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17/02/2014

Une nouvelle agriculture pour demain (1ère partie : l'agriculture française en crise ?)

« Labourage et pâturage sont les deux mamelles de la France » : cette citation célèbre de Sully, ministre du roi Henri IV, a-t-elle encore un sens aujourd’hui ? Certes, le Salon de l’Agriculture remporte chaque année un succès populaire indéniable mais de plus en plus on le visite comme on irait au zoo, c’est-à-dire en quête d’exotisme plus que de racines ; certes, il reste environ un million de personnes qui travaillent dans le secteur agricole mais de moins en moins en relation avec les saisons et les paysages et de plus en plus en fonction des cours des produits agroalimentaires ; certes, les productions agricoles françaises se vendent et s’exportent encore bien mais elles ne constituent plus qu’une part dérisoire du PIB français (environ 4 %)…

 

En fait, l’agriculture française est en crise, mais surtout elle semble douter d’elle-même, presque négligée par un État qui ne la considère que sous le seul angle économique quand il faudrait la penser sous les angles sociaux, environnementaux, voire même politiques, dans le cadre d’une stratégie à long terme et d’une politique d’aménagement du territoire dont les terroirs, les paysages et les sociétés locales humaines ne peuvent être absentes. D’ailleurs, cette crise, qui provoque de nombreux drames dans le monde des exploitants agricoles (suicides nombreux, marginalisation sociale et isolement, endettements dangereux, arrachages d’arbres fruitiers ou abandon –et disparition- de cultures ou d’espèces végétales comme animales…), n’est que le prolongement ou la pratique d’une mondialisation qui uniformise plus encore qu’elle n’internationalise les produits tirés de l’activité agricole, et d’une logique agroalimentaire qui privilégie les profits et les grandes quantités, souvent (même si cela souffre quelques belles exceptions) au détriment de la qualité et des traditions des terroirs et des communautés. La logique de la société de consommation n’arrange rien en favorisant des formes de restauration rapide et bon marché qui dévalue les attitudes du bien manger et dévalorise la nourriture comme les arts de la table, les ramenant à une simple routine quantitative, trop sucrée, trop salée et trop grasse : du coup, les consommateurs sont peu sensibles, la plupart du temps, à la provenance ou à la qualité propre des produits alimentaires, n’en considérant que le prix ou le goût plaisant sans en mesurer les conséquences ni même les saveurs véritables…

 

Et pourtant ! La France est un pays d’une richesse absolument exceptionnelle, et ses terroirs, multiples et si variés, révèlent et recèlent des trésors qu’il serait dommage de laisser perdre ou s’oublier, que cela soit dans le domaine des vins, des fromages, des légumes ou des viandes, entre autres : la France est, disait-on jadis, un véritable jardin et ses 28 millions d’hectares de Surface agricole utile (mais quelques autres millions peuvent aussi permettre des activités agricoles, entre landes et forêts, par exemple) nous le rappellent, comme la diversité des produits qui en sont issus et que nous retrouvons, parfois, sur les marchés locaux. C’est une chance qu’il nous faut saisir ou, plutôt, ressaisir : le « pétrole vert » de la France, c’est bien l’agriculture ! Encore faut-il ne pas faire n’importe quoi, et ordonner les activités et les productions agricoles aux capacités et aux qualités des lieux, dans le respect des paysages et des climats qui sont, tout de même, les maîtres naturels d’une agriculture saine et appropriée à la pérennité des milieux. Cela nécessite de prêter plus d’attention aux modes de production eux-mêmes, et d’en limiter, autant que faire se peut, les inconvénients pour les terres comme pour les hommes.

 

Bien sûr, l’agriculture actuelle est productiviste et très mécanisée, très « chimique », mais ce n’est pas une fatalité et il est possible (et sans doute nécessaire, d’ailleurs) de la « désindustrialiser » sans pour autant faire s’effondrer les quantités produites nécessaires à la consommation nationale et à l’exportation : une réorientation de la formation professionnelle et de la production agricole est possible, comme l’a été, dans les années 50-60, la politique de modernisation qui, si elle a permis l’augmentation des quantités produites, a parfois négligé, gravement, les conséquences environnementales et culturales. Il s’agit, non d’un retour en arrière, mais d’une meilleure prise en compte des conditions nécessaires à la pérennisation des milieux et de la présence agricole en France, partout où la terre peut donner à nourrir, mais aussi à vêtir et à installer (construction et ameublement, etc.), les hommes.

 

 

 

(à suivre)

 

 

 

09/04/2012

Mon programme présidentiel en couleurs (partie 1).

J'avais annoncé il y a quelques semaines sur ce blogue le développement d'un programme présidentiel « en couleurs » qui serait mien, et je n'ai pas encore tenu cette promesse, faute de temps : du coup, je vais en livrer un résumé en espérant qu'il provoque des réactions, voire des débats.

