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25/03/2014

L'abstention ne suffit pas !

 

Les élections municipales de dimanche dernier ont été marquées par une forte abstention, et je ne suis pas certain qu'il faille s'en féliciter, même si elle n'est pas forcément déshonorante : en effet, j'y vois une dépolitisation des Français, une forme de fatigue civique qui n'est pas de bon aloi car elle risque bien de laisser le champ libre à d'autres formes d'expression plus radicales ou plus efficaces (souvent plus dangereuses pour la pérennité de notre « vivre-ensemble », en tout cas), d'une part, et elle peut apparaître comme une démission devant la toute-puissance supposée de l'Economique, d'autre part : intégrisme et fatalité, en somme, c'est-à-dire le terreau de la soumission et de la fin de la liberté de l'esprit... Rien de très rassurant !

 

Il y a aussi d'autres explications possibles, comme celle du néonomadisme actuel des jeunes diplômés à qui l'on vante une mobilité (souvent confondue avec la flexibilité par certains employeurs et économistes libéraux...) bien peu favorable à l'enracinement local et municipal : pourquoi, en effet, voter pour des édiles que l'on ne connaît pas (ou pas encore), faute même de connaître la commune d'accueil, et qui, en définitive, ne pèsent apparemment de rien dans l'organisation de la vie étudiante ou professionnelle ? « Je ne suis que de passage pour deux ans, pourquoi devrai-je voter ici ? », me confiait il y a quelques jours un interlocuteur versaillais : l'argument peut se comprendre... Dans un monde qui bouge de plus en plus, et de plus en plus vite, il risque d'avoir de plus en plus de partisans ! Mais ce qui vaut pour les Municipales, scrutin enraciné entre tous, ne vaut pas pour les autres élections, bien sûr, et l'on sent bien que l'abstention de dimanche dernier n'est rien à côté de celle qui risque de frapper le 25 mai prochain, jour des élections européennes.

 

L'abstention est un révélateur mais elle ne fonde pas une politique et je crains qu'au bout du compte, elle ne soit une excuse pour le Pays légal pour ne rien changer, certain qu'il est que ce mode d'expression par l'absence de vote et de choix n'est pas dangereux car « les absents ont toujours tort », en bonne logique démocratique. Je crois me souvenir que, dans son livre « Globalia », l'écrivain Jean-Christophe Rufin émettait l'idée d'une démocratie qui, malgré un taux de participation électorale de 2 %, continuait à fonctionner, les élus se parant de la seule « légitimité » des suffrages exprimés, ce qui est le cas aujourd'hui avec une participation certes plus élevée, mais qui, désormais et comme ce fut le cas aux élections européennes de 2004 et 2009 dans la plupart des pays de l'est de l'Union européenne, ne dépasse pas parfois les 15 % !

 

Ainsi, ce désaveu du système actuel de démocratie représentative, celle-ci n'étant que le masque de plus en plus transparent d'une oligarchie qui semble la vraie dirigeante des pays occidentaux, va à la fois prendre plus d'ampleur mais en même temps conforter de plus en plus sûrement ce même système qui se réfugie derrière l'argument que celui qui ne vote pas n'a rien à dire et encore moins à revendiquer, argument qui est désormais complété par l'idée que celui qui vote « mal », c'est-à-dire « populiste », « colérique » ou « phobe » de quelque chose ou de quelqu'un, n'a pas à être entendu s'il peut néanmoins (concession sans conséquence du « Système »...) être écouté...

 

Rompre avec ce sortilège « démocratique » me semble urgent et, surtout, nécessaire : penser la politique différemment ; utiliser tous les moyens, « même légaux » comme dirait Maurras, pour faire entendre une voix qui ne soit pas celle des seuls intérêts particuliers ou capitalistiques ; « prendre le Pouvoir » pour instaurer un régime politique indépendant des oligarchies et des jeux politiciens (sans pour autant supprimer la nécessaire respiration démocratique et électorale des communes, des régions, de la nation), voilà qui n'est pas une simple réforme mais un véritable renversement de la logique qui prévaut aujourd'hui en notre République malade de ses propres principes et contradictions.

 

Un renversement qui se fera, non par la seule magie des urnes ou par la seule tempête de la rue, mais « par en haut », par l'instauration d'un Pouvoir doté d'une légitimité assez forte et « libre » pour proposer un autre mode de distribution des pouvoirs et de « démocraties directes » locales et professionnelles, celles qui peuvent donner à nouveau l'envie aux citoyens d'exercer leurs droits et pouvoirs sans négliger leurs devoirs publics et civiques...

 

 

 

 

 

20/04/2012

Fatigue démocratique et abstentions...

 

A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, le bilan que l'on peut tirer de la campagne électorale est mitigé : si nombre d'idées intéressantes ont été développées par les uns ou par les autres, leur intérêt et leur crédibilité dépendent évidemment de la possibilité de leur application d'une part, de la volonté de les mettre effectivement en pratique d'autre part... Et je ne suis pas sûr que les candidats, quels qu'ils soient, croient toujours en ce qu'ils avancent ! Cette démagogie est agaçante même si elle est sans doute inhérente au jeu électoral lui-même qui force à promettre plus que l'on ne peut effectivement tenir, l'important étant, en fait, de faire le meilleur score possible pour pouvoir espérer exercer le Pouvoir ou peser, d'une façon ou d'une autre, sur lui.

 

 

Cette désagréable impression d'une grande tromperie, même si on peut parfois la trouver exagérée et, dans certains cas, déplacée, peut permettre de mieux expliquer la montée de l'abstention qui corrode sérieusement la légitimité démocratique des postulants et de celui qui sortira vainqueur de la confrontation des deux tours. Bruno Frappat évoquait jadis « la fatigue démocratique » et celle-ci ne se dément pas ces dernières années, surtout depuis le déni gouvernemental, parlementaire et européen du scrutin référendaire de mai 2005 : j'entends souvent cette récrimination contre les partis et contre l'Union européenne qui n'ont pas respecté le vote (officiellement...) souverain des électeurs français (et néerlandais aussi par la même occasion), et l'ont contourné quelques années après par la ratification simplement parlementaire d'un « mini-traité » (sic !) quasi identique au traité constitutionnel rejeté en 2005.

 

 

Ce discrédit de la démocratie « légale » est une réalité qui, pourtant, ne doit pas empêcher de faire de la politique et de s'exprimer, y compris par le vote. Si je peux comprendre l'abstention, je n'en fait pas pour autant la promotion, comme je n'en fais pas non plus la dénégation systématique : je distingue d'ailleurs « l'abstention de confort » (souvent liée à une certaine paresse civique ou à un tout aussi certain fatalisme politique) de « l'abstention de combat » qui est l'aboutissement d'une réflexion politique et qui est revendiquée et argumentée, comme celle du royaliste Lorant Deutsch, par exemple.

 

 

Quant à moi, puisque la question sur mes intentions de vote m'est régulièrement posée, je rappelle que, depuis 1981 et pour la seule élection présidentielle je glisse toujours le même bulletin éminemment symbolique (et personnel, car cela n'engage que moi et non ceux qui partagent les idées royalistes que je prône aussi...) : un bulletin fait à la main, orné d'une belle fleur de lys et portant juste l'inscription « vive le roi »... Ma parole politique, ceux qui me lisent le savent bien, ne se limite pas à un carré de papier et, pour cette élection si particulière et qui touche au coeur même du système, je préfère le symbolique au choix du « moins pire »...

 

 

Ce qui ne m'empêche pas, aux autres élections (législatives, cantonales, municipales, régionales, professionnelles, etc.) de choisir entre les différents noms ou listes proposés...

 

 

Un royaliste n'est pas un exilé de l'intérieur, mais un citoyen actif, « par tous les moyens même légaux »... 

 

17/03/2010

L'abstention de Gauche.

Depuis dimanche soir, l’abstention est l’objet de toutes les attentions des politologues et des différents survivants du premier tour qui, tous, appellent à une « mobilisation des électeurs », pour leur compte respectif, bien sûr ! Si la Droite y a laissé quelques plumes, il n’est pas faux de constater que la Gauche est aussi victime de cette désaffectation envers les urnes du corps électoral : les traditionnels bastions du communisme ou du syndicalisme ouvrier sont parmi les territoires les plus touchés par le phénomène. Mais pas seulement quand l’on peut constater, comme le fait ce mercredi matin Dominique Reynié dans « Le Figaro », en signalant que, par la comparaison entre le vote pour Ségolène Royal en 2007 et le vote de Gauche aux Régionales, on remarque « une perte de 4,9 millions de suffrages, soit un recul de 51 % ».

 

Il semble que l’offre politique de la Gauche et de l’Extrême-gauche ne satisfasse pas ceux qui ont, jadis, cru ou croient encore à un bouleversement profond des politiques gouvernementales ou à la Révolution sociale : la fin des espérances révolutionnaires n’est pas vraiment récente et elle remonte sans doute aux années 80 et au ralliement à la social-démocratie européiste de la plupart des partis de Gauche, tandis que le rêve communiste d’un monde meilleur se révélait en définitive n’être qu’une sinistre farce, éminemment mortelle pour les pays qui y avaient cru…

 

Du coup, tout un « peuple de Gauche » se retrouvait orphelin de l’espérance et commençait à déserter les isoloirs (si l’on met de côté le basculement d’une forte proportion du vote ouvrier vers le Front National, comme on le constate encore dans le Nord-Pas-de-Calais), se réfugiant à la fois dans une nostalgie des « grandes heures révolutionnaires » et dans un individualisme festif et parfois « communautaire », mais surtout dans une sorte de sourde désespérance sociale, qui ne profite même pas aux partis les plus contestataires de Gauche : l’effacement électoral de l’Extrême-Gauche, qui peut paraître surprenant au premier abord, signale la difficulté ou l’impossibilité de cette mouvance à traduire la colère ou la désespérance sociale en voix ou en militants, faute sans doute d’un projet porteur et visible, et surtout qui apparaisse crédible à l’heure d’une mondialisation qui paraît (peut-être bien à tort, d’ailleurs…) inéluctable.

 

Il y a autre chose : c’est le ralliement (évoqué plus haut) trop marqué du Parti Socialiste à l’européisme social-démocrate qui semble, en fait, un renoncement du Politique face au « triomphe de l’Economie ». D’autre part, le fait que le « Non » de Gauche à la Constitution européenne (en fait, Traité constitutionnel européen) n’ait pas trouvé d’incarnation ni même d’écoute au sein de l’appareil dirigeant du PS, et que le Traité de Lisbonne (porteur de cette même Constitution, à quelques virgules près) soit passé par la voie parlementaire en France, avec l’accord et le vote massif des députés et sénateurs socialistes, a sans doute détourné un certain nombre d’électeurs habituels (mais aussi potentiels) des urnes régionales… Car, après tout, pourquoi voter à Gauche si celle-ci n’écoute ni ne respecte ce que le corps électoral de cette même Gauche a dit clairement, encore plus que l’électorat de Droite, en 2005 ? En somme, « l’Europe a désespéré Billancourt », et la Gauche n’a pas réussi à rassurer ceux qui avaient marqué leur inquiétude, largement fondée sur la question sociale, par le vote négatif au référendum de mai 2005.

 

Et puis, la Gauche peut-elle marquer une vraie différence avec la politique actuelle quand, ces dernières années, on constate la facilité de certaines de ses têtes de proue à passer de « l’autre côté » (M. Bernard Kouchner, par exemple le plus significatif) ou à rejoindre de grandes institutions « capitalistes » comme le FMI (M. Strauss-Kahn) ou l’OMC (M. Lamy), ou de grands groupes financiers ou industriels ? Là encore, cela peut désillusionner les électeurs de Gauche les mieux intentionnés à l’égard de celle-ci…

 

 

 

 

 

(à suivre)