans doute fort heureusement, inachevé…), les gouvernements qui se sont succédé : désormais, la France apparaît liée (et le terme symbolise plus un emprisonnement qu’une fidélité…) aux décisions des institutions européennes et aux traités, et de moins en moins libre de son destin.
Qu’il faille une certaine solidarité européenne, j’en conviens, même si je ne limiterai pas cette « charité » politique et sociale aux seuls pays de l’Union européenne mais que je l’étendrai aux pays de la francophonie et à tous ceux dont la France s’honore d’être l’amie : mais il n’y a de bonne et vraie solidarité que celle qui est librement consentie et assumée. De plus, l’Union européenne, dans l’affaire grecque, n’a guère montré de compassion ni d’empathie pour celui de ses pays membres qui souffrait après avoir, certes, fauté (mais que celui qui n’a jamais péché lui jette la première pierre !), attitude de l’Union qui laisse perplexe devant ses « beaux principes » pourtant déclamés haut et fort au temps où les choses allaient bien et qu’il fallait encore attendre des électeurs qu’ils se déterminent avant de prendre des décisions politiques !
Là, il ne s’agit pas de solidarité en tant que telle mais de l’imposition d’une politique décidée hors de France et par des administrateurs européens qui raisonnent en termes statistiques et non en réalités humaines et sociales, cherchant à tout prix à dépasser les pouvoirs politiques nationaux par une « gouvernance » dont on sait bien qu’elle n’est rien d’autre que la dépossession du politique et des Etats par des forces, des « féodalités » économiques et financières.
Ainsi, cette élection risque bien, en somme, d’être invalidée dans ses espoirs et ses promesses (d’ailleurs illusoires…) par des instances ne devant rien aux citoyens mais beaucoup aux élites qui, d’une certaine manière, forment une oligarchie qui se confond parfois avec une sorte de ploutocratie.
On touche là aux limites d’une République qui a renoncé à assumer tous ses devoirs politiques d’Etat au nom d’une construction européenne qui la déchargeait d’une partie de ses obligations et prérogatives, mais en même temps la désarmait politiquement, au risque de ne plus pouvoir agir efficacement sur les terrains économique et social.
Rendre à l’Etat sa force passe par une nouvelle architecture institutionnelle : non pas une VIe République, pâle copie de la défunte IVe, mais une Monarchie active et éminemment politique… et sociale !
23:50 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : élection présidentielle, république, monarchie, politique, oligarchie.