 

« La matière grise » est l'une des principales richesses de la France et elle peut être inépuisable si l'on veut se donner la peine de lui donner (ou de susciter) les moyens de son épanouissement, que cela soit par le biais des institutions scolaires et universitaires, mais aussi par le développement des fondations et des agoras culturelles, intellectuelles, voire spirituelles. De plus, il est nécessaire de penser à sa meilleure exploitation (dans le sens positif du terme, bien sûr) en France et pour la France : freiner l'émigration des « jeunes pousses » françaises est aussi le meilleur moyen de limiter l'endettement du pays en valorisant leurs qualités au profit de la Communauté française toute entière, et non en les abandonnant aux tentations des grandes multinationales et de l'Argent...

 

« Le pétrole vert » que représente l'agriculture (devrai-je dire « les agricultures », tant le fossé est grand aujourd'hui entre les modalités et les fins des différentes exploitations de la terre et de ses produits ?) doit être valorisé encore mais pas forcément en soutenant le productivisme : l'agriculture raisonnée et, mieux encore, l'agriculture biologique doivent être encouragées et développées, tout en privilégiant la qualité et les « circuits courts » de transformation et de distribution. De plus, favoriser un véritable redéploiement agricole par une nouvelle politique d'aménagement du territoire qui permette un renouveau concret des espaces ruraux (y compris ceux en cours de désertification : il faut inverser la tendance !) peut entraîner la création (et le maintien !) de nombreux emplois liés directement à l'exploitation de la terre et de ses produits, mais aussi de ceux liés aux activités annexes ou aux services nécessaires à la vie sociale des campagnes. Je m'explique : quand vous favorisez l'installation sur un territoire de quelques familles, vous permettez le maintien ou l'ouverture de classes pour les enfants et des emplois qui vont avec, de instituteur au technicien ou au personnel d'entretien, mais aussi d'autres activités, artisanales ou marchandes dans le village...

 

Il est fort possible (voire probable !) que, dans les temps de crise qui s'annoncent, les campagnes s'avèrent plus nourricières que les centres urbains aujourd'hui rongés par les maux endémiques du chômage et de la désindustrialisation, voire (un problème qui se fait de plus en plus prégnant avec la progression du tout-informatique et dont personne n'ose parler...) de la dématérialisation des activités de service du secteur tertiaire...

 

 

 

 

(à suivre : l'énergie bleue et la houille blanche ; la nation tricolore).

 

 

04/03/2012

Gaspillages alimentaires.

Une information importante et révélatrice est passée inaperçue alors qu'elle aurait mérité les gros titres de la presse quotidienne, et c'est un petit paragraphe en bas de page dans l'hebdomadaire « L'usine nouvelle » (semaine du 26 janvier au 1er février 2012) qui me l'a donnée : « La moitié des aliments sont gaspillés chaque année dans l'Union européenne, soit 89 millions de tonnes (179 kilos par habitant). Les ménages seraient à l'origine de 42 % de ces gaspillages, tandis que 39 % seraient dus à l'industrie agroalimentaire. Le commerce de détail et la restauration seraient à l'origine de 5 % et 14 % des gâchis. Le Parlement européen a voté une résolution demandant des mesures d'urgence pour réduire de moitié ces gaspillages, qui pourraient atteindre 126 millions de tonnes à l'horizon 2020... »

 

Cette information rejoint les propos de M. Carlo Petrini, fondateur du mouvement du « Slow food », propos publiés dans « Le Point » en décembre 2010, et qui expliquait que l'on produisait sur terre de quoi nourrir 12 milliards de personnes quand nous ne sommes que 7 milliards et qu'il y a, malgré cela, un milliard d'humains qui souffrent de la faim dans le monde !

 

Cela confirme que ce n'est pas forcément la production agricole qu'il faut intensifier, au risque de détruire un peu plus les espaces forestiers ou les marais et de livrer encore plus d'espaces à l'avidité des sociétés multinationales agroalimentaires peu soucieuses d'environnement ou des traditions locales. C'est bien plutôt le partage qu'il importe de privilégier et une meilleure distribution des produits nourriciers. Mais il y a aussi une question d’éducation à évoquer sur ce thème car le chiffre de 42 % des gaspillages dus aux ménages doit nous interpeller : cela confirme la formule évoquée dans une précédente note : « nos frigos sont des tombes alimentaires » ! S’il faut agir au niveau des forts gaspillages de l’industrie agroalimentaire (39 %), il serait malhonnête de ne pas rappeler les consommateurs eux-mêmes à leurs responsabilités : sans doute le système de la société de consommation lui-même est-il condamnable mais cela ne doit pas empêcher les citoyens d’agir concrètement, dans la vie quotidienne, pour permettre à tous, en France comme ailleurs, de manger à sa faim.

 

Il est tout de même étonnant que, en ces temps de crise qui affecte aussi les plus pauvres de nos concitoyens, les différents candidats à la présidentielle n'évoquent guère ces problèmes et les moyens de les résoudre